Tous les matins depuis mon arrivée, vers 8 heures, les hurlements d’un bébé me réveillent. Pour ceux qui ont des enfants, vous savez, ces hurlements de douleur, quand leur petite langue vibre dans leur bouche, quand ils viennent à bout de souffle et que soudainement le cri monte de deux octaves? Ce genre là, c’est ce que j’entends, chaque matin et ça me tue. Je ne sais pas d’où ça vient, je ne sais pas si les voisins s’en rendent compte, je ne sais même pas si c’est vraiment grave. Mais mon coeur se serre, comme ça, dès le réveil. Hier soir j’ai décidé de mettre des bouchons. Je n’ai à peine dormi que quelques heures depuis mon départ, et j’avoue que je commençais à trouver les journées difficiles. Je me suis réveillée vers huit heures ce matin dans le silence artificiel. J’ai tenté de me rendormir, mais avec la crainte de me rouvrir les yeux passé midi, je n’y suis pas parvenue. Il était 8h30. J’ai enlevé les bouchons. Et le bébé criait.
J’ai malgré tout dormi une bonne nuit, ayant pris la journée d’hier pour me reposer. J’ai flâné dans le quartier, lu au café du coin, bien mangé, mais aucune “activité”. Un peu comme ma troisième journée à New York l’an passé. C’est peut-être mon cycle naturel en voyage. Je l’appelerai le syndrome du troisième jour.
Il fait beau et chaud ici. Très chaud. Certains d’entre vous connaissez ma piètre résistance à la chaleur et au soleil… Ils annoncent 30 degrés demain. Journée idéale pour le Louvres. Je devrais partir tôt (profiter de la fraicheur du matin!), me rendre à l’Arc de Triomphe, marcher le long de l’avenue des Champs-Élysées, traverser les Tuileries et aboutir au musée. Ce sera sans doute ma journée la plus “touriste”! Aujourd’hui je suis allée au marché des livres anciens au parc Georges Brassens. Si j’habitais Paris, j’aurais sans doute besoin d’une pièce complète pour y mettre tous les livres que j’avais envie d’acheter là. En particulier une édition illustrée du Voyage au Centre de la Terre absolument magnifique. Suis ensuite montée vers le cimetière du Montparnasse, où je fûs RAVIE de découvrir quantité d’arbres et autres structures me procurant un peu d’ombre.
Je suis revenue à la maison prendre une pause fraicheur et suis ensuite sortie pour le dîner (dit-elle avec un presqu’accent). Lors de mon retour, vers 20h, je m’installe, me verse un verre de vin. Et j’entends le bébé. Gueuler. Et cette accalmie, quand un papa ou une maman le prend dans ses bras, le soupir de soulagement qui est presqu’un tremblement. Et puis j’entends le bébé rigoler. Et gueuler. Et je réalise que finalement, je capote peut-être un peu. Que c’est peut-être juste un bébé braillard, gueulard. Que toute mon angoisse d’être loin de chez moi, dans un pays qui devrait m’être presque familier mais qui ne l’est pas du tout, encore moins que ces pays du sud que j’ai visité, s’était peut-être arnachée à ces cris puiqu’elle n’avait plus droit de résidence chez moi.
C’est maintenant le silence complet. Un deuxième verre de vin est en train de se finir tranquillement pendant que je vous écris ces lignes. Alors que pour une fois je partais en voyage sans y avoir accroché de symbole, il semble que ce dernier s’en approprie lui-même.