3 heures plus tard, quand tout l’monde fût ben gris
J’me mis encore à s’mer la zizanie
Je pognai l’cul des grosses matantes
Du spanish fly dans’ crème de menthe
À’fête du mort, y avait jusse moé d’pas triste
Les pénis, les fesses, les vagins
S’exitèrent en un tour de main
Ce fut un bordel merveilleux
J’emmenai la veuve à’sauvette
Tirer une pipe dans les toilettes
À la mémoire… à la mémoire?
À la SANTÉ du vieux
À’fête du mort y avait jusse moé d’pas triste…
-Plume Latraverse
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Y a des fois où je m’demande pourquoi je n’arrive pas à être triste pour les autres. Je peux être fâchée, en crisse, enragée même, envers quelqu’un. Éprouver de l’amour, de l’amitié, de la sympathie à la limite (très limite).
La misère des autres m’emmerde, j’en ai rien à foutre. Ça m’empêche pas d’avoir une conscience sociale, de donner aux pauvres, d’aider les vieux au centre d’achat, whatever. Mais fondamentalement, les problèmes des autres, ça ne me fait pas pleurer.
La mort c’est certain, c’est différent. La mort dans tous ses états, subite, lente, prématurée, anticipée. Celle de ma mère, que j’ai attendue en cachette, celle de ma grand-mère, que j’ai mal acceptée malgré son âge.
Maintenant celle de parents proches, de personnes aimées, jeunes. Une mère de famille, frappée par un cancer de merde, un père de famille, qui n’a jamais rouvert les yeux au matin. Un frère, une soeur.
La mort, qui chie sur noel. La mort qui nous fait un gros finger.
Et pourtant… Je vais me rendre au salon demain. Je vais embrasser et serrer dans mes bras ces 9 frères et soeurs, ces enfants, ce mari. Je vais compatir, leur offir des kleenex, les laisser pleurer sur mon épaule. Et je vais repartir chez moi, le linge un peu fripé, un peu humide. L’odeur écoeurante du salon impreignée dans mes cheveux. Mon maquillage aura même pas coulé.
J’m’excuse.