Je refermerai un peu la porte après ce message, mais
je ne la vérouille pas non plus.
Je pense à toi parfois. Souvent ces jours-ci. Je sais pas pourquoi, peut-être parce que toi aussi. J’ai relu notre dernier échange, qui date déjà d’un peu plus d’un an. Et j’ai toujours les mêmes questions en têtes. Celles que je n’ai jamais osé te poser. Et aussi certaines qui se sont formées au fil du temps. Je me demande par dessus tout si tu l’aimes toujours autant. S’il t’a finalement convaincue de faire un bébé. Ça m’a toujours attristée de constater à quel point tu te sentais le devoir de le défendre, de justifier son refus d’accepter ses actes. Mais je ne t’ai jamais jugée, surtout pas pour cela. J’ai toujours ces deux dates en tête. Ces dates qui te faisaient rager, finauder, supplier. Celles qui représentaient tout pour toi, toute la différence. Il n’y avait pas que mon cul que je couvrais avec mon silence. Il y avait ta raison. Je crois que tu l’aurais quitté si tu les avais eues. Trois vies bouleversées, c’était assez. Pas besoin de les briser.
Je pense à toi parfois. Je revois la photo que tu m’avais envoyée, ton corps mince, tes cheveux blonds, ton beau sourire. Et les contrastes entre nous, et pourtant la surimposition c’est faite instantanément. Après quelques lettres nous parlions le même langage. Et l’écho que j’entends toujours, c’est celui de nos voix muettes qui criaient notre besoin d’amour. Sans jamais l’avouer. Je crois que notre désarroi commun nous aura unies. Mes amours en décomposition, plus d’ancre, plus de port. J’étais si seule. Et toi au bord du gouffre de la perte. Et nos mains qui cherchent à s’accrocher à quelque chose, n’importe quoi, n’importe qui. Et qui de plus improbable que l’une pour l’autre?
Je pense à toi parfois. Est-ce que tu viens toujours ici? Où en es-tu avec ta vie, la sienne, la vôtre? Comment tu as pu vivre tout cela, comment tu as pu lui pardonner… Je t’admirerai toujours pour la force dont tu as fait preuve. J’ai tout effacé de cette époque, de ce moment dans ma vie. Sauf toi. Comme un phare, tu as doucement parsemé de lumière mon chemin que je croyais avoir à parcourir dans le noir à tout jamais.
Je pense à toi ce soir. Tu me manques. J’aurais aimé te le dire autrement. Mais tout est ici, mon message pour toi, et si mon coeur ne me trompe pas, je crois que le tien en captera l’essence.
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