En cas de doute, Bruce Springsteen

Je me suis calmée un peu décidé de faire la recette de Mint Julep qui ne requiert pas moi en train de tordre des feuilles de menthe dans un coton fromage pendant 3 heures pour faire l’extrait de menthe maison. Par contre, premier objectif atteint, j’ai terminé mon filage! Ce qui va rendre le travail de la fin de semaine beaucoup plus agréable, alors que je pourrai écouter mes disques préférés dans un vrai système de son et non dans l’ordi, étape de plus dans l’installation définitive.

Aussi, j’ai maintenant une porte pour ma chambre! Ce qui est bien, reste que cette dernière est encore complètement ouverte sur le salon… Donc la porte est pas mal inutile tsé. Les portes françaises qui la sépareront du salon devraient arriver la semaine prochaine (doigts croisés, parce que franchement, un peu d’intimité ça serait vraiment apprécié).

J’aime vraiment cette nouvelle proximité de tout. Je gagne plus d’une heure par jour en étant ici. Je prends le temps de faire les choses, je me sens moins pressée par celui-çi. Les premières semaines commencent à ressembler à un mauvais souvenir. Je recommence même à rêver à mon voyage en France… Je pars quand même dans un peu moins de cinq semaines!

Photo de Bruce et moi en train d’admirer le travail (You ain’t a beauty, but hey you’re alright…):

Verdun Love [1]

Tout ce que je peux dire, à cette heure tardive, une grosse bière et deux bouteilles de vin plus tard, c’est merci @veromato. Merci Véro d’être venue à ma rescousse en quelque sorte.

Et aussi, franchement, les trois meilleurs albums des Stones c’est Beggars Banquet, Let it Bleed et Sticky Fingers, point (Véro, je sais que t’aimes Black and Blue, mais les Stones sans Mick Taylor, c’est juste pas pareil).

Ah, et il faisait vraiment bon ce soir sur la gallerie, pis fuck le bordel en dedans.

Hum, ok, j’ajouterais, Verdun et moi, c’est pour la vie.

 

Vie sociale = Épicerie

Il y avait une ligne interminable au comptoir de la charcuterie à l’épicerie. Une dame commandait des trucs pas possibles, genre une livre de proscuitto, 225 grammes de salami de genoa, 100 grammes de çi, de ça et QUATRE TRANCHES de baloney, avec un air de boeuf. Ensuite une petite madame avec une fabuleuse permanente bleachée au grand sourire qui prennait “deux piasses” de chaque viande en spécial, et “un peu de ton affaire aux tomates là, broukata?”, “Bruschetta?”, “Ouin, c’est ça, c’t’assez bon ça là!”. Pendant que j’attendais on a jasé un peu. Elle aime ça mettre un peu de fancy dans ses lunchs qu’elle m’a dit.

Mes bibliothèques sont montées… et vides. Mon plancher est tellement croche qu’elles forment un éventail, et elles penchent dangereusement vers l’avant. J’ai mis le sofa en avant pour l’instant et réfléchir à la logistique demain. Beaucoup de shims et de feutres I guess. Pas grave! Sont là, sont belles, et je vais bien trouver une solution pour les mettre bien droites et les rendre sécuritaires. Les livres seront toujours là quand elles seront prêtes!

Je n’ai pas bu une seule bière ni verre de vin ni rien depuis mon déménagement. Presqu’à chaque jour je me dis, ok, ce soir, c’est vrai, je décroche et j’en ouvre une. Et ça arrive jamais. Je ne trouve jamais que l’occasion est assez bonne, que les travaux ont assez avancés, que c’est le bon moment. Mais là, je commence à avoir sérieusement soif.

Entrainement Suédois

Un meuble télé, un meuble d’ordi, une chaise d’ordi, une table de chevet et trois surmeubles pour le mur de bibliothèques à venir demain. Monter des meubles Ikea avec ses enfants, c’est un plaisir et une occasion d’apprendre à les connaitre par le travail manuel et collectif. On a passé une belle journée à visser, monter, taper, sacrer, se chicaner, se réconcilier. J’ai de la misère à taper ceci tellement on a vissé.

Tantôt à l’épicerie la caissière me remet la monnaie sur un achat. Sur un billet de 5 dollars il est écrit “désolé pour tantôt”. J’ai trouvé ça beau. Je me suis dit que ça devrait m’inspirer ou quelque chose.

Demain, on monte cinq biblis, qui vont faire un mur complet de 10 pieds de large, et un peu moins de 9 pieds de haut. Vous dire comment j’ai hâte de remplir les tablettes…

Comme un petit coup de foudre

En sortant du métro après le travail, j’ai toujours le soleil dans la face. Il y avait un bon vent frais ce soir, et ça sentait la clôture de fer forgé fraîchement peinte et le souper en train de mijoter. Pour n’importe qui qui a grandi à Montréal, les odeurs de la rue à l’heure du souper sont des souvenirs olfactifs source de sourires et d’une vague mélancolie du temps où on lançait notre sac d’école sur les marches du voisin pour aller jouer au hockey, à la tague bbq ou aux voleurs de banque avec les chums jusqu’à ce que nos noms soient un à un annoncés à grands cris dans la ruelle.

Les mois les plus chauds ont fait sécher toutes les odeurs du printemps et n’annoncent rien encore de l’automne. Le temps est suspendu, arrêté, on vit enfin ces mois tant attendus sans trop s’en rendre compte. La ville est chaude, un peu sale, un peu frippée de la veille. Mais elle continue à nous offrir ce qu’on veut bien prendre.

Je suis rentrée chez moi, je n’ai même pas remarqué les boites, les sacs, les traces de peinture et de plâtre. Le soleil entrait dans la cuisine, des traces de vie enfin visibles un peu partout sur le comptoir, le divan, la salle de bain. J’ai un chez nous.

Où s’qu’on met les brakes pour mieux avancer

J’ai pris quelques jours de congés d’ici pour mieux revenir, j’espère.

La voiture est rendue au garage à deux coins de rues d’ici. Ça me coûtera un peu moins de 500$. Dire que depuis que j’habite ici je m’en étais servi une seule fois… Anyway. Légère prise de bec avec mon proprio lundi matin, qui se pointe à 7 heures, sans avertissement, pour finir la salle de bain. Tsé, je comprends, et oui c’était nécessaire. Mais à fucking 7 heures du mat? Sans me le dire? Ciboire. Je lui demande ce qu’il a de prévu comme travaux dans la journée, et il commence à m’énumérer des trucs de fou qui je sais ne seront pas terminés dans la journée, et qu’il aura à revenir ici à tous les soirs. Fuck it. Fuck that. No way.

Je lui dit écoute, je paye un loyer pour être chez nous là. Et je n’y suis pas. Je suis à bout, épuisée, je me sens complètement prise dans une situation qui ne me plait pas. Sur le coup il était un peu fâché. Mais il a fini par voir mon point. Il a vu mes yeux. Quand je suis revenue du boulot il était parti. Il n’est revenu que ce soir pour quelques minutes, très courtois, très gentil. Je pense qu’on se comprend maintenant. Ça a beau être son duplex, mon bail me donne certains droits, dont celui de jouir de mon câlisse d’esti de logement en paix.

Les enfants sont arrivés dimanche, ma fille pour quelques heures le temps de préparer sa chambre, qui est déjà envahie de livres. C’est super beau. Fiston à la maison, ça fait tellement de bien. On a regardé des trucs sur Youtube hier soir, il m’a joué de la guitare, on a jasé. Les minous ont déjà investi la place, heureux surtout, je crois, d’avoir retrouvé leur maitresse.

Il y a une sorte de vie qui s’installe finalement. J’ai cuisiné un repas ce soir, ENFIN! Juste de faire revenir des oignons et de l’ail dans l’huile d’olive ahhhh, ça sentait tellement bon.

J’ai pas perdu de vue le but premier de ce blogue et je vais y arriver, éventuellement. Je ne croyais juste pas que l’arrivée serait si longue et pénible. Ça m’a vidée de toute inspiration. J’ai perdu ma bonne humeur. Et malgré toutes mes bonnes intentions, il m’est difficile de rester positive. Mais j’y travaille, très très fort.

Là j’ai surtout besoin de calme, de gentillesse. Un peu de bonté et de douceur. Des bonnes nouvelles aussi, ça serait pas pire. Voir des amis. Faire autre chose que de chiâler et de stresser. Prendre le temps de vivre, juste un peu.

Empty nest (avec des meubles)

En arrivant du Ikea, comme j’allais me stationner à l’arrière pour décharger les boites, mon auto a rendu l’âme. Comme ça, sans avertissement, de travers dans la ruelle, elle s’est éteinte. De bons samaritains m’ont donné un coup de main, on l’a mis sur le neutre et on l’a collée tout près de la clôture. Je ne sais pas si j’ai le droit de rester là, j’espère que oui, au moins jusqu’à lundi.

Sur le coup j’étais pas mal boulversée. J’avais envie de me plaindre au peintre qui était ici, lui demander de l’aide. I hated myself for that. Mais finalement, c’est pas la fin du monde. C’est surtout les sous que ça va me coûter qui me fait chier.

Autrement, aujourd’hui, ce soir, j’ai une sorte de salon (merci peintre fiable et ultra compétent!), j’ai assemblé mon set de cuisine et fait du lavage. Ça commence à ressembler à une vie normale. Les enfants s’en viennent demain pour préparer leur chambre, et ils apportent les chats, qui se faisaient garder depuis deux semaines.

Ça va faire du bien avoir de la compagnie ici. De la compagnie tout court.

Contre-temps ou comment gérer sa colère sans arracher les yeux d’un tireur de joints

En arrivant mercredi soir, pas de gars de plâtre ici, alors qu’il devait tirer des joints mercredi et jeudi. Ce qui m’inquiète pour mon peintre qui commencer vendredi soir… Mon proprio me dit non non, ça va être correct.

Jeudi soir, le gars du plâtre est là. Il commence à se plaindre qu’il est fatigué… Quand il a vu mes yeux ça été fini. Il dit, je vais revenir demain soir (vendredi) pour terminer et vous pourrez sabler samedi matin.

En dedans de moi, une énorme vague de découragement a emporté le peu de raison qui me reste. Je lui dit, y a pas moyen de faire ça dans la même soirée? Il répond non non, hey là madame fâchez-vous pas, moé j’fais juste ma job, pis c’est de même.

Me fâcher? Hé boy. C’est certain que j’aurais pu exploser, lui arracher la tête avec des mots, mais à quoi bon? J’ai juste répondu ok et attendu qu’il parte pour pleurer un peu. Ensuite j’ai envoyé un courriel au peintre pour lui dire de ne pas se présenter ce soir mais seulement samedi. Et sur un coup de tête, parce que j’étais juste plus capable de rester ici et de regarder les murs orange patchés, mon frigo dans le salon et mon divan couvert de la même polytène que lors du déménagement , je suis partie vers le Ikea de Boucherville, 1 heure avant la fermeture.

J’avais dans la tête d’acheter la table et les chaises (oui, parce que je n’ai pas de table de cuisine depuis mon arrivée). En route vers le magasin, je me disais, j’ai besoin de réel, de quelque chose qui va m’aider à croire que tout ça va se terminer bientôt.

30 minutes avant la fermeture. J’ai ma feuille pour la table, que je dois ramasser à la sortie et je me dirige vers les chaises. Première surprise, les boites sont fucking GROSSES! Impossible d’en rentrer quatre avec la table dans mon auto. Bon, ok, pas de trouble, je me dis, j’en prend juste deux et je reviendrai plus tard. Je prend les housses, mais je vois que le numéro sur les boites de chaises n’est pas le bon, c’est pas la bonne couleur. Cours de haut en bas de l’allée, pas une maudite chaise de la bonne couleur. Ok. Je commence à stresser un peu, il est 20h45 et je dois payer avant d’aller récupérer la table à la sortie. Je vais voir un employé pour lui demander où sont les fameuses chaises. Il pitonne et me dit “On en a plus, on en attend le 14 juillet”.

Bon. Tsé, des fois, il ne faut pas s’acharner. J’ai regardé les lignes interminables aux caisses, mon panier avec les deux housses de chaises dedans et la foule toute aussi énervée que moi à sortir de là à l’heure. J’ai laissé mon panier en plein milieu de la place, me suis ramassé deux hot dogs en sortant et j’ai pris les petits chemins vers l’autoroute, la musique dans le fond, la fenêtre ouverte. Je me suis dit, c’est un signe man, c’est sûr. C’est CERTAIN.

En arrivant ici, le proprio était en train de peinturer la salle de bain. On a jasé un peu et il m’apprend qu’un ouvrier revient demain matin pour faire des corrections à la job. Des trucs dont il n’est pas satisfait. Mais, il me dit, il sera ici vers 10 heures. Ok. Ok ok ok. Je me couche, je lis un peu. Toujours pas de réponse de mon peintre pour confirmer qu’il sera ici samedi seulement…

Ce matin je me fait réveiller par l’ouvrier, qui buche dans la porte d’en arrière. Je regarde l’heure, il est 8 heures. Hey, tabarnak, sérieux là. Je vais lui ouvrir. Je regarde mes courriels, pas de réponse du peintre. Mauvais feeling. Je regarde sur kijiji, son annonce a disparue. Très mauvais feeling.

Je suis sortie sur le balcon en jaquette et je l’ai appelé. Ça sonne un coup. Deux coup. Trois coup. Là je le sais, je le sens, je vais devoir me passer de ses services, ça marchera pas, je suis juste pas dûe pour que les choses se passent bien, je vais être obligée de tout faire, les enfants pourront pas arriver dimanche, ça sera pas prêt, angoisse, peine, décou… Quatre coup et ça répond. Haa. On règle pour samedi matin.

Il est neuf heures. Je dois partir travailler bientôt. J’ai pas pris ma douche, j’ai pu de linge propre (ma laveuse est encore sur la galerie mais on la rentre ce soir), mais curieusement, ça va. Ça va aller. J’irai acheter ma table demain. Je commencerai la peinture toute seule ce soir. Mon peintre va être là demain matin. Tout est ok. Hier, c’était la dernière mauvaise journée.

On est tous une île [1]

En marchant tantôt une réalisation: les gens ici s’en crissent. Je pourrais prendre une marche en petite culotte ou avec des bigoudis sur la tête, personne en ferait de cas. Disons que c’est différent de La Prairie, où je me faisais regarder un peu de travers si j’avais le malheur d’aller au IGA pas maquillée ou sans soutien-gorge. T’as beau te dire que tu t’en fout, mais tsé, dans le fond, c’est pas vraiment vrai.

Je peux ignorer les gens, ou leur sourire et leur dire bonjour ici, ça leur va. Ils prennent ce qui passe, et moi de même. Je marche avec mes écouteurs, et des fois je suis si prise par la musique que je chante à haute voix. Ça me fait rire. Et personne s’en formalise. C’est définitivement libérateur.

La vie, la nuit, à Verdun, dans un rêve éveillé

J’étais en train de rêver que mon ex (qui était Stéphane Rousseau WTF) et moi habitions ensemble, mais que pendant qu’on chargeait le camion de déménagement pour s’envenir ici, il m’apprenait qu’il allait habiter ailleurs alors il faudrait décharger son stock en chemin. J’étais super fâchée (en plus je n’aime vraiment pas Stéphane Rousseau, alors la colère était superbe!) et il me tapait sur les nerfs car quand il parlait un drôle de chuintement sortait de sa bouche…

Le rêve a fini par se mêler au réveil, il faisait noir. Je regarde l’heure: 3h10. Mais le drôle de bruit est toujours présent. Je me réveille tranquillement, en écoutant. C’est peut-être un animal qui fouille dans la poubelle? Le bruit est trop doux pour ça, presque rythmé. Mais malgré tout très près de ma fenêtre. Mon coeur s’emballe un peu. Je suis quand même bien juste à deux mètres du trottoir et tout ce qui m’en sépare, c’est le moustiquaire.

Je prends mon courage à deux mains et je me lève. Je me dirige vers la porte d’entrée, vitrée, en me cachant derrière le mur. Je penche la tête pour regarder dehors. Et je vois la chose la plus extraordinaire que j’ai vu jusqu’à maintenant à Verdun. Un homme vide lentement, méthodiquement, ma poubelle dans un bac. Équipé d’une lampe frontale, il examine chaque petite chose qu’il en sort pour en déterminer sa valeur (à ses yeux) et la dépose dans le bac, le tout sans presqu’aucun bruit, doucement. Je l’ai regardé faire pendant quelques secondes. L’envie de sortir dehors et d’aller lui jaser ça me prend, mais en même temps ça me semble inopportun. J’ai peur de le déranger.

Je suis donc retournée dans mon lit, sans bruit, et me suis endormie au rythme de ses gestes.