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J’aurais aimé que mes mots te transpercent, te crèvent, t’arrachent les yeux. Te renversent, te démembrent. Hacksaw. Une pluie de sang coulant des bouts de doigts ayant voulu effleurer les phrases insupportables.

J’aurais voulu. Autant de pouvoir que la voix de Wells, panique all around. Des mots comme des clous, comme des balles. Chaque ligne coupant à la source les envies d’ordinaire.

Et qui est-ce qui se couche avec l’intention de l’écrire ce grand roman? Mais surtout, avec la conviction qu’il en est capable? Désespoirs derrière les touches, nous sommes tous prisonniers de nos ambitions.

J’ai envie d’armes de destruction jouissive, de mon clavier vers le points G de ton imagination. Et d’abreuver le tout des insultes les plus basses pour mieux te prendre par derrière, une poignée de cheveux sales entre mes doigts, je te tape la tête sur le mur au rythme de mes verbes.

Et les soupirs lourds de contentement, pendant que t’essuie le tout, le coeur prêt à sauter. Ce sera le plus beau sommeil. La tranche marquée de fines lignes d’usure. Les pages maculée de plaisir. Traces de nuits solitaires.

Mes mots comme douleur, comme remède. Mes mots comme amour, comme mort. À grand coup, à tout coup.

Lendemain

Qu’autour d’une table se retrouvent d’autres rêves. Que dans la pénombre l’on décèle le mensonge. Le troisième invité. Et dans la ferveur des actes de défense se cache la force des vérités honteuses. Les entrées servies à la chandelle, avant-goût des coups à éviter. Nos ustensiles des cuillères trouées et des couteaux émoussés. On se met au lit avec la mort à tous les soirs et on ferme les yeux en se disant que demain, demain…

Mais demain, le lavabo est plein. Demain on gratte la cire de notre nappe préférée. On part une brasse avec beaucoup, beaucoup d’eau de javel.

Letdown, comme dans “va donc regarder la tévé”

On cessera l’éducation sexuelle au secondaire dès l’an prochain. Pendant ce temps on apprend que Montréal est la championne des MTS. Ça me sort pas de la tête cette histoire. L’une et l’autre. Ça fait trois semaines que j’ai lu ces deux headlines, et je semble être la seule personne qui s’en fait avec ça.

Fuck les études, les tables de concertations… On peut tu s’entendre que ça peut pas nuire? Est-ce qu’on peut se mettre d’accord sur le fait qu’une fille de 13 ans sexuellement active c’est wrong, mais que c’est une réalité, et que si elle veut voir un gynéco c’est probablement pas à sa mère qu’elle va demander?

“Maudite bonne affaire, c’est aux parents à enseigner ça à leurs jeunes!” Pardon?? Quand est-ce que vous êtes allés voir vos parents pour parler de votre première sodomie? Ou jaser lubrifiants? Je fais une bonne job avec mes ados, je m’enfle pas la tête avec ça, mais j’ai le sentiment qu’ils sont biens partis dans la vie tsé? Mais je suis pas assez naive pour m’imaginer qu’ils vont se confier à moi sur leur vie sexuelle. Je parle pas des conversations normales, la prévention, leur donner des outils, des informations discrètement, smooth. Mais y a des trucs, me semble, en tout cas, ça arrive jamais comme ça.

À une époque où les enfants sont élevés par la télé, où leur réseau social est plus vivant sur msn que dans la cour d’école, je m’inquiète, oh que si, je m’inquiète. On coupe dans les sports, dans les activités culturelles, communautaires. On s’est rendu compte qu’on les empoisonnait dans leurs cafétérias, on ne se soucie pas du fait que les rayons de leurs bibliothèques soient remplis de livre des records Guiness et de romans Frissons.

C’est pas une fin en soi, mais j’ai comme l’impression que c’est un letdown de plus à ajouter sur une longue liste. On laisse tomber nos enfants, une réforme à la fois.

Notes

“Je n’ai plus que… ce n’est plus que de la musique, tu vois? Comme un courant continu, pas de chute, que le mouvement, que le son. Et quand mes doigts saignent, que les frets se fusionnent c’est comme le lever du soleil. Une autre journée arrivera sans que je l’attende, mais elle sera la bienvenue. La naissance de mes enfants, la mort de mon père, la maladie de ma soeur, des concertos enflés. Point d’orgue au dernier soupir comme au premier. Et la tempête des instruments qui fait se renverser mes abris.”

Le silence n’était qu’applaudissements. Lueurs sur son visage, dansantes entre ses sourcils froncés. Et je me promet de lui offrir autant, même si ce ne sera jamais en si peu de mots. Quand je me penche au dessus de la table pour effleurer son visage de mes doigts, l’odeur du vin oublié dans ma coupe me rappelle que nous sommes assis depuis des jours. Des jours à écouter ses symphonies.

Shuffle.

Et une autre minute passe, la cire fond, le feu s’éteint.

Channeling O'Brien

From gerenser.com: “Probably the most interesting thing about O’Brien is that we have only Winston’s opinion of him. This burly but sophisticated leader of the Inner Party is supposed to be the head of the secret Brotherhood dedicated to the overthrow of Big Brother… Another very interesting thing about O’Brien is that the reader doesn’t precisely know if he is a friend or an enemy of Winston. He is almost a kind of father for Winston. Before Winston’s capture, O’Brien “helps” Winston to make contact with the Brotherhood, and he teaches him about the Ideology and the rules of this secret Organization…”

Who exactly is this man?

A friend?

A true libertarian?

A shady character?

An evil visionary?

Our father?

Channeling O’Brien

From gerenser.com: “Probably the most interesting thing about O’Brien is that we have only Winston’s opinion of him. This burly but sophisticated leader of the Inner Party is supposed to be the head of the secret Brotherhood dedicated to the overthrow of Big Brother… Another very interesting thing about O’Brien is that the reader doesn’t precisely know if he is a friend or an enemy of Winston. He is almost a kind of father for Winston. Before Winston’s capture, O’Brien “helps” Winston to make contact with the Brotherhood, and he teaches him about the Ideology and the rules of this secret Organization…”

Who exactly is this man?

A friend?

A true libertarian?

A shady character?

An evil visionary?

Our father?

In Oceania

“What was more important was that sexual privation induced hysteria, which was desirable because it could be transformed into war fever and leader worship.”

Mes amours sont rentrés au bercail. Tout à sa place. Rien ne dépasse. Bliss in perfection.

“So long as they were actually in this room, they both felt, no harm could come to them.”

Je me suis noyée dans mes larmes, de peine et de plaisir. À peine remise voilà une autre vague qui enfin atteint mon rivage. Et de mes bras j’enlace leur océan, nourri, gonflé, chaud comme à seize heures quand tout le monde part pour la sieste avant le buffet. Mais moi je reste derrière…

“Who controls the past controls the future. Who controls the present controls the past.”

Alors donc, j’ai recouvré mon amour, mes enfants et je me perd dans les dédales de Dreamweaver. Si au moins c’était juste la toune.

“War is Peace! Freedom is Slavery! Ignorance is Strength!”

  • All quotes from Orwell’s 1984

FF

On est passés de la pause au fastforward.

Une chance que j’ai recommencé le gym.

Excusez mon silence, j’ai la bouche pleine.

Changements saisonniers

Ça juste pris une phrase pour me rappeler que je suis bien vivante. Même le geste de me procurer de la bouffe, même enlever le pied et demi de glace, grésil et neige sur mon auto, même les conversations incertaines, même les courriels remplis d’affirmations, de questions, de conditions, même ma teinture plus ou moins réussie n’auront eu l’effet provoqué par mon caissier préféré du IGA.

-Vous avez votre carte airmiles?

Crisse oui. Airmiles, pétropoints, hbc, optimum, toutes les couleurs toutes les sortes allez prennez ceci est mon identité.

Running with scissors n’a pas eu de très bonnes critiques. On a dit que les situations étaient éxagérées, sensationnalistes. Ils ont jamais vécu avec quelqu’un sur les pilules. Même la coupe de cheveux d’Annette Bening. Ses yeux morts. Ses highs. Ses caresses trop fortes. C’en était badtrippant de vérité.

Un nouveau beat de garde. On passe d’une semaine sur deux à deux semaines sur quatre. C’est long deux semaines sans eux. Mais c’est court une semaine avec. Ils sont un peu épuisés de vivre dans leurs valises. On a beau avoir un peu de tout en double, ils ont toujours un sac ou deux à charrier. C’est des ados, pas des tout petits. En plus cela va nous permettre de faire des plans pour des weekends complets. Nous permettre leur père et moi de s’impliquer à plus long terme dans leur vie, dans leurs travaux d’école. Overall, je suis très satisfaite de ce nouvel arrangement. En théorie. J’entamme ma deuxième semaine sans eux et ils me manquent déjà.

L’amour est en pause. On ne sait plus trop, on ne voit plus grand chose en avant, alors que notre regard s’attarde derrière. Comme dans la tempête. Inévitable. Comme les accalmies qui suivent. Et le paysage qui n’est plus tout à fait le même une fois l’intempérie passée. Quoique on sache toujours retrouver notre chemin. Reste à savoir si nous le rejoindrons en même temps, au même endroit.

On passe de l’hiver au printemps avec tout ce que ça comporte de changements.

Je vous en souhaite un beau, chaud et tout plein de chemins nouveaux à emprunter.

Des trinités éternelles

Il y avait Laurie, Linette et Louise. Louise était la plus jeune. Elle me gardait des fois. Une nuit, je devais avoir 6 ans, j’ai été réveillée par le bruit du téléphone. Le gros bip strident du téléphone laissé trop longtemps décroché. Je me suis levée et dirigée vers le bip. C’était dans la chambre de ma mère. Louise était endormie avec le téléphone tout près de son oreille. Gelée sur je sais pas quelles pillules. J’ai racroché et suis retournée me coucher. Laurie était la sorcière, tout pleine de foulards et de grosses bagues weirds, et Linette l’amoureuse finie. Toutes trois soeurs, amies, ennemies, rivales. Et incrustées dans ma vie grâce à l’amitié complètement disfonctionnelle qui les unissaient elles et ma mère. Louise est morte très jeune. 19 ans je crois. Noyée dans son bain, chez son chum Dick, la quarantaine entammée, qui servait aussi de docteurs aux filles. Elle devait être très malade ce soir là, et il l’a trop bien soignée. Laurie est morte aussi, plus tard, son coeur a décidé que c’en était assez. Je ne sais pas ce qui est advenu de Linette. Elle et Laurie aimaient jouer des head games avec ma mère. Une fois je m’étais réfugiée dans la dépense chez Laurie, les deux criant des insultes à ma mère au téléphone, la menaçant de me garder, qu’elle n’était pas capable de s’occuper de moi, qu’elles ne me laisserait pas retourner chez moi. J’ai aucune idée pourquoi j’étais là, ni comment ça c’est terminé. Ça sentait les feuilles d’érables dans la dépense. Et j’entendais les deux rire tout bas. J’avais reçu un pendantif pour ma fête de la part de ma marraine, un éléphant en or avec des petits rubis pour les yeux. Un jour, il a disparu, et je savais que c’était Laurie qui me l’avait volé. Mais j’ai rien dit. Quand j’ai eu ma fille, sa belle-soeur est venue me voir et m’a donné une petite boite à bijou en vitrail. Elle m’a dit, je sais que ça fait longtemp que tu voulais ça. Et c’était l’éléphant. Laurie était déjà morte depuis des années, et elle l’avait récupéré dans son appart, et l’avait gardé tout ce temps là.

Mon enfance est un jardin de mutants, de produits étranges et épeurants. Des fées enceintes garot au bras, des morts angéliques, des petits pas dans les salons zonés toxiques. Des grands qui m’appelaient chérie, et ma mère belle-maman. Des soupers de fonds de conserves et des fuites norcturnes urgentes.

Y a rien de lyrique là dedans. Rien de poétique. Je cherche vraisemblablement une cause à mes peurs, mes control issues. Et d’une certaine façon, je ne déteste pas repenser à cette époque. C’est une partie de moi, un des engrenages de ma mécanique. Je ne fais pas tout pour oublier, encore moins nier. Je ne m’en sers pas pour faire pitié, ni pour justifier mes erreurs de jugement ou mon caractère de marde. J’ai pas de leçon à tirer de tout ça.

C’était assez évident qu’ils mourraient tous.

Un soir, j’avais 8 ans, je mettais la musique. En fait, je mettais la musique pas mal tout le temps. Et en prennant King Crimson dans mes mains, j’ai comme senti un shift dans l’air… C’était un petit party, 6-7 personnes max, du vin, du hash, chill. J’ai ignoré le feeling le temps de mettre le disque. Griche, griche… The rusted chains of prison moons, are shattered by the sun… Et je me suis retournée, et tout le monde était en train de s’embrasser sur le sofa sectionnel vert bouteille de Nicole. Je me suis levée et je suis allée dans la cuisine me faire un verre de lait.