J’ai vu mon nom…

Là où un autre aurait dû être?

Mon nom. De derrière la page.

Et c'est moi, encore plus. 

Dans le coin d'une photo. Un oeil. Une bouche.

Un nom. 

Sur une page.

Sur d'autres, mon autre. 

Ailleurs, encore un autre.

De combien en ai-je besoin?

Le mien dans la réalité projetée sur écran.

Elle vient de s'échouer dans mes yeux.

Une addition qui en fait est une division qui s'est résolue.

J'en ai jamais eu qu'un seul.

 

 

À ne pas oublier

Note to self:

 

J'ai 35 ans.

J'peux-tu rêver ciboire?

J'ai tu encore le temps?

Mais surtout, j'ai tu le droit?

 

Qu'est-ce que ça m'prend pour pas oublier que la réponse c'est OUI? 

Pour pas me fondre dans le décor pis attendre attendre attendre espérer penser que être plus forte que piler dessus conformer demander? 

Je veux respirer. Je veux rêver. 

 

Des mains sur mon visage.

Je veux pas crever sans jamais sentir des mains sur mon visage, des yeux plantés dans les miens.

Je l'prend le droit.

Je. Le prend. 

Trio

-Voyons, qu'est-ce que t'as dans les cheveux?

-Hein, j'sais pas, quoi?

-Attend minute, je l'enlève.

Et moi d'extirper une vieille pelure d'oignon séchée des cheveux de ma fille…

-Veux-tu ben m'dire???? D'où ça sort?

-Euhhhh…

-Oh, j'pense que ça va être bon ça…

-Attend! Attend, j't'explique là!

Déjà hilares, mon fils et moi attendons qu'elle explique, crampée, les yeux pleins d'eau. 

-Ben, j'ai changé le sac de poubelle… J'ai pris un sac d'épicerie…

-Non…

-Ben là! Je voulais faire peur à la chatte! Mais ça pas marché…

Et tout le monde est crampé à l'imaginer avec le sac d'épicerie sur la tête dans la salle de bain, à gesticuler et gueuler après le chat. 

 

—oOSOo— 

 

Bon. Une belle soirée à trois. Trois. C'est un chiffre qui me hante et m'attire et me torture et me pousse vers et me tire de. Trois, ce que nous n'avons jamais été, ce que nous serons peut-être, peut-être pas. Je soustrais des fois. J'ajoute aussi. Mais il n'y a pas tant de place que ça. Pourtant de soustraire ne m'en laisse pas plus. Ça ne fait que réajuster les positions. Je suis à l'étroit. À quatre. Je suis à l'étroit. Pourtant soustraire n'y changerait pas grand chose. L'espace, le plan, le blue print. Tout ça laisse peu de place à l'improvisation. 

"Ce qui compte, c'est que tu sois heureuse", "Il faut que tu penses à toi", "Tu ne dois pas t'oublier"… Bla, bla, bla. Moi, moi, moi. Justement. Jusqu'où? Où mon égo, mon moi, ma petite personne? Tout ça reste irréel. Qu'est-ce qui compte vraiment quand nous sommes trois? Quatre? Quand je trouve des pelures d'oignons dans ses cheveux?

 

Stallée sur le bord d’la 30

je suis juste épuisée

finie

i've failed… i've failed… now, what am I gonna do about it?

même penser me demande trop

focussss… lost it. again

missed the exit 

procastiner n'est qu'une excuse me dit-on

une fois le pilote automatique pèté, qu'est-ce qu'on fait?

du sable dans l'engrenage

du sable dans les yeux

la sécheresse. le désert. le vent. infiltration

j'm'en crisse pas mal du manque de cohésion, c'est plutôt la fin qui me préoccupe

la dernière sortie 

si je fini par la trouver 

toute seule

pour une fois 

 

La monnaie du soleil

 

Un moteur gris dans le brouillard
Me pousse au fond de nulle part entre les anges dans le soir

 

Enfin, pas tout à fait nulle part. C'est au fond que je suis arrivée. Je l'ai touché, goûté même. Est-ce que j'ai essayé de sortir tout de suite? Non. Parce que je voulais sentir mes pieds pris dans  la boue. Le froid, le mouillé entre mes orteils. J'ai ouvert mes bras, tendu les mains et passé mes doigts sur les paroies de mon puits. Humides, gluantes. Gratté avec mes ongles, pour m'assurer qu'ils seraient sales. Une trace.

Parce que j'en sors. Oh oui. C'est sec par endroit. C'est là que je met les pieds, en attendant que ça sèche plus haut. J'ai des fois le bruit de ma respiration dans les oreilles, et je me demande si c'est vraiment la mienne, si je respire encore, si c'est pas l'écho de la chute. Le fond descent, je monte, et pourtant je ne vois rien, ne sens rien, ne pense plus. Monter, monter, monter, c'est tout ce que je peux faire.

La sortie, le haut, tout en haut, c'est comme un aimant. Comme l'était le fond. Mais je sais, je sais, que c'est une illusion. Que l'attraction ne dépend pas de l'aimant. Ce n'est pas en haut ou en bas qu'il faut chercher. Chacun leur tour ils m'attireront. Et j'aimerai chaque moment passé en leur présence, tout en me disant que je dois partir, que je dois monter… ou descendre.

Entre les deux. Perchée, perdue, suspendue dans le vide du centre, du milieu. Ce n'est jamais un non-retour. Le fond est mou, maléable. On peut toujours creuser. Le haut est infini, ouvert sur le ciel toujours clair, toujours bleu. Et même quand il est gris il est beau. Il m'appelle pour le moment. Alors je monte, oui, c'est vrai, je monte. Sans bagage. J'ai tout laissé en bas. Je serai de retour bien assez vite.

La switch à off

click click click click… y a rien qui sort de mes doigts… mes yeux ont tout vu… ma bouche a tout goûté… ma tête… ma tête… elle est en haut… en quelque part… elle cherche le noir… y est parti.

pour quelques heures. 

pour quelques…

ça s'en vient, je l'sens.

il revient. 

allumée… éteinte… mouillée… sèche… prise… prise… 

et dans le noir…

il y a mes yeux. 

teintes de gris en amont.

Se faire prendre… à donner

Je suis tellement désolée. Tellement. Pour ton bonheur parti. Pour l'ironie de la situation. Après le fait. Quand tout est fini.

Désolée parce que t'as jamais su à quel point je t'ai détesté, à quel point j'me suis haĩe. Si tu l'avais su, tu comprendrais. Mais j'suis pas capable d'haĩr. J'suis pas capable de vouloir du malheur. C'est pas dans ma nature de souhaiter du mal, peu importe le bagage.

Je l'sais quand je me fais avoir. Quand on me monte un bateau. Des fois j'me laisse faire. Mais là je sais que c'est pas une game. Pis ça me peine énormément.

Quand on laisse trainer des affaires, c'est parce qu'on est paresseux. Ou parce qu'on veux que quelqu'un les trouve. J'ai laissé trainer quelque chose en décembre, parce que je voulais. Parce que fallait que ses yeux tombent là dessus, peu importe le résultat. Pourquoi t'as laissé traîner tes affaires? Pourquoi c'était encore là? Alors que tu as tout fait pour que je disparaìsse. T'es tu posé la question?

Ce qui me fait chier aussi, c'est que tu liras jamais ça. Et que tu ne me parleras plus jamais. Anyway. C'est juste ça dans l'fond que je voulais dire. Que je suis désolée. De tout. Même si une fois tu m'as dit, "hey, relève la tête". J'ai jamais réussi à fermer la porte. Je sais aujourd'hui que c'est  parce que t'as toujours eu le pied dedans.

 

—–sSOSs—– 

 

Comme toujours, je me retrouve avec des hosties de restants sur la table. Des restants de ce que j'ai donné. Parce que finalement c'est ça mon problème. Je donne trop. Tellement que ça donne mal au coeur. Pis que personne fini son assiette.

C'est ben plus facile de se crisser du monde que de les aimer. Mais le problème avec ça, c'est que ça fini toujours par te retomber sur le nez. Un moment donné tu t'es crissé d'assez de monde que le monde se crisse de toi.

J'donne tout croche. J'ai peur. Y'en a qui cherchent l'amour, l'amitié, moi j'me cache. J'me terre. Mais quand je sors, j'explose. Pis tout le monde se sauve. J't'écoeurée.

 

Des choix

Y a des grands bouts qui m'achappent. Je comprend pas toujours ce qui passe autour de moi. Pis quand je fini par comprendre, y est trop tard, le show est fini.

Y a d'autres fois où c'est moi qui décide de rien voir. Où j'me dis que c'est aussi ben de même. Parce que sinon j'aurais jamais de fun. Parce que sinon, j'arriverais pas à me regarder dans le miroir.

Des ombres pis des lumières. J'ai le doigt sur la switch. C'est à peu près la seule affaire que je peux contrôler.

Je suis bitch, je suis vache. Mais des fois, je m'échappe à être fine, généreuse, whatever. Et là j'ai pas de switch pour ça. Pis c'est pas toujours dans ces moments de gentillesse là que je suis la plus heureuse. Parce que quand je suis fine, c'est là qu'on me fait le plus mal. C'est étonnant quand même. 

Je peux décider comment j'écris. Beau vocabulaire, ou ben accent de ruelle de Montréal. Envolées ou vomissures. Anglais ou français. Je décide surtout quoi j'écris. Pour qui, ça c'est même pas une question, même pas un choix. Pour moi.

Je peux décider de mes rôles en société ou dans le lit. Dominante, soumise, abandonnée, passionnée, détachée. Du cul, baiser, fourrer ou faire l'amour. Mère, femme, amie, soeur, salope.

J'ai pas d'éducation (est-ce que deux sessions au cégep et deux à l'université comptent vraiment… j'pense pas). Pas de formation, pas de diplôme. Pourtant j'ai une job qui requiert un bac (big fucking deal).

Des ombres pis des lumières.

C'est quand j'arrête de penser que je me sens vraiment perdue. Mais quand j'ai le cerveau en overdrive, ça m'emmène pas toujours aux bonnes places. Ou en tout cas, ça me fait prendre des crisses de détours. Ou ben ça me fait écrire quatre posts dans la même journée.

Je dis tout le temps que la vie est trop courte pour s'accaparer du monde et des affaires qui nous font chier. J'suis due pour un ménage. Les pressions sociales, l'éthique, les principes, les règles, c'est pas pour moi.

Check la aller qu'ils vont dire, pis moi je vais leur faire un beau fuck you smile.

Rentrée II

J'ai fumé mon premier joint le 23 juillet 1983. Avec ma première meilleure amie à vie, sa mère et le chum de sa mère. Ma chum fêtait ses 12 ans. Sa mère lui a donc offert ça en cadeau. J'ai tout de suite aimé ça et commencé à fumer continuellement, pratiquement tous les jours, pendant au moins 20 ans, sauf deux breaks de grossesses et allaitement. Cet été là, entre la sixième et le secondaire, ma vie a pris un tournant. Gars, dope, violence. Plus de barbie, plus de lecture, plus de rien. Le party 24/24. Étrangement c'est à cette période que ma mère et moi avons commencé à communiquer. À se parler. Ben, aussi à sortir ensemble, prendre des brosses ensemble. Cruiser des gars ensemble. Je crois qu'elle a vu ce tournant comme la fin de son rôle de mère enfin.

Mon fils commence sa sixième. Il joue au football, après avoir fait du soccer pendant 4 ans. Du tennis aussi. Il joue au hockey dans la rue, au volley ball, au baseball. Son jeu PS2 favori est NHL '06. Il joue encore aux Légos, aux autos et aime bien avoir un bateau en plastique dans la piscine. Il a beaucoup d'amis, toujours parti chez un ou chez l'autre, ou bien ils sont chez nous. L'école ne lui dit rien. Il n'hait pas ça, mais ça le laisse de glace. Pourtant il a lui aussi d'excellentes notes. Il est allumé, a le sens de la répartie, et souvent plante ses profs avec ses arguments. Il s'emmerde souvent en classe évidemment. J'aimerais tellement qu'il soit plus stimulé. Qu'on lui donne ce qu'il a besoin.

Ma fille à 11 ans avait déjà lu Frankenstein, Dracula et Dr Jeckyll et Mr Hyde. Mon fils à 11 ans n'a pas encore lu un roman complet. Mais connait tous les Astérix, Gaston et Garfield. Il est beau, affectueux, impoli, traineux, généreux. Il fait sa sixème année en immersion anglaise à son école. Sa motivation principale? Pouvoir regarder les Simpsons en v.o.

Je ne sais pas comment tout cela m'est arrivé. Comment ces enfants sont arrivés dans ma vie, avec tout ce qu'ils sont, ce qu'ils ont. Mais j'en suis reconnaissante à chaque jour.

Rentrée

À chaque fin août début septembre on dit ça. Ah ça sent l'école. Les premiers jours dans une nouvelle classe. Les retailles d'aiguisoires. Les vieux dictionnaires. Les nouveaux cahiers.

J'ai fait 7 écoles différentes au primaire. Dans 3 villes. À chaque rentrée scolaire je voulais mourir. J'avais mal au ventre. J'avais peur. J'étais une total reject. Comme un téléphone arabe secret, mon surnom se rendait toujours à l'autre école: La moppe. J'étais grande et mince, avec une crinière à faire peur.

Je me retrouvais souvent adossée sur un mur dans la cour, avec six sept ti culs qui me criaent après et qui me tiraient les cheveux. Quand j'arrivais à la maison pour diner, ma mère était encore couchée, un nuage de cognac flottant au dessus d'elle. Et après les classes, elle était souvent déjà partie travailler. Ou sur le party.

Pourtant j'aimais ça l'école. J'aimais apprendre. Ça allait jamais assez vite à mon goût. Je lisais tous mes livres bien avant la fin de l'année. J'ai toujours eu d'excellentes notes, sauf pour les travaux à faire ou finir à la maison.

Rendue au secondaire, je me suis fait des amis. Hash, mescaline, thc, acide, coke, vin, bière, vodka. Et tout m'a semblé tellement plus facile. J'avais même des amis. Genre.

Ma fille commence le secondaire II cette semaine. Sa deuxième année au programme enrichi d'un collège privé. Elle joue du piano, de la guitare et du violoncelle, par choix, parce qu'elle aime la musique.  Elle a reçu des prix pour ses notes l'an passé. Elle étudie des heures à chaque soir, sans que je le lui demande, parce qu'elle aime ça.

Elle n'a pas beaucoup d'amies, mais elle est bien comme ça. Elle n'a pas eu de chum encore. Je vérifie quand même ses contacts MSN avec elle. Elle n'a pas de g-string, pas de linge sexy. Elle trouve ça loser. Je n'ai jamais eu à la punir de quoique ce soit, jamais eu à la discipliner.

Je ne comprend pas. Et je comprend. Je me vois tellement en elle. Je ne sais pas ou j'en serais aujourd'hui, avoir eu un peu d'encadrement, d'encouragement. Peut-être pas plus loin. Mais quand je dois payer la facture de frais de scolarité, je le fais avec plaisir.

Et je la regarde aller, et je la trouve tellement belle. Tellement intelligente. Elle peut devenir ce qu'elle veut. Elle a toutes les chances de son côté.