Dans le déchiqueteur

S’t’un peu heavy ces jours-çi. Les gens partent, après 15, 18, 20, 32 ans de service. Certains en pleurs. Et on est assises et on regarde les notes de service passer. Les remerciés s’éclipser, regardand le sol, rasant les murs, des questions affaissant leurs épaules. Et moi qui pour la première fois n’a pas de plan B. Pas de filet. Je n’essaie pas de convaincre personne que je fais plus pitié qu’une autre. Et je ne doute que vaguement, et très sporadiquement de mes capacités. Mon nom, mes compétences sont reconnus dans mon domaine.  Et j’ai déjà senti la soupe chaude. Ce n’est pas pareil cette fois.

C’est comme un petit deuil à chaque départ, chaque annonce. C’est de voir ces gens vivre le drame live, right before our eyes.

C’est le silence des dirigeants.

C’est une compagnie cotée en bourse qui est toujours très rentable. Qui curieusement a vu son titre baisser au même moment où elle annonce ses intentions de récupérer des actions qui étaient auparavant disponible sur le marché publique.

C’est la mort de mon innoncence, ma foi en une compagnie qui me semblait relativement humaine.

C’est mes morts, mes fantômes qui frappent à ma porte. La porte de mon appart que je ne veux pas perdre. C’est peut-être l’orgueil qui m’enflamme. Mais l’idée de ne pouvoir subvenir aux besoins de mes enfants par moi-même me trouble profondemment. Bien sûr que tout est possible. Bien sûr que je vais m’en sortir peu importe ce qui arrive.

C’est juste un peu plus gros qu’un simple réaligment professionnel.

J’arrête pas de penser à eux, qui sont partis. Qui se sont fait montrer la porte. L’humiliation, la perte, le vide, l’inconnu. Et je pense à moi, qui est toujours là. Mais pour combien de temps?

Pressez-Jetez

Pour le premier avril, au lieu d’un poisson on a reçu une brique. Des coupures sauvages. 45 employés dans la cour. Je ne sais pas combien dans les bureaux. Mon département passe de 5 employées à 3. On me dit que les ventes du dernier trimestres sont presque à moitié plus basses que celles du même trimestre l’an dernier. En chiffre on a vendu pour 27 milions ce trimestres. 42 milions le même trimestre l’an passé. Je n’ai pourtant pas constaté de baisse dans ma charge de travail, au contraire. Et j’ai les chiffres pour le prouver. Les ventes sont peut-être en baisse mais pas les achats. Je dépense en moyenne 300 000$ par mois en transport pour les importations. Alors qu’on m’explique pourquoi on autorise les achats si le matériel ne se vend pas. Qu’on m’explique comment une compagnie qui déclare un chiffre d’affaire de plus d’un demi miliard par année puisse prendre des décision comme ça. Comment des gestionnaires finissent toujours par chopper dans les opérations et garder des employés en trop dans les départements administratifs. Je suis confuse. Mais je sais par contre que c’est beaucoup plus rapide comme solution de sabrer dans les dépenses, dans les départements qui ne génèrent pas de revenus. On laissera les vendeurs aux comptes de dépenses et au char fourni leur emploi, on sait jamais, ils vont peut-être finir par vendre de quoi. On m’a dit hier, les coupures toucheront tous les départements. À 4 heures hier tout ce que j’ai vu comme coupure c’est les deux filles qui travaillaient avec moi et un gars dans une autre division du transport. Je me retrouve donc avec une équipe amputée, affaiblie. Avec le même work load. Avec les mêmes attentes de la part des acheteurs. Le même nombre de chauffeurs à dispatcher. Le même nombre de voyages à vendre. Le prix du diesel qui a augmenté d’une piasse le gallon en un mois. Moins de camions aux États-Unis, puisqu’ils n’achètent plus de nous. Alors qu’il y a un an j’avais 10 camions pour un voyage, c’est aujourd’hui le contraire. Le prix du transport augmente. Mais pas le prix de vente des produits qu’on vend. Et bien sûr on me demande de tout faire comme avant. Pas d’over time surtout. Et il ne faut pas non plus que notre service en souffre. Et il faut s’assurer de répondre à toutes les demandes rapidement, avec le même professionnalisme. Je suis dans un état proche de la panique. J’ai l’impression qu’on m’a mise en charge de cette équipe là en prévision de ces coupes. Avec l’intention de me laisser m’enfarger, me planter. J’ai l’impression que tous les yeux sont sur moi. J’ai pas envie de rentrer ce matin, pas pantoute.

Letdown, comme dans “va donc regarder la tévé”

On cessera l’éducation sexuelle au secondaire dès l’an prochain. Pendant ce temps on apprend que Montréal est la championne des MTS. Ça me sort pas de la tête cette histoire. L’une et l’autre. Ça fait trois semaines que j’ai lu ces deux headlines, et je semble être la seule personne qui s’en fait avec ça.

Fuck les études, les tables de concertations… On peut tu s’entendre que ça peut pas nuire? Est-ce qu’on peut se mettre d’accord sur le fait qu’une fille de 13 ans sexuellement active c’est wrong, mais que c’est une réalité, et que si elle veut voir un gynéco c’est probablement pas à sa mère qu’elle va demander?

“Maudite bonne affaire, c’est aux parents à enseigner ça à leurs jeunes!” Pardon?? Quand est-ce que vous êtes allés voir vos parents pour parler de votre première sodomie? Ou jaser lubrifiants? Je fais une bonne job avec mes ados, je m’enfle pas la tête avec ça, mais j’ai le sentiment qu’ils sont biens partis dans la vie tsé? Mais je suis pas assez naive pour m’imaginer qu’ils vont se confier à moi sur leur vie sexuelle. Je parle pas des conversations normales, la prévention, leur donner des outils, des informations discrètement, smooth. Mais y a des trucs, me semble, en tout cas, ça arrive jamais comme ça.

À une époque où les enfants sont élevés par la télé, où leur réseau social est plus vivant sur msn que dans la cour d’école, je m’inquiète, oh que si, je m’inquiète. On coupe dans les sports, dans les activités culturelles, communautaires. On s’est rendu compte qu’on les empoisonnait dans leurs cafétérias, on ne se soucie pas du fait que les rayons de leurs bibliothèques soient remplis de livre des records Guiness et de romans Frissons.

C’est pas une fin en soi, mais j’ai comme l’impression que c’est un letdown de plus à ajouter sur une longue liste. On laisse tomber nos enfants, une réforme à la fois.

FF

On est passés de la pause au fastforward.

Une chance que j’ai recommencé le gym.

Excusez mon silence, j’ai la bouche pleine.

Changements saisonniers

Ça juste pris une phrase pour me rappeler que je suis bien vivante. Même le geste de me procurer de la bouffe, même enlever le pied et demi de glace, grésil et neige sur mon auto, même les conversations incertaines, même les courriels remplis d’affirmations, de questions, de conditions, même ma teinture plus ou moins réussie n’auront eu l’effet provoqué par mon caissier préféré du IGA.

-Vous avez votre carte airmiles?

Crisse oui. Airmiles, pétropoints, hbc, optimum, toutes les couleurs toutes les sortes allez prennez ceci est mon identité.

Running with scissors n’a pas eu de très bonnes critiques. On a dit que les situations étaient éxagérées, sensationnalistes. Ils ont jamais vécu avec quelqu’un sur les pilules. Même la coupe de cheveux d’Annette Bening. Ses yeux morts. Ses highs. Ses caresses trop fortes. C’en était badtrippant de vérité.

Un nouveau beat de garde. On passe d’une semaine sur deux à deux semaines sur quatre. C’est long deux semaines sans eux. Mais c’est court une semaine avec. Ils sont un peu épuisés de vivre dans leurs valises. On a beau avoir un peu de tout en double, ils ont toujours un sac ou deux à charrier. C’est des ados, pas des tout petits. En plus cela va nous permettre de faire des plans pour des weekends complets. Nous permettre leur père et moi de s’impliquer à plus long terme dans leur vie, dans leurs travaux d’école. Overall, je suis très satisfaite de ce nouvel arrangement. En théorie. J’entamme ma deuxième semaine sans eux et ils me manquent déjà.

L’amour est en pause. On ne sait plus trop, on ne voit plus grand chose en avant, alors que notre regard s’attarde derrière. Comme dans la tempête. Inévitable. Comme les accalmies qui suivent. Et le paysage qui n’est plus tout à fait le même une fois l’intempérie passée. Quoique on sache toujours retrouver notre chemin. Reste à savoir si nous le rejoindrons en même temps, au même endroit.

On passe de l’hiver au printemps avec tout ce que ça comporte de changements.

Je vous en souhaite un beau, chaud et tout plein de chemins nouveaux à emprunter.

ExLax, deuxième rangée dans le fond

Y être presque. Ou à peine. Dans la perception du tout près alors donc pas tout à fait. Les semaines passent, se vivent, s’écoulent comme la slush fondante en route vers l’égout, mais aussi comme la source qui perce la glace. Et on vit toujours comme ça. Comme sur un brouillon, plein de graines d’efface, comme en répète, le metteur en scène dehors en train d’en fumer une.

Et on demanderait pas mieux qu’un foutu scénario qui tient debout. Réconfort dans la certitude d’une existance assise solidement sur le rocher au coeur de notre jardin enseveli sous les orties et les marguerites. Passer le weed whacker dans les angoisses et le mal de vivre peut-être surfaits mais néanmoins légitimes.

Et les insectes se délectent. Les insectes dévorent et chient. Pas fini de digérer qu’ils se remettent au travail. Dans les yeux, les oreilles, dans la bouche et la tête, bouffent le contenu, les idées, les visions et les rêves et partent. Le résultat de nos procrastinations amères derrières eux. On torche, spic n span, jusqu’au prochain buffet.

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Je suis prise d’angoisse chronique depuis ce foutu atelier de création littéraire à chaque mot que j’écris. Je doute, questionne, ce qui en soi ne devrait pas être mauvais. Mais l’idée de “travailler” mes textes, ça me tue. Et alors je me met à écrire, et soudainement c’est plus l’fun. Est-ce que je devrais changer çi, ça, y en a trop, pas assez, syntaxe, forme, franglais, engrish. Fait chier. J’ai jamais voulu écrire pour personne. J’écris parce que j’en ai besoin. Mais je me surprend à raturer à la source, avant même de commencer à écrire. Je sais que ma source n’est pas tarie. Comment pourrait-elle l’être? Je suis en vie! Anyway. Je voudrais retourner en arrière des fois. Oublier ce que j’ai entendu, ce que j’ai appris. Deux heures, c’est tout ce que ça m’a pris pour me fucker.

Devoir

La fiction n’est qu’une réalité au conditionnel.

(Ça sonne comme une citation sur evene, cliquez ici pour d’autres citations sur le bloquage imaginaire!)

Je me suis étonnée avec cette constatation. J’arrive jamais à m’approcher de ce que je crois être de la fiction. Ma définition en vaut une autre. J’ai pas mis le doigt dessus encore, mais je sens que je m’en approche.

D’ailleurs, le fait que je doive travailler un texte m’écoeure pas mal. Deux pages d’ici jeudi. Et c’est à cause de ça que je n’arrive plus à écrire depuis quelques jours. Pas un mot.

(On ne devrait pas me demander de choisir, de narrer, d’introduire, de developper… en fait on ne devrait pas me demander quoique ce soit, on ne devrait que continuer à croire avec moi que je ne suis qu’une écriveuse sans trop d’orgueil ni génie, ça éviterait les déceptions)

Je suis stallée sur le bord de mon imaginaire et je fais du pouce dans le sens contraire du trafic.

Parenting 101, according to moi sti

Je vais déroger à mon silence habituel lors de cas similaires et réagir, indirectement, à un billet que j’ai lu ailleurs. Je ne veux pas le faire en commentaire, parce que cela serait très certainement perçu comme un jugement, et d’une façon s’en est un. Mais mon intention n’est pas de blesser qui que ce soit, ni de foutre la merde. Mais bon… Je ne tiens pas de blog familial et je ne lis que très rarement les mères bloggeuses. La principale raison étant que je ne suis pas capable du câlisse de chiâlage contre leurs propres enfants.

Coudonc, c’est qui qui les élèves ces enfants-là? C’est tu vraiment si difficile que ça de s’asseoir ensemble, de jaser, de rire, s’embrasser, se faire des câlins, se battre, se taper, se licher, se chatouiller? Je parle pas de faire des activités structurées, dispendieuses et compliquées. Je parle de simplement prendre le temps de vivre en famille, dans la même pièce.

C’est facile traiter sa fille de douze ans de traînée et de pétasse quand cette enfant-là passe probablement plus de temps enfermée dans sa chambre à faire son éducation sur le net ou bien clouée au sofa, les yeux rivés à la tévé, qu’à interragir avec les membres de sa famille.

En fait, c’est pas façile pantoute. Juste de lire ces mots-là, le cœur m’a levé, je me suis sentie si triste. Pour cette enfant, et tous les autres comme elle, qui ont à voir ces mots dans les yeux de leurs parents en plus de les entendre. Si écoeurée de cette attitude de parent qui s’insurge des écarts de conduite ou du manque de jugement de leur ado sans jamais se questionner, mais au contraire qui se réconfortent dans leur certitude de leur avoir tout enseigné, les plus belles valeurs, le plus grand jugement.

Et toujours les excuses, je n’y peux rien, que veux-tu que j’y fasse, les autres c’est comme ça, toutes ses amies en ont, c’est rendu comme ça astheur. Bull fucking shit. C’est super façile. Le truc du siècle. On commence tout de suite quand ils sont petits. Un mot: NON. C’est tout. NON. C’est sûr qu’un certain vocabulaire pour expliquer le pourquoi du non une fois qu’ils sont plus vieux, ça aide. Mais je vous garanti, c’est fool proof ce truc. Et si un OUI s’échappe de votre bouche à l’occasion pour avoir la crisse de paix, soyez prêts à en payer le prix.

C’est une collaboration de tous les instants, c’est une relation qui ne fera que grandir avec le temps, mais qui n’est jamais complète. Et surtout, c’est PAS UNE JOB ok?

Bien sur que je pourrais faire un petit réseau dans mon appart, et mettre des ordis dans leurs chambre. Après tout, ils ont 13 et 15 ans. Et je serai très certainement capable émotivement de dealer avec les conséquences de ça. Mais c’est la pire chose à faire. Je ne veux pas la paix! Je veux vivre et les voir vivre. Et si ça veut dire jaser avec mon fils qui joue aux Sims et regarder Plus sur commande avec ma fille, pendant que je fais le souper ou qu’on plie une brasse, I can live with that.

Rien  ne dépend de ce qu’on leur empêche de faire. C’est pas ce qu’ils savent et connaissent déjà qui les intéresse. Arrêtez donc de prendre vos enfants pour de petits adultes légèrement simples d’esprit.

C’est de se mettre en position d’échec continuellement en tant que parent que d’assumer qu’ils vont faire ce que vous leur dites de faire. Encouragez les donc à être eux-mêmes, encouragez les à lire, à poser des questions, à s’interroger, à prendre position, à exprimer leurs sentiments, à questionner l’autorité (oui, même la vôtre).

Les enfants ne sont pas seulement notre miroir, mais également, et peut-être surtout, le miroir de nos actions.

Nostaligiaaaaa, quand je branche le transistor

Stormy weather.

J’avais un rush de nostalgie de moods, écrasée dans mon lit ou dans le sofa, perdue avec Marcel dans les herbes hautes, cherchant Duplessis, Thérèse pis Pierrette pis Simone passant devant, une forêt de petits mollets. Je comprenais Marcel, je voulais être son amie. J’avais 13-14 ans. Ma mère ne voulait jamais me faire de baloney dans la poêle, et pourtant, ça fittait tout à fait avec son budget. Alors je m’assoyais à la table avec eux, je courais dans la ruelle avec elles.

En même temps je quittais temporairement le classic rock pour mes nouveaux amours, DBC, Celtic Frost, Destruction, Slayer… Ahhh to be 15 again. L’acide aidant, je suis revenue un peu plus tard vers Floyd, mais gardant tout près de mon coeur les Metallica, Preist et autres plus softs.

Retour en arrière, regards de plus en plus insistants, je commence aussi à comprendre. Ce que je vivais, enfermée dans ma chambre, gelée, Soft Machine, mes notes, mon journal, j’avais aucune idée, mais je savais. Qu’il y avait autre chose, qu’il fallait qu’il y ait autre chose.

Ce que les profs me disaient, ce que les autres ne me disaient pas. Les yeux rivés sur le plancher, sur mes souliers, entre les escaliers et les casiers. Pas un mot, sauf sur mes cartables, au liquid paper. Des lyrics, des fuck you, des FUCK YOU. Et mon meilleur ami avait un fucking pocket protector avec des crayons dedans. Et la plus grosse montre calculatrice au monde. Et moi et mes studs et lui et ses chemises à manche courtes. Il comprenait pas trop lui non plus. Dans nos cellulles on se tenait compagnie. Mais jamais au dehors.

Dehors. La plaza St-Hubert était mon royaume fantôme. Un walkman cassette, la poitrine pognée, écrasée, déjà à 15 ans. J’essayais pourtant. Et à ma première paire de talons hauts, ma mère, sage, barmaid et ex danseuse m’a regardé en pleine face et m’a dit, t’as l’air d’une salope. Je les ai pas portés souvent. Mais je les ai encore. Pas longtemps après j’ai baisé son ex avec Steely Dan en soundtrack. Gotta live up to the expectations.

Souvenirs bons pour l’anecdote, pour le shock value. Qu’est-ce que je dois faire? Les oublier, les cacher? Ou bien les exposer, les revivre. Je suis faite de toutes ces années, mais certaines sont plus floues que d’autres. Bien trop volontairement.

J’en suis au troisième volet. Mais des fois je me demande. D’où je pars. De 0, 16 ou 36 ans?

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On respire

Je crois avoir trouvé trois ingrédients. Poire, safran et vanille. Si ça guérit rien, ça doit tout de même sentir bon.

What’s keeping me away from too much procrastination at night: freedocumentaries.org

Durant la journée, ménage, ménage, ménage.

I used to be used to be used to be at peace. L’enscens n’y fait rien. Ni le feu. Peut-être une Boris bien froide… ?

J’ai aussi regardé New York Doll, Iraq’s death squads et en ce moment joue The road to Guantanamo, mais après 45 minutes je ne suis plus certaine de vouloir continuer. C’est pas comme si on connaissait pas la fin.

J’ai commencé Le Parfum ce matin, cadeau de Noël d’un coureur des bois, et je suis totalement envoûtée.

On respire, donc.