Elle me demande, tu n’es pas pas trop déçue?

Non, j’pas déçue, j’t’en tabarnak.

Et voilà que la job de rêve s’est transformée en job de marde pour finir en pu de job pantoute.

Et ça fait près de deux semaines que j’envoie des cv, des dizaines par jour. Les lettres de présentation les plus pointues et bien tournées que je n’aurai jamais écrites. Calvaire.

mmmmm chopped liverrrrr

Quand je travaillais pour la famille Maislin, la paques juive était vraiment mon moment préféré de l’année.

Particulièrement quand Morrie m’apportait un plat de chopped liver, couvert d’oignons confits, juste pour moi.

Ça fait quand même 7 ans depuis ma dernière paques. Et puis là j’ai un craving de fou. Mais j’ai tellement peur d’être déçue si j’en achète ailleurs. Morrie n’a jamais voulu me dire où il le prennait. C’était son petit secret. Et il apparaissait avec mon petit plat un matin comme ça, et ça faisait ma journée.

Enfin, tout ça pour dire, j’ai faim. Et je cherche un bon spot pour le chopped liver.

Ma cocotte de 16 ans est en France, à Guérande, à se taper un trip d’échange culturel débile qui me coûte la peau des fesses. Mais c’est sans jamais douter une seconde que son père et moi avons donné notre accord. Juste, tsé, des beurrées de beurre de pinottes pendant un tit bout. Enfin, moi. Pas lui. Lui part avec notre fils pour Cuba demain.

Pendant que tout le monde se tape des cassoulets et des fucking mojitos, moi je bosse. Je roule à 100 à l’heure. Je frappe des murs, c’est inévitable. Des plus durs que ce à quoi je m’attendais. Je n’ai pas toujours la force, je ne prend pas toujours les bonnes décisions. Je ne sais pas toujours où j’m’en vas.

Je dois déménager le 1er juillet. Dormir dans le salon 2 semaines sur 4, j’en ai plein le cul. J’ai pas d’intimité, pas d’espace personnel. Le sofa lit n’est plus utilisable, je dois dormir direct sur le sofa, les jambes un peu pliées, et mon dos me rappelle à chaque matin que vraiment, il est temps de partir d’ici. Mais ça m’angoisse. Chercher, appeler, visiter, signer des papiers, tout ça me donne la nausée. Je dois prendre rendez-vous à la banque pour régler des trucs et ça m’angoisse aussi. Les responsabilités que j’avais si innocemment déléguées à mon ex semblent me péter dans la face une après l’autre, comme pour me narguer. Pour me dire que finalement, comme je l’ai toujours pensé, je suis une bonne à rien. Parle fort, joue fort, travaille fort, mais tout ça pour cacher mon inaptitude profonde à me conformer à la vie adulte responsable et droite que je devrais mener.

J’ai pas envie d’un sugar daddy, pas envie de remettre ma vie entre les mains d’un autre homme. Je veux juste plus avoir à dealer avec tout ça. Les comptes, les assurances, les obligations, le loyer, le souper, la vaisselle, le ménage, la marde 24 heures sur 24 sans fin. Me couche le soir brûlée, me lève aussi fatiguée que la veille pourquoi? Pour en faire une autre, exactement pareil. Et tout mon environnement me tire le jus, et des fois, j’ai juste envie de m’assoir et de regarder tout ça s’éffondrer, en rire, pis crisser mon camp.

Je ne suis pas spéciale, ni plus à plaindre qu’une autre. Mais que ce soit ça la vie, c’est ce qui m’écoeure le plus. De ne pas avoir d’alternative, de toujours DEVOIR. C’est pour eux que je fais ça, pour mes deux amours. Jamais je ne pourrais continuer si ce n’était pas pour eux. J’aimerais juste des fois un petit break. Le droit de disparaître, le droit de me reposer, le droit de m’appitoyer, le droit de ne pas devoir.

Se souvenir

“La fiction doit adhérer aux faits, et plus vrais sont les faits, meilleure est la fiction – c’est ce que l’on nous dit.”
“C’était l’instant entre chien et loup où les couleurs s’exaspèrent, où les violets et les ors enflamment, comme les battement d’un coeur impresionnable, les carreaux des fenêtres.”
-Une chambre à soi, Virginia Woolf

“We want to speculate upon its meaning based on something more concrete. And so we decide to transport ourselves to the other side of the screen. It’s not that difficult once we make up our mind. All we have to do is separate from the flesh, leave all substance behind, and allow ourselves to become a conceptual point of view of mass.”
-After Dark, Haruki Murakami

Ou la fois qu’on était vingt cinq à dévaler la côte Melançon, en criant, en courant après vingt cinq autres morveux à qui on voulait casser la gueule. Ou la fois où je lui ait dit “écoute, j’ai jamais fait ça, mais j’aimerais bien que tu me montres”. Ou encore quand j’ai retenu mes larmes en ouvrant le seul et unique cadeau que j’ai reçu ce Noël là, ou celui où mes larmes ont fusées parce que je savais que c’était le dernier cadeau qu’elle me faisait, que c’était son héritage dans une petite boîte en vitrail qu’elle me tendait.

À chaque souvenir je dois me demander, quelle est la proportion du rêve, de l’anectode, quelle place la vérité s’est-elle taillée dans ma mémoire. Quelles images ai-je remplacées, effacées, inventées, photoshoppées. Et ces phrases cent fois répétées, empreintes de détails trop vrais pour faire faux, trop durs, mais toujours crédibles. Je me dis parfois que ceux au ciel sont là pour moi, sont là pour veiller à ce que je n’invente plus pour mieux dormir.

De tous ces extraits, ceux qui marquent encore mon corps sont nés de la vérité. Obligatoirement vrais, à un moment ou l’autre, peut importe le chemin emprunté pour se rendre à leur destinataire, ma mémoire. Des évidences vous dites. Mais la main sur ma gorge, les cris dans mes oreilles, le coeur qui bat. Mais le frisson entre mes cuisses, le souffle court, des assauts à mon âme. J’ai aurai vécu assez pour cent ans, j’en vivrai pour cent autres.

haallloooo???

Still here? Hihi, moi non plus!

Mais je m’en reviens, check it out, très bientôt.

xx

24, 26, 26-B et des fois 31

J’adore marcher sur la rue Queen en fin de journée, vers le 1000. Le matin, le bus me prend juste en bas de chez moi et me dépose à trois coins de rues du boulot. Je rush en masse, la routine est morte, vive la routine. J’ai changé de job juste à temps, juste avant de tomber bien comme il faut. Depuis des mois que je sombrais. Je prend des forces, reprend mon souffle, je m’étonne moi-même de ce silence, malgré tout. Je pense à vous. Et je vous revient bientôt.

Tout en différé

Ce que je fais? Ce que je deviens? Certains soirs j’écume le web corporatif et j’envoie des cv. D’autres, quand c’est possible, je me laisse gâter par la vie, par l’amour. C’est tout, pas plus que ça. Hier soir en revenant de loin et très creux j’ai vu plus de chevreuils que j’en avais vu de toute ma vie, tous réunis. J’ai aussi vu Vénus. Pendant la journée je me suis endormie entre deux trois cèdres, au bord de l’eau, au gros soleil. La veille on s’est bourré la panse de rôti de porc, de patates brunes et de pets de sœur. J’ai vraiment pas besoin de plus.

Sauf une job qui ne me donne pas le goût de tout crisser là. Juste une job qui me permet de nourrir mes enfants et de payer le loyer. Où personne ne me harcèle, ne me crie après, ne me menace. Une job où le cœur ne me lèvera pas à chaque fois qu’un des dirigeants m’appelle. Une job où je ne passerai pas mes journées frustrée à cause de l’incompétence, l’indifférence et la méchanceté de certains collègues. Ou de la direction. Une job où mes douze années d’expérience ne seront pas utilisées à faire semblant d’être en charge pour absorber l’inefficacité d’un supérieur immédiat. Me semble que c’est pas trop demander ça.

Encore un peu partie

Ok… Le retour aura été un peu plus dur que prévu. Mais voilà, les valises sont défaites, les enfants partis, les minous revenus.

Je devrais, je sais, je devrais faire un beau compte rendu de ce voyage dont je rêvais, dont je parlais sans cesse. Ça va venir. J’arrive à peine à réaliser que c’est terminé. Que ce moment est déjà passé. Depuis samedi soir je regarde les photos. Je suis tout de même heureuse d’être chez moi. Si ce n’est que pour enfin voir mon chum dans quelques jours.

Pendant le trajet en train j’ai beaucoup réfléchi, et beaucoup écrit (mettons que j’ai eu le temps… 11 heures aller et 11 heures revenir). Je suis fière de moi, fière du chemin que j’ai parcouru depuis ma séparation, fière de la façon dont j’élève mes enfants. Aussi je suis maintenant convaincue que la nouvelle route sur laquelle je m’aventure en ce moment est la bonne. Je n’ai aucune raison d’être malheureuse, j’ai tout en main pour changer les choses qui m’écoeurent présentement et la seule façon de m’en sortir, c’est de faire des efforts.

Je me suis laissé aller autant physiquement que psychologiquement, me suis laissé glisser sur la pente des peurs, des épreuves, des peines. Me suis engouffrée dans une dépendance affective malsaine, me permettant ainsi de fuir mes vraies émotions. Mais j’ai aussi progressé, j’ai lâché prise sur mon passé, ouvert mon coeur à l’amour et l’amitié, relâché mes défenses futiles.

Et d’écrire comme ça, en toute liberté, dans word et sur papier, m’a aussi un peu réconcillée avec les mots qui sont en moi. Je peux écrire, je sais écrire. Mais pardessus tout, j’aime écrire. Et je n’ai pas à tout publier, tout montrer, pour m’en convaincre. Je n’ai pas de manuscrit, pas d’ambition littéraire, pas de plan ni de rêve d’être publiée. Tout ce que j’avais besoin de savoir, c’est si j’étais capable encore d’aimer ça. Et c’est le cas.

Sur le chemin du retour j’écoutais Man of constant sorrow en regardant le paysage défiler. C’est un cliché énorme, mais un que je n’avais jamais vécu et qui m’a pris au trippes. Les vieux shacks, les pick ups tout rouillés, les lacs et les montagnes. Et les pêcheurs ont peut-être vu mon sourire par la fenêtre. Je me rappelle encore mon reflet, comment il a vraiment touché mes yeux. Et c’est mon plus beau souvenir de voyage.

24 heures pour…

Voir Baie St-Paul, le Balcon Vert, le traffic et la foule étrangement montréalaise peupler les terrasses.

Voir La Malbaie, Cap à l’aigle, baie Ste-Catherine.

Prendre le traversier et tomber en amour avec Tadoussac.

Marcher sur la plage, grimper une pointe de grès rose et observer les cormorans.

Boire beaucoup de bière, chanter du Plume avec de jeunes inconnus à dreads, parler voile avec un couple de Port-au-Persil et notariat avec une étudiante.

Boire de la vodka, danser sur du Johnny Cash, embrasser beaucoup beaucoup et jaser avec un québécois et découvrir avec stupéfaction qu’il est allemand, installé ici depuis onze ans.

Rouler dans le bois, rouler sur la dune, pour trouver le spot parfait pour tenter, à trois heures du matin.

S’assoir en indien dans la dite tente et dévorer des sandwichs de dépanneurs avant de tomber dans le coma jusqu’à dix heures le lendemain matin.

S’installer sur la dune pour observer le fleuve avec les jumelles et espérer voir des baleines, et se contenter de quelques jets au loin, et en être parfaitement heureuse et sonnée de toute la beauté du fleuve, du québec.

Déguster un croissant jambon-fromage à l’auberge en saluant nos amis de la veille et écoutant un violon et une guitare en direct de la gallerie d’en avant.

Prendre un tunel et un sentier boisé pour aboutir sur une petite plage donnant sur un lac magique caché dans les montagnes, jaser avec Etienne quatre ans qui porte du vernis mauve sur ses ongles d’orteils et qui nous assure qu’il est un grand garçon.

Être reconnaissante envers mon amoureux de m’avoir permis de vivre cette petite aventure, composée du début à la fin de premières expériences.

Se promettre de recommencer.

Écrire cette liste pour se rappeler que tout est possible.

La silencieuse harmonie de mai en juin

C’est l’été on dirait bien. Je ne pense pas me marier de sitôt, mais j’apprend à rouler les fenêtres ouvertes et à vivre sans trop souffrir de culpabilité. J’ai laissé tomber mes dernières défenses et décidé que je ne pouvais aimer à temps partiel. Que je ne pouvais aimer sans le dire. Que je ne pouvais aimer sans l’être en retour. Et chaque matin semble plus facile à vivre que le précédent. Le fleuve était agité et le ciel était gris et la pluie battait contre le toit de tôle et comme les tempêtes intérieures le calme est parvenu à me trouver. La paix de l’âme est sans prix, vaut tout. Je met un pied devant l’autre, sans trop me soucier du vide qui pourrait surgir.

Je suis la source inatendue, le vent de face, l’abdication des rêves chambranlants de l’artiste au génie tourmenté, la mer chaude aux promesses en crêtes pétillantes. Je suis tout ce qui n’a jamais été espéré. Et je suis parce qu’il est. Parce que d’être peut être bon. N’a pas à être mérité. Ne porte pas de conditions. Parce que dans le noir mon corps trouve toujours le sien, peu importe la distance. Les courants, les dérives, je suiverai, jusqu’aux gorges, jusqu’aux grottes, jusqu’au bout.