(à) peine perdue

Une destination voyage à éviter: l’ile Diego Garcia. Dont j’ai appris l’existence grâce à cette entrevue avec Noam Chomsky, suite à son “aventure” aux frontières d’Israël.

Le sang a coulé à Bangkok. Il coule toujours un peu partout.

BP et Barack qui nous bourrent. La vie qui meurt. La terre qui ne sera plus jamais la même à partir de maintenant.

Elle est d’ailleurs un ti peu en crisse et nous recrache un peu de sa rage en plein ciel dans le Nord.

On a perdu de vue nos frère de la perle des Antilles. Non. On a fermé les yeux sur nos frères.

Pendant qu’on se chicane et qu’on se pointe du doigt pour des 500$ partis dans les mauvaises poches, pour des contrats qui en plus de payer ces fantastiques steaks à La Queue de Cheval pour certains, mettent un peu de beurre sur la table des tout petits hommes bien loin en dessous de tout ça.

Pendant qu’on vit un mauvais flashback et qu’un illuminé prône la mort d’une femme au profit d’un orphelin pas encore né.

Pendant que ceux qui roulent à deux roues se font tuer parce qu’ils restent pas dans leur voie.

Pendant que ma vie s’accroche à la rambarde du dernier wagon et tente tant bien que mal de tenir bon.

On s’égare… Des perdus qui s’égarent c’est inquiétant.

Rien n'a changé

Me suis réveillée toute croche, en pleurant parce que quelqu’un était mort dans mon rêve. Je ne savais même plus qui au moment d’ouvrir les yeux, mais bon, j’étais en deuil. J’ai tenté de brasser le brouillard un peu histoire de bien commencer la journée, et puis me suis rappelé que c’est la fête des mères aujourd’hui. Et comme ça m’arrive encore, presque 10 ans plus tard, son absence m’a frappée de plein fouet.

Ça fait une heure que je tourne en rond, ménage, lavage, j’essaie de me changer les idées, pas moyens. Et j’ai relu ce post, écrit il y a deux ans. Pis câlisse, y a RIEN qui a changé. Je ne pourrais écrire quoique ce soit d’autre, parce que c’est encore comme ça que je me sens. Alors oui, je vous sers du réchauffé ce matin, mais honnêtement, je le fais plus pour moi. J’ai besoin de lui dire, encore.

Pour la valise

Comme à chaque année je t’ai souhaité bonne fête des mères, en visitant ton dernier domicile. Le garde-robe de l’entrée. Je le sais que tu m’as demandé d’aller t’éparpiller dans le ruisseau à Morin Heights. J’ai encore la map que tu m’as dessinée. Juste là, en bas de la côte, avec une flèche pour que je trouve ton sentier. Mais chaque fois que j’y pense je me dis, pas tout de suite, je ne suis pas prête. Parce que tu m’avais aussi dit, vas-y juste quand t’es prête.

Les enfants sont arrivés ce soir. Et en vidant la laveuse tantôt je me suis dit, bordel que ma vie a du sens quand ils sont avec moi. Et je pense à toi, à tout ce que je t’ai reproché, à tout ce que j’arrivais pas à te pardonner. Et c’est fou comment tout ça s’est fondu dans la toile de mes souvenirs. Parce que je sais à quel point j’étais importante pour toi. Je sais à quel point certains matins il n’y avait que moi qui te faisais te lever. Je sais aussi que la pilule de plus, la track de plus, celle qui t’aurais emportée, tu l’as jamais pris pour ça. Pour moi.

Et je me retrouve un samedi soir seule chez moi à manger une quiche, un peu de baguette avec du pâté et du chèvre. Je regarde par la fenêtre, c’est le silence. Tu es si présente, plus que tu ne l’as été depuis ta mort. Mes gestes, mes mains, mes rires, mes regards. Tout porte ta marque. Je suis où tu as été et j’ai parfois l’impression de vivre la vie que tu aurais aimé être capable de vivre. Et dans mes moments difficiles je vois tes traces de pas là devant. Je ne fais que bien choisir mes tournants, et malgré l’envie de suivre tes pas, parfois, tu vois, je dois prendre une autre direction.

Mais je sais, enfin je crois comprendre, que tu étais simplement mal armée pour cette vie-là. L’impression de ne jamais fitter, de ne jamais être à la hauteur. Et je pense qu’il est arrivé un moment donné où tu n’as plus voulu faire de choix guidés par la peur. Et c’est là que tu t’es perdue. Je l’ai pris ta main tendue tu sais. Plus souvent que tu ne le crois. Mais je ne t’en veux plus. Je regrette simplement de ne pas avoir eu la maturité de te pardonner de ton vivant.

Tu me manques plus aujourd’hui qu’à n’importe quel autre moment de ma vie. Il y a, il y aura toujours une pièce manquante dans ma vie. Je regrette de ne pas t’avoir dit plus souvent je t’aime. Je regrette de ne pas t’avoir serrée dans mes bras quand tu en avais le plus besoin. Je regrette, je regrette, je regrette. Ton parfum me manque, ta voix, nos délirs avec les mots. Tes caresses, quand tu me serrais dans tes bras et que tu me disais je t’aime. Ton riz espagnol, ton pain doré.

J’ai encore ta valise remplie de mes cartes et bricolages que je t’offrais. Mon préféré a toujours été le papillon en terre cuite. La peinture à l’eau est toute partie, il a une aile brisée. J’y rajoute cette lettre ce soir. Je sais que ça ne compensera jamais pour toutes ces années où t’as pas pu rien y mettre. Cette lettre ne sera jamais un souvenir pour toi. Mais j’espère tout de même qu’elle y trouvera sa place.

Bonne fête des mères Maman. Je t’aime.

Fri(ori)ture

On pourrait dire que c’est une renaissance. On pourrait. Mais c’est tellement moins que ça. Tellement moins que moi je dirais, c’est pas ça pantoute. J’pas morte, j’ai jamais mourru (mourru, mouru? me semble que deux r c’est mieux)!

Ce qui me scie, c’est les silences radio. Y a fuck all qui se passe en haut des fois. Je ne comprends pas. C’est fort probablement volontaire. Comme on sait que la frite qu’on s’enfonce dans la bouche va nous brûler la langue. Mais shit, elle est tellement belle, tellement appétissante. Alors on mord dedans. Et ça fait mal. C’est même pas bon. Ça valait pas la peine, et le reste du repas est scrap parce qu’asti que ça brûle.

L’analogie est déficiente peut-être? Pas tant que ça. Pas pour moi (ouais, bien sûr si je l’évoque c’est que j’y comprends de quoi, pfff). Ok, j’ai pas LU Debord. Mais je saisis. Le fond de la chose, c’est que je me brûle la langue pour pas goûter le repas. Souvent quand je réfléchi à mes bibittes, je me dis que de les connaître et de les comprendre c’est déjà un bon signe. Que je peux être une bonne fille si je m’y mets.

Mais de savoir que je m’impose la brûlure ne m’empêche pas de fuckin morrrrrdre dans la crisse de frite.

C’est lassant les analogies, en tout cas, dans le contexte là, on a compris?

Je tente une sorte de sevrage. Pas n’importe comment. Un sevrage des mes habitudes, de ma consommation. Les outils seront toujours là. Ma curiosité, je dois m’y faire, ne sera jamais satisfaite. Plus j’en sais, plus je veux en savoir. C’est pas la faute de Facebook, pas la faute de Twitter, pas la faute de mon reader. Je m’enlise dans une mer de merde en pleine connaissance de cause.

Je regarde la valeur que ces outils ont pour moi, ce qu’ils m’apportent, ce que je peux y contribuer aussi. Comme c’est là, j’ai atteint un mur. Je ne suis plus satisfaite de ce que j’en retire, et ce que j’y contribue ne vaut pas plus qu’un mièvre RT.

Arrêter d’écrire pendant près de deux ans n’a pas été un choix. Recommencer l’est. Me donner une chance d’apprécier ma tête, d’en prendre soin, de la nourrir en est presque pas un. Je ne me fais pas d’illusions. Il est simplement temps.