De la fuite dans les idées

Je sais pas trop d'où l'idée m'est venue. Mais entre le sofa et la chaise, entre la clope pis le joint. La fin de Studio 60 on the Sunset Strip (plate), le générique qui défile à mach 2, mon gmail notifier qui fait un saut. Les pas entre ces deux mondes m'ont fait oublier la raison de l'élan que je m'étais donné pour quitter l'île inclinable pour le radeau sur roulettes. Devant ma source et mon puit sans fond.

Je peux prendre, prendre, prendre sans arrêt. Je lis, sans arrêt. Les mots, partout. Français, anglais, même espagnol. Je ne commente pas beaucoup, je ne participe pas. Je regarde, j'absorbe, me submerge dans les consonnes, virgules, la grammaire chante son air si familier, si réconfortant. Je me berce des accords, des participes, parmi les subordonnées, les radicaux.

Je peux donner, donner, donner, sans arrêt. Déverser, déborder. Mais aussi offir. Nulle part ailleurs je pourrais donner autant, sans retenue, sans remords, sans rougir. Fermer les yeux et tout garrocher. 

Mes langues me torturent parfois. Une phrase m'arrive, comme ça, sans avertissement, en pleine conversation, en train de mettre du gaz ou de brasser les pâtes. Je regarde toujours par en haut quand ça arrive, mon souffle attend que ça passe. J'écris dans ma mémoire:

Is bleak a color?

Et ma tête part en français. Qu'est-ce que je fais? 

Ça fuck tout. I think in images. Comme quand j'ai quitté mon île. J'ai vu quelque chose. C'est peut-être la légende sous l'image qui est en anglais. Course entre l'image et la légende. L'mage gagne. Mais souvent au prix de l'idée. 

Prends-moi

Depuis dimanche matin que j'y pense. Que j'ai l'article* plié placé à côté de mon moniteur. Toute la journée des bribes me reviennent. Surtout celle là: "…Plus rien ne choque personne. À moins de se voir dans un miroir pour la première fois.". Oh. Ainsi donc ça arrive aux autres aussi…

Je relis l'article ce soir et les mots exacts qui m'ont tant touchée à la première lecture ne font plus le même effet. Pas que je sois déçue, seulement je cherche l'essence de ce que j'y ai lu et je ne le trouve pas. Alors telle est ma réalité des mots. Ils sont entrés dans ma tête, ont chanté un air que j'aime et sont sortis.

D'autres* m'ont prise à la gorge. J'ai dit oui tout haut après que mes yeux soient passés dessus encore et encore.

On prend les mots comme on prend le bus. Comme on prend une fessée. Comme on prend une brosse. Mais on ne sait pas toujours quoi faire avec. 

Les mots dont je me souviens, je les ai pris, embrassés, suppliés, adulés. Détestés. Aimés. Cinq ans, six mois ou deux jours, ils sont toujours à se chicaner pour le center stage de ma mémoire.

Les mots que j'ai oublié, je les ai pris un court instant, le temps d'un souffle ou d'une saison. Et ils sont partis, sans fanfare, doucement, en laissant seulement une empreinte qui s'estompe lentement.

Mais ressentir l'emprise de mots. Les laisser me prendre, les laisser me porter, me punir, me saouler. Ne pas les placer ni les diriger, mais leur donner la clé. Leurs sons et leur cadence prendre mon coeur et mon esprit.

C'est une faim nourrie d'illusions mais aussi de vie. D'amour, de haine, de mélancolie, de folie, de détresse, d'orgasmes, de peur, de joie. Quand les mots me prennent, c'est là qu'ils me donnent le plus. 

 

 

*Liens

Patrick Brisebois dans La Presse 17/09 pour son nouveau roman Catéchèse aux éditions Alto (que oui je m'empresse de me procurer!)

Tony Tremblay: néant attitude 

Guide

Little by little the night turns around

-Set the controls for the heart of the sun

click up here… still can't put in a player.

 

Everyone is lost. No one is safe on their paths. Some have strayed further than others, and might struggle a little harder to come back.

We are looking around. That look. Those words. Lost. Whatever caught our eye to make us stray, it was all it took.

Find some hands, any hands. For the remedy is in the touch. The way will be shown through a communion in the void of our collective soul.

 

Rentrée II

J'ai fumé mon premier joint le 23 juillet 1983. Avec ma première meilleure amie à vie, sa mère et le chum de sa mère. Ma chum fêtait ses 12 ans. Sa mère lui a donc offert ça en cadeau. J'ai tout de suite aimé ça et commencé à fumer continuellement, pratiquement tous les jours, pendant au moins 20 ans, sauf deux breaks de grossesses et allaitement. Cet été là, entre la sixième et le secondaire, ma vie a pris un tournant. Gars, dope, violence. Plus de barbie, plus de lecture, plus de rien. Le party 24/24. Étrangement c'est à cette période que ma mère et moi avons commencé à communiquer. À se parler. Ben, aussi à sortir ensemble, prendre des brosses ensemble. Cruiser des gars ensemble. Je crois qu'elle a vu ce tournant comme la fin de son rôle de mère enfin.

Mon fils commence sa sixième. Il joue au football, après avoir fait du soccer pendant 4 ans. Du tennis aussi. Il joue au hockey dans la rue, au volley ball, au baseball. Son jeu PS2 favori est NHL '06. Il joue encore aux Légos, aux autos et aime bien avoir un bateau en plastique dans la piscine. Il a beaucoup d'amis, toujours parti chez un ou chez l'autre, ou bien ils sont chez nous. L'école ne lui dit rien. Il n'hait pas ça, mais ça le laisse de glace. Pourtant il a lui aussi d'excellentes notes. Il est allumé, a le sens de la répartie, et souvent plante ses profs avec ses arguments. Il s'emmerde souvent en classe évidemment. J'aimerais tellement qu'il soit plus stimulé. Qu'on lui donne ce qu'il a besoin.

Ma fille à 11 ans avait déjà lu Frankenstein, Dracula et Dr Jeckyll et Mr Hyde. Mon fils à 11 ans n'a pas encore lu un roman complet. Mais connait tous les Astérix, Gaston et Garfield. Il est beau, affectueux, impoli, traineux, généreux. Il fait sa sixème année en immersion anglaise à son école. Sa motivation principale? Pouvoir regarder les Simpsons en v.o.

Je ne sais pas comment tout cela m'est arrivé. Comment ces enfants sont arrivés dans ma vie, avec tout ce qu'ils sont, ce qu'ils ont. Mais j'en suis reconnaissante à chaque jour.

Rentrée

À chaque fin août début septembre on dit ça. Ah ça sent l'école. Les premiers jours dans une nouvelle classe. Les retailles d'aiguisoires. Les vieux dictionnaires. Les nouveaux cahiers.

J'ai fait 7 écoles différentes au primaire. Dans 3 villes. À chaque rentrée scolaire je voulais mourir. J'avais mal au ventre. J'avais peur. J'étais une total reject. Comme un téléphone arabe secret, mon surnom se rendait toujours à l'autre école: La moppe. J'étais grande et mince, avec une crinière à faire peur.

Je me retrouvais souvent adossée sur un mur dans la cour, avec six sept ti culs qui me criaent après et qui me tiraient les cheveux. Quand j'arrivais à la maison pour diner, ma mère était encore couchée, un nuage de cognac flottant au dessus d'elle. Et après les classes, elle était souvent déjà partie travailler. Ou sur le party.

Pourtant j'aimais ça l'école. J'aimais apprendre. Ça allait jamais assez vite à mon goût. Je lisais tous mes livres bien avant la fin de l'année. J'ai toujours eu d'excellentes notes, sauf pour les travaux à faire ou finir à la maison.

Rendue au secondaire, je me suis fait des amis. Hash, mescaline, thc, acide, coke, vin, bière, vodka. Et tout m'a semblé tellement plus facile. J'avais même des amis. Genre.

Ma fille commence le secondaire II cette semaine. Sa deuxième année au programme enrichi d'un collège privé. Elle joue du piano, de la guitare et du violoncelle, par choix, parce qu'elle aime la musique.  Elle a reçu des prix pour ses notes l'an passé. Elle étudie des heures à chaque soir, sans que je le lui demande, parce qu'elle aime ça.

Elle n'a pas beaucoup d'amies, mais elle est bien comme ça. Elle n'a pas eu de chum encore. Je vérifie quand même ses contacts MSN avec elle. Elle n'a pas de g-string, pas de linge sexy. Elle trouve ça loser. Je n'ai jamais eu à la punir de quoique ce soit, jamais eu à la discipliner.

Je ne comprend pas. Et je comprend. Je me vois tellement en elle. Je ne sais pas ou j'en serais aujourd'hui, avoir eu un peu d'encadrement, d'encouragement. Peut-être pas plus loin. Mais quand je dois payer la facture de frais de scolarité, je le fais avec plaisir.

Et je la regarde aller, et je la trouve tellement belle. Tellement intelligente. Elle peut devenir ce qu'elle veut. Elle a toutes les chances de son côté.

Stream of acceptance

Deaf dumb and thirty
Starting to deserve this
Leaning on my conscience wall

-Bush (click to hear)

 

A face stamped on the very first riff.

Gone, gone, should be fucking gone by now.

Yet I still find myself on my hands and knees howling.

Yet I still look back for a glimpse of reality.

All this to remember I was still a woman.

All this shit to remember what it means to give.

Nothing in return. Just an empty shell. Again.

How many times will I give thinking I will receive?

How can the idea of being posessed be so seductive? 

Does swimming against the stream sound too ordinary?

Do images stay that long?

Starting to deserve this indeed. 

One year has gone since my birth. And suicide.

Fall will be hard the breath.

Because I have disconnected my life support.

The smells will remind me.

The sounds will remind me.

The cold air will remind me.

That I was dead before. That I have died again.

I want to deserve myself.

I want to be worthy of me. 

I. Will. Not. Go. Back.

To no one, to nothing.

I am my own gift.

So get the fuck out of my way.

Intermède Hallmark

Dans une *chambre*, sans commentaires, ses yeux se posent sur moi.

C'est *ses mots* qui m'ont entrainée ici.

C'est cette *folie amoureuse* du verbe.

Ce *doux délire* décadent.

Son visage reste dans l'ombre, mais je sais qu'il *regarde*.

Une insistance qui me donne envie *d'hurler à la lune*.

Une envolée de plus, qui me fait fondre, qui me *transporte*.

Je suis captive passionnée abandonnée à *ses élans*.

Je suis l'élève avide et docile *devant lui*.

Il saura toujours me parler, *me montrer*.

Un soupir de lui et *j'explose*.

Des envies, des tourments *délicieux*.

Une vague de plaisir me *submerge*.

Et je refuse toute *pensée* logique.

Mes *langues* se confondent aux siennes.

Et je me sens *reine* pour un instant. 

(je sais pas pourquoi, mais on voit pas les liens dans IE… alors je les ai mis entre des *.. )

Et pourquoi ça? Parce que j'aime vous lire. Parce que vous m'inspirez.

Aussi parce que j'ai eu cette conversation il n'y a pas si longtemps à propos des liens justement. Le ton était que l'on link qui on veut, qui on lit, non pas par politesse…

Si quelqu'un me link, j'ose espérer que c'est parce qu'il ou elle se retrouve ici, s'identifie, s'amuse, ou s'emmerde, enfin, une émotion quelconque non? 

Vous êtes ici avec moi, faites partie de mon aventure bloggesque (ark, c'est donc ben laid ce mot là!) parce que vous rendez mon voyage des plus enrichissant et agréable. J'admire votre talent, vos mots, me retrouve chez certains d'entre vous, et me cherche chez d'autres.

Je n'ai jamais fais de lien de courtoisie, ou d'échange. On m'a traité de nounoune lors de cette même conversation, parce que je n'ai jamais même pensé demander à quelqu'un de me linker. Certaines de mes lectures ne le sont toujours pas, simplement parce que je suis trop gênée de le faire. Ou parce que je ne veux pas avoir l'air d'une groupie en mal d'amis. Je suis toujours étonnée quand quelqu'un me link. Flattée oui ok. Mais tout de même étonnée. Et si je link en retour, c'est parce que je le veux bien. 

Ça fait un peu prétentieux tout ça. Mais je ne trouve pas d'autres mots pour expliquer. Je ne suis pas très sociable et dans la vie de tous les jours je ne recherche que rarement la compagnie des autres. C'est pas différent ici. Je ne fais pas partie d'un cercle ou l'autre. Mes lectures vont au gré de mes humeurs et non pas dans le but d'avoir une vie sociale ici. J'aime lire. Point. Vous.

Alors je vous dis merci, ceux ici, et les autres que j'espionne.

Fin du post téteux. 

PS: Une version anglaise suivra (note pour les anglos qui traduisent mes posts 😉 ) 

Still summer

You don't need to know what I do all day,
It's as much as I know watch it waste away

-Wolfmother/Vagabond (click)

Oh, I saw colors, colors, colors flooding the day

Filled me with smiles and questions and visions

They drove me and I drove them and we got there

The colors, everywhere, free of bonds, free

Fly, hover, jump, float I did and did not come down

In my dream in my mind in my eyes

To be one of them, radiant and exploding with clarity

Mingled, twisted, in embrace

In a multitude, a single color