mais demain

Parce que j'ai pas la force, j'ai pas le courage, j'ai pas l'expérience.

Mais surtout, j'ai pas la liberté.

C'est beaucoup plus que ce que je peux prendre. Beaucoup trop. Pas assez.

Jamais avant l'avenir n'avait été plus lourd que le passé.

J'en peux plus, j'en peux juste plus. J'veux plus être ici, ni nulle part.

J'voudrais fermer les yeux, longtemps.

J'voudrais une main sur mon front, qui me rassure doucement, pour me laisser m'éveiller quand je serai guérrie, quand je serai reposée, quand je serai capable.

Juste respirer me fait mal. La lumière, les sons, les odeurs, je me sens agressée, accablée…

et coupable de pas être capable de vivre.

La mort est mon cancer, s'infiltre, m'envahi, elle vire tout à l'enverse et sourtout, se crisse ben de moi. Du sourire que j'ai essayé de faire ce matin, de la lettre que je voulais écrire.

Quand j'ai fait deux pas, elle me sacre une poussée et me fait reculer de trois.

Elle prend les mots offerts, les caresses données, elle les bouffe et me les recrache, un tas puant, répugnant, qui me fait oublier les bons moments, les bons amis, les bons amants.

Je veux pas oublier. Je veux pas oublier ok?

Je veux juste… un break. Du soleil. Enlève tes mains d'autour de mon cou s'il-te-plaît. De l'air.

Et puis demain je me lèverai, et j'y metterai tous mes efforts. Je me lèverai et irai rencontrer le jour.

En attendant, je vais dormir. 

Dans le coffre de cèdre il y a…

Je me suis rappelé il y a environ une heure d'un soir de déprime la semaine passée, où je me suis précipitée à la SAQ pour acheter une bouteille de Bailey's. Que j'ai mis dans l'armoire en arrivant à la maison. Et que j'avais oubliée.

J'suis beyond le mal de coeur, la nausée étant une compagne de tous les instants ces jours-çi, alors c'est sans gêne que j'entame mon troisième verre. Il est jamais trop tard pour connaître les limites de mon corps. J'ai jamais été saoule au Bailey's. J'bois pas souvent anyway. Je suis beaucoup trop rongée par le sens des responsabilités et de la culpabilité. Enfin… 

Ce goût est celui des fêtes. Qui s'en viennent trop vite, et pas assez vite. Plus les années passent, moins j'aime ça. Et quand je dis ça, les gens évidemment me demandent pourquoi. Mais pourquoi en fait? Oui, justement. Ma réponse plate est pleine de vérité (religion, consommation, bla, bla, bla). Mais je crois aussi que c'est autre chose.

C'est tout ces souvenirs, du temps ou j'avais une famille. Du temps où on récitait de la poésie et des monologues de Deschamps debout sur la table du salon. J'avais fait un malheur à cinq ans, en leur racontant le p'tit chaperon rouge des Cyniques. Mémé y allait de ses propres poèmes, toujours remplis de fleurs et d'odeurs de sa Batiscan qu'elle pleurant tant d'avoir quittée. Du temps où le ragoût mijotait sur le poêle à bois, où ça criait fort jusqu'à cinq heures du matin autour d'une partie de 500, pendant que je m'endormais devant le foyer en pierres des champs emmitouflée dans une courte-pointe qui sentait le cèdre.

Je n'ai plus de famille. Je peux compter sur les doigts d'une seule main les membres de ma famille immédiate. Mon père, sa femme, mon demi-frère, la soeur de mon père et une vieille tante de 90 ans. C'est tout. Vraiment tout. Pas de cousins, cousines, tantes, oncles, grands-parents. Alors les fêtes de mon bord, tout ce que ça fait c'est me le mettre en pleine face.

Il y a vingt ans, ma belle-famille m'a accueuillie les bras ouverts. M'ont acceptée, aimée, aidée. Et pas seulement les beaux-parents, belles-soeurs et beaux-frères, mais les oncles, tantes, cousins et cousines. C'est le dernier noël que je passe avec eux.

Mon univers se rétrécit. Au nom de quoi? C'est bien lourd à porter comme décision. Qu'est-ce que je vaut sans l'amour des gens qui m'entourrent?

 

Héritage à louer

Ça fait un mois qu'il est à louer. Le propriétaire m'a l'air d'une envie de chier, m'a dit quand je l'ai appelé que le premier qui le louerait l'aurait. J'en veux pas tout de suite. Juste en février. Mais il veut rien savoir. Même pas négocier. C'est une maison centenaire, à côté du théatre, du musée et du site archéologique de la ville. Ça doit faire dix fois que je passe devant. Je l'veux, j'en rêve, j'en parle. Mais en même temps, j'ai pas envie de rapeller le bonhomme, il m'a fait chier, donné une mauvaise impression. Pis j'me dis que s'il est comme ça maintenant, ça sera pas mieux s'il devient mon propriétaire.

Option #2 est encore plus près du collège pour les enfants. Dans un beau triplex BRUN, aluminium BRUN, brique BRUNE. Construction récente (genre… 1986). Cent piasses de moins que l'autre par mois. Laissé deux messages, toujours pas d'appel.

Je suis dans une ville-village. Combien de 5 1/2 à louer? C'est quoi mes chances? Je lève tu le pied de la pédale ou je persiste? Je peux rien faire, rien planifier, rien acheter. Pas d'adresse future. C't'une drôle de passe. J'ai jamais loué d'appartement de ma vie. Toujours eu quelqu'un pour le faire pour moi. Jamais restée seule. Ah, oui c'est vrai une fois. Quelques mois à 17 ans. Mon père (qui était en probation) m'a endossée. Y a fallu que je me sauve dans la nuit avec mon stock tellement j'étais en retard sur le loyer. J'avais de la pratique, on a fait ça deux trois fois avec ma mère anyway.

Je sais bien des choses, j'en comprend aussi. Je sais que ben de mes peurs sont liées au passé, au passé que j'ai pas encore pardonné. Peut-être parce que j'ai pas encore eu la chance de me prouver que je ne suis pas comme elle. Que tout ce que je ferai, toucherai ne se transformera pas en échec, défaite, humiliation. J'ai décidé, vu que je n'arrive pas à me débarasser des ces peurs, de les utiliser, de les transformer en drive. Fuck you, je ne suis pas le fantôme de ma mère.

Mais des fois… des fois elle est là. Elle me dit "Voyons Pascale, t'es pas capable. Pourquoi tu serais mieux. Tu le sens, là, en dedans, t'es comme moi. Irresponsable, impulsive, désorganisée, pas capable de gérer tes priorités, dépensière…" Ah tabarnak ta yeule svp! De toute façon, je sais que c'est pas vraiment elle. Elle a son visage, mais c'est MA voix. C'est moi. C'est elle. C'est ce que je n'arrive pas à lui pardonner, parce que j'ai ben trop peur d'en avoir hérité.

Entre quelque part, entre les deux

Je l'ai nommé la première fois, probablement par accident, en décembre. Ensuite, une mention en mars, une en avril… Et mai s'est ouvert à son nom, sa simple évocation étant tout de même  nébuleuse, incertaine. Comme mentionner le nom de quelqu'un qu'on connait à peine, mais qu'on aimerait bien rencontrer, sans le savoir.

Mais depuis quelques mois, il s'immisce dans mes pensées, s'infiltre même dans mes mots sans que je puisse le retenir, plus maintenant. On me le balance en pleine gueule, fort. Assez pour être sonnée de longues heures, assise, hébétée, sans défenses. C'est un inconnu au visage familier, comme mon voisin d'en face. Je le regarde, le considère, l'évalue, et toujours son essence m'échappe. Pourtant pour lui, je me suis donné la mort. À vouloir le connaître, qu'enfin il m'adresse la parole, qu'il me touche, frôle même, j'en ai perdu mon propre nom.

Quelqu'un qui t'aime, pour moi, ce n'est pas quelqu'un qui se souçit de la place que tu joues dans sa vie; c'est quelqu'un qui veut tout faire pour que tu sois heureux. Tout. Même au détriment de soi.
Ce n'est pas l'Individualisme qui est le problème, c'est l'égoïsme. Il y a une différence.

-Bouteilles à la Mer

Mais où est la frontière entre les deux? Accepter son individualité… ne doit-on pas faire preuve d'un peu d'égoĩsme pour y parvenir? Et cela ne se fait-t-il pas au détriment de l'autre? Et en prendre conscience…

Il ne devrait pas y avoir de prix à payer pour aimer. Il ne devrait pas y avoir un spectateur et un acteur. Même avec des rôles interchangeables, l'équilibre, dans cette équation est impossible. Ai-je tort, maintenant, de ne plus accepter d'aimer à mon détriment?

C'est peut-être moi qui ne fait pas la différence, s'il y en a une, entre vouloir rendre quelqu'un heureux, et l'aimer. Avoir tout fait pour me rendre heureuse. Sauf m'aimer. Voilà. Et ça pèse lourd dans une balance vide. 

 

Elle part… Elle arrive

Je viens de connaître Bob Flanagan… Happiness in slavery, vidéo de NIN. J'ai pas vu Sick: The life & death of Bob Flanagan Supermasochist. Pas sure de vouloir. J'ai passé des années à lui marcher dessus, au propre et au figuré. À le regarder de haut. Jusqu'à ce que tout ça se transpose dans le jour. Comme un acteur qui perd son identité dans un rôle trop intense. J'avais les spike heels sous mes runnings.

Même à mon meilleur, les mains à vif d'avoir corrigé, même de mon plus haut, mon plus mean, mon plus sale, j'aurais inversé les rôles. Mais il n'était pas digne de me posséder. Il n'était pas à la hauteur. Tellement petit que de le punir ne m'apportait plus aucun plaisir. 

J'ai été possédée, soumise. Mon rôle presqu'une exigeance. Des cordes, des straps, des pinces, des crisses de bébelles par lequelles il imposait sa soumission. J'essaie de comprendre. Je ne joue plus le rôle. Je sais que ça n'a jamais été le mien vraiment. Mais je l'ai joué, parce que j'y retrouvais une part de celui que je voulais. J'aurais aimé être en bas. J'aurais aimé lui appartenir. J'aurais aimé lui désobéir et implorer son pardon. J'aurais aimé regarder par en haut. À la place j'ai regardé par en bas. Il m'a appartenu. Mais il ne me désobéissait jamais. Alors sa correction devenait ma pénitence.

Je n'aime pas faire mal. Je n'aime pas être méchante. J'aime obéir. Et des ordres, ben, c'est des ordres. Je ne suis pas certaine de vouloir reprendre un rôle. N'importe lequel. Je sais par contre ce que je suis. C'est quand même drôle de voir le mirroir jour/nuit. La plus tyrannique des boss se fait traîner en laisse le soir, le plus pogné des cadres inflige de magnifiques corrections la nuit. Je mène ma vie de jour à bout de bras, le couteau entre les dents, tassez-vous calvaire. La nuit, la nuit… j'aimerais qu'on me rappelle à l'ordre un peu.

Ça va me prendre du temps avant de pouvoir rejouer. J'ai essayé de remplir les deux chaises en même temps, mais c'est pas une bonne idée. Faut me débarasser de Elle. Me débarasser de ce qu'il y a encore de collé sur ses yeux. Arrêter de regarder par en bas, pour voir qui est par terre à lui lécher les bottes, est-ce qu'il fait ça comme il faut, ici, t'as oublié un spot, passe ta langue, non pas comme ça stupide, SNAP. Elle. S'en va.

J'arrive.

Toi au pluriel

Et pis que je te dise… à toi… à vous tous, mes toi

Je t'aime

Pour les désirs glacés qui feront fondre notre mal de respirer

Pour tes lettres, dans draft, que tu m'as jamais envoyées

Toi… elle, aussi et lui

Pour la vérité, et pour les mensonges que j'avais besoin d'entendre

Pour ta main dans mes cheveux, dans le noir, dans la solitude

Je t'aime depuis que je sais que je ne suis pas morte

I was dying… can't you fucking see?

I was embracing death 

Un osti de remplacement à la lumière des stores troués

Come to me I said, and she came… so close

Et dans la mort, dans le noir le plus noir le plus noir le plus noir

J'ai eu peur de vivre trop longtemps pour ne pas plonger

Mais je t'aime maintenant

Je t'aime pour tes courants, tes marées

Dans lesquels tu me laisse me perdre parfois 

Pour le parfum que t'as laissé sur mon manteau de morte-vivante

Pour la musique que j'entend quand tu me compose un avenir

Et je t'aime toi qui ne me voit plus depuis si longtemps

Qui maintenant se perd dans le vertige de ne plus m'entendre pleurer

Oui pour toi qui m'a regardé mourir sans rien dire

J'ai décidé de vivre

Et je t'aime 

L’hiatus des blogues

Mon billet du mardi prend le bord. Pour combien de temps je l'sais pas. J'ai adoré l'expérience. J'ai embarqué pour le plaisir de partager. Mais je dois dire que ces jours-çi mes priorités sont ailleurs. J'espère pouvoir y revenir éventuellement, on verra. Entre temps bonne chance aux autres collaborateurs, je retourne dans l'ombre. À bientôt.

 

Jour 1

Apesanteur.

Dans une pièce nue. Dans une pièce sans fenêtre.

Heureusement, il y a une porte.

Je l'ai ouverte.

Un souffle m'y portera. Un seul.

Ta bouche est ouverte.

Je t'ai même donné ma position cardinale. 

Qu'est-ce que t'attends? 

Jour 0

 

Note to self: 

Premier pas.

Toujours en vie.

Soudainement, les prochains me semblent possibles.

Jour 0. Aujourd'hui.

Ne pas oublier le chemin emprunté, pour ne pas repasser sur les mêmes roches. Les mêmes sentiers.

Ne pas effacer les paysages qui bordaient le sentier. Les peindre à chaque jour dans mon esprit, projetter les couleurs des mes souvenirs sur les toiles de mes nouveaux espaces.

Regarder en arrière, regarder en avant. Mais surtout regarder maintenant.

 

C’est comme ça

Je sais, c'est très noir ces jour-çi. Enfin, je devrais plutôt dire ces semaines-çi… mois? Whatever. C'est ben plate, mais ça va être comme ça encore un boute. 

Des bonnes choses: l'amitié, le support, l'entraide, les gens humains. L'amour, la paix, le réconfort, la détermination.

La lumière, là-bas…