Sens figuré

Écrit comme ça, c’est presque cute. De vive voix, ça se complique.

Avec un sourire en coin, ou le plus sérieusement du monde, ça reste incomplet. Il t’en manque des bouts. T’as pas tout saisi.

J’aime me faire acroire que je suis comme cette toile au mur, que tu découvres à chaque regard. Mais qui dans son ensemble t’échappe parce que trop pleine de tout ce que tu ne comprendras jamais.

Ça me peine parfois. C’est pas que je m’y applique. Y a pas de secret, pas de code mystérieux. Tout est sous vos yeux.

Mais peu importe tout ça. Ça fini toujours pareil.

Ils me disent tous “t’es une drôle de fille”.

Rosée en chair et en os

Si c’est pas magique! Si c’est pas beau! Comme si c’était assez, comme si chaque seconde se scindait et pesait le même poids dans la balance. J’ai pourtant appris que les heures, les jours, les semaines, ça peut venir tout dans un pain. Un gros moton d’étoiles ou de nuages. Mais les gouttes elles, ahhh, les gouttes! Une seule porte la couleur du jour, les reflets de la nuit et le poids du temps qui la fait s’accélérer.

Le temps. En manquer, en avoir trop, ne pas le voir passer, le regarder s’étirer. Ça goûte quelque chose de différent chaque fois. Et je bois, je bois toujours, je m’abreuve des quelques gouttes tombées, salées par le jour, par la nuit. Tant que j’aurai soif. Et puis un jour je laisserai les gouttes m’échapper, se coller ensemble et filer dans leur lit. Tsé, des fois, t’as juste plus envie de boire.

(à) peine perdue

Une destination voyage à éviter: l’ile Diego Garcia. Dont j’ai appris l’existence grâce à cette entrevue avec Noam Chomsky, suite à son “aventure” aux frontières d’Israël.

Le sang a coulé à Bangkok. Il coule toujours un peu partout.

BP et Barack qui nous bourrent. La vie qui meurt. La terre qui ne sera plus jamais la même à partir de maintenant.

Elle est d’ailleurs un ti peu en crisse et nous recrache un peu de sa rage en plein ciel dans le Nord.

On a perdu de vue nos frère de la perle des Antilles. Non. On a fermé les yeux sur nos frères.

Pendant qu’on se chicane et qu’on se pointe du doigt pour des 500$ partis dans les mauvaises poches, pour des contrats qui en plus de payer ces fantastiques steaks à La Queue de Cheval pour certains, mettent un peu de beurre sur la table des tout petits hommes bien loin en dessous de tout ça.

Pendant qu’on vit un mauvais flashback et qu’un illuminé prône la mort d’une femme au profit d’un orphelin pas encore né.

Pendant que ceux qui roulent à deux roues se font tuer parce qu’ils restent pas dans leur voie.

Pendant que ma vie s’accroche à la rambarde du dernier wagon et tente tant bien que mal de tenir bon.

On s’égare… Des perdus qui s’égarent c’est inquiétant.

Fri(ori)ture

On pourrait dire que c’est une renaissance. On pourrait. Mais c’est tellement moins que ça. Tellement moins que moi je dirais, c’est pas ça pantoute. J’pas morte, j’ai jamais mourru (mourru, mouru? me semble que deux r c’est mieux)!

Ce qui me scie, c’est les silences radio. Y a fuck all qui se passe en haut des fois. Je ne comprends pas. C’est fort probablement volontaire. Comme on sait que la frite qu’on s’enfonce dans la bouche va nous brûler la langue. Mais shit, elle est tellement belle, tellement appétissante. Alors on mord dedans. Et ça fait mal. C’est même pas bon. Ça valait pas la peine, et le reste du repas est scrap parce qu’asti que ça brûle.

L’analogie est déficiente peut-être? Pas tant que ça. Pas pour moi (ouais, bien sûr si je l’évoque c’est que j’y comprends de quoi, pfff). Ok, j’ai pas LU Debord. Mais je saisis. Le fond de la chose, c’est que je me brûle la langue pour pas goûter le repas. Souvent quand je réfléchi à mes bibittes, je me dis que de les connaître et de les comprendre c’est déjà un bon signe. Que je peux être une bonne fille si je m’y mets.

Mais de savoir que je m’impose la brûlure ne m’empêche pas de fuckin morrrrrdre dans la crisse de frite.

C’est lassant les analogies, en tout cas, dans le contexte là, on a compris?

Je tente une sorte de sevrage. Pas n’importe comment. Un sevrage des mes habitudes, de ma consommation. Les outils seront toujours là. Ma curiosité, je dois m’y faire, ne sera jamais satisfaite. Plus j’en sais, plus je veux en savoir. C’est pas la faute de Facebook, pas la faute de Twitter, pas la faute de mon reader. Je m’enlise dans une mer de merde en pleine connaissance de cause.

Je regarde la valeur que ces outils ont pour moi, ce qu’ils m’apportent, ce que je peux y contribuer aussi. Comme c’est là, j’ai atteint un mur. Je ne suis plus satisfaite de ce que j’en retire, et ce que j’y contribue ne vaut pas plus qu’un mièvre RT.

Arrêter d’écrire pendant près de deux ans n’a pas été un choix. Recommencer l’est. Me donner une chance d’apprécier ma tête, d’en prendre soin, de la nourrir en est presque pas un. Je ne me fais pas d’illusions. Il est simplement temps.

Les derniers grains de sable

On a pas qu’une chance mais on a pas tout notre temps. On a pas plus d’une vie à vivre. Et chaque minute passée l’est à jamais.

“Make it mean something”
“Mean what?”

Est-ce que chaque instant est maintenant condamné à l’excellence? Sommes-nous à ce point préoccupés par notre accomplissement en tant qu’être humain que la certitude et la droiture n’ont d’égal que la flamboyance d’une décision douteuse mais courageuse? Combien de temps peut-on surfer la vague sans jamais, jamais plonger?

Quand printemps rime avec froid, neige, feuilles mortes et fatigue

Dans le train en direction de mon nervous breakdown (bi? tri?) annuel, j’ai trouvé le moyen d’augmenter mon coefficient de stress et d’insatisfaction en me lançant à la course au template parfait. Après de longues soirées à fouiller le web je me suis enfin faite à l’idée que je ne trouverai jamais. J’opte donc pour ce qui aurait dû être ma première idée la simplicité et me débarrasse ainsi de toutes considérations esthétiques et ergonomiques.

Les prochains arrêts se définissent au fur et à mesure que ce qui doit être fait est fait. Les prochaines semaines sont un capharnaum de “faut faire”, “doit être organisé”, “semble mal parti”. Malgré tout j’entrevois l’avenir avec optimisme. La catastrophe éminente ne se produira pas, j’en fait le serment.

“Mets tes culottes ma grande, tu vas y arriver”

Not even loose grasp

I can’t remember. Just can’t remember at all. I close my eyes and inhale deeply, hoping the scents will stir something inside. I’m thinking, did this really happen? Reaching far down for any remnants, lingerings or ghosts anything at all that could testify to

Of. Google isn’t helping either. How could I let go of something so big, so important, so significant? How could I erase full pages, paragraphs that made me shiver clenched my throat rocked my body?

How could I? Live thinking this was the way, this was it. Then it eased itself into an undistinguishable blot on my canvas. It’s a fucking mess again. Layers to be stripped, coats to be shed. I can’t even let go long enough to concentrate on thinking about it. It’s as fleeting as anything I’ve ever had the chance to hold.

Don’t want it back. I just wish it never left. Just wish I never let it go.

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De par ma fenêtre

Si j’aimais les humains plus, j’aurais plus d’amies. Les gens passeraient devant ma fenêtre ce soir et nous entendraient rire fort parce qu’on s’est envoyé une couple de shooters de Goldschlager, rire fort en jouant à Rockband parce qu’on est cool. Et vers minuit on partirait aller boire dans un p’tit bar super cool, se faire draguer par des mecs vraiment cutes avec des coupes de cheveux et des lunettes cools, on les virerait de bord avec des phrases méprisantes, on se crierait dans les oreilles pour se dire des choses vraiment cools que seuls les amies proches et saoules se disent. On reviendrait chez nous finir le party, on prendrait des photos de nous dans des poses trop drôles pour mettre sur nos Facebook et montrer comment on a du fun et qu’on sait rire de nous-même.

Ma cocotte de 16 ans est en France, à Guérande, à se taper un trip d’échange culturel débile qui me coûte la peau des fesses. Mais c’est sans jamais douter une seconde que son père et moi avons donné notre accord. Juste, tsé, des beurrées de beurre de pinottes pendant un tit bout. Enfin, moi. Pas lui. Lui part avec notre fils pour Cuba demain.

Pendant que tout le monde se tape des cassoulets et des fucking mojitos, moi je bosse. Je roule à 100 à l’heure. Je frappe des murs, c’est inévitable. Des plus durs que ce à quoi je m’attendais. Je n’ai pas toujours la force, je ne prend pas toujours les bonnes décisions. Je ne sais pas toujours où j’m’en vas.

Je dois déménager le 1er juillet. Dormir dans le salon 2 semaines sur 4, j’en ai plein le cul. J’ai pas d’intimité, pas d’espace personnel. Le sofa lit n’est plus utilisable, je dois dormir direct sur le sofa, les jambes un peu pliées, et mon dos me rappelle à chaque matin que vraiment, il est temps de partir d’ici. Mais ça m’angoisse. Chercher, appeler, visiter, signer des papiers, tout ça me donne la nausée. Je dois prendre rendez-vous à la banque pour régler des trucs et ça m’angoisse aussi. Les responsabilités que j’avais si innocemment déléguées à mon ex semblent me péter dans la face une après l’autre, comme pour me narguer. Pour me dire que finalement, comme je l’ai toujours pensé, je suis une bonne à rien. Parle fort, joue fort, travaille fort, mais tout ça pour cacher mon inaptitude profonde à me conformer à la vie adulte responsable et droite que je devrais mener.

J’ai pas envie d’un sugar daddy, pas envie de remettre ma vie entre les mains d’un autre homme. Je veux juste plus avoir à dealer avec tout ça. Les comptes, les assurances, les obligations, le loyer, le souper, la vaisselle, le ménage, la marde 24 heures sur 24 sans fin. Me couche le soir brûlée, me lève aussi fatiguée que la veille pourquoi? Pour en faire une autre, exactement pareil. Et tout mon environnement me tire le jus, et des fois, j’ai juste envie de m’assoir et de regarder tout ça s’éffondrer, en rire, pis crisser mon camp.

Je ne suis pas spéciale, ni plus à plaindre qu’une autre. Mais que ce soit ça la vie, c’est ce qui m’écoeure le plus. De ne pas avoir d’alternative, de toujours DEVOIR. C’est pour eux que je fais ça, pour mes deux amours. Jamais je ne pourrais continuer si ce n’était pas pour eux. J’aimerais juste des fois un petit break. Le droit de disparaître, le droit de me reposer, le droit de m’appitoyer, le droit de ne pas devoir.

The well for dummies

C’est surement qu’on se dit que c’est mieux que rien. Qu’on vaut juste ça, et pas plus. Parce que dans des moments comme ça, on se dit, comment mesurer notre valeur autrement qu’avec le regard des autres? Le regard, les égards. Le respect qu’il faut gagner à chaque jour, sans quoi, arriver avec un déficit face au jour nous met devant une côte d’autant plus insurmontable qu’on n’était même pas supposé sortir de la maison cette journée là. La tête entre les mains, les papiers épars, la lumière du répondeur qui clignote, les courriels sans réponses, les courriels, les courriels, l

Et puis après trois Robax Platine plus rien nous importe. Ou le curieux mélange orange framboise rhum. La migraine du matin partie. L’air bête des 20 personnes à qui on a souri tenu la porte retenu l’ascenseur dit merci salutbonjourpardonexcusez-moidésolée

Invisible parce qu’ignorée, même pas juste ordinaire. C’est peut-être la mèche de cheveux blancs les 15 ans de plus les 30 livres de plus les rides de plus. Avec tous ces plus comment ne pas être assez? Comment autant d’amour ne pourrait pas soulager, réconforter, guérir, ressusciter? Comment tout ce qui sort de ces yeux, en direct des explosions atomiques enclenchées par le parfum de ta peau ne pourrait pas convaincre que tout est possible, tout est bien, tout est bon dans ce regard je voudrais y vivre et mourir et me faire aimer comme ça sans jamais que ça s’arrête c’est ça la vie éternelle.

Il y a un puits et on y puise sans cesse. Je n’ai pas peur qu’il se vide. J’ai peur qu’il n’y ait pas de fond.