Je sais pas c'est quoi, comme un air qu'on se donne lors d'une conversation où le sujet nous échappe complètement mais qu'on veut pas le montrer. Je lis des blogs remplis de références à des oeuvres, auteurs, bands que je ne connais que de nom, et encore. Ça me fait chier. Ça me met le nez dans mon manque de culture. Mais des fois j'ai aussi l'impression que ces références sont là comme de beaux livres pas usés du tout dans une superbe bibliothèque d'un fantastique appartement… Un beau décor. Mes livres à moi sont frippés, les coins pliés, des fois annotés, les couvertures molles. Mais ça reste que c'est pas ces livres là. C'est pas ces auteurs là.
Ah oui, tu sais la pièce de… le dernier film de… Merde fuck, non je sais pas ok? Aucune crisse d'idée. J'ai vu trois pièces de théâtre dans ma vie… Houdini, Glengarry Glen Ross et… Broue. Pas fort hein? Le cinéma? Oublie ça, même pas proche. Mes films préférés ont en majorité été tournés dans les années 70, (voir "A decade under the influence"). Rien d'obscure, rien d'underground, rien d'avant garde. Je vois le fringe d'ici, mais je m'enfarge dans le mainstream.
Oui ça m'aide à découvrir. Oui, je suis curieuse et j'ai toujours un tab d'ouvert sur wiki. Mais. Ça fait rien pour alléger ce foutu complexe de l'imposteur qui me suit qui me crie dans les oreilles. J'arrive au bureau, ça parle télé-réalité, téléromans, Justin Timberlake. Je suis out dès 8am. On me trouve cultivée, un peu fuckée, on se tient loin, on ne m'inclu pas trop dans les conversations, au cas où j'insérerais une référence qu'elles ne connaissent pas. J'arrive sur les blogs le soir… Câlisse que je me trouve ordinaire. Out. Pas de changement de shift, rien. De même, ça continue, j'ai juste changé d'étage.
J'aimerais seulement lire un frisson, un tremblement, une emprise complète… Un partage de cet amour qui a animé ton esprit le temps de quelques chapitres, quelques actes, quelques mesures. Des fois… quelques fois c'est sincère, et là ça m'allume. Mais le name dropping c'est fucking turn off.
C’est bien dit pour toutes nos boules chiquées avec pas assez d’amitié, peut-être. Je ne dis pas que les références sont des boules shit. Je réfère moi-même en masse. Je donne la référence quand je peux, par honnêteté. M’enfin. Me semble comprendre ce que tu signales : changement d’étage, changement de langue. Et pourtant on a tous soif. On veut être polyglotte. Faut croire qu’il y a des curés qui préfèrent être tout seuls à intercéder auprès de Dieu ou de leur sacrocainte petite clique.