je ne comprends pas trop comment pourquoi mais tout me tire me pousse et je veux partir me sauver vers ta vie me noyer dans ta vie n’importe où n’importe quoi sauf la mienne et comment ça pourrait être impossible comment il pourrait être trop tard alors qu’on a encore tant à vivre et tellement besoin d’aimer mais trop peur pour vraiment laisser la porte ouverte j’ai le nez qui saigne mais j’essaie encore et tant que je vivrai ça n’aura de cesse mais alors que l’évasion me semble la seule chose qui me permette de respirer sans souffrir
la réalité
ne m’oublie pas
alors résolument
je reste
sans toi.
L’évasion, je suis pour. Le désastre est irréversible. Il faut survire d’abord, pour pouvoir vivre ensuite. Faut survivre tout de suite ! Vive la vie !
Hum, parfois on est tellement son pire ennemi! Faut vivre, oui, avec nos paradoxes, nos désirs, nos fantasmes, nos résistances, notre vision de la réalité. Pas de désastre en vue, non, juste la mort. Alors pourquoi avoir peur de vivre? Survivre, non. Vivre, croquer, ressentir, être, tenter, réaliser, prendre le risque. Quoi? De toute façon, ça va finir d’une manière ou d’une autre, alors qu’avons nous donc de si important à perdre qui nous empêche de vivre ce qu’on a à vivre, ce qui bout dans nos veines, qui se précipite au bout de notre langue, au bout de nos doigts, ce qui se bouscule au bout de notre sexe et au plus qu’au bout de nos neurones toujours en quête, toujours gourmands, toujours assoiffés de l’essence de cette existence qui nous est offerte. le plus important, se sentir vibrant! Faut faire ce qu’on a besoin de faire, sans attendre. A défaut on meurt de l’intérieur et on survit, oui, bon an mal an! Nan, je m’y refuse! L’évasion, s’il le faut, mais pas de moi-même, m’extirper de situations aliénantes, oui. Aimer est une évasion en soi, aimer c’est la prise de risque par excellence, aimer c’est grisant, c’est vivant, c’est tout! Faut sortir de la souffrance, ne pas s’y complaire, ne pas s’y vautrer, faut danser, crier, respirer, ouvrir, espérer, rêver, créer, engendrer, partager… Vivre, faut le faire, pas seulement y penser!
la vérité:
il t’oublie pas
alors résolument
il reste
dans toi
.
on n’oublie jamais, Swan, même de loin en ayant perdu la voix, même avec une autre dans notre lit, même en ayant sacré son camp.
vous êtes dans le même océan, vous allez toujours vous toucher. faut pas s’y noyer, t’en explores les fonds marins, les abysses, tu vas en-dessous des roches, tu te piques sur les coraux. un jour ce sera le tour de la surface, les poissons colorés, l’oxygène. prends ton temps. la plongée ça donne le temps de se concentrer, ça donne une lucidité que les pêcheurs de surface n’ont pas.
Éric, j’ai souri fort à “je suis pour” 🙂
Mais Blue, sortir de la souffrance à tout prix, n’est-ce pas une forme d’évasion? Elle est là, elle existe, et sans s’y vautrer, je crois qu’il y a à apprendre de celle-ci. Dans un moment de souffrance, si je choisi l’évasion, c’est pour mieux y retourner, pour en finir avec elle avant de m’avancer vers ailleurs.
Vivre bien sûr. Et rien du tout, rien d’assez important ne devrait m’en empêcher. Comme tu dis, nous sommes notre pire ennemi. Aimer et être aimée. C’est l’absence de ça qui me fait sentir morte.
Vincent, j’ai pas été capable de lire ton commentaire avant ce soir. À chaque fois que j’ai essayé dans la journée mes yeux suivaient plus après la deuxième ligne. J’aime beaucoup ton analogie. D’être dans le même océan. Si au moins y a ça, c’est déjà mieux que d’imaginer… le vide. En dedans comme en dehors.
Oui, Swan, c’est vrai, on apprend de sa souffrance. Elle fait partie intégrante de la vie, pas contournable. Je n’ai peut-être pas bien exprimé le fond de ma pensée si je puis dire. Je ne suis pas convaincu que l’évasion soit la solution, je crois l’inverse en fait. Faut y aller. la souffrance quelle qu’elle soit et qu’elle en soit la raison nous donne des réponses sur nos dégâts intérieurs, sur cette partie de nous qui a été blessée, broyée, anéantie. La souffrance c’est l’ultime moyen qu’a notre intégrité de demander sa place et son dû. Faut l’entendre, la laisser s’exprimer, pas pour autant s’y aliéner, non, mais la décrypter. On a les meilleurs moyens et raisons du monde de faire son propre malheur mais on peut agir là-dessus, on peut se réconcilier. S’aimer, oui, pour pouvoir aimer. A force d’attendre d’autrui l’amour qu’on se devrait à soi-même, on n’a le sentiment de s’embourber et de ne pas arriver à vivre comme on voudrait vivre, ça vient de loin. D’émotions bloquées enfant qui nous empoisonnent et des réactions de défense qui n’ont plus lieu d’être. C’est pour ça que je parle de risquer de vivre, à plein, à fond plutôt que de s’évader, plonger en soi-même comme le dit Vincent, devenir agissant plutôt que agi.
j’ai longtemps idéalisé l’amour, encore aujourd’hui, mais moins parce que j’en ai moins besoin. Je n’avais jamais le sentiment d’aimer suffisamment ou bien ni de l’être assez. J’étais une énorme faille en manque d’amour n’en ayant pas reçu de la bonne manière au berceau. C’est un long travail ardu, dense et douloureux qui m’a permise de comprendre que ce n’était pas le monde qui ne tournait pas rond mais bien la perception que j’avais de ce monde. je n’étais pas capable de recevoir l’amour qu’on me donnait, parce que je n’avais pas les clefs pour me le permettre. J’ai avancé comme ça dans la vie, duelle, tentant de rejoindre mes deux bouts, celle que je semblais être et celle que je voulais être. Finalement je me suis recomposée et j’ai découvert l’amour. Ce fut un choc terrible. Je reste une passionnée, je n’ai pas su changer cette donne pourquoi le ferais-je? Mais je’ai découvert une forme de sérénité dans cet équilibre entre ma folie et ma raison. J’apprends encore à recevoir mes émotions, je sais qu’elles passent par un filtre tortueux et pas toujours bien limpide, les vieux démons rôdent encore, la peur de l’abandon, la peur de l’ingérence, la peur de l’abus de confiance ou de l’abus de pouvoir, j’ai gardé une fragilité et seule la lucidité et l’humilité me permettent d’agir au mieux.
Me voilà à te parler comme si nous étions autour d’un verre, c’est que je me sens bien là, avec toi. Belle amie, on a en nous tant de ressources inespérées et incroyables, se permettre, oui, se permettre de vivre comme on le ressent profond, se libérer. Je reviendrais bien faire un tour par chez vous, tiens! Keske t’en dis?
Attend, je t’en verse un autre…
Les mots ne me viennent pas facilement pour te répondre. la raison en est bien simple. j’aurais pu les écrire, les dire. ils sont sortis de toi, ton âme, pour se rendre ici, ils auraient pu faire le même chemin de moi à toi. pourtant, ces mots ne sortent pas, parce que malgré que j’en aie connaissance, les dire, les reconnaître m’est encore difficile. d’accepter ces failles, leur provenance et leurs effets sur qui je suis maintenant est un travail constant.
c’est douloureux aussi, bien sûr. et je me repli dans le déni, dans une fausse assurance. alors que tout me montre le contraire. alors que je pose les pieds sur les mêmes pierres, encore et encore. et pourquoi? pour être aimée, à tout prix, sans égard pour qui je suis vraiment, mais seulement une urgence, une faim qui fait si mal que j’en oublie de respirer, manger, dormir. et je me rends malade à chercher pourquoi je n’y ai pas droit, pourquoi je ne suis pas choisie, pourquoipourquoipourquoi.
je la connais la réponse. bien sûr. et je valse entre les deux mondes. les deux ne me plaisent pas. je retourne dans l’un quand l’autre devient à nouveau insoutenable. j’ose espérer que le temps m’enseignera à prendre le chemin entre les deux qui me mènera loin de ces derniers, vers un pays, un paysage qui me ressemblera enfin.
j’aime à penser que de te lire me donne quelques outils, un peu de force et de lumière. l’écho de tes mots m’a suivi toute la journée, m’a réconforté, m’a guidé. merci de ta générosité et ta lucidité. tu peux revenir quand tu veux, j’ai de la place en masse!! mon appart en banlieue est sans doute pas mal moins cool que le Bunker par exemple! 😉
We’re all in the Bunker.
Je crois que tu connais le truc, pour sortir les mots quand ils résistent, mais peut-être ignores-tu le connaître: écrire en anglais. Tu l’as fait pour parler de ta mère…
t’as raison. c’est parfaitement incompréhensible, mais le flux est tellement plus dense quand j’écris en anglais. je le sens pousser pour sortir. je ne tire jamais. toujours ça pousse. mais depuis une couple d’années, j’éprouve une certaine culpabilité à le faire. ce n’est pas ma langue maternelle. ce n’est pas la langue dans laquelle je vis. je me dis que c’est important d’écrire en français. mais crisse, c’est pas ça qui veut sortir! je suis probablement la réincarnation d’une anglaise. je vais lui laisser un peu plus de place je pense. merci Christian.
Imagine Mac, par exemple. Sa plume pour Émile Duncan, sa plume pour Roule Rosie Roule, sa plume pour ses chansons, sa plume pour Le Mauvais Siècle. Ou Picasso. Son pinceau pour l’huile, son pinceau pour l’acrylique, son pinceau pour l’aquarelle, son pinceau pour la gouache. Un écrivain, un peintre, chacun maniant ses outils et disposant de sa riche palette pour faire la job du jour. Je crois que l’anglais n’est que ça, une couleur dans ton tube, et qu’il n’en sortira pas si c’est l’autre couleur, l’autre médium qu’il te faut ce jour-là pour faire la job, et parfois t’auras envie des deux à la fois, so what? As long as you don’t start blogging in hebrew till I finish my lessons, je vois pas de danger. Tu vireras pas bloke full time at this late date. Just do what feels good!
I will. promis, je m’en tiens aux deux langues que je connais! j’apprécie vraiment tes mots, sincèrement. ça m’aide à voir, mieux comprendre ce que c’est que d’écrire. non, je ne m’en servirai pas comme justification. mais comme une règle. d’être à l’écoute, d’être prête à prendre et rendre comme ça doit être rendu. merci encore. THAT feels good 🙂
Good girl. Now, écris.