Publier

J’aurais aimé que mes mots te transpercent, te crèvent, t’arrachent les yeux. Te renversent, te démembrent. Hacksaw. Une pluie de sang coulant des bouts de doigts ayant voulu effleurer les phrases insupportables.

J’aurais voulu. Autant de pouvoir que la voix de Wells, panique all around. Des mots comme des clous, comme des balles. Chaque ligne coupant à la source les envies d’ordinaire.

Et qui est-ce qui se couche avec l’intention de l’écrire ce grand roman? Mais surtout, avec la conviction qu’il en est capable? Désespoirs derrière les touches, nous sommes tous prisonniers de nos ambitions.

J’ai envie d’armes de destruction jouissive, de mon clavier vers le points G de ton imagination. Et d’abreuver le tout des insultes les plus basses pour mieux te prendre par derrière, une poignée de cheveux sales entre mes doigts, je te tape la tête sur le mur au rythme de mes verbes.

Et les soupirs lourds de contentement, pendant que t’essuie le tout, le coeur prêt à sauter. Ce sera le plus beau sommeil. La tranche marquée de fines lignes d’usure. Les pages maculée de plaisir. Traces de nuits solitaires.

Mes mots comme douleur, comme remède. Mes mots comme amour, comme mort. À grand coup, à tout coup.

In Oceania

“What was more important was that sexual privation induced hysteria, which was desirable because it could be transformed into war fever and leader worship.”

Mes amours sont rentrés au bercail. Tout à sa place. Rien ne dépasse. Bliss in perfection.

“So long as they were actually in this room, they both felt, no harm could come to them.”

Je me suis noyée dans mes larmes, de peine et de plaisir. À peine remise voilà une autre vague qui enfin atteint mon rivage. Et de mes bras j’enlace leur océan, nourri, gonflé, chaud comme à seize heures quand tout le monde part pour la sieste avant le buffet. Mais moi je reste derrière…

“Who controls the past controls the future. Who controls the present controls the past.”

Alors donc, j’ai recouvré mon amour, mes enfants et je me perd dans les dédales de Dreamweaver. Si au moins c’était juste la toune.

“War is Peace! Freedom is Slavery! Ignorance is Strength!”

  • All quotes from Orwell’s 1984

ExLax, deuxième rangée dans le fond

Y être presque. Ou à peine. Dans la perception du tout près alors donc pas tout à fait. Les semaines passent, se vivent, s’écoulent comme la slush fondante en route vers l’égout, mais aussi comme la source qui perce la glace. Et on vit toujours comme ça. Comme sur un brouillon, plein de graines d’efface, comme en répète, le metteur en scène dehors en train d’en fumer une.

Et on demanderait pas mieux qu’un foutu scénario qui tient debout. Réconfort dans la certitude d’une existance assise solidement sur le rocher au coeur de notre jardin enseveli sous les orties et les marguerites. Passer le weed whacker dans les angoisses et le mal de vivre peut-être surfaits mais néanmoins légitimes.

Et les insectes se délectent. Les insectes dévorent et chient. Pas fini de digérer qu’ils se remettent au travail. Dans les yeux, les oreilles, dans la bouche et la tête, bouffent le contenu, les idées, les visions et les rêves et partent. Le résultat de nos procrastinations amères derrières eux. On torche, spic n span, jusqu’au prochain buffet.

___________

Je suis prise d’angoisse chronique depuis ce foutu atelier de création littéraire à chaque mot que j’écris. Je doute, questionne, ce qui en soi ne devrait pas être mauvais. Mais l’idée de “travailler” mes textes, ça me tue. Et alors je me met à écrire, et soudainement c’est plus l’fun. Est-ce que je devrais changer çi, ça, y en a trop, pas assez, syntaxe, forme, franglais, engrish. Fait chier. J’ai jamais voulu écrire pour personne. J’écris parce que j’en ai besoin. Mais je me surprend à raturer à la source, avant même de commencer à écrire. Je sais que ma source n’est pas tarie. Comment pourrait-elle l’être? Je suis en vie! Anyway. Je voudrais retourner en arrière des fois. Oublier ce que j’ai entendu, ce que j’ai appris. Deux heures, c’est tout ce que ça m’a pris pour me fucker.

Break me (Devoir II)

Je tiens à préciser que je ne suis vraiment pas satisfaite de la traduction pour l’intro, mais pour l’instant cela fera.

____________________________

« Brise-moi » qu’elle me demandait, sans cesse. « Brise-moi, brise-moi. Et quand tu en auras fini, prend les pièces et recolle les comme bon te semble, comme il te plaira »

Mais comme un casse-tête, il n’y eut qu’une seule façon de remettre ses pièces ensemble.

« Tu peux me créer, m’inventer, me mettre au monde. Je t’appartiendrai, à toi seul. Tu seras le gardien de mon secret et mes failles et mes faiblesses ne seront que le témoignage de ma naissance sous tes mains. »

De la marchandise endommagée, c’est tout ce que cela m’évoqua. Malheureusement, je l’avais déjà brisée. Et ses failles et ses faiblesses n’étaient en fait que le témoignage de ce qu’elle était vraiment.

Bonne à briser.

 


Il était encore tôt. Et l’absence de voitures, qui dans quelques heures allaient reprendre d’assaut les huit voies de l’autoroute, m’évoqua brièvement Pyongyang. Un vide lourd, sans issue, sans espoir de changement. Nous roulions vers cet endroit qu’elle avait choisi, pas du tout au hasard. Un creux, un fossé entre les rubans d’asphalte, qui lui redonnerait la vie.

Il était encore tôt. Et tout était rose, comme si le soleil avait mis des lunettes. J’eu l’envie de lui demander… De lui demander si le rose ne lui donnait pas envie de changer d’idée. Si le rose ne la réconfortait pas un peu, comme il le ferait pour une petite fille. Mais le rose ne toucha jamais ses yeux.

Elle fixait tout droit devant, le souffle court, des perles de transpiration se formant sur sa lèvre supérieure, le bout de sa langue accrochant au passage les plus aventureuses. Le rose m’avait déjà envahi et les kilomètres fuyants me rapprochaient de plus en plus de la réalité.

 


Qu’elle ait vu en moi l’outil qui finalement allait, croyait-elle, la réparer ne me sembla même pas étrange. Ce midi-là, assis tout les deux sur le lit des parents, elle me confia tout simplement la tâche. Après tout, c’était le même sang qui l’avait rendue défectueuse. Maintenant qu’il ne restait que nous deux, il était temps, croyait-elle encore, de rétablir l’équilibre.

Je pris la chose un peu à la légère. La rassurant occasionnellement de mes bonnes intentions et de ma volonté à exaucer la sienne. Et sans relâche elle me talonnait. « Brise-moi ». Un jour elle arriva avec une carte routière, déjà habillée pour partir, son sac pendant à son épaule, son visage rouge d’anticipation et de détermination. De l’autre main elle me tendit les clés de la voiture.

 


« C’est là, c’est là, c,est LÀ! »

Je ne veux pas que ce soit là, je veux continuer à rouler, continuer à avancer la tête baissée, les yeux fermés, le cœur paralysé. C’est pas lui qui est ici dans l’auto avec toi, c’est moi, c’est moi qui t’aime, qui… t’a jamais protégée, jamais consolée, jamais défendue… c’est moi qui dans le noir écoutait en faisant semblant de rien entendre, sentant votre odeur monter et envahir l’air et se rendre directement entre mes jambes, moi qui parfois se voyait à sa place, regardant ton visage et capturant ton âme et déversant mon amour.

Elle est débarquée l’auto à peine immobilisée, courant vers le trou qui nous briserait tout les deux.

Nostaligiaaaaa, quand je branche le transistor

Stormy weather.

J’avais un rush de nostalgie de moods, écrasée dans mon lit ou dans le sofa, perdue avec Marcel dans les herbes hautes, cherchant Duplessis, Thérèse pis Pierrette pis Simone passant devant, une forêt de petits mollets. Je comprenais Marcel, je voulais être son amie. J’avais 13-14 ans. Ma mère ne voulait jamais me faire de baloney dans la poêle, et pourtant, ça fittait tout à fait avec son budget. Alors je m’assoyais à la table avec eux, je courais dans la ruelle avec elles.

En même temps je quittais temporairement le classic rock pour mes nouveaux amours, DBC, Celtic Frost, Destruction, Slayer… Ahhh to be 15 again. L’acide aidant, je suis revenue un peu plus tard vers Floyd, mais gardant tout près de mon coeur les Metallica, Preist et autres plus softs.

Retour en arrière, regards de plus en plus insistants, je commence aussi à comprendre. Ce que je vivais, enfermée dans ma chambre, gelée, Soft Machine, mes notes, mon journal, j’avais aucune idée, mais je savais. Qu’il y avait autre chose, qu’il fallait qu’il y ait autre chose.

Ce que les profs me disaient, ce que les autres ne me disaient pas. Les yeux rivés sur le plancher, sur mes souliers, entre les escaliers et les casiers. Pas un mot, sauf sur mes cartables, au liquid paper. Des lyrics, des fuck you, des FUCK YOU. Et mon meilleur ami avait un fucking pocket protector avec des crayons dedans. Et la plus grosse montre calculatrice au monde. Et moi et mes studs et lui et ses chemises à manche courtes. Il comprenait pas trop lui non plus. Dans nos cellulles on se tenait compagnie. Mais jamais au dehors.

Dehors. La plaza St-Hubert était mon royaume fantôme. Un walkman cassette, la poitrine pognée, écrasée, déjà à 15 ans. J’essayais pourtant. Et à ma première paire de talons hauts, ma mère, sage, barmaid et ex danseuse m’a regardé en pleine face et m’a dit, t’as l’air d’une salope. Je les ai pas portés souvent. Mais je les ai encore. Pas longtemps après j’ai baisé son ex avec Steely Dan en soundtrack. Gotta live up to the expectations.

Souvenirs bons pour l’anecdote, pour le shock value. Qu’est-ce que je dois faire? Les oublier, les cacher? Ou bien les exposer, les revivre. Je suis faite de toutes ces années, mais certaines sont plus floues que d’autres. Bien trop volontairement.

J’en suis au troisième volet. Mais des fois je me demande. D’où je pars. De 0, 16 ou 36 ans?

[youtube=http://www.youtube.com/watch?v=kRz1s7fpWs0&rel=1]

Halte routière

Overdose de mauvaise humeur. La mienne, la tienne, la vôtre, la nôtre.

Épuisée d’entretenir cet air bête en permanence, à coup de docus sales et lugubres, à coup de chiâlage, de bitchage contre tout ce qui bouge, les grosses, les laids, les cons, les trop à droite, les trop à gauche, les plateau, les banlieue, les riches, les bs, les paresseux, les overachievers.

Les créatifs. Les suiveux. Les tout-puissants. Les larves.

Les acteurs. Les témoins. Les victimes.

Le froid. La glace. La neige sale déversée dans le fleuve comme autant de vomissures salées fondant dans une bolle qu’on oublie trop souvent de flusher.

Les confluences, convergences, conivences. Les écarts, les rejets, les refus. Rebuts.

Les mots ne sont pas que des mots. Ils sont vie et mort, et toute l’essence que ça prend pour se rendre d’un à l’autre.

La pédale dans le fond tout le temps, ça coûte cher.

Double take

Jouons sur les mots, les sens et les sentiments. En choeur.

Les lettres prises, les coeurs épiés trouvent toujours repos.

Killer riff, the kind that keeps on giving.

Like me.

Mais je ne parfume pas toujours mes mots.

You know I’m born to lose, and gambling’s for fools,
But that’s the way I like it baby,
I don’t wanna live for ever,
And don’t forget the joker!

[youtube=http://www.youtube.com/watch?v=vQu91gvb0CY&rel=0&color1=0xd6d6d6&color2=0xf0f0f0&border=0]

Ce sera tout

Tout ce que je vous souhaite. De l’amour. De vos proches, de vos loins. Amis, amants, enfants et parents.

Un extrait de Au même clou, Félix Leclerc