Donde yace moribunda la inocencia

Ahhh.

J’ai tout perdu, ma collection de Gordon, Baker, Coltrane, Mingus. MINGUS! Ça fait deux heures que je download. En écoutant Omara Portuondo, qui me donne vraiment très soif. J’ai du sable dans les yeux, faut que je me couche. Mais je persiste, j’ai absolument besoin de tout ça avant de partir.

(partir partir partir, je pars)

C’est un peu comme si je préparais un plus grand départ. Quand ma mère est entrée dans la machine du système de santé pour la dernière fois, je suis allée vider son appartement. Elle avait tout préparé. Tout rangé. Les papiers serrés. La poubelle vide. La vaiselle faite. Je fais les mêmes préparatifs. Et je me demande quoi faire de certaines choses…

( j’ai écrit, fin, rien de plus, comme si le commencement était hors de ma portée)

Chaque année c’est la même chose. Sa fête approche, et je vis dans ses souvenirs. Et comment j’étais pressée de la voir partir, pour cent mille raisons, pas toutes nobles. J’aimerais me croire quand je dis que je n’ai pas de regrets. Et j’aimerais ne pas me sentir coupable quand je passe tout droit devant la table où les vieilles vendent des rubans roses. Ne pas me dire… Que si je l’ignore, peut-être cessera-t-il d’exister. Et oublier la peau fine comme du papier sur sa bouche, peinant à couvrir ses dents en plastique, déjà jaunies après seulement quelques années, tellement la merde qu’on lui injectait l’infectait jusque dans sa salive. Et oublier la lutte qu’elle a mené vers la vie, vers la réalité, quelques instants, combattant la paralysie et la morphine, juste pour râler quelque chose qui ressemblait à je t’aime, pour retomber sur l’oreiller, à bout de souffle, l’oeil voilé, la bouche fermée comme pour garder le cri en dedans.

(je t’aime moi aussi maman, c’est correct, je suis là, pars mais moi je ne retiens plus mon cri et une dame dont je ne me rappelle plus le nom me flattait les cheveux)

Je compte. Elle aurait eu 59 ans le 17 novembre. Elle avait 52 ans. Ça fera 7 ans le 12 décembre.

Des chiffres encore. Il y a eu un an le 3 novembre. Ça aurait été notre 21ième anniversaire le 26 janvier.

Et encore. Je pars dans 5 jours, 6 heures et 16 minutes.

Dans une carrière

C’est habituellement entre minuit seize et minuit vingt-huit, à l’heure où je devrais aller me coucher, que je me met à angoisser, généralement sur ma situation en général et particulièrement sur ma situation en particulier.

Combien, pourquoi, peut-être que, et si, mais pourtant, mais encore.

J’y travaille. Il y a une grosse briquetterie ici pas loin. Et une carrière énorme d’où l’on en sort des cailloux pour faire du ciment. Je pense souvent à ces trous. J’imagine les chemins qui serpentent leurs flancs, qui mènent au fond. Et je vois toujours ces routes en spirales comme ça. Qui vont vers le fond.

(Quand j’étais petite, j’entendais les ados parler d’aller au pit de sable. Ils disaient qu’ils allaient se baigner au fond. L’idée m’effrayait. J’imaginais des dunes géantes, des squelettes de voitures prises dans les pentes et des jeunes en shorts de jeans tentant de remonter en rampant dans le sable brûlant.)

(À ground zero en mars deux mille deux, une seule plateforme pour entrer et sortir du trou. Ça puait. Et je me demandais comment se sentaient les hommes en bas qui conduisaient les camions transportant les débris à l’extérieur du trou. En devant obligatoirement rouler sur quelques un de leurs compatriotes en miettes quelques mètres sous leurs roues.)

J’y travaille. La résignation au fait que ce n’est jamais tout droit la route me gonfle les mollets. Ça pas besoin d’être pavé. Juste pas trop à pique.

Minuit et une

Hier ça a fait six mois. J’ai parfois l’impression que ça fait deux semaines. Des choses m’échappent. D’autres, je n’arrive pas à m’en débarasser. On m’a dit “Je t’envie un peu, tout semble si bien se passer pour toi”, “Tu t’es bien préparée, ça paraît”. Et sur la vague tout en effet glisse. Et la vague, et bien, elle rejoint le rivage un moment donné. J’ai fui un peu aussi. Mais le moteur a risqué de caler une couple de fois dernièrement.

Je ne peux pas faire autrement que ce que je fais en ce moment. M’assurer de donner mon meilleur, en tout temps, à ceux qui sont près de mon coeur. M’occuper de mon chez moi. Faire une bonne job au bureau. Être une bonne mère, une bonne amante, une bonne amie, une bonne employée. Parce que tout va tellement bien. Parce que je suis forte.

Un dimanche sur deux, mon coeur se brise en mille petites miettes. Je reviens chez moi, et je pleure. Tout est vide, les minous miaulent, un tshirt sale traîne à terre et je le ramasse en braillant, en le pressant sur ma joue. Non non, là, ça va faire. Non, j’ai pas envie de “m’y faire”. Je veux l’accepter. Mais je ne pourrai jamais m’y faire.

J’ai peur parfois de dire que j’ai de la misère. Parce que “ça va si bien”. J’ai peur de parler de ce que je ressens, parce que je pense que je suis supposée de ne pas avoir de séquelles. Des fois, tout est cool, je me sens bien. Et des fois, j’ai des poignards dans le coeur, le souffle me manque, je suis toute étourdie, et je… Je sais plus. Je sais pas trop ce qui se passe. J’ai l’impression d’être plongée dans un gros trou plein de rien. Rien qui valle la peine de ces larmes du dimanche soir.

J’ai pas pris le temps de vraiment regarder où j’en suis, où je m’en vais. Qui je suis. Qui je veux, et ne veux pas, être. J’ai toujours eu de la misère avec l’idée de m’accorder du temps, de l’attention. Je me suis éparpillée parmi mes soleils.

Tellement étirée que je suis toute mince, fine, transparente. Avant de fendre, il est temps que je me rapatrie.

Je (c’est bien parfois)

serait-il vraiment possible d’écrire sans commencer par ça? de tenir un blog personel?

(je déteste le mot blogue  calvaire. oui, je sais, l’orifice de la langue française l’a accepté. ça change rien, je n’aime pas. tant qu’à y être, blogosphère aussi. c’est laid)

en fait, ce qui me dérange ces jours-çi, c’est surtout ma propre place ici. non, c’est pas ça. c’est, j’ai de la difficulté à écrire parce que je ne pense plus comme avant. je met de côté les événements personels. je pense à ce que j’aime écrire. et j’y arrive de moins en moins. je sais qu’une partie de mon problème, c’est que je suis maintenant rarement inspirée. j’ai peine à trouver des blogs qui me touchent, m’allument. je dis bien mon problème.

je me sens intimidée par la communauté qui se forme autour des commentaires. comme dans la vie de tous les jours, des cliques, des gangs, des élites, des rejects. je ne devrais pas être étonnée de ne pas vouloir faire partie de tout ça. je ne le veux pas plus dans le vrai monde. mais dans la vraie vie, on peut facilement ignorer les gens. sur les blogs, il s’agit de cliquer sur commentaires pour voir. ça me fait chier de ressentir ça. c’est stupide. je n’ai pas à être acceptée par qui que ce soit.

j’avais un mur de protection énorme avant. l’anonymat. pas que je me sente paralysée, c’est pas comme si j’avais à écrire contre quelqu’un en particulier. j’ai plus peur de la perception, de l’appropriation du sens de mes mots par les autres. je n’ai pas d’image à entretenir. mais je suis assez insécure pour croire que je serai jugée maintenant que certaines personnes me connaissent. l’abandon me manque.

ce que j’ai écrit à la suite d’une soirée il y a quelques semaines, j’ai eu peur de le publier. pourtant, je n’y parlais que de moi et de ce que j’ai ressenti. je savais qu’il y avait le danger que d’autres l’interprètent comme une accusation ou une critique. je n’ai pas envie de me justifier, d’expliquer. je sais aussi que ce conflit intérieur vient directement de mes insécurités, le désir de plaire, blablabla. c’est de la bullshit. je me sens le dos courbé, les yeux baissés. j’ai un peu trop regardé vers l’extérieur, ça je le sais. je me sens rarement comprise, à l’aise, challengée en groupe. ça aussi je le sais. alors pourquoi je continue à vouloir essayer? fuck it si ça sonne prétentieux ou condescendant. je me comprend.

Vue

Ça m’a rendue mélancolique du teenage angst qui m’affligeait au même moment où je devais devenir une femme. Sans rien chercher, je me suis sentie située. Jamais j’ai vu l’ordre des choses. Seulement leur place et la mienne. J’ai toujours su ce que les conversations voudront dire, avant même qu’elles aient lieu. Que mon orthographe et mon vocabulaires seront toujours déficents et surtout, jamais à la hauteur de ce que j’ai besoin d’exprimer. Que je n’ai jamais été et ne serai jamais ce que longtemps j’ai voulu être. Ce qui maintenant, je le comprend, est une bonne chose. Et d’hocher de la tête, et dire “je comprend”et de parler de moi et sourire et d’aimer. Et cela, malgré tout, me demande un effort énorme. Malgré ton rire, malgré tes mains, ton parfum ou ta belle chemise. Tant de fantômes autour de la table, tant d’esprits que je semble être la seule à voir. Parfois je me demande si je vais pouvoir cacher ma peur encore longtemps. Si un jour toi, ou toi, tu verras dans mes yeux que je sais ce que tu t’évertues à nier. À te battre contre. Les yeux. Tous ces yeux qui regardent dans les miens. Je vois les accidents, les peines d’amour et la douleur de la réalisation dans l’espace entre les verres qui volent. C’est trop clair, et je n’arrive même plus à croire que ça pourrait être différent.

Rentrées obligées

I’m going to keep this template. I’ll just fix it, fix the blogroll, the archives… It looks good I think. And I love the layout.

Les enfants commencent l’école cette semaine. Ma fille au troisième secondaire va donc changer de pavillon et mon fils commence le secondaire. Son visage disait tout lors de la prérentrée. Le collège lui a fait peur un peu. C’est un milestone, toute une marche à monter passer du primaire au secondaire. Pour moi aussi. Le voilà ado, pour vrai. Me voilà un peu plus libre aussi. J’ai tellement eu hâte à cet été qu’on a pas vu passer. Et maintenant l’automne qui se pointe avec de nouvelles histoires, de nouvelles promesses. J’ai comme l’impression que j’entre dans une autre phase. L’hiver à été la libération conditionnelle, le printemps ma probation et l’été la récréation. L’automne arrive, et je fais ma rentrée moi aussi.

Dimanches

Vient de me frapper une vague puissante de cafard. D’ennui. De solitude dans l’écho des miaulements. C’est souvent comme ça le dimanche. On se dit aurevoir. On s’embrasse. Je les regarde monter les escaliers et entrer dans… la maison. La maison. Plus ma maison. Pas qu’elle me manque. Cela faisait trop longtemps que je voulais en sortir. Et je me dis, ah shit, ça fait du bien, un peu de silence, de calme. De solitude justement. Mais après quelques heures, la lueur de la lampe n’est plus assez. Et j’allume la télé, parce que c’est trop calme ici. Et je fais un peu de bruit, pour réveiller les minous. Et on joue quelques minutes. Et ils trouvent quelque chose d’autre à faire, et me revoilà, à attendre que l’enveloppe tourne au bleu.

Je n’ai pas peur.

Je n’ai pas de regrets.

Je n’ai fait que réussir depuis mon départ.

Je n’ai que cette impression d’échec malgré tout. Un vide où toutes mes bonnes intentions se sont enfuies.

Un vide que personne, même pas toi, ne pourra remplir.

J’en ai plutôt marre de me dire que j’ai fait de mon mieux. Que j’ai fait mon possible. Qui a mesuré ça?

Et une autre semaine qui passera, à vivre cette autre vie. Délicieuse. Et un autre dimanche. Et d’autres adieux. Tout aussi difficiles.

J’ai la migraine. J’ai pas envie de fermer mes yeux, pas envie de rêver. ÇA, ça fait peur.

Prise deux

Ok. Deuxième semaine de vacances. Destination Canada’s Wonderland et le temple de la Renommée du hockey. C’est autant pour moi que pour eux ce voyage. Un de mes rêves est de faire tous les plus grands parcs d’attractions d’amérique du nord d’ici quelques années. Faut bien commencer quelque part! Cedar Point à Sandusky Ohio l’an prochain c’est certain. La californie d’ici cinq ans. Et un retour à Orlando en 2009 pour The Wizarding World of Harry Potter et revisiter les Disney et Universal entre ça.

Les montagnes russes me fascinent. Les mécanismes, les types de wagons utilisés. J’aime regarder la disposition des rails, écouter le bruit des chaînes, des roues qui glissent sliencieusement lors de la descente. Ça doit être mon côté… geek? Gars? J’aime les machines. Je n’y peux rien.

Le temple de la renommée aussi m’intéresse! LA coupe Stanley. Les photos, les clips d’archives. Ça devrait être assez cool.

C’est un premier voyage à trois. La valise est (presque) prête. À boire et manger, lecture, lecteurs mp3, gameboy. Et Rockstar pour maman! C’est loin Vaughan. Arrêt pour diner au Taco Bell. 401, 401, 401… trucks, trucks, trucks. Oh regarde c’est Toronto! Ben oui, on aura le temps de regarder en masse, on va arriver à l’heure de pointe.

Trois dans l’auto. Trois dans la chambre d’hôtel. Trois dans les manèges. Mais pourtant, j’ai pas l’impression qu’il me manque quelque chose. Enfin. Si, des fois. Mais rien qui a déjà été là.

Burn, baby, burn (le mercure explose)

Les vacances ouais… Le cash qui fond. La chaleur qui assomme. Les foules qui font chier. C’est fucking le fun les vacances l’été.

Mais bon.. Y a aussi l’absence de vice-président qui te chie dessus, de boss qui t’ignore, de collègues qui… Anyway. Juste à en parler, les épaules me remontent, les sourcils me froncent et je buche sur le clavier.

Donc, ouais, les vacances. J’en avais besoin.

J’ai ça dans la tête depuis quelques jours.

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The Institute
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D’un côté c’est cool. Je suis de nouveau capable d’écouter chanter Gavin. Sa voix me manquait tellement. Mais les souvenirs étaient insuportables. C’est de ma faute je sais bien. Il en a jamais écouté. Il en avait rien à foutre. Moi non plus maintenant. Ses restants brûlés, flushés, dépixelisés. Fucking morts.

Si tu passes encore ici, dis lui, il ne m’a jamais méritée. Et il ne te mérite pas plus.

Ils annoncent des températures atroces pour le reste de la semaine. Je suis pas faite pour ça. À moins qu’il y ait des mojitos et des langoustes sur le gril pas loin de mon spot sur la plage. Et qu’il y ait un trio de voix et de guitares qui me dit que c’est bien vrai tout ça. Que le feu est toujours vivant, que le soleil est là pour nous, que l’amour existe, que la vie est splendide dans mes yeux, et tout ces trucs qui sont habituellement beaucoup trop sucrés pour une journée si chaude.

la gâzette

In this post I told you about an email I got from Steve Faguy.

Well… It’s in! Go have a look for yourselves!

This stirs up a whole lot of funny feelings. First, I don’t write in English so much anymore. And really, there are no reasons for it. It just happened. Although I think it’s coming back to me. Second, my anonymity.

In the last few months, I’ve opened up more than I’ve ever have. And came to accept that whatever I do, whatever I’m going through, this blog has been and is, all that I really am. Nowhere else have I been able to think, feel, and really look at myself the way I have here.

My tracks are less and less covered. The way I see it, if I was able to put it here, or anywhere else on the net, I have to live up to it. Or down. And so, through some funny means, the children came to know about this blog. And it was a wonderful moment. Of understanding and acceptance and we had a very open conversation about personal feelings and emotions. And also, about perception…

I want to thank Steve for the way he introduced this blog, in the Gazette and on his blog. I am more than flattered and truly touched. It’s quite something to have another’s point of view on your own personal thought. And it could not have been done better.

Now Dave… I’m sorry to say, this is putting me in a state of over analyzing… Beware!