Pour S. (B.)

une longue caresse lente comme le miel qui coule
je me réveille d’une mort ensomeillée
je laisse la langueur s’attarder ne pas me quitter
mon coma m’a porté aux portes du rêve

comme le lendemain d’une journée sans repas
je suis affamée de ces (ses) mains qui se tendent
des ses (ces) mots qui me touchent
ma faim me fait mal tellement elle m’emplit

j’ouvre mes sens (jambes) et me laisse dévorer
par la douceur encombrée de violence de mon rêve
ma rivière de parfum en volutes s’envole
s’élève pour m’engloutir et je me laisse couler encore

je suis à la merci de ce dieu de chair
qui m’abandonne sur mes rives

déesse affamée
et orpheline

Merci Horizon 🙂

Pas de ceinture

Parce que quand tu crisses les breaks comme ça, à la dernière minute, je me retrouve la tête éclatée sur ton windshield.

T’as fait semblant de savoir ce que tu faisais.

160 km/h tout le long. Dans l’fond. Le toit baissé.

Pas attachée.

Parce que t’es même pas capable de de m’parler. T’es même pas capable me l’dire.

“Attache-toi. Faut que j’arrête. Maintenant. Pis débarque.”

Parce que t’as peur.

Ta peur, ton silence, ma mort.

Un gros trou

Toujours vide, jamais à moitié, comme le verre. On dompe dedans tout ce qui traine, tout ce que vous pensez que ça prend pour le remplir.

L’oreille tendue pour le bruit de l’impact, qui vient jamais, le silence qui prend autant de place que l’air dans le vide.

Des roches
De l’amour
D’la marde
Des fleurs

Mais des mots y en a jamais assez. Il y a de la place pour eux. Ils restent. Pas le reste, qui s’anihile dans son mouvement de chute vers le bas.

Plus de ménage à faire, c’est pas toujours propre. Mais je ne m’enfarge plus dans vos cochonneries. Je ne lève plus les bras pour me protéger de la pluie.

Je suis au fond, je regarde tomber, voler, flotter, caler, exploser tout ce qui vous semble bon à me foutre dedans. Et je souris.

Et j’attends les mots. Vos mots. Mes mots.

Climbing up the walls

je laisse un message
je donne de mes nouvelles
je lâche un cri
je compose le numéro de poste
français montreal xxxxxx xxxxxxxx
il n’y a pas de service au numéro que vous avez composé
désolé l’abonné que vous désirez rejoindre n’est pas…
le vide le vide bordel
y a rien plus rien
sauf moi qui grimpe aux murs
l’attente du mouvement dans les rideaux
l’oreille tendue, c’est la troisième marche qui craque
la chatte me regarde
crisse de folle

Quant à toi

Parce que j’y pense, on y pense tous.
Parce qu’on se pose de ces questions qui ne méritent pas de réponses.
Parce que partout les mots ne nous suffisent plus, ne nous définissent plus, ou à peine.

Il y a de ces moments où seul le silence peut tout expliquer.

QUANT À TOI

Quant à toi dépasse la tour,
Allonge la main au faîte de la tour
Et fais signe à ceux qui n’ont pas de vue au-dedans.

Fais ce silence et parle ces signes
Afin qu’on sache qu’il est des choses dans la tour
Que là-dedans vit quelque chose qu’on ne voit pas
Mais existe, une perle précieuse.
-Saint-Denys Garneau

Immobile, pour l’instant

la perfection, l’idéal, le summum. le top man. c’est moi des fois. dans des yeux. dans un sourire. dans une caresse. dans les mots qui me tombent dessus, venus de nulle part. ils m’arrivent, demandent rien, sont là. and then I fucking rule.

cinq minute plus tard, c’est la dèche. le ciel s’ouvre et m’innonde d’encre noire qui s’infiltre dans mes yeux mes oreilles mes narines ma bouche. c’est le dead end du dépotoire. les yeux, le sourire, la caresse, même les mots… sont tachés, sales. and then I write.

une seconde, immobile entre les deux, qui va décider du mouvement. et je la tiens entre mes doigts. et je l’écrase doucement. et je souffle dessus. et elle part en poussière.

Mal de mer

De quoi on parlait déjà? Ah oui, la tempête… Ben, elle s’est calmée tu vois. Calmée, c’est tout. On s’entend, ça a fait des ravages.

Il y a bien ce grondement sourd, un tremblement subtil, des eaux qui ne sont toujours pas descendues. Des relents d’électricité dans mes narines.

Je ne l’ai pas ignorée, je ne l’ai pas évitée la tempête. Elle m’a pèté en pleine face. Un peu tard pour tourner le dos… Et là il y avait un radeau qui passait, et après une chaloupe. Finalement j’ai attendu le paquebot. Fuck it.

Pendant que j’attendais (mais je l’savais pas que j’attendais) j’ai vu plein de gens assis sur le toit de leur maison. Certains ont arrêté d’espérer et se sont jetés à l’eau. D’autres ont pris le radeau, la chaloupe. J’espère qu’ils vont bien. D’ici, la vue est pas mal.

Je garde un oeil sur le large.

Building steam with a grain of salt

The moon rules the fluids
Including the inner juices of human beings
That which assimilates and feeds the body
So the crab feeds his astral plane
Assimilating and distributing all he receives
Slowly, until it becomes apart of you
-DJ Shadow…

Dans un cercle fermé, entourée d’ouvertures inaccessibles. “What does your soul look like?”. L’attraction de la lune, plus forte que ma volonté. J’ai l’âme cernée. Entrez par la sortie svp.

EXIT L’ampoule est brûlée. J’me laisse aller assimiler boire respirer. J’me laisse envahir par un drôle de feeling. C’est presque agréable.

Y est temps que ça bouge

ben non, ben oui, sort donc de ma tête, tu vas pas faire ça, ben oui j’te l’dis c’est vrai, ta gueule, non non j’te jure, crisse moi la paix, j’peux pu t’entendre, ça fait mal, ça fait du bien, ah oui, shit mets en, c’est ce soir, pis après ça va être quoi, ça fini jamais, oui ça s’essouffle, ben non, c’est juste le temps qui frotte sur ton cerveau, c’est ce soir, et demain soir et peut être plus jamais, et peut être à jamais.

ahahahah, c’est tu assez le temps que j’sorte de ma tête… un dialogue, c’est pas normal. même quand c’est un monologue, j’essaie de l’interrompre.

Sur le fil

ça aurait pu
ça failli
c’est encore là

sur le fil
trop à perdre
pas assez à gagner
tout à perdre

ça aurait pu
distance
ça failli
prudence
c’est encore là
contrôle

sur le fil
l’équilibre
le vide
la faim
trop à perdre
tout à perdre

c’est encore là
ça sera toujours là
tapi dans l’ombre
à attendre
pret à sauter
pret à tout faire sauter

le silence des souvenirs partagés