Depuis dimanche matin que j'y pense. Que j'ai l'article* plié placé à côté de mon moniteur. Toute la journée des bribes me reviennent. Surtout celle là: "…Plus rien ne choque personne. À moins de se voir dans un miroir pour la première fois.". Oh. Ainsi donc ça arrive aux autres aussi…
Je relis l'article ce soir et les mots exacts qui m'ont tant touchée à la première lecture ne font plus le même effet. Pas que je sois déçue, seulement je cherche l'essence de ce que j'y ai lu et je ne le trouve pas. Alors telle est ma réalité des mots. Ils sont entrés dans ma tête, ont chanté un air que j'aime et sont sortis.
D'autres* m'ont prise à la gorge. J'ai dit oui tout haut après que mes yeux soient passés dessus encore et encore.
On prend les mots comme on prend le bus. Comme on prend une fessée. Comme on prend une brosse. Mais on ne sait pas toujours quoi faire avec.
Les mots dont je me souviens, je les ai pris, embrassés, suppliés, adulés. Détestés. Aimés. Cinq ans, six mois ou deux jours, ils sont toujours à se chicaner pour le center stage de ma mémoire.
Les mots que j'ai oublié, je les ai pris un court instant, le temps d'un souffle ou d'une saison. Et ils sont partis, sans fanfare, doucement, en laissant seulement une empreinte qui s'estompe lentement.
Mais ressentir l'emprise de mots. Les laisser me prendre, les laisser me porter, me punir, me saouler. Ne pas les placer ni les diriger, mais leur donner la clé. Leurs sons et leur cadence prendre mon coeur et mon esprit.
C'est une faim nourrie d'illusions mais aussi de vie. D'amour, de haine, de mélancolie, de folie, de détresse, d'orgasmes, de peur, de joie. Quand les mots me prennent, c'est là qu'ils me donnent le plus.
*Liens
Patrick Brisebois dans La Presse 17/09 pour son nouveau roman Catéchèse aux éditions Alto (que oui je m'empresse de me procurer!)
Tony Tremblay: néant attitude