En sortant du métro après le travail, j’ai toujours le soleil dans la face. Il y avait un bon vent frais ce soir, et ça sentait la clôture de fer forgé fraîchement peinte et le souper en train de mijoter. Pour n’importe qui qui a grandi à Montréal, les odeurs de la rue à l’heure du souper sont des souvenirs olfactifs source de sourires et d’une vague mélancolie du temps où on lançait notre sac d’école sur les marches du voisin pour aller jouer au hockey, à la tague bbq ou aux voleurs de banque avec les chums jusqu’à ce que nos noms soient un à un annoncés à grands cris dans la ruelle.
Les mois les plus chauds ont fait sécher toutes les odeurs du printemps et n’annoncent rien encore de l’automne. Le temps est suspendu, arrêté, on vit enfin ces mois tant attendus sans trop s’en rendre compte. La ville est chaude, un peu sale, un peu frippée de la veille. Mais elle continue à nous offrir ce qu’on veut bien prendre.
Je suis rentrée chez moi, je n’ai même pas remarqué les boites, les sacs, les traces de peinture et de plâtre. Le soleil entrait dans la cuisine, des traces de vie enfin visibles un peu partout sur le comptoir, le divan, la salle de bain. J’ai un chez nous.