J’étais perdue dans mes emails archivés. Hotmail, Yahoo, Gmail… Il y a des gens qui ramassent les bibelots, les vêtements, les cochonneries… Moi c’est les mails.
Il y a quelques mois j’en ai deleté un peu plus de 1200. De et à la même personne. En un an. Des fois 25 par jours, back and forth, enflamés, perdus. Des fois le silence, marqué par des trous dans les dates.
Je comprend maintenant, je sais aujourd’hui, je vois. Je sais. Il y avait beaucoup de moi dans cette folie. J’avais une rage d’être, un besoin guttural de tout déchiqueter mon linge et de me lancer nue dans la vie. J’ai pleuré, joui, crié, sacré en écrivant. Ses yeux ont bouffé mon corps sous tous ses angles. Il m’a suppliée, implorée, priée de lui montrer, alors que je n’existais plus depuis longtemps.
Un monstre d’égocentrisme, narcissique au bord de l’absurde. Je n’ai jamais eu envie de lui crier je t’aime pendant qu’il m’enfonçait son herpès sous silence heureusement habillée pour les occasions. Un monstre qui faisait du copié-collé à cinq ou six autres âmes confuses et en quête de gratification style fanclub.
Il y avait déjà plusieurs mois que tout se résumait en mots et images, nos corps ne s’étaient pas touchés depuis longtemps. L’appel était là quand même. J’ai l’image de quand j’ai essayé d’arrêter de fumer, et que j’ai passé deux jours à fouiller les cendriers pour des vieux butches. Et puis un jour sa belle l’a busté. Et moi. Et ses autres “projets” dont j’ignorais l’existence.
Comme je disais… Je sais. Fuck que je sais. C’était pas lui qui avait faim de moi. C’était moi qui avait faim de moi. C’était pas une passion envers ou pour. C’était pas lui. Ça jamais été lui. Il a fallu que je me rende au bout du mal, du désespoir, de l’addiction pour comprendre. Pour enfin ressentir quelque chose. Pour être en vie.
Ça fait six mois qu’il n’y a eu aucun contact. Six mois avant que je sois capable d’écrire à son sujet. À mon sujet. Lui ou un autre, it was bound to happen. Live and learn qu’ils disent.
J’ai plus envie de revisiter, plus envie de me faire rappeller. C’était pas sain tu comprend? C’est pas ça que tu veux de moi. Passion destructrice qui dans le fond n’a pas grand chose à voir avec l’objet de désir, mais plutôt avec la personne perdue dans son tourbillon. Peut-être te réveilles-tu de ton propre coma.
C’est fou à quel point on peut avoir besoin de se rendre au bout de la destruction, même si on en est conscient, même si on comprend. Comme s’il n’existait rien d’autre. Que le besoin de se faire du mal, au moins un peu.
Je te comprends tellement! J’ai vecu moi aussi une histoire du style. J’en ai d’ailleurs beaucoup parlé sur mon blog. Le mec en question s’appellait Julien (si tu veux aller lire)…Il m’a tenu en haleine presque tout l’été dernier.
Bravo d’avoir tournée la page!
Quartz: c’est pas un cliché pour rien “I’d rather feel pain than nothing at all”… je pense que de se rendre au bout, c’est ouvrir la porte à tout le reste, toutes les autres émotions. il faut, non? faut bien que ça serve à quelque chose.
celibatissime: lâcher prise. pas juste sur le mec, mais sur tout le reste. pas facile non. j’ai lu, bien aimé! (me rapelle aussi l’épopée blogissime…) merci de ta visite 🙂
C’est quand je commence à le dire (juste dire)au lieu de médire l’autre… rendu à cette action (intersection)c’est signe que je n’ai plus peur de moi et de mes choix.
Le phare est né d’une pénible histoire…avec un homme et l’internet. La liberté d’action et de pensée…Non négociable.
Nancy
Bravo pour ce billet.
très juste. parfois faut perdre au change pour se rendre compte de ce qu’on ne veut pas perdre ou mettre en jeu.
le phare, j’ai rôdé dans ses alentours et sa lumière m’a touchée souvent. bravo à toi. et merci.