Je l'ai nommé la première fois, probablement par accident, en décembre. Ensuite, une mention en mars, une en avril… Et mai s'est ouvert à son nom, sa simple évocation étant tout de même nébuleuse, incertaine. Comme mentionner le nom de quelqu'un qu'on connait à peine, mais qu'on aimerait bien rencontrer, sans le savoir.
Mais depuis quelques mois, il s'immisce dans mes pensées, s'infiltre même dans mes mots sans que je puisse le retenir, plus maintenant. On me le balance en pleine gueule, fort. Assez pour être sonnée de longues heures, assise, hébétée, sans défenses. C'est un inconnu au visage familier, comme mon voisin d'en face. Je le regarde, le considère, l'évalue, et toujours son essence m'échappe. Pourtant pour lui, je me suis donné la mort. À vouloir le connaître, qu'enfin il m'adresse la parole, qu'il me touche, frôle même, j'en ai perdu mon propre nom.
Quelqu'un qui t'aime, pour moi, ce n'est pas quelqu'un qui se souçit de la place que tu joues dans sa vie; c'est quelqu'un qui veut tout faire pour que tu sois heureux. Tout. Même au détriment de soi.
Ce n'est pas l'Individualisme qui est le problème, c'est l'égoïsme. Il y a une différence.
-Bouteilles à la Mer
Mais où est la frontière entre les deux? Accepter son individualité… ne doit-on pas faire preuve d'un peu d'égoĩsme pour y parvenir? Et cela ne se fait-t-il pas au détriment de l'autre? Et en prendre conscience…
Il ne devrait pas y avoir de prix à payer pour aimer. Il ne devrait pas y avoir un spectateur et un acteur. Même avec des rôles interchangeables, l'équilibre, dans cette équation est impossible. Ai-je tort, maintenant, de ne plus accepter d'aimer à mon détriment?
C'est peut-être moi qui ne fait pas la différence, s'il y en a une, entre vouloir rendre quelqu'un heureux, et l'aimer. Avoir tout fait pour me rendre heureuse. Sauf m'aimer. Voilà. Et ça pèse lourd dans une balance vide.
Ça ne peut pas être tout un ou tout l’autre. C’est un précaire équilibre entre prendre et donner. Et le fil est très mince pour basculer d’un côté ou de l’autre.
Aimer, à travers le don de soi.
Aimer, mais pas au détriment de soi.
Peut-être la question n’est pas formulée de la meilleure façon. Car pour aimer quelqu’un d’autre, il faut s’aimer soi-même. Sinon, on ne fait que jouer un rôle, tenter de se convaincre que nos sentiments sont vrais.
On ne peut aimer au détriment de soi, car c’est la négation de l’amour. Se préserver, assumer son individualité, ce n’est pas de l’égoïsme. Ce n’est que l’expression de respect qu’on se doit à soi-même, respect sur lequel se bâtira le respect que l’autre aura pour toi.
Aimer, pourquoi ne serait-ce pas aimer l’autre autant qu’on s’aime soi-même? Sans rien soustraire à quiconque? Il n’y a alors plus d’équation.
Vous y allez de bien grandes généralisations, Pourquoi moi?. Il n’y a rien de si bien défini quand il s’agit des sentiments humains. Ce qui est vrai pour moi ne l’est peut-être pas pour vous, et vice-versa. On n’est pas dans un Reader’s Digest.
Pour résumer, je ne m’aime pas toujours, et je réussis pourtant à aimer. Allez-vous me dire que je ments ou que je suis un phony, avant même de me connaître, moi et ma situation?
(Désolé de m’insérer ici comme ça, Swan.)
Simon, les commentaires sont là justement pour ça!
ce que j\’ai écrit n\’est qu\’une réflexion bien égoĩste, même pas achevée. je vais certainement y revenir. mais chose certaine, elle ne s\’applique qu\’à moi. c\’est pas de nouveaux préceptes que je questionne.
dans ce cas-çi, effectivement, je n\’ai même pas abordé la question de l\’amour de soi. c\’est une toute autre sphère à explorer. et je suis d\’accord, on ne s\’aime pas toujours, pourtant on est capable d\’aimer. est-ce que toute forme d\’amour offert est malsain s\’il est offert en connaissance de cause? sachant qu\’on ne s\’aime pas?
pat a raison, le fil est très très mince. ça fait longtemps que je l\’ai perdu de vue.
Juste pour clarifier, mon commentaire précédent ne s’adressait qu’à Pourquoi moi?, et n’adressait pas la note en soi.
C’est vrai que la frontière entre égoïsme et individualisme est mince, et varie probablement selon les jours et les situations.
Je suis incapable de résumer la situation de façon concise, mais je dirais que dans mon cas à moi, mon bonheur personnel étant une impossibilité, je me concentre sur la facilitation du bonheur de mes proches. On peut m’accuser de tout ce qu’on veut, c’est ça qui est ça quand même.
(Mon ton ne se veut pas fâché, plutôt… posé mais sérieux. Mes amitiés à tout le monde.)
Oui, c’est vrai que j’ai la généralisation facile, Simon. Quand même pas besoin d’y mêler le Reader’s Digest!!
Anyway, je n’ai pas LA Vérité. J’ai assez de problèmes à essayer de trouver la mienne, de vérité. Ce que j’ai écris est le reflet de mes expériences, et je persiste et signe. Je ne voulais pas présenter une solution, seulement une piste de réflexion.
Et dans tout ça, il y a les mots. Qui ne sont pas exacts, mais approximatifs. Surtout dans le domaine des émotions. Si on en discutait autour d’une bière, peut-être qu’on se rendrait compte que nos visions ne sont pas si différentes. Peut-être pas. Mais on aurait probablement passé un bon moment.
Pourquoi moi?: C’est bien certain qu’on ne pousse pas la réflexion très loin dans des commentaires de blog; trop de zones grises, de flou, et de trous à remplir.
Le reflet de nos expériences, c’est tout ce qu’on peut offrir (mais ce n’est pas rien), en espérant que le miroir d’où ça provient ne soit pas trop craqué.
la seule réalité est la nôtre, ce qu’on en fait, avec notre imagination, nos expériences. s’éloigner justement des généralités, et pousser un peu plus loin ces idées, ces idéaux.
celui que j’ai commencé à nommer, que j’essaie de connaître, c’est le mot amour. je l’ai perdu de vue, à force de le donner, pensant qu’en rendant quelqu”un heureux l’amour renaîtrait. à mon détriment. pourquoi à mon détriment? peut-être n’était-ce pas vraiment à mon détriment. peut-être que d’avoir été capable de donner tant m’aura servie.
on tourne autour de la notion de donner… mais qu’en est-il de celle de recevoir? comment exprimer ce besoin sans paraître égoĩste? comment parler de recevoir quand donner est supposément suffisant pour être heureux?
À force de toujours donner.
On oublie comment recevoir.
xx