Est-ce que j’ai oublié?

Je me rappelle de plusieurs événements, des touchers non sollicités, des baisers à contre-coeur. Et même, à quelques reprises, de baiser juste pour me débarrasser du mec. J'ai décidé d'enterrer tout ça et d'avancer. Mais il y en a quelques uns qui refusent de faire moins de bruit dont cette fois où ma grand-mère a surpris le voisin en train de m'enduire le "dos" de crème solaire, comme si mon dos était mes seins. J'avais huit ans. Où cette fois où un gars, une vague connaissance, m'a suivi jusqu'à chez moi et m'a gossé jusqu'à ce que je flanche et le laisse entrer. Et me violer. Parce que dans le fond, c'est bien ça. Parce que dans le fond, j'ai jamais accepté de coucher avec lui. J'ai même tenté de signaler au chauffeur d'autobus que j'étais en danger, mais sans succès. J'avais 17 ans.

Je regarde ce qui se passe avec Brett Kavanaugh et j'ai des frissons à tous les jours. Ces femmes qui maintenant se rappelent des attouchements, des aggressions… Comment c'était "no big deal", parce que "boys will be boys". Comment dans le fond, tout ce qu'on voulait c'était de faire la fête avec nos amis et peut-être rencontrer un gentil garçon. Pour finalement se faire enfoncer une langue dans la gorge par un gars saoul.
Et chaque jour je me demande…. Est-ce que j'en ai oublié? Est-ce que dans ma volonté de ne pas m'attarder au passé j'ai pas enfoui des choses beaucoup plus douloureuses? Je sais pas. J'ai peur en fait.

Facebook et le mépris cultivé

Ce matin, encore cette réflexion qui m'assaille, qui m'obsède. Je suis tellement tannée de vivre ta vie. Ces observations du cute ou du merveilleux à chaque jour, comme si ces moments ne pouvaient exister s'ils n'étaient pas partagés sur un réseau social ou un autre.

Je n'éprouve aucune curiosité pour tes conversations dans le noir ni pour tes enfants qui à te lire sont absolument uniques et fabuleux. Je n'éprouve RIEN à part une sensation désagréable that I'm being bullied into appreciating your fucking (and not so special) life.
Je sais que c'est moi qui a un problème avec tout ça, que je devrais gérer et passer à autre chose. Mais ça m'agresse et me fait te détester. Par ton besoin constant d'attention, de validation et de représentation. Détester aussi ceux qui nourrissent cette quête et t'encouragent.
Tout le monde a une vie fabuleuse par moments, ordinaire à d'autres. Et si encore tu n'avais pas cette compulsion de t'injecter partout, même en rapportant des observations qui ne devraient appartenir qu'à ceux et celles qui les vivent…
Je n'ai pas de conclusion à tout ça. Juste un feeling désagréable et constant.