Switch the night

Isn’t this what you wanted? Weren’t you on the path to grab the prize, the cup, the fucking Holy Grail of contentment?

To slowly swim through hazy mornings and bloom in the bright nights where freedom embraces selective memory.

Imbalance only lightened your step  as you covered your wavering with invisible music.

Oh but to get that rush back, when your hair stuck to the brick wall as everything disapeared but the light reflecting on your belt buckle, the light under which you got hooked to the fire lit by his fingers.

As the haze solidifies, as the nights darken, the music you realize was your own heart beating to a symphony of panic.

The path, as always, is there only to support your steps, never to guide them.

As you thread on I want you to remember. You can still dance, you can still catch fire.

I want to remember.

À l’abri du froid

I miss New York.

Je veux un p’tit studio au troisième. Un deli au coin. Un café, une boutique de livres usagés, un vélo avec un panier en avant, un parc, un lavoir.

Les voisins nous souriaient à tous les matins. Le monsieur du deli nous envoyait la main par la vitrine.

Je veux un Times qui pèse 5 livres le dimanche, un puits de lumière, une vieille voisine perchée à sa fenêtre.

On avait soupé au viet pour 20 piasses, pris un dessert italien pour 30. Ça sentait le container et l’Armani.

Je veux y retourner. Et y rester.

Physical Graffiti on St-Mark's Place

Se souvenir

“La fiction doit adhérer aux faits, et plus vrais sont les faits, meilleure est la fiction – c’est ce que l’on nous dit.”
“C’était l’instant entre chien et loup où les couleurs s’exaspèrent, où les violets et les ors enflamment, comme les battement d’un coeur impresionnable, les carreaux des fenêtres.”
-Une chambre à soi, Virginia Woolf

“We want to speculate upon its meaning based on something more concrete. And so we decide to transport ourselves to the other side of the screen. It’s not that difficult once we make up our mind. All we have to do is separate from the flesh, leave all substance behind, and allow ourselves to become a conceptual point of view of mass.”
-After Dark, Haruki Murakami

Ou la fois qu’on était vingt cinq à dévaler la côte Melançon, en criant, en courant après vingt cinq autres morveux à qui on voulait casser la gueule. Ou la fois où je lui ait dit “écoute, j’ai jamais fait ça, mais j’aimerais bien que tu me montres”. Ou encore quand j’ai retenu mes larmes en ouvrant le seul et unique cadeau que j’ai reçu ce Noël là, ou celui où mes larmes ont fusées parce que je savais que c’était le dernier cadeau qu’elle me faisait, que c’était son héritage dans une petite boîte en vitrail qu’elle me tendait.

À chaque souvenir je dois me demander, quelle est la proportion du rêve, de l’anectode, quelle place la vérité s’est-elle taillée dans ma mémoire. Quelles images ai-je remplacées, effacées, inventées, photoshoppées. Et ces phrases cent fois répétées, empreintes de détails trop vrais pour faire faux, trop durs, mais toujours crédibles. Je me dis parfois que ceux au ciel sont là pour moi, sont là pour veiller à ce que je n’invente plus pour mieux dormir.

De tous ces extraits, ceux qui marquent encore mon corps sont nés de la vérité. Obligatoirement vrais, à un moment ou l’autre, peut importe le chemin emprunté pour se rendre à leur destinataire, ma mémoire. Des évidences vous dites. Mais la main sur ma gorge, les cris dans mes oreilles, le coeur qui bat. Mais le frisson entre mes cuisses, le souffle court, des assauts à mon âme. J’ai aurai vécu assez pour cent ans, j’en vivrai pour cent autres.

Dagger

…And so I hear I have to write, so I’m told I have to write, so I tell myself I have to write.

…I think some things are best written. Some things should not be lived or said.

…But layed somewhere they can make sense and translate into a reality that one can handle.

…I’ve lived without Words for too long.

…I’ve lived things that should’ve been written.

…I’ve said too much.

…I’ve forgotten how deep my waters run.

…Having to breath was a good reminder.

The world is full of noise yeah
I hear it all the time
You know I am your dagger
You know I am your wound
I thought I heard you whisper
It happens all the time
I thought I heard you whisper
It happens all the time
-Dagger by Slowdive

[youtube=http://www.youtube.com/watch?v=CczmMDvQDa0&hl=en&fs=1]

Fall dance

Will the leaves be ruffled, will they move, shuffle, be ruffled, really? Will I lay my eyes on the faint traces of their dance, or find the same old pile of shit, not dispersed, not shuffled, but solidly piled and waiting for a stray step? I, of all the unlikely awake, should no longer stray. Should, but under derision and disapproval, will.

Nouvelle ignorée, éditée, acceptée, refusée

Ignorée par la personne qui l’avait commandée, éditée avec une âme généreuse, acceptée par Mr B pour le Moebius et refusée par l’éditeur. I now lay it down to rest.

“Break me” she said. “Break me, break me. And when it’s done, when it’s all over, you can put the pieces back together however you want to.”

But like a jigsaw puzzle, her pieces were meant to only fit one way.

“You can make me, invent me, create me. I’ll belong to you and only you. You’ll hold the secret. My cracks, my flaws only reminders that I was born from your hands.”

Damaged goods, that’s how I saw it. Unfortunately, I had already broken her. Her cracks and flaws only reminders of what she was made of.

Worth breaking.

« Brise-moi » qu’elle me demandait, sans cesse. « Brise-moi, brise-moi. Et quand tu en auras fini, prends les pièces et recolle-les comme bon te semble, comme il te plaira ».

Elle était comme un casse-tête. Il n’y eut qu’une seule façon de remettre ses pièces ensemble.

« Tu peux me créer, m’inventer, me mettre au monde. Je t’appartiendrai, à toi seul. Tu seras le gardien de mon secret et mes failles et mes faiblesses ne seront que le témoignage de ma naissance entre tes mains. »

En la regardant, je ne voyais rien d’autre : une marchandise endommagée. Malheureusement, je l’avais déjà brisée. Ses failles, ses faiblesses, n’étaient en fait que le témoignage de ce qu’elle était.

Bonne à briser.

Il était encore tôt. L’absence de voitures m’évoqua brièvement Pyongyang. Dans quelques heures, les hatchbacks et les mini fourgonnettes allaient reprendre d’assaut les huit voies de cette autoroute. Un vide lourd, sans issue, sans espoir de changement. Nous roulions vers cet endroit qu’elle avait choisi, pas du tout au hasard. Un creux, un fossé entre les rubans d’asphalte, qui lui redonnerait la vie.

Il était encore tôt. Et tout était rose, comme si le soleil avait mis des lunettes. J’eu l’envie de lui demander… De lui demander si le rose ne lui donnait pas envie de changer d’idée. Si le rose ne la réconfortait pas un peu, comme il le ferait pour une petite fille. Mais le rose ne toucha jamais ses yeux.

Il était encore tôt. Elle fixait tout droit devant, le souffle court, des perles de transpiration se formant sur sa lèvre supérieure, le bout de sa langue accrochant au passage les plus aventureuses. Le rose m’avait déjà envahi et les kilomètres fuyants me rapprochaient de plus en plus de la réalité.

Qu’elle ait vu en moi l’outil qui allait finalement, croyait-elle, la réparer, ne me sembla même pas étrange. Ce midi-là, assis tous les deux sur le lit des parents, elle me confia ma tâche. Après tout, c’était le même sang qui l’avait rendue défectueuse. Maintenant qu’il ne restait que nous deux, il était temps de rétablir l’équilibre.

Je pris la chose avec désinvolture. Chaque jour, je la rassurais de mes bonnes intentions. De ma détermination à accomplir sa volonté. Et sans relâche elle me talonnait. « Brise-moi ». Un jour elle arriva munie d’une carte routière, déjà habillée pour partir, son sac balançant à l’épaule, son visage rouge d’anticipation et de détermination. Elle me tendit les clés de la voiture.

« C’est là, c’est là, c’est LÀ! »

Je ne veux pas que ce soit là, je veux continuer à rouler, continuer à avancer la tête baissée, les yeux fermés, le cœur paralysé. C’est pas lui qui est ici dans l’auto avec toi, c’est moi, c’est moi qui t’aime, qui… t’a jamais protégée, jamais consolée, jamais défendue… c’est moi qui dans le noir écoutais en faisant semblant de rien entendre, sentant votre odeur monter et envahir l’air et se rendre directement entre mes jambes, moi qui parfois se voyait à sa place, regardant ton visage et capturant ton âme et déversant mon amour.

Notre vieux Buick familial à peine immobilisé, je l’ai regardé descendre, ma petite sœur, mon amour. Elle courait vers le trou qui nous briserait tout les deux.

Je veux ravoir mon jardin

Alors c’est ça? C’est comme ça? Toujours et encore, ok, go, c’est beau, non, ça fait trop mal, ça doit finir et puis on rembarque et c’est si bon et le soleil brille bordel, comment ça pourrait aller mal quand je plisse des yeux en plein jour? C’est pas que des reflets, mes doigts passent au travers mais je les sens, c’est plus, mon spleen, mon sixième sens, ma baise d’enfer, mes larmes, mes larmes, mes larmes. Un jardin secret plus qu’abandonné, vague et vierge à nouveau sous les cadavres des liens, des lianes, des tiges, des branches et j’ai tout laissé mourir avec à peine un regard. On arrive toujours au même choix qu’il soit mort ou moribond ou whatever. On dit, alors c’est ça? C’est comme ça? Toujours et encore, des graines à planter, des pousses à arroser, mais malgré tout le soleil qui s’évertue à faire sortir le meilleur de nous, une plante vénéneuse, mangeuse de chair morte pousse, pousse, pousse et quand mon doigt touchera son coeur pour voir comment il est mou mon sang ira rejoindre celui des autres et la coulée suivra le chemin creusé par ses flots.

Mixtapes

Vous vous rappellez des tapes qu’on se faisait? Un mix tape pour toute occasion! On était en amour, hop, une cassette, en peine d’amour, hop, une cassette. On en faisait pour nos amis, nos amis nous en faisait… Le dernier tape que j’ai fait c’était pour les funérailles de ma mère, en 2000. J’avais réservé au salon une belle salle avec le ciel peint au plafond, retenu les services d’un aumonier pour s’éviter le service à l’église tout en respectant les gens un peu plus straights. Au fond de la salle, un vinier. Un vieil album à pages noires, où j’avais placé avec des coins à coller ses plus belles photos, souriante, vivante, heureuse. Et puis, pendant la journée, la cassette qui jouait en sourdine, en boucle. Au crayon argent, sur la dernière page de l’album, ceci:

Sa musique, pour moi
Suzanne, Leonard Cohen
Wonderful Tonight, Eric Clapton
I grieve, Peter Gabriel
En pleine Face, Harmonium
Who wants to Live Forever, Queen
Angel, Sarah Mclachlan
The long and winding road, The Beatles
Helpless, Neil Young
God Bless the Child, Billie Holiday

Ma musique, pour elle
Where is my mind, The Pixies
Bad luck Blue eyes, The Black Crowes
Standing around crying, Muddy Waters
Summertime, Janice Joplin
Crazy, Patsy Cline
My Love, Paul Mc Cartney
That’s the way, Led Zeppelin
Wish you were here, Pink Floyd
Hallelujah, Leonard Cohen

En boucle, en boucle, en boucle. Et tout le monde remarquait la musique, tout le monde avait un petit moment, les yeux fermés. Évidemment, chaque toune avait, pour elle ou pour moi, une signification particulière. Mais ça semblait aller les rejoindre, chacun sur une toune différente.

Et c’est la beauté des tapes… Tu peux graver autant de cd que tu veux, ce ne sera jamais vraiment pareil… Sauf que dernièrement je me suis mise à écouter les mix tapes offerts par Kitsune Noir. Un titre pour le mix, une mise en situation, pourquoi, comment, ce que ça signifie pour lui, etc. Un pur plaisir de découvertes, une générosité qu’on retrouve plus vraiment nulle part. Allez faire un tour…

EDIT: bon ça fait exprès, le site est down… donnez-lui un peu de temps, ça devrait se rétablir.
EDIT2: yay! back online!

Encore un peu partie

Ok… Le retour aura été un peu plus dur que prévu. Mais voilà, les valises sont défaites, les enfants partis, les minous revenus.

Je devrais, je sais, je devrais faire un beau compte rendu de ce voyage dont je rêvais, dont je parlais sans cesse. Ça va venir. J’arrive à peine à réaliser que c’est terminé. Que ce moment est déjà passé. Depuis samedi soir je regarde les photos. Je suis tout de même heureuse d’être chez moi. Si ce n’est que pour enfin voir mon chum dans quelques jours.

Pendant le trajet en train j’ai beaucoup réfléchi, et beaucoup écrit (mettons que j’ai eu le temps… 11 heures aller et 11 heures revenir). Je suis fière de moi, fière du chemin que j’ai parcouru depuis ma séparation, fière de la façon dont j’élève mes enfants. Aussi je suis maintenant convaincue que la nouvelle route sur laquelle je m’aventure en ce moment est la bonne. Je n’ai aucune raison d’être malheureuse, j’ai tout en main pour changer les choses qui m’écoeurent présentement et la seule façon de m’en sortir, c’est de faire des efforts.

Je me suis laissé aller autant physiquement que psychologiquement, me suis laissé glisser sur la pente des peurs, des épreuves, des peines. Me suis engouffrée dans une dépendance affective malsaine, me permettant ainsi de fuir mes vraies émotions. Mais j’ai aussi progressé, j’ai lâché prise sur mon passé, ouvert mon coeur à l’amour et l’amitié, relâché mes défenses futiles.

Et d’écrire comme ça, en toute liberté, dans word et sur papier, m’a aussi un peu réconcillée avec les mots qui sont en moi. Je peux écrire, je sais écrire. Mais pardessus tout, j’aime écrire. Et je n’ai pas à tout publier, tout montrer, pour m’en convaincre. Je n’ai pas de manuscrit, pas d’ambition littéraire, pas de plan ni de rêve d’être publiée. Tout ce que j’avais besoin de savoir, c’est si j’étais capable encore d’aimer ça. Et c’est le cas.

Sur le chemin du retour j’écoutais Man of constant sorrow en regardant le paysage défiler. C’est un cliché énorme, mais un que je n’avais jamais vécu et qui m’a pris au trippes. Les vieux shacks, les pick ups tout rouillés, les lacs et les montagnes. Et les pêcheurs ont peut-être vu mon sourire par la fenêtre. Je me rappelle encore mon reflet, comment il a vraiment touché mes yeux. Et c’est mon plus beau souvenir de voyage.