One good man
J'enlève un écouteur, le temps de lui demander. Parce que j'ai pas envie de me ramasser au mauvais étage, perdue.
-S'cuse, les livres en anglais, c'est toujours en bas?
-Oui, juste à droite en descendant.
Remet l'écouteur. M'enligne sur les escaliers. Prudente. J'aurais peut-être pas du fumer le joint au complet. J'pense aux pancartes, j'espère que j'ai bien compris. Que je suis pas parquée dans un espace réservé aux permis. J'ai vraiment soif et je regrette d'avoir jetté ma bouteille d'eau à moitié pleine deux coins de rue plus tôt, parce que je savais plus quoi faire de mes mains, et qu'à chaque gorgée ça me coulait sur le menton anyway. Je retiens mon fou rire sans raison en mettant ma main sur la rampe et vérifiant deux fois plutôt qu'une que mon pied va bien atterir sur la première marche.
Honey, I love to go to parties
And I like to have a good time
Pffffft, c'est tellement pas moi. Mais dans ma tête, dans ma vie secrète, je suis une party animal. Et la riff de blues me turn on comme si c'était vrai. Je sais que les escaliers craquent, même si je ne les entend pas. C'est mou sous mes pieds. Je me demande si je dois pencher la tête rendue en bas, mais je prend le risque, et oh surprise, ça passe. Ma perception des distances et des grandeurs est loufoque, je ris pour vrai et tourne à droite.
An I dont want much outa life,
I never wanted a mansion in the south.
Non, c'est ça. Juste des bons livres, de la bonne musique, personne pour me faire chier. Et personne au sous-sol. C'est sombre, juste assez éclairé pour que je puisse voir les tranches et tasser les Harlequins et me laisser surprendre par des titres ou des auteurs qui veulent me rencontrer. Bonsoir, monsieur Kerr, monsieur Lieberman! Oh, wow! Wow! Deux Peanuts de Fawcett Crest Books que j'avais pas! Je ne rêve tout de même pas, je sais que ma chasse ne me donnera pas d'Andy Capp, toujours de Fawcett. Mais je trouve tout de même un manuel essentiel de 1902 destiné aux femmes de 45 ans et un dico Webster pour la prononciation, édition 1932 annoté par plusieurs générations.
One good man, oh,
Oh baby dont you know Ive been looking, hmm.
Pas vraiment, pas cherché. Ça me tombe dessus des fois. Je le prend. Comme le mec à la caisse, je le prendrais bien. Ou celui dans le rayon des polars au premier. Ou… ou… Je suis courbée vers l'avant, une main sur le bord du rack, ma tête suit le rythme et je commence à oublier les escaliers, les murs, la grandeur de la pièce. Seule l'odeur des millions de pages à mes pieds me rappelle que je suis dans la réalité. Une ombre passe sur les chevaliers à chemise ouverte que j'ai mis de côté et l'air prend une texture nouvelle. L'ombre s'arrête. Une main sur ma hanche, il s'appuie doucement contre mon dos et remonte ma jupe de l'autre.
Just-a everything, everything
Ah yeah.
Ma culotte est en route vers mes genoux et son majeur glisse entre mes lèvres. Je dois avoir gémi, parce qu'il met sa main sur ma bouche. J'écarte mes jambes un peu plus, autant que mes limites en dentelle me le permettent. Et je sens sa queue s'enfoncer en moi, sans avertissement, sans frapper. Mes cheveux les rennes, mon sein le pommeau. Mes fesses et son ventre se battent. J'ai l'oeil sur les escaliers, j'espère presque que quelqu'un débarque. C'est trop hot, j'aimerais des spectateurs. Les montagnes de Stephen King s'écrasent par terre, il me repousse vers l'avant et je m'étend sur le présentoir, et ses mains saisissent mes fesses et les écarte et les tire et les pousse et tout ce qu'il y a c'est sa queue en moi et l'odeur et la musique. Et plus il me baise fort plus j'ai envie que ça ne finisse jamais. Je me relève sur mes bras, le sens ralentir tout en s'enfonçant plus loin. Je sens sa queue grossir, grossir, atteindre le fond, y rester. Ses doigts serrent mes fesses une dernière fois, et il bat en moi.
C'était lequel? L'ombre continue son chemin. Je remonte ma culotte. Et sens le souvenir s'écouler lentement. Je n'ai dépensé que 21.50$