Je prend des décisions des fois… Sur un coup de tête, un coup de coeur, un coup d’hormones. J’en ai pris une aujourd’hui qui tenait du coeur certainement, encore que je n’ai pas pris le temps d’y penser vraiment…
Ça m’a tout de même permis de passer une heure dans la pénombre du génie mongol, dans des effluves de bois de santal, ma sacoche sur un étui souple qui a déjà protégé une Godin qui se cachait ailleurs. Assise sur une chaise orpheline devant un autre coeur à vif, mais qui bat, oh qui bat. Parce que ça sentait la vie aussi. Aussi engourdie qu’elle puisse paraître des fois, elle est juste là man. Peut-être aussi que c’est la mienne que tu m’as mis dans la face, je sais pas, peu importe. Il faisait chaud et ça sentait bon. Le génie écrit… en mongol ces jours-çi. J’ai pas frappé vraiment, j’ai juste mis le pied dans une bulle. J’en suis ressortie avec de la musique et des mots. Merci à toi.
J’ai pris Mont-Royal en partant. Passé devant le Boudoir. Pas encore assez de guts pour y aller seule. Pas de guts tout court. À chaque fois (et j’ai honte d’avouer que c’est assez souvent) c’est la même chose. Je passe devant, regarde par la fenêtre et continue mon chemin. Je veux aller au Shift de nuit, dans le cadre du Festival Voix d’Amériques, au moins une fois… Surtout mercredi, alors que Tony Tremblay accueillera entre autres Robbert Fortin. Est-ce que je vais y aller? Pense pas. Pognée, pognée, pognée, fuck (on s’entend, pognée ici est utilisé dans le sens de je n’ai pas d’affaire là, je vais être gênée, si je suis seule je vais avoir l’air folle, etc, etc, etc… le fun d’être dans ma tête des fois, j’vous dis pas).
Continué jusqu’à du Parc et pris des Pins. Ça faisait une éternité que j’avais pas pris cette trail là. Dans un autre âge, alors que j’étais encore montréalaise, je travaillais sur Ste-Cath au coin d’Atwater, alors c’était mon chemin. Donc pris des Pins jusqu’à Atwater (attention, si tu restes sur la voie de droite, il y a, dépendant de la saison, un trou géant ou une bosse monumentale juste avant de tourner sur Atwater, alors il faut rester à gauche et couper aggressivement juste avant l’intersection! Ça doit faire vingt ans que c’est comme ça) et descendu jusqu’à Bonaventure.
Je m’ennuie beaucoup de ma ville. Je sais, elle est sale et c’est d’une tristesse. Mais plus que ça, je m’ennuie de chez Asselin, de chez Robert, de chez Valmont, de mon spot secret pour stationner sur Bishop quand j’avais mes cours à Concordia. Aussi du dépanneur chez Léo (qui était en fait mr Nguyen. Il lui manquait des doigts et j’avais toujours envie de l’aider à mettre mes choses dans le sac, mais un regard de la mort m’a appris bien vite à même pas essayer). Mes marches nocturnes sur la plaza St-Hubert, le walkman dans le fond (cassettes… ça pesait une tonne et les batteries mourraient vite après une couple de séances de rewind-fastfoward).
Les blogues, c’est un monde. La ville, c’est la vie d’un monde. Un autre. Le même. Ça se mélange, se scinde, une danse un peu dure à suivre des fois. Mais ce soir, malgré mes hésitations, je ne regrette pas mes faux pas, ni mes feintes. C’était juste une belle soirée, dans ma ville. En vie, en vrai.