Ignorée par la personne qui l’avait commandée, éditée avec une âme généreuse, acceptée par Mr B pour le Moebius et refusée par l’éditeur. I now lay it down to rest.
“Break me” she said. “Break me, break me. And when it’s done, when it’s all over, you can put the pieces back together however you want to.”
But like a jigsaw puzzle, her pieces were meant to only fit one way.
“You can make me, invent me, create me. I’ll belong to you and only you. You’ll hold the secret. My cracks, my flaws only reminders that I was born from your hands.”
Damaged goods, that’s how I saw it. Unfortunately, I had already broken her. Her cracks and flaws only reminders of what she was made of.
Worth breaking.
« Brise-moi » qu’elle me demandait, sans cesse. « Brise-moi, brise-moi. Et quand tu en auras fini, prends les pièces et recolle-les comme bon te semble, comme il te plaira ».
Elle était comme un casse-tête. Il n’y eut qu’une seule façon de remettre ses pièces ensemble.
« Tu peux me créer, m’inventer, me mettre au monde. Je t’appartiendrai, à toi seul. Tu seras le gardien de mon secret et mes failles et mes faiblesses ne seront que le témoignage de ma naissance entre tes mains. »
En la regardant, je ne voyais rien d’autre : une marchandise endommagée. Malheureusement, je l’avais déjà brisée. Ses failles, ses faiblesses, n’étaient en fait que le témoignage de ce qu’elle était.
Bonne à briser.
Il était encore tôt. L’absence de voitures m’évoqua brièvement Pyongyang. Dans quelques heures, les hatchbacks et les mini fourgonnettes allaient reprendre d’assaut les huit voies de cette autoroute. Un vide lourd, sans issue, sans espoir de changement. Nous roulions vers cet endroit qu’elle avait choisi, pas du tout au hasard. Un creux, un fossé entre les rubans d’asphalte, qui lui redonnerait la vie.
Il était encore tôt. Et tout était rose, comme si le soleil avait mis des lunettes. J’eu l’envie de lui demander… De lui demander si le rose ne lui donnait pas envie de changer d’idée. Si le rose ne la réconfortait pas un peu, comme il le ferait pour une petite fille. Mais le rose ne toucha jamais ses yeux.
Il était encore tôt. Elle fixait tout droit devant, le souffle court, des perles de transpiration se formant sur sa lèvre supérieure, le bout de sa langue accrochant au passage les plus aventureuses. Le rose m’avait déjà envahi et les kilomètres fuyants me rapprochaient de plus en plus de la réalité.
Qu’elle ait vu en moi l’outil qui allait finalement, croyait-elle, la réparer, ne me sembla même pas étrange. Ce midi-là, assis tous les deux sur le lit des parents, elle me confia ma tâche. Après tout, c’était le même sang qui l’avait rendue défectueuse. Maintenant qu’il ne restait que nous deux, il était temps de rétablir l’équilibre.
Je pris la chose avec désinvolture. Chaque jour, je la rassurais de mes bonnes intentions. De ma détermination à accomplir sa volonté. Et sans relâche elle me talonnait. « Brise-moi ». Un jour elle arriva munie d’une carte routière, déjà habillée pour partir, son sac balançant à l’épaule, son visage rouge d’anticipation et de détermination. Elle me tendit les clés de la voiture.
« C’est là, c’est là, c’est LÀ! »
Je ne veux pas que ce soit là, je veux continuer à rouler, continuer à avancer la tête baissée, les yeux fermés, le cœur paralysé. C’est pas lui qui est ici dans l’auto avec toi, c’est moi, c’est moi qui t’aime, qui… t’a jamais protégée, jamais consolée, jamais défendue… c’est moi qui dans le noir écoutais en faisant semblant de rien entendre, sentant votre odeur monter et envahir l’air et se rendre directement entre mes jambes, moi qui parfois se voyait à sa place, regardant ton visage et capturant ton âme et déversant mon amour.
Notre vieux Buick familial à peine immobilisé, je l’ai regardé descendre, ma petite sœur, mon amour. Elle courait vers le trou qui nous briserait tout les deux.