Stormy weather.
J’avais un rush de nostalgie de moods, écrasée dans mon lit ou dans le sofa, perdue avec Marcel dans les herbes hautes, cherchant Duplessis, Thérèse pis Pierrette pis Simone passant devant, une forêt de petits mollets. Je comprenais Marcel, je voulais être son amie. J’avais 13-14 ans. Ma mère ne voulait jamais me faire de baloney dans la poêle, et pourtant, ça fittait tout à fait avec son budget. Alors je m’assoyais à la table avec eux, je courais dans la ruelle avec elles.
En même temps je quittais temporairement le classic rock pour mes nouveaux amours, DBC, Celtic Frost, Destruction, Slayer… Ahhh to be 15 again. L’acide aidant, je suis revenue un peu plus tard vers Floyd, mais gardant tout près de mon coeur les Metallica, Preist et autres plus softs.
Retour en arrière, regards de plus en plus insistants, je commence aussi à comprendre. Ce que je vivais, enfermée dans ma chambre, gelée, Soft Machine, mes notes, mon journal, j’avais aucune idée, mais je savais. Qu’il y avait autre chose, qu’il fallait qu’il y ait autre chose.
Ce que les profs me disaient, ce que les autres ne me disaient pas. Les yeux rivés sur le plancher, sur mes souliers, entre les escaliers et les casiers. Pas un mot, sauf sur mes cartables, au liquid paper. Des lyrics, des fuck you, des FUCK YOU. Et mon meilleur ami avait un fucking pocket protector avec des crayons dedans. Et la plus grosse montre calculatrice au monde. Et moi et mes studs et lui et ses chemises à manche courtes. Il comprenait pas trop lui non plus. Dans nos cellulles on se tenait compagnie. Mais jamais au dehors.
Dehors. La plaza St-Hubert était mon royaume fantôme. Un walkman cassette, la poitrine pognée, écrasée, déjà à 15 ans. J’essayais pourtant. Et à ma première paire de talons hauts, ma mère, sage, barmaid et ex danseuse m’a regardé en pleine face et m’a dit, t’as l’air d’une salope. Je les ai pas portés souvent. Mais je les ai encore. Pas longtemps après j’ai baisé son ex avec Steely Dan en soundtrack. Gotta live up to the expectations.
Souvenirs bons pour l’anecdote, pour le shock value. Qu’est-ce que je dois faire? Les oublier, les cacher? Ou bien les exposer, les revivre. Je suis faite de toutes ces années, mais certaines sont plus floues que d’autres. Bien trop volontairement.
J’en suis au troisième volet. Mais des fois je me demande. D’où je pars. De 0, 16 ou 36 ans?
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Pars de la chose la plus forte, ça sera la fin. Remonte jusque là pour nous expliquer, avec les trucs qui ont causé cette fin. There.
hier dans mon bain, de ma bouche, tout haut, puissant, pour mettre fin au babillage inconscient, c’est sorti tout seul, j’ai dit: j’ai eu un passé difficile et le passé reste au passé.
J’ai pas crié heureusement.
Surprise de ces mots que je n’avais pas vu venir, je me suis rajoutée et tant qu’à poursuivre dans le processus qui s’emparaît de moi, je l’ai dit dit tout haut, que ça s’imprime, que ça fasse taire le reste: je ne suis pas mon passé, je ne suis même pas mon futur, je suis le présent.
Et vlan, j’étais bouche bée.
hier je voulais répondre, Enrique, c’est encore confus, tout plein de vagues qui s’écrasent sur ma grève tsé? des photos molles comme les horloges qui s’imiscent, gluantes, collantes.
et puis Lilas arrive, et me sacre un mur à terre, comme ça, sans crier gare.
j’aime croire que je ne fais pas de grattage de gale, que je tente juste d’accepter. en l’intégrant, en me remémorant, tout de même.
t’as raison Lilas. mais peut-être que je ne suis juste pas prête à tout laisser derrière, comme toi. est-ce que c’est parce qu’il y a vraiment quelque chose à en tirer? ai-je le courage dont tu semble faire preuve? je sais pas. je dois y réfléchir encore.
Surement pas un manque de courage, non. Tu as raison, parfois on a besoin d’aller voir ce qu’on traine dans notre sac à dos depuis longtemps, des fois on traine ses vieilles affaires depuis une bonne vingtaine et un moment donné on se dit coudonc c’est ben lourd! Alors on dépose le sac, on ouvre, on regarde. On regarde pourquoi on est comme on est, et c’est là que tu as raison, c’est important de le faire.
Après
on pardonne
on se pardonne
on s’en va
je suis désolée de t’avoir bousculé.
Wow…DBC…quand j’avais aussi 15 ans (on a définitivement la même âge) je phantasmais sur les fille qui trippaient sur le speed métal…et il n’y en avait pas beaucoup. Si ça peut te rassurer moi aussi je suis nostalgique de ces années là…surtout qu’il y a des amis à moi qui font des back sur la chanson.
Lilas: tu ne m’as pas bousculée. seulement, ton commentaire a précipité une réflexion autour de laquelle je tourne et je danse sans vraiment m’en approcher. c’est très bien! ça me fait plaisir. que je sois prête ou non, il est clair que cela devra être fait un jour ou l’autre. mais ne pas y penser ne fait que retarder l’inévitable.
j’apprécie la justesse et la sincérité de tes commentaires, ils sont les bienvenus 🙂
Rat de Bibliothèque: ah! et moi j’étais trop gênée et pognée pour aller vers les gars, ou en tout cas les gangs. ça fait que j’écoutais ça toute seule. en me promenant sur youtube, j’ai fait un trip nostalgique pas possible… bienvenue ici!
La nostalgie est une maladie passagère, par contre la mélancolie (et j’en suis atteint) en est une qui est incurable. Si tu as du temps, viens faire un tour chez moi..tu es le bienvenue.
http://ratdebibliotheque.wordpress.com/
Le problème du sac à dos dont parle Lilas, c’est qu’on le veuille ou non, il est greffé à l’intérieur. Il s’agit plus de savoir ce que l’on va faire de son contenu que de s’en débarasser (quasi impossible en vérité). Ceci dit je n’ai pas de réponse pour vous, j’ai la mienne pour moi et chaque réponse est unique. Pas très encourageant ce que je vous dis là, mais dites vous quand même qu’il y a de la vie dans votre sac à dos. Il y en a beaucoup qui n’ont rien ou preque rien à porter et qui arrivés à votre âge, retrace leur passé en cinq minutes.
Ceci dit, vous lire est parfois bouleversant.
Harry Steed