Regarde, c’est comme ça

On marchait sur le quai, revenant vers la voiture après les feux. L et C me tenant la main comme il y a si longtemps. On déconnait raide, C improvisant une histoire touchante au sujet d’une corde à linge victime d’intimidation de la part des épingles, de vraies petites bitches. Et on riait, en balançant nos mains dans le vide, en se poussant dans les buissons le long de la piste cyclable.

Main dans la main avec mes adolescents (sans les forcer!). Sur le bord de l’eau. Les rires… En plein milieu d’un éclat, ça a fait click dans ma tête. Et je me suis dit, shit… Je suis heureuse? Mon rire n’a jamais sonnée comme ça.

Il y avait des fleurs bleues dans le ciel, des pétals blancs, une ville en silhouette stroboscopique.

Comment pourrais-je regretter? Comment aurais-je pu vivre ce moment là autrement? J’en veux encore plein de même.

Ben oui ça aurait pu être à quatre à un moment donné. Il y a longtemps. Parce que nos yeux voyaient même plus le même ciel. Parce que quand je disais “regarde les nuages sont roses!” il montait le volume de la radio. Parce que quand on décidait de baiser (je n’appelerai jamais ça faire l’amour, pas avec ces souvenirs là) fallait que je prenne ses mains et les mette sur mon corps pour me faire à croire que j’étais encore désirée. Et j’essayais de pas voir ses yeux résolument fermés quand je tournais sa tête vers moi pour essayer de lui arracher un esti de bec.

Et que c’est lui qui voulait qu’on soit 4… Encore, et toujours. Quatre, le nombre qui ouvre des portes.  C’est un nombre comme les autres si on me posait la question. Trois c’est bien aussi. Deux c’est sublime quand c’est pas trois.

Et pis fuck les chiffres.

Mes yeux rivés au ciel, plus jamais je n’hésiterai à le dire. À qui tendra l’oreille.

Regarde les nuages sont roses.

Filler estival

Mes cheveux sont trop longs j’pense. Une couette qui volait au vent est restée prise en fermant la fenêtre de l’auto (il ventait fort!)… La fenêtre arrière…

Je comprenais pas au début. Je montais et baissait la vitre avant, mais j’étais toujours pognée. J’ai fini par allumer et baisser celle d’en arrière. Ouf. C’est stressant à 120.

J’arrive de m’acheter un vélo. Toute contente, prévoyant faire une petite ride en arrivant à la maison. Je sors du magasin, le ciel est noir, il vente et se met à tomber des clous.

Je me dis alors pas grave, j’ai une tonne de films à l’appart. J’arrive, range la bécane, allume une couple de chandelles (j’aime ça bon), fume une smoke en regardant ma pile de dvd. Le téléphone sonne.

-Tu viens me rejoindre au bar?

-Euh… (shit, fuck, ahhhhh câlisse, je meurs envie de te voir, dormir avec toi, goûter ton haleine de bière, partager une clope dans le noir)

-Allez, viens en prendre une avec moi!

Et ici s’arrête toute similitude avec la fille d’avant. Avant, j’aurais dit ok… Ok, ouais, je vais venir. Ok, je vais aller prendre ma douche, m’épiler, me coiffer, me maquiller un peu, traverser le pont, chercher du parking…

-Non. J’ai vraiment envie de te voir, mais ça serait bien si tu venais chez moi! Allez… Viens dormir ici!

-Ok. J’en prend une dernière et je m’en viens.

(J’aurais envie d’insérer ici quelques smileys. C’est ridicule comment ces ptits bonhommes jaunes expriment bien nos sentiments des fois. Seulement, de vive voix, ça se traduit mal!)

F*ce B*ok (dirrrrrty word)

Je fais un genre de sevrage de virtuel… Enfin, j’essaie. J’ai fait disparaitre mon Myspace il y a quelques mois. Et dernièrement je me demande quoi faire de mon platform27.co.uk/swan-pr, rapatrier les pics ici? Laisser tout ça tel quel?

Je lis aussi beaucoup moins les blogs. J’ai toujours à écrire, mais je le fais de plus en plus sur papier.

Et sur un coup de tête hier soir, j’ai ouvert mon Facebook… Tout ce qu’il me reste à faire c’est de fermer les yeux et espérer que ça passe. Non, je blague. C’est très addictif, mais on s’entent qu’après 24 heures, c’est déjà pas mal fini le trip. Anyway.

Mes prédictions semblent vouloir se concrétiser. L’été m’enchante. L’été m’inspire. J’ai jamais autant aimé la vie qu’en ce moment. Même quand j’angoisse un peu. Même quand tu me manques. Même quand tu sembles vouloir t’éloigner de peur d’être trop près. Je suis un gros cliché ambulant, collant, gluant, trop sucré pour consommer au complet, mais juste assez pour passer la langue dessus une fois de temps en temps.

Il n'y aura pas de chant

Je veux pas faire chier personne avec ça. Je me retiens souvent. J’me garde une p’tite gêne comme on dit. Je gambade pas en traversant le stationnement, mais c’est tout juste… Man, c’est vraiment limite.

Je fais plus d’angoisse. J’ai de l’appétit, pour tout. Je ris. Je souris derrière ma main, parce que ça me pogne souvent aux moment les moins appropriés. Ou quand je marche seule.

Mes enfants me disent je t’aime plus souvent par eux-mêmes. C’est pour moi le plus beau changement de tous.

Il restera des marques. Comme ces deux rides verticales entre mes sourcils. Celles des questions, des tempêtes.

C’est un moment où l’inconnu que je craignais tant me berce, me saoûle, me fait voler.

I have never been a Black Swan. And you will not hear my song anytime soon. Misinterpretation all around. A savage bird. Strong to the point of violence. But this definition of its symbolism is what swan_pr was aiming at:

The swan is the ensign of poets and musicians. It symbolizes perfection, beauty, and grace. For a bearer of the swan it represents a lover of poetry and harmony, or a learned person.

And she came to meet me one day and we agreed that it made no sense to live separate lives.

J’ai rien trouvé. L’équilibre s’est installé tout seul. Je ne suis pas perdue. Je ne suis pas incertaine. Je n’ai même plus de questions. Je sais quoi en faire de ce bonheur. Et je veux le partager. T’en donner autant que tu m’en donnes.

Un moment d’euphorie qui n’a rien d’artificiel. Un moment d’euphorie qui sent le lilas fané, les flaques d’eau qui sèchent. Qui sait, peut-être bientôt les parfums du large ou des montagnes.

Meet The Ashtrays

The Ashtrays ft. Pandora!

J’ai acheté Guitar Hero II pour PS2 ce soir. Bottom line? I ROCK. J’ai une belle Les Paul Cherry Burst.

Ok, ok, je suis à easy… Mais je suis quand même au quatrième niveau! J’ai mal au dos, aux bras, aux doigts.

Ça m’étonne qu’aucun band porte ce nom! (après une très brève recherche en tout cas) Je trouve ça plutôt trash et rocknroll.

Sur un coup de tête j’ai failli prendre God of War II. Mais je suis sage… Je vais le louer avant, pour être certaine. Mais ça m’étonnerait que je ne l’aime pas. Pour boucler ma boucle, ça me prendrait un nouveau Burnout… Avec plus de traffic attacks par exemple.

Ça occupe les soirées, une fois les enfants au lit. Il y a la télé aussi. Et les livres. Et la musique parfois. Avant, c’est le souper, le ménage, les devoirs, les rires, les compétitions de rots et les tapes sournoises sur les fesses.

Je profite de maintenant. Ce n’est pas des moments “en attendant”. Et la semaine prochaine, tu seras mon maintenant. De ne pas attendre, mais de vivre. C’est tellement simple, et si douloureux parfois.

Ici, c’est l’été

J’ai un peu le vertige des possibilités. Une terrine de canard à l’orange, un petit crottin, une demi baguette… La ligue de soccer de filles fait un lave-auto dans le stationnement du Burger King pas loin, alors je bouffe, je lis et j’écris au rythme de Justin, Mika, Rihanna, Fergie… Et La Prairie est une immense vente de garage pour le weekend, alors les rues sont bondées, les kids pédalent de table en table à la recherche de jeux vintages, les mamans de bébelles qui seront remises sur une table l’été prochain. Ma fille reçoit un prix pour ses efforts académiques, ainsi que pour la conciliation musique-études ce soir. Pour la deuxième année consécutive. Elle sera toute belle, radieuse sur la scène, et mes yeux mouillés et mon coeur… Mon coeur, pour elle, battera plus fort. Et j’allume une autre cigarette en attendant l’heure du départ, mon billet sur la table. Je lirai probablement au autre chapitre de Hollywood Animal. Ferai un autre lavage. Sean Paul maintenant. L’été arrive, l’été m’attend. Je plonge. Je sais. Je serai là encore demain et la semaine prochaine et l’autre encore. Mais l’été est ici aujourd’hui. Mon premier les portes patio ouvertes, la liberté.

Twist and shout out of nowhere. Nice.

Météoswan

Je m’habitue tranquillement à ne pas être misérable tout le temps. J’apprivoise le sourire que j’ai dans la face en presque permanence.

Je me demandais, il y a une vie de ça, si je pouvais rêver…

J’apprend. À me donner le droit de le faire. À arrêter d’avoir peur d’être déçue, d’avoir mal. En fait, arrêter d’avoir peur tout court.

J’ai compris que la femme qui me fait un smile tout à fait evil dans le miroir mérite d’être aimée. Par moi pour commencer.

Je ne suis pas le fantôme de ma mère après tout.

J’ai bien l’intention de vivre.

Comme je te disais, ça va être un été fantastique.

Dans le doute, et autres. Faut bien.

J’ai très peu de place pour me cacher de mon passé. Essentiellement contenu dans quelques boîtes empilées dans un garde-robe. En feuilletant un cahier appartenant à ma mère, une enveloppe tombe par terre. Une enveloppe que j’ai ouverte une fois. Et plus jamais après. Et ce soir. Je sais que toutes mes craintes viennent de là. Que tout ce que cette lettre contient est dans une certaine mesure vrai. La première fois que je l’ai lue, c’est le lendemain de sa mort.

Je ne sais pas si un jour je vais arriver à dealer complètement avec elle. Mais j’ai l’impression que le reste de ma vie dépend de ça. J’ai passé les deux dernières années de sa vie à m’occuper d’elle. Et avant qu’elle meure, j’avais l’impression de progresser, d’y arriver. De laisser le pardon faire son chemin, de laisser l’amour monter à la surface de cette mer agitée de rancoeur, de regrets. Puis la lettre. Ça fait six ans et demi. Et je suis toujours à la case départ. C’est pas le message d’adieu auquel je m’attendais.

Pascale, mon amour

J’ai toujours trouvé que je tenais peu de place dans ta vie, eh bien! Maintenant ce n’est plus le cas: tu as de la job pour un bout de temps. Une chance que L. est là pour t’aider (sans farce, il va t’aider hein?). J’ai fait mon possible pour faire toutes les démarches pour que tu saches où te diriger. Je crois que tout est bien. Sinon, que veux-tu, je n’ai jamais été parfaite tu le sais bien!

Mais ce que je veux te dire c’est que ces derniers mois qui nous ont rapprochés m’ont permis de te connaître mieux et de t’aimer davantage si cela est possible.

Pascale, j’ai raté ma vie. Tu as certainement ton opinion à ce sujet mais je suis allé chercher assez profondément pour savoir que je n’avais pas vraiment d’issue. J’ai tout raté sauf toi. Quand tu es née ça été le plus beau jour de ma vie. Je sais, c’est cliché, mais ce jour-là il m’a semblé que j’avais tout accompli, que j’avais fait ce que j’avais à faire. C’est peut-être vrai parce que je n’ai jamais rien accompli d’autre.

Sois certaine que je suis partie en paix. J’ai fait la paix avec mon passé et j’ai pardonné à moi-même et aux autres. J’étais prête car la vie pour moi n’avait plus aucun sens. Je me sentais comme un zombie. Et puis: vivre malade, ce n’est pas vivre.

Bien sûr il y a le regret de vous laisser derrière, toi et les enfants, mais on ne sait pas ce qui se passe après la mort physique, peut-être se retrouvera-t-on.

Enfin continue à être la femme que tu es: vive, solide, généreuse de toi-même, tu es quelqu’un à qui on peut faire confiance. Ne fais pas comme moi et ne laisse pas la vie gagner sur toi. Avance et défonce les portes s’il le faut.

Je t’aime. Ta maman.

En attendant

Walking in a ghost’s steps

Following a faint trace of life

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Notre semaine tire à sa fin. Trop occupées à faire, à effectuer, à étudier, à travailler pour… vivre. On est bien ensemble, des rires, des claques, des piques et beaucoup d’amour. Heureusement. Qu’une seule minute en vaut la peine.

J’ai reçu une photo de Whistler… Et je badtrippe depuis ce matin parce que j’ai réalisé en la regardant qu’on a oublié de mettre ses pantalons de neige dans ses bagages… En tout cas. Il sourit. À des milliers de kilomètres.

Je pensais être capable de vivre dans le présent. C’est tout le contraire. Je vis en attendant encore. Mauvaise habitude. J’attend que la semaine finisse pour être seule, pour être avec eux, pour être avec lui. D’une semaine à l’autre. Avant de partir, je vivais en attendant aussi.

Je me disais, en attendant d’être seule, en attendant de pouvoir faire mes trucs, d’allumer de l’encens, de pouvoir respirer, d’arrêter d’être toujours en colère, blessée, ignorée, isolée, frustrée.

Fuck l’en attendant bordel.

Overall, c’est pas si pire, c’est pas ça. J’ai toujours dit, je n’appréhende pas la solitude, j’ai pas peur d’être seule. Et c’est vrai. Ce à quoi je ne m’attendais pas, c’est de rencontrer quelqu’un qui m’enlève l’envie de l’être. Qui me fait connaître l’ennui dans les moments où avant j’appréciais me retrouver dans le silence et la pénombre, devant l’écran ou des pages.

Je me suis battue pour ma liberté. Une lutte intérieure féroce où j’ai failli laisser ma raison, ma vie. Il y a des chemins que je n’ai plus l’intention d’emprunter. Mais d’autres se sont croisés. Un autre qui a fait la guerre. Et je me demande…

Ces blessures. Qu’en fait on? Je prend un grand respire. Je ferme mes yeux. J’attend l’aiguille. Et le buzz, la vague qui fait monter le sang au visage, qui fait briller les yeux.

Nous sommes le remède au je. Qui n’en fini plus de s’effacer devant les on, les nous, les demains.

Deuils

Carole s’est suicidée le 2 janvier 2000. C’est sa mère qui me l’a appris, le lendemain, au téléphone. 29 ans. Mère. Séropositive. Plus de vécu qu’un CHSLD rempli à craquer.

Un gun. Une fille au bout de son chemin. La souffleuse passait pu depuis longtemps. Jammée de tous les bords. Le vent soufflait, la poudrerie l’aveuglait, les lampes brûlées.

La journée du service, du verglas. J’ai fait La Prairie St-Jérôme en 45 minutes pareil. Radiohead, des cigarettes, ben des kleenexes. Après la messe sa mère recevait la famille et les amis… chez Carole. Dans le même logement… une seule toilette, celle-là. J’avais pas le choix, tellement pas le choix. Je pense que j’ai vu une goutte séchée, mais j’pas certaine. Je pense.

J’étais assise sur la chaise la plus proche de la porte, de la sortie. Ça prit un homme avec une maudite pogne pour me faire rentrer, il me traînait par le bras dans le parking, je voulais pas entrer. Je les regardais manger des sandwichs pas de croûtes pis boire leur vinier, pis j’avais tellement mal au coeur. Pis la petite qui était là, jasant avec les mononcles, les matantes… me tirant par la main pour aller voir sa chambre, SA chambre, full toutous, regarde lui s’il est beau!

Je me suis presque sauvée.

Ma mère est morte le 12 décembre 2000. Non, 2000 a pas été une bonne année. Je lui tenait la main.

Deux fois la mort dans une année. La première fois elle m’a juste fait un signe de la main, de loin, juste un hey! salut man! La deuxième fois, elle m’a fait une danse à 10$. Sale pute.

Anyway. Le deuil, ça se vit différemment pour tout le monde. Les deux fois j’ai tout fermé. Pas parlé à personne, pas pris d’appels, pas écrit de lettres. J’ai écouté de la musique, lu leurs lettres, regardé leurs photos, pleuré, pleuré, pleuré, pleuré. J’ai aucune idée comment réconforter quelqu’un en deuil, et en fait, est-ce vraiment nécessaire? La réponse, le remède, c’est certainement ailleurs.

Elles vivent toujours. Je leur ai dit aurevoir à ma façon, aurevoir à leur voix, leur sourire, leurs caresses, leur présence. Mais l’amour… l’amour, ça vit toujours.