Notes du temps à venir #1

C'est quand même drôle. La ménopause me faisait peur avant, surtout parce que je craignais perdre ma libido. Mais dans cette nouvelle tempête corporelle je comprends maintenant qu'il y a pire… Ou en tout cas, de plus ennuyeux. Comme c'est là j'en ai vraiment rien à chier de ma libido. J'ai des règles au 40, 30, 15, 25, 35 jours, c'est une surprise constante! J'ai aussi élucidé (par déduction, non par recherches scientifiques) le mystère de la prise de poids… Motherfucking CARBS CRAVING. Pas étonnant. T'es en SPM 24/7.

Je suis épuisée. J'ai mal partout. Je digère mal. Je dors de façon sporadique. J'ai le moton en permanence (pas de déprime, juste d'émotivité… Le soleil m'émeut, les écureuils m'émeuvent, regarder les éboueurs travailler si fort m'émeut). Je suis sortie courir mercredi et j'ai eu de la misère à faire 3km. J'étais ballonnée, racquée, boursouflée… 
Je me dis que tout ça, c'est une sorte de purgatoire. Que je suis dans le pire moment. Que d'ici un an ou deux ça va s'estomper, se stabiliser. Peut-être que je me fais des accroire. Mais comme c'est là, c'est le mieux que je puisse faire pour passer au travers.

Notes de course #1

C’est avec une belle grande joie que je constate que mon temps de puce est sous les 40 minutes! 39 minutes 6 secondes. Avec un minimum de marche, peut-être 3-4 minutes au total. Je suis VRAIMENT fière de moi. Par contre avec la chaleur, je sais que mon progrès n’a pas été aussi rapide que je le souhaitais. Mais ma prochaine course est le 22 septembre et je compte bien atteindre le 37 minutes.

C’était vraiment agressant tous ces humains autour de moi, dans mon espace. En plus certains avaient oublié le déo… La grosse musique dance aussi, why why whyyyy? En tout cas, j’ai mis Sleep’s Holy Mountain et je suis partie au signal.
Je n’en ai parlé qu’à une seule personne (à qui j’ai aussi dit que je pensais faire mon 5k en 35 minutes, mais c’était avant de m’être chronométrée comme du monde alors pardonne moi Pat, c’était pas pour me vanter, juste une erreur d’évaluation) mais je crois bien que mon objectif d’entrainement pour la prochaine saison sera le 10k. J’ai la preuve que j’ai la discipline et la drive. Et je sais qu’avec des objectifs clairs et réalistes j’arrive à progresser sans abandonner ni me décourager. Et le plus fou: J’AIME courir.
Je suis extraordinaire dit-il. Et en me le répétant pendant la course j’y ai cru, tout semblait possible.

je penserai à toi

Je fais ma première course demain. Je suis lente. Mon entraînement n’a pas progressé comme je l’aurais souhaité cet été, j’arrive même pas à passer sous la barre des 40 minutes pour un misérable 5 kilomètres. Enfin, je ne participe pas pour la compétition, sauf avec moi-même. Il me restera un autre mois pour la prochaine au Marathon de Montréal (ça fait moins cool de dire, la journée AVANT le Marathon…).

Je suis vraiment nerveuse mais ce qui est désagréable c’est que ce n’est pas la course elle-même qui m’angoisse. C’est la foule. L’événement. Les gens, les bruits, les comptoirs où il faut s’inscrire, laisser son nom. Comment m’y rendre (bus, scooter et si scooter, où me stationner?) À quelle heure partir? 
Ça empire d’année en année et je ne sais pas comment gérer ces angoisses. Et je me demande, est-ce que je les nourris en les laissant monter à la surface? Me semble que d’étouffer ces émotions serait plus nocif. Le pire c’est que chaque fois, une fois dans l’action, tout coule, je gère et ça va bien. Enfin, je tente de rester zen, je vais bien manger, essayer de ne pas trop fumer de weed et me coucher tôt. Aléa jacta est.
Un baume, ce doux courriel ce matin: “je penserai à toi, tu es extraordinaire”… Qui rend tout cela très vrai, et tout à fait possible.  

et avec la mesure dont vous mesurez il vous sera mesuré

J’ai fait quelque chose de terrible tantôt. J’ai croisé un mec et je l’ai jugé ouvertement. Je sais pas ce qui m’a pris. En fait oui, je le sais. Je me sentais vraiment hot à cet instant, avec ma mini jupe, ma camisole, mon tatou, mes 40 livres en moins… Je marche et ce gars s’en vient vers moi, clairement de retour du bureau, business casual (kakis, chemise blanc bleu col ouvert), sac d’ordi à l’épaule. Fin quarantaine, les cheveux poivre et sel, grand… Il est vraiment beau. Mais il a un bide et sans doute une trentaine de livres en trop. À tout autre moment de ma vie, cette constatation ne m’aurait même pas traversé l’esprit. Mais là, en cet instant précis, je me suis sentie tellement supérieure. J’ai regardé son bide et je l’ai ensuite regardé dans les yeux. Et j’ai continué mon chemin.

J’ai été invisible aux yeux de ces hommes-là pendant tellement longtemps, j’avais l’impression de me venger. Et honnêtement, si cette scène s’était produite il y a trois ans, il ne m’aurait même pas vue. Ça n’excuse rien, bien entendu. Et une heure plus tard je me sens encore coupable. Non seulement il m’a vu, mais il a vu mon regard et mon jugement et je connais ce sentiment beaucoup trop intimement pour m’imaginer que cela ne l’a pas blessé même un peu.
Je ne veux pas que toute cette confiance en moi, acquise au coût de grands efforts, ME transforme. C’est comme une drogue. Plus j’en gagne, plus j’ai le jugement facile et ma perception des gens est teintée d’une certaine rancoeur. Je cherche les bons mots, je n’y suis pas encore. Mais cette réflexion est intéressante et aussi essentielle.