Boulimie narrative

À lire, écrire, lire, écrire, les yeux fous, le coeur vide, le silence envahi de claviers en feu. J’ai plus faim, je me gave, pour tout vomir en lettres carrées.

On se frotte la bédaine, on fait un gros rot. Et on régurgite pour faire encore de la place. Regardez moi, comme j’ai bon appétit.

Et aucune intensité ne peut toucher la passion que j’éprouve pour chacun des Mots*. Que je t’écris, que tu me lis. Qu’on offre, exhibe, étale, fourre dans la face de celui qui veut bien y poser ses yeux.

Mais pour qui, je m’en fout. Pour moi, parce que si je gardais tout ça en moi je mourrais d’un overdose. Toutes ces phrases, ces mots qui sont mon sang, qui coagulent dans mon background en trebuchet normal size.

Je ne suis pas une bloggeuse, je ne suis pas un auteur, je ne suis pas une écrivaine, je ne suis pas un poète.

Je suis moi. Je suis mes mots. Je vis en virgules, espaces et Majuscules. Des fois en italique, mais toujours, toujours, en true type.

*V.O. chez Veronica

Pas de ceinture

Parce que quand tu crisses les breaks comme ça, à la dernière minute, je me retrouve la tête éclatée sur ton windshield.

T’as fait semblant de savoir ce que tu faisais.

160 km/h tout le long. Dans l’fond. Le toit baissé.

Pas attachée.

Parce que t’es même pas capable de de m’parler. T’es même pas capable me l’dire.

“Attache-toi. Faut que j’arrête. Maintenant. Pis débarque.”

Parce que t’as peur.

Ta peur, ton silence, ma mort.

Du mauvais bord

Depuis ce matin j’ai le motton. J’ai juste envie de chialer, brailler. J’ai de la misère à avaler. J’arrive pas à me concentrer. Je suis au bureau, et j’ai pas envie d’y être. Je sais où j’ai envie d’être, mais je ne peux pas y aller. Je connais la moitié des raisons de cette humeur misérable.

J’ai le motton. J’ai les larmes aux yeux. Pis je ne peux rien faire maintenant, right now. Ma collègue est parti chez elle en coup de vent ce matin, son chum la trompe ben raide, et il lui a envoyé un email destiné à son amante par erreur… C. est enceinte de 3 mois. Elle devait se faire avorter, mais finalment ils ont décidé de garder le bébé… pour plein de raisons. Mais ce matin son univers s’est écroulé. Son couple est mort.

Il mouille, vente, fait pas beau. J’attend des mots, j’attend, j’attend trop. Je danse sur la ligne et je la perd de vue des fois. Dans ce temps là j’attend et ça fait mal. De l’autre côté de la ligne, je sais qu’il n’y a rien à obtenir de mon attente. Mais je suis du mauvais bord aujourd’hui.

J’aurais envie de te/vous/lui dire la vérité. Tout ce qu’il y a dire, tout ce que je rêve de dire. Pis de rien regretter. La vérité de mes pensée. La vérité de ma vie elle est out there. Mes pensées me hantent, me détruisent, me poussent, m’enlisent. J’étouffe avec mon crisse de motton.

Je ne te/vous/lui demande rien du tout. Je ne demande jamais rien. Mais une caresse ce matin, ça ferait du bien. Un sourire. Un mot. Une pensée.

Ensuite de retour à notre programmation régulière.

Des amis

J’en ai pas beaucoup. J’en ai jamais eu beaucoup. Mais depuis quelques temps, des gens se rapprochent de moi, par eux même. Et ça me déconcerte. J’ai passé le temps où je m’en faisait avec ça. J’ai passé le temps où je me questionnais sur mes aptitudes avec les gens. J’ai compris depuis longtemps que je ne les aime pas. Et qu’ils ne m’aiment pas en retour est tout à fait normal. Des fois, quand il y a trop de gens autour de moi, les gens au travail, la famille, j’ai juste envie de leur dire:

“Allez donc toute chier tabarnak. Toute la gang. J’veux pu rien savoir, de personne. Appelez pas, chu pas là. J’veux juste qu’on me crisse la paix. C’est tu assez primal comme cri ça?”

Je me sens rarement seule, à en avoir mal, à ne pas pouvoir fonctionner. J’aime le contact physique des gens que j’aime, mais je n’ai pas besoin de leur compagnie pendant très longtemps.

Et pourtant, en ce moment, je crois que j’ai des amis. Des gens qui ont recherché ma compagnie. Et ça remet toute mon hypothèse en question. Toutes mes idées à mon sujet. Parce que j’ai aussi envie que ces gens fassent partie de ma vie maintenant. Et je me sens maladroite, j’ai peur de dire ou faire ce qu’il ne faut pas. Je ne connais pas les rouages de l’amitié. J’ai été blessée profondemment en amitié, des blessures plus difficiles à guérir que celles dûes à l’amour.

L’amitié comme à la télé, l’amitié comme celle qui m’est racontée par d’autres, je n’y connais rien. Et si ça m’arrivait? Et si j’y arrivais cette fois?

Fait chaud

Alors j’ai décidé de fêter ça avec un gros bol de crème glacée Coaticook à l’orange. La crème glacée Coaticook, c’est la meilleur au monde, point final. Écoeurez moi pas avec Ben & Jerry’s pis Hagen Chose m’en sacre. La Coaticook, au sucre d’érable, aux bleuets, au brisures de chocolat… mais surtout, surtout! à l’orange.

Je viens de vivre un épisode blogmad. Pas pour le traffic, vraiment, ça me dérange pas d’avoir 1 ou 100 lecteurs. Je pense que j’en ai environ 12 ou 15 réguliers, c’est le fun, je les aime tous 🙂 Mais j’hais la barre de navigation de blogger. Next blog, c’est d’la marde. Alors là je peux choisir le genre de blogs que je browse. J’avais envie de voir d’autre chose, lire, lire, lire! J’ai trouvé une dizaine de nouveaux blogs que j’aime beaucoup. Là le site semble chrashé, mais c’est pas grave, j’en ai tiré ce que je voulais. J’ai quand même une quote de 6.75 sur varb, ce qui semble assez bon comparé à la moyenne, je suis flattée. J’ai aussi surfé sur top blogues et fait d’agréables découvertes 🙂

J’ai des fois l’impression de m’enfarger dans les mêmes sites, les mêmes places, où je ne me sens pas toujours à l’aise. Surtout les blogs en français. Finalement, j’avais juste pas trouvé le bon répertoire. De plus, même si j’écris surtout en anglais, j’aime lire en français. Je sais pas ce que j’ai ces temps-çi, j’écris toujours en anglais. Comme si la division était plus profonde, comme si une autre moi prennait place devant l’écran l’instant d’une montée de désespoir.

Les émotions n’ont pas de langues, mais les mots pour les exprimer, des fois, trouvent leur langue à eux. J’aimerais apprendre l’espagnol, l’allemand, le latin, le mandarin…

Là ça va, il fait beau, il fait chaud, la fin de semaine s’en vient, pis je mange de la Coaticook 🙂

Je me sens même un peu naughty…

J’ai faim… encore

Même si les tiens sont imaginaires, les yeux des hommes me rendent toujours belle. Après avoir imaginé leur visage se perdre dans le parfum de mes longs cheveux, leur regard s’attarde sur mon visage, mes lèvres qui les invitent, mes yeux verts pleins de promesses. Mais jamais très longtemps, jamais assez longtemps.

Leurs yeux descendent toujours plus bas, où mon corps prends son envol. Là où tout ce qu’une femme désire d’une autre se trouve. Ils voient leurs mains monter lentment de mon ventre vers mes seins, les peser, les caresser, s’émerveiller de leur grosseur. Quand je leur tourne le dos, je ne brise rien de leurs rêveries, je leur laisse plutôt l’image de leurs mains tenir mes hanches, admirer mon cul. Parce qu’il est vraiment admirable. Je l’aime mon cul parce qu’il porte ma vie, il change avec moi, mais toujours il est admiré.

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Mon lit est sous la fenêtre. Le matin quand mon réveil sonne, le soleil me plombe dessus. Je repousse les couvertures. Je m’étire de tout mon long. Je regarde mes beaux orteils colorés, mes pieds, mes petites chevilles, mes grandes jambes. Je sens le soleil chauffer mon ventre et mes seins. Je passe mes mains dessus, je fais durcir mes mamelons. Ils sont tout petits, dans une grande auréole. Mes mains descendent, mes doigts décrivent le contour de mes lèvres, descendent encore un peu. Un doigt trouve son chemin en remontant. Et me donne un sourire pour la matinée.

Instant combustion

I was leaning on the washing machine. The one next to my appartment, there for the tenants to use. I was leaning on it because it was shaking so bad I thought it would just go through the wall and end up in the kitchen.

-Do you think it washes better when you hold it like that?

My heart stops. I’m 16. Everything that’s not on purpose is an embarassement.

-Ahhhh, well, no, not really, it’s just really noisy you know?
-Sure!

He’s smiling, turning away from me, facing his door, unlocks it, goes in. Instant combustion. I was on fire, from the embarassement of course. But mostly from seeing him. My mother had told me about him. Our appartment doors were facing each other. The new neighbor. Cute was the word she used. I didn’t have any words. I was in love. 10 seconds, a flushed face.

The following day I found a sheet music for Wrapped around your fingers lying on the floor in the hallway. It could only belong to him, since we were the only two tennants in the basement. I almost knocked, but chickened out and left it stuck in the door knob.

Later, in the evening we crossed each other. I was on my way in, him on his way out. Smile again. Flushed again.

-Thanks for the sheet, I was looking all over for it.
-OhitsnothingIfigureditwasyoursyouknowitwasobviousandIdidnt
wanttobotheryousoIleftitthere.

One big word, shooting out of my mouth at 100kmh, while looking at my shoes.

-Well, thanks anyway!
-Ok. While trying to dissapear so I don’t start to giggle or talk again.

A week or so later. I invite a few girlfriends over, we drop acid and shoot the shit. Then I say my neighbor is really cute. And all this and all that and I go to the bathroom and when I come back to the living room, the door is opened, and two of my friends are chatting up my neighbor… Shittttttt. But he’s cool, invites us over for a beer. He has a couple of his friends there too, getting ready to go out to the club. So we chat and I can see the guys are having fun with us, teasing us, thinking they’re so smart since they’re in their mid twenties and we’re in our mid teens. But Neighbor is looking at me more and more, and I can’t feel that damn acid kicking in at all. Can’t feel much, except the fire.

The guys leave, we go back to my place. Day after, I walk out the appartment. He probably heard me, cause he opens his door and invites me in. The same guys are there, and one of them is getting ready to do a tattoo on Neighbor. So we pick a design, have a few beers, and I’m in love. In love, at 16, with a 24 year old man. We exchanged numbers.

I couldn’t wait. I had to call. A couple of nights later. I asked him if I could come over to tape Pink Floyd’s the Final Cut that a friend lent me. It was mine, I was lying. Of cours Neighbor says, come on over. He knew. He knew why I was calling, knew what was going to happen. But we played innocent for a while. For about five minutes.

Time line: A month of fucking. A breakup that wasn’t one since we were not going out, since I was too young, since he didn’t love me. Three months of me crying, spying on the girls that were coming and going, of listening to the clickclicks of their high heels shoes walking from his living room to his bed room. Six months of more fucking. A breakup that wasn’t one since we were not going out, since he didn’t love me, since I couln’t take it anymore because I did. A month of silence. A phone call. A diner. Ninteen years of life together.

C’est par là

Je suis ici, ce soir, comme à tous les soirs, à me demander qu’est-ce que je fais? Qu’est-ce qui me fait peur, qu’est-ce qui me drive. Il faut que je trouve. Parce que j’ai besoin de réponses surtout. Rien de défini, rien de coulé dans le ciment, juste une direction.

Je suis ici, ce soir, comme à tous les soirs, à me dire que je devrais faire quelque chose. Que je devrais arrêter d’avoir peur de tout. De moi. De qui je deviens, ou de qui j’étais.

Je me regarde dans le mirroir et je vois ma mère. Et je suis ma mère l’espace d’un instant. Sa bouche, ses yeux, sa démarche, ses soupirs, sa voix. Mais je ne veux pas être elle. Je suis l’image. Ma tête s’infecte lentement de mes doutes.

Je me regarde dans le mirroir, et je vois qui je suis devenue. Belle, dans mes yeux, enfin. La profondeur m’a gagnée, l’âge m’a pris dans ses bras et m’a raconté tout ce que je sais maintenant.

Je suis ici, ce soir, comme à tous les soirs. Et la route s’ouvre, et le chemin se dessine, et mes pas me porteront bientôt. Rien de défini, rien de coulé dans le ciment. Juste une direction.

La banlieue

Je regarde par la fenêtre, je vois mon fils jouer au hockey dans la rue avec ses chums. Tout le monde ici: Belle rue, grosses cabanes, 2 chars, un chien et/ou un chat, des REER… Une piscine, un BBQ, un beau deck en bois traité… Ouan pis?

Qu’est-ce que ça a de mal? Pourquoi le mépris des supposés intellos, qui nous voient comme des merdes, des moutons, des gens sans importance et sans apport à la société?

Quand je vois un Falardeau rire de la banlieue, avec ses arguments méprisants, je me dis que dans le fond, c’est lui le colonisé. C’est pas moi. Parce que je travaille, je dépense, je m’offre une vie matériellement confortable, je suis inutile? Parce que je magasine sur le boulevard Taschereau je nuis au développement de la créativité collective?

Que tu vives dans un 2 1/2 sur le Plateau, à 900$ par mois, à faire semblant d’être cool et important, je m’en sacre. Que tu porte un jugement sur mon existence, parce qu’elle ne répond pas à ta définition du bonheur et de ce que devrait être le québécois libre aujourd’hui, ça me fait un peu chier. Mais pas assez pour me faire oublier que finallement, autant que mon voisin d’en face, t’aime ça quand ta blonde te met un doigt dans le cul.

Un gros trou

Toujours vide, jamais à moitié, comme le verre. On dompe dedans tout ce qui traine, tout ce que vous pensez que ça prend pour le remplir.

L’oreille tendue pour le bruit de l’impact, qui vient jamais, le silence qui prend autant de place que l’air dans le vide.

Des roches
De l’amour
D’la marde
Des fleurs

Mais des mots y en a jamais assez. Il y a de la place pour eux. Ils restent. Pas le reste, qui s’anihile dans son mouvement de chute vers le bas.

Plus de ménage à faire, c’est pas toujours propre. Mais je ne m’enfarge plus dans vos cochonneries. Je ne lève plus les bras pour me protéger de la pluie.

Je suis au fond, je regarde tomber, voler, flotter, caler, exploser tout ce qui vous semble bon à me foutre dedans. Et je souris.

Et j’attends les mots. Vos mots. Mes mots.