OCD’d

Argh. Combien de fois je peux faire l’inventaire de mon sac de toilette ou de ma valise sans que ce soit un signe d’un désordre psychologique quelconque?

C’est très étrange de partir sans les enfants. C’est cool, bien sûr, ça va faire du bien, of course, profites en, I will. Je n’accrocherai pas sur le fait qu’ils me manqueront. C’est juste, une impression que j’oublie toujours quelque chose, que les bagages ne sont pas complets. Ah, j’ai trouvé, il me manque des responsabilités!

Y a des chutes et des montagnes et une réserve naturelle là-bas. On peut louer une mobilette pour s’y rendre!! No shit!

Y a aussi un café internet… que je me jure de ne pas fréquenter. Sauf pour écoeurer quelques amis. Et donner des nouvelles aux enfants. Et à toi.

Les chats seront en pension à l’hopital vétérinaire. Je ne crois pas qu’ils apprécieront… On leur réserve une petite surprise.

Je pars samedi dans la nuit pour une semaine. Pendant mon absence il y aura peut-être un ou deux posts, des trucs que j’ai envie de republier depuis un moment.

J’espère revenir le foie enflé, bronzée, la tête tranquille. Enfin. Je suis beyond le symbole là.

D’ici là je vous embrasse. À bientôt 🙂 xx

Donde yace moribunda la inocencia

Ahhh.

J’ai tout perdu, ma collection de Gordon, Baker, Coltrane, Mingus. MINGUS! Ça fait deux heures que je download. En écoutant Omara Portuondo, qui me donne vraiment très soif. J’ai du sable dans les yeux, faut que je me couche. Mais je persiste, j’ai absolument besoin de tout ça avant de partir.

(partir partir partir, je pars)

C’est un peu comme si je préparais un plus grand départ. Quand ma mère est entrée dans la machine du système de santé pour la dernière fois, je suis allée vider son appartement. Elle avait tout préparé. Tout rangé. Les papiers serrés. La poubelle vide. La vaiselle faite. Je fais les mêmes préparatifs. Et je me demande quoi faire de certaines choses…

( j’ai écrit, fin, rien de plus, comme si le commencement était hors de ma portée)

Chaque année c’est la même chose. Sa fête approche, et je vis dans ses souvenirs. Et comment j’étais pressée de la voir partir, pour cent mille raisons, pas toutes nobles. J’aimerais me croire quand je dis que je n’ai pas de regrets. Et j’aimerais ne pas me sentir coupable quand je passe tout droit devant la table où les vieilles vendent des rubans roses. Ne pas me dire… Que si je l’ignore, peut-être cessera-t-il d’exister. Et oublier la peau fine comme du papier sur sa bouche, peinant à couvrir ses dents en plastique, déjà jaunies après seulement quelques années, tellement la merde qu’on lui injectait l’infectait jusque dans sa salive. Et oublier la lutte qu’elle a mené vers la vie, vers la réalité, quelques instants, combattant la paralysie et la morphine, juste pour râler quelque chose qui ressemblait à je t’aime, pour retomber sur l’oreiller, à bout de souffle, l’oeil voilé, la bouche fermée comme pour garder le cri en dedans.

(je t’aime moi aussi maman, c’est correct, je suis là, pars mais moi je ne retiens plus mon cri et une dame dont je ne me rappelle plus le nom me flattait les cheveux)

Je compte. Elle aurait eu 59 ans le 17 novembre. Elle avait 52 ans. Ça fera 7 ans le 12 décembre.

Des chiffres encore. Il y a eu un an le 3 novembre. Ça aurait été notre 21ième anniversaire le 26 janvier.

Et encore. Je pars dans 5 jours, 6 heures et 16 minutes.

À mine ou à l’encre?

Les symboles et moi, on ne se parle pas très souvent. C’est comme un refus, un peu comme les rêves que je ne me suis jamais accordée. J’ai beaucoup d’objets qui en principe ont une valeur sentimentale. Mais pour moi ils sont plus comme un tout qui représente des souvenirs et non pas des petites vies gardées sur le respirateur. Mais plus les jours avancent et plus ce voyage se symbolise.

J’avais toujours cette idée, ce sentiment, et j’ai décidé d’y céder, d’abdiquer et d’y aller à fond ce soir. Je me suis acheté un journal. J’y écrirai pour la première fois le 3. Un an. Dans le magasin je me suis dit d’une façon très naturelle, ce sera le livre de ma vie. Pour me dire aussitôt après, fuck j’suis donc ben quétaine. Je sonne comme un livres de pensée de Denis Monette (Mais oui voyons, les beaux livres avec des couchers de soleil dessus: Le chemin de la vie, Le partage du coeur, Pour un peu d’espoir…)

Mais devant parfois moi-même m’expliquer mes réflexion, j’ai réalisé que je voulais dire, ce sera le livre d’une vie. Le symbole d’une autre qui commence. Peu importe que j’y écrive une seule page. J’ai accepté un symbole. Je ne suis pas encore convaincue de la valeur de cet acte. Peut-être en a-t-il aucun. (Je le sais que je gratte la surface là… J’ai pas encore les mots exacts)

Mais le cuir de la couverture…