En sortant de chez le boucher

Dans mon bain, j'ai toujours le même playlist. Les tounes ne vont pas toutes bien ensemble en temps normal, mais dans la chaleur, les bulles et l'humitidé, c'est elles qui me font décrocher, oublier.

1. Blowin' in the wind – Dylan

2. Cant' find my way home – Blind Faith

3. Sister morphine – Stones

4. Warm beer and cold women – Tom Waits

5. Starman – Bowie

6. I want you – Dylan

7. Into the mystic – Van Morrison

8. Strange Magic – ELO

9. Sweet Savannah – Shooter Jennings

10. Black Country Woman – Led Zep

11. I'm gonna crawl – Led Zep

12. Killer cars acoustique – Radiohead

13. What does your soul look like – DJ Shadow 

14. Lover's spit – Broken social scene

Toujours dans le même ordre. Et j'en saute pas une. Oui je suis ratatinée… 

—sS0Ss—

Je me disais, je voyais les mots devant mes yeux fermés. Est-ce que je me défini par ce que je ne suis pas, ou par ce que je suis?

Aux yeux des autres, qu'est-ce qui fait la différence? Le fardeau de ce que j'aurais aimé devenir transparait à chacun de mes sourires forcés. Et l'ombre de ce que je suis devenue garde la lumière à une bonne distance.

Pourtant je n'y crois pas. C'est pas vrai que ce n'est jamais si simple. S'agit de vouloir vivre, that's it. Dans le groupe, sur la marge, dans la foule ou seule à une table pour quatre. Je ne m'effacerai plus sous les regards qui ne me cherchent pas. Je les laisserai me trouver. 

Et puis il y a de ces fantômes qui ne me laissent pas tranquille. Comme celui de ma vie à deux. C'est un fantôme que j'ai pris pour un être vivant pendant si longtemps. Que maintant je dois toucher à tout pour m'assurer que c'est solide. 

Et puis il y a de ces moments qui me tuent. Ces silences occupés, qu'on prend pour la vie qui s'écoule, mais qui sont en fait le retrait le plus complet du sens des choses. C'est ces moments qui portent un vertige contagieux, un malaise de génération spontanée.

Et puis il y a de ces instants, ces fractions de secondes remplies d'illusions tellement parfumées que je m'y croirais. Et je m'y accroche. Et je bois la lumière qui s'en écoule. Et je sais. Tout. Jusqu'au prochain battement de paupières, qui me coupe le souffle, qui me cloue sur place.

J'ai trouvé sur un oreiller des réponses que je ne cherchais pas. J'ai mis l'enveloppe vide de son contenu sur la commode, passé la porte et fermé derrière moi.

Il pleuvait en sortant de chez le boucher. Mais j'ai bu jusqu'à plus soif.

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