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L. ne lit plus depuis janvier. Je lui avais écrit, suite à un de ses emails, que je ne pouvais l’empêcher de le faire, et que je n’avais pas l’intention de déménager mon blog mais que je me sentais comme s’il fouillait dans ma tête. Comme si je n’étais plus jamais seule. Sans le lui reprocher, bien entendu. Comment pourrais-je le blâmer de revenir ici, là où son univers s’est écroulé une journée de décembre? Ici où tout ce que je n’arrivais plus à communiquer s’est échoué. Ici où notre vie à été mise en jeu plus d’une fois. Pourtant, il n’est jamais revenu. Dans son email il me disait qu’a chaque fois qu’il arrivait sur mon blog il avait peur. Mais que cette fois là, un jour vers la fin de janvier, il avait trouvé la lecture agréable. Qu’il se retrouvait dans certains de mes textes, certaines de mes idées. Mais je n’ai pu m’empêcher de lui dire. Que ses yeux me suivaient partout. Sans méchanceté. Il n’a pas répondu. Ne m’a plus écrit. On s’embrasse toujours quand j’arrive du bureau, il fait le souper, on mange en famille. On parle. On rit. Il sait que j’écris. Il ne lit plus.
B. n’est venu qu’une fois. C’est tout ce que je voulais. On en a même jamais parlé. Le texte que j’avais écrit pour lui était tout ce que j’avais à lui dire. Pourtant je sais qu’il a tout lu ce que j’avais publié jusqu’à ce jour de novembre, lorsqu’il est venu cueuillir sa lettre. Il écrivait lui aussi avant. Sur du papier imprimé. Peut-être que ces souvenirs lui font mal. Qu’il ne peut dealer avec son bloc, qu’il déguise en excuse d’être trop investi dans la réalité pour pouvoir s’éclabousser de fiction.
C. veut écrire maintenant. Elle sait tout de moi. C’est ma meilleure amie, même si pour elle, je suis sa deuxième. J’aime plutôt me dire que #1 est comme sa soeur. Ça me remonte l’estime un peu tsé… Et ressent ce besoin, comme moi il y a un an, de tout dire, écrire, crier. Beurrer ses joues de mascara en tapant sur son clavier assez fort pour effacer ses tourments. Alors je lui ai montré mon blog. Lui ai ouvert le sien. Mis une belle template. Et je lui ai dit “Saute ma belle”.
Assises dans le salon chez elle, au 906, je lui ai lu des mes textes, à sa demande. D’entendre mes mots… Les choisir… En rire… Ou d’avoir la gorge serrée… J’avais le trac. J’avais des toubillons de honte et de plaisir dans la tête. J’ai réalisé, vraiment, que tout ça est vrai. Des pages et des pages qui existent, qui résonnent encore. Des endroits où j’aimerais retourner, d’autres que je suis heureuse d’avoir laissé là où ils vivent tranquillement, sans trop déranger.
Des fois des gens viennent ici pour la première fois. Et sautent à pieds joints dans mon univers. Passent deux, trois, quatre heures à fouiller les archives. Et je me demande, est-ce qu’elle pleure? Est-ce qu’il rit? Est-ce quelqu’un de bilingue? Et des fois je me met à capoter. Hey, c’est ma vie ici, qu’est-ce que t’as à fouiller partout comme ça? Et bon, finalement je me raisonne. J’allume. C’est pas dans ma tête que ça se passe. C’est vrai. J’ai tellement enfoui cette réalité-ci profondemment, que je mélange tout.
F. aimerait bien qu’on se rencontre. Des amitiés virtuelles, ça ne peut durer me dit-il. Ça ne peut prendre de la valeur. De partager une bière et d’entendre le rire d’une personne qui ne faisait que LOL à ses blagues, ça cimente le tout dans la réalité. Je suis d’accord. Mais j’ai peur. Une peur tout à fait stupide et pas du tout originale. J’ai vécu dans ma tête toutes ces soirées devant mon écran. Dans quelle mesure est-ce que je veux que cette partie de moi rejoigne ma réalité. Ma vrai vie? Pourtant, je sais quelle valeur j’accorde à cette amitié. Est-ce irrationel de croire qu’elle pourrait survivre sans la chair? Et d’autres aussi que j’aimerais bien toucher, entendre, sentir. J. et C. et B. et D. et P. (et M. et S. et V. aussi qui ne comprendront rien à mon texte malheureusement). Des filles, des gars, qui ont touché ma vie tellement fort que je ne serai plus jamais celle qui était. À qui je dois des becs et des caresses et des cartes quétaines dans le temps des fêtes. Des gens merveilleux que je n’aurais jamais laissé approcher de si près “dans la vraie vie”.
Mais mon blog fait maintenant partie de ma vraie vie. Je l’ai compris au 906 vendredi soir. Je ne suis pas toute ici. Mais je laissais trop peu d’ici entrer en moi. J’ai une date en tête. Sur le fil de départ, je tenterai de rétablir l’équilibre.
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oh… tu as exprimé tous ce qui me fait peur en ce moment. J’ai aussi peur de me brûler, de me marquer à jamais, de briser leurs rêves de moi.
Merci à toi et à ton écriture si vrai, si inspirante.
Je ne suis pas trop certaine de te suivre.
M’enfin… Pour l’avoir essayé une seule fois, je peux sincèrement te dire que ça peut être fort décevant de passer de l’iréel au réel.
Y’a de ces jardins qui valent vraiment mieux d’être cultivés seule comme une grande et d’être gardés le plus que possible… secrets, sinon, la vermine s’y installe confortablement et gruge tout ce que tu y a semé, même ce qui est sous-terre!
J-Jolie: tu vois, moi c’est plutôt MES rêves de moi qui me font peur. et si ils n’étaient que ça? et si mon moi ici n’était que réel ici? merci de ta visite et du compliment, tu es la bienvenue en tout temps 🙂
bibi: je comprend tout à fait ce que tu dis. et je suis d’accord que certains secrets doivent rester ce qu’ils sont. je ne me metterai pas à me dévoiler plus ici. mais ce que j’ai écrit, et les gens que je côtoient m’ont transformé. et ça devient plutôt lourd de continuellement entretenir la division.
je sais que j’ai changé pour le mieux. je sais que ces changements ne proviennent pas que d’ici. par contre je veux attribuer une part de mérite équitable à mon blog, et ne plus ignorer son existence et son influence dans ma vie.
pour ce qui est de rencontrer les irréels, de le souhaiter et de le faire c’est deux choses. les gens avec qui j’ai développé des liens hors blogs mais tout de même virtuels par exemple, j’ai envie de leur donner plus de place dans ma vie. des gens avec qui j’ai des échanges importants, qui partagent avec moi des pans de leur vies, qui vivent au même rythme que moi. c’est des liens dont je ne peux plus nier l’existence.
un nouveau lecteur assidu de paris 🙂
et bien bonjour et bienvenue mathieu 🙂
je vais aller voir tes fesses là.. euhhhh ta face, ta face, que je voulais dire 😉
swan…
Il a pleuré… Il a ri.. Il a rougi aussi par moment…
Il a regardé sa vie… Il s’est comparé… Il s’est reconnu un peu en toi…
Il t’a idolâtré… Il t’a référé… Il t’a remercié d’écrire si bien…
Ce blogue c’est un médium… C’est le canevas de ton oeuvre… C’est l’expression de tes sentiments… C’est une oeuvre d’art…
Cette ‘unexamined life’ est le reflet de ton âme à différents moments de ta vie… C’est plutôt ton historique…
Par moment, il m’a rappellé un vieil ami à moi… Un ami que je pourrais nommer (par plaisir) NED (Never Ending Deperate) Life… Et tiens… Je vais pousser l’humour jusqu’à dire qu’il m’a rappelé ‘un ex ami Ned Life‘…
Merci… Merci dix fois, Merci cent fois, Merci mille fois…
Merci d’illustrer, de publier et de rendre disponible au monde entier ton art: ce que ton âme t’inspire.
On a tous quelque chose à apprendre de toi.
Pour ce qui est de rencontrer quelqu’un qui a eu accès à ton oeuvre je dis: pourquoi pas?… Tu es une grande fille… Va voir de quoi il s’agit et ensuite, fais ce que tu sais si bien faire: écoute ton âme… 😉
martin: bon, bien là c’est moi qui rougit. merci beaucoup, vraiment. ça me fait plaisir de savoir que je ne suis pas une folle isolée dans son délire!
tu as exprimé exactement comment je me sens que je lis les autres, ce que je recherche en visitant les autres blogs. on cherche à s’identifier, à trouver les voix communes. mais ça fait énormément plaisir de lire des commentaires comme le tien. merci encore.
pour la barrière du réel, et bien, c’est fait. j’en parlerai bientôt, avec un peu de recul.
Vous l’avez dit à la fin,
Votre blog fait partie de votre vrai vie,
Mais ce n’est pas de maintenant,
Il en fait partie depuisque vous l’avez crée…
J’ai cette sale manie, depuis que je fréquente le net, de souvent dire aux gens que j’ai du mal à comprendre leur distinction entre “vraie vie” et une vie qui serait virtuelle”. Peut-être que je n’ai rien compris. Pour moi le virtuel est quelque chose qui n’existe pas et que je sache vous avez l’air d’exister et les quelques échanges que j’ai avec vous me paraissent réels. A moins que vous ne m’appreniez que vous êtes une machine programmée!!! Ce que libérons ici, même si il peut différer de notre quotidien (quoiqu’en ce qui me concerne, je parle, j’écris ici comme ailleurs), est bien l’expression d’une partie intégrante de notre personnalité. Il faut évidemment exclure de cela les usurpateurs,mis il n’y en pas plus sur le net que dans la “vraie” vie.
Bon! je m’égare (j’aime ça), ce qui ne m’empêche pas d’apprécier vos écrits.
Harry Steed
harry: vous avez tout à fait raison. mais une différence existe. ma vie ici n’est connue que de moi. pour l’instant. les choses bougent, les murs tombent. et j’en viens à cette conclusion que vous évoquez si clairement. qu’ici n’est pas ailleurs. je suis donc vraie ici. ces échanges sont appréciés. et votre réflexion ne s’est pas égarée du tout 🙂