Je sais pas trop d'où l'idée m'est venue. Mais entre le sofa et la chaise, entre la clope pis le joint. La fin de Studio 60 on the Sunset Strip (plate), le générique qui défile à mach 2, mon gmail notifier qui fait un saut. Les pas entre ces deux mondes m'ont fait oublier la raison de l'élan que je m'étais donné pour quitter l'île inclinable pour le radeau sur roulettes. Devant ma source et mon puit sans fond.
Je peux prendre, prendre, prendre sans arrêt. Je lis, sans arrêt. Les mots, partout. Français, anglais, même espagnol. Je ne commente pas beaucoup, je ne participe pas. Je regarde, j'absorbe, me submerge dans les consonnes, virgules, la grammaire chante son air si familier, si réconfortant. Je me berce des accords, des participes, parmi les subordonnées, les radicaux.
Je peux donner, donner, donner, sans arrêt. Déverser, déborder. Mais aussi offir. Nulle part ailleurs je pourrais donner autant, sans retenue, sans remords, sans rougir. Fermer les yeux et tout garrocher.
Mes langues me torturent parfois. Une phrase m'arrive, comme ça, sans avertissement, en pleine conversation, en train de mettre du gaz ou de brasser les pâtes. Je regarde toujours par en haut quand ça arrive, mon souffle attend que ça passe. J'écris dans ma mémoire:
Is bleak a color?
Et ma tête part en français. Qu'est-ce que je fais?
Ça fuck tout. I think in images. Comme quand j'ai quitté mon île. J'ai vu quelque chose. C'est peut-être la légende sous l'image qui est en anglais. Course entre l'image et la légende. L'mage gagne. Mais souvent au prix de l'idée.