Sur le cover

Je me demande combien d’oeuvres lui ont été consacrées. Combien de couples morts par sa faute. Combien d’hommes morts à bout de rêve. Combien de femmes à sa course, à sa poursuite. Elle qui n’existe que dans les films les rêves les chansons les poèmes les

Tsé la fille à page 325

Élancée Racée Élégante (surement cultivée, généreuse, aimante!) Bleachée Airbrushée

J’en ai vue une l’autre soir. Une vraie, qui fait bander, qui fait rêver, du haut de la page couverture. Les cheveux en bataille, les dents noircies par la coke, des crottes dans le coin des yeux. Elle avait rien à dire. Et toutes ces bouches ouvertes et tous ces coeurs prêts à exploser pour elle tout autour, ensorcellés, le briquet sorti, la chaise tirée, les sourires, les mains baladeuses, les verres gratuits

Et moi dans le coin, avec un sourire soumis, j’ai pris mon manteau, payé mon addition, oubliée, hors du tourbillon, partie dehors sans jamais avoir été remarquée en dedans. Comme si

Comme si ça m’avait fait quelque chose. Plus maintenant. Je n’aurai peut-être jamais cette dédicace, cette ode, ce chant, mais je porte en moi ce qui pourraient faire naître ces mots, et c’est tout. C’est tout ce que j’ai besoin dêtre.

Une étrange mélancolie s’empara de lui. Je vais voler jusqu’à eux et ils me battront à mort, moi si laid, d’avoir l’audace de les approcher ! Mais tant pis, plutôt mourir par eux que pincé par les canards, piqué par les poules ou par les coups de pied des filles de basse-cour ! Il s’élança dans l’eau et nagea vers ces cygnes pleins de noblesse. A son étonnement, ceux-ci, en le voyant, se dirigèrent vers lui. Tuez-moi, dit le pauvre caneton en inclinant la tête vers la surface des eaux. Et il attendit la mort. Mais alors, qu’est-ce qu’il vit, se reflétant sous lui, dans l’eau claire ? C’était sa propre image, non plus comme un vilain gros oiseau gris et lourdaud … il était devenu un cygne !!!
-Le Vilain Petit Canard (Hans Christian Andersen)

8 thoughts on “Sur le cover”

  1. Enrique says:

    Le plus triste de tout ça, pour en avoir fréquenté quelques unes, de ces biches, c’est que dans l’intimité, c’est la même chose. Elles sont grosses, elles ont un bouton, elles veulent sortir, elles veulent pas sortir, elles aiment pour toujours, elle aiment plus. Boah. L’image… C’est plat.

    Besos,
    &.

  2. swan_pr says:

    bien sûr que c’est la même chose.

    mais, mais mais mais… pour un rêveur, pour un homme qui n’a que regardé de loin, qui cherche toujours sa source, ça met un voile sur les yeux. et pour la femme qui partage sa vie, ça la fait chercher ses yeux. c’est probablement ce qui blesse le plus, chercher les yeux.

    c’est se battre contre des rêves construits d’images. c’est faire partie de la réalité bien plate alors que son idéal de marde n’existe que dans les films, mais que vu que c’est à la télé, ce doit être vrai. ah, je me fâche là. j’arrête ici.

  3. Enrique says:

    Arrête pas ! T’es au coeur du noeud du noyau du problème. Ils sont des prestidigitateurs. Ils ont subtilisés la jouissance et le désir de jouissance pour autre chose, pour des symboles. Et ces symboles, comme la cape du matador, n’amènent pas à la bonne chair chaude (ce que tout notre être réclame), mais plutôt… au produit.

    Ces pauvres cailles, souvent brillantes, en plus, ne sont que des mouchoirs dans lesquels s’essuient les cyclopes du big bizness. On les envie ? Par ignorance ! On les désire ? Par erreur. On les aime ? C’est de la nécrophilie. Rien n’est plus mort que le spectacle de la vie. Il est possible d’aimer une de ces personnes, mais uniquement en traversant le papier de l’affiche. Quant à elles, elles sont aux prises avec le même problème. Parce qu’elles existent (pour leur plus grande confusion) dans les deux mondes, le monde vivant et le monde mort, et surtout parce que toute la société est obnubilée, entichée, amourachée par duperie, de la partie d’elles qui est déjà morte.

    Ça rend la vie dure.
    Je n’admire pas leur métier, je le combat.
    Mais leur courage est indéniable.
    Juste en pure perte.
    &.

  4. Enrique says:

    Puis, évidemment, en les détestant, on tire sur la mauvaise cible, qui elle est toujours très très bien dissimulée.

  5. swan_pr says:

    nah. je ne les déteste pas du tout. comme tu le mentionnes, c’est tout le reste, tout ce qui les fait vivre. et ce que ça créé dans la tête des gens. comment pourrais-je détester un groupe entier de gens? c’est des êtres humains qui sur une base individuelle méritent autant que chacun de nous l’amour et le respect.

    j’en ai après l’industrie ok. mais aussi après les dupes, les moutons et les brebis, les aveugles et les messagers. comment un être qui se dit lucide peut s’abreuver de tant de plastique et pas s’étouffer sur ce qu’on lui sert? comment peut-on ne rien voir, si ce n’est que par mauvaise foi?

    j’ai les paumes et les genoux en sang.

  6. Enrique says:

    Relève-toi, voyons. Tu es plus grande que tout ça. T’as oublié ?

  7. swan_pr says:

    non! non non. je… euh.

    je m’enfarge parfois.

    voilà. c’est déjà mieux 🙂

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