et avec la mesure dont vous mesurez il vous sera mesuré

J’ai fait quelque chose de terrible tantôt. J’ai croisé un mec et je l’ai jugé ouvertement. Je sais pas ce qui m’a pris. En fait oui, je le sais. Je me sentais vraiment hot à cet instant, avec ma mini jupe, ma camisole, mon tatou, mes 40 livres en moins… Je marche et ce gars s’en vient vers moi, clairement de retour du bureau, business casual (kakis, chemise blanc bleu col ouvert), sac d’ordi à l’épaule. Fin quarantaine, les cheveux poivre et sel, grand… Il est vraiment beau. Mais il a un bide et sans doute une trentaine de livres en trop. À tout autre moment de ma vie, cette constatation ne m’aurait même pas traversé l’esprit. Mais là, en cet instant précis, je me suis sentie tellement supérieure. J’ai regardé son bide et je l’ai ensuite regardé dans les yeux. Et j’ai continué mon chemin.

J’ai été invisible aux yeux de ces hommes-là pendant tellement longtemps, j’avais l’impression de me venger. Et honnêtement, si cette scène s’était produite il y a trois ans, il ne m’aurait même pas vue. Ça n’excuse rien, bien entendu. Et une heure plus tard je me sens encore coupable. Non seulement il m’a vu, mais il a vu mon regard et mon jugement et je connais ce sentiment beaucoup trop intimement pour m’imaginer que cela ne l’a pas blessé même un peu.
Je ne veux pas que toute cette confiance en moi, acquise au coût de grands efforts, ME transforme. C’est comme une drogue. Plus j’en gagne, plus j’ai le jugement facile et ma perception des gens est teintée d’une certaine rancoeur. Je cherche les bons mots, je n’y suis pas encore. Mais cette réflexion est intéressante et aussi essentielle.  

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