Éclipse au large

Le dernier devra durer et durer. J’ai tenté d’en garder l’odeur, mais ma nuit blanche aura tout effacé.

Jusqu’au matin, jusqu’au bruit du vent que j’ai voulu entendre au bout du fil. Le vent du sud, celui qui devait emporter les épines tombées des rêves, les parfums marins maudits, les chuchotements d’ailleurs.

Une nuit raz-de-marée, une nuit tsunami, l’île m’hébergeant ne m’ayant fait aucune promesse. Des chaleurs de la honte aux froids de la peur sur mon île, sur mon île j’y suis passée.

Et l’accalmie ne viendra que du vent qu j’ai voulu entendre. Je veux du vent sur ma peau, du vent dans mes cheveux, du vent dans mes cauchemards.

Le dernier, des braises que je croyais éteintes, est né à nouveau au bout du fil. Le dernier durera.

Mais il me manque déjà.

Devant derrière

Des tempêtes du haut d’un totem jamais baptisé. Des ravins s’ouvrant dans le silence d’un lendemain de nuit mouvementée.

Il n’y a que le vide sous mes doigts, que le vide entre sites point com. Toutes ces averses de rires et de promesses, séchées aussitôt qu’elles touchent le sol.

Devant, derrière, toujours les mêmes empreintes. Le passé pourchasse les rêves et la source alimentée d’idéaux hallucinés quand le coeur criait famine.

La bouche remplie que par gourmandise, les mets les plus délicats ne sont que vulgaires amuse-gueules graisseux dont on s’empiffre par peur d’en manquer.

Et si mon plat était vide? Et si plus rien ne mijotait sur le feu?

Devant, derrière, toujours les mêmes mains qui se tendent, toujours les mêmes doigts sales qui quémandent.

Et le pied dans la porte, la bonne volonté fait tout son possible pour me brouiller la vue sur la nuit noire des envies et des peines.

Devant, derrière, toujours les mêmes histoires, les imparfaits ne vaincront pas, les beautés innaccessibles restent des blessures dont la douleur ne s’éteint jamais malgré les nuits mouillés et chaudes.

Je suis devant. Je suis derrière. Tout autour. Et dedans. Un refuge, un ring. Une vie.

A.M.

Ce sera ce sera ce sera. Tout peut être. Et les mots les idées se bousculent, parce que j’arrive pas à me convaincre de rien. Ce dimanche, comme tous les autres, aura été pénible. Et de plus en plus je me rapproche de cette blessure que je m’applique depuis des mois à ignorer. Des mois, des années. La première chose qui me soit passée par la tête quand je l’ai vu pour la première fois, c’est “c’est l’homme de ma vie”. Et la perte de ce rêve, la constatation que c’était juste ça, que ça c’est juste éteint avec le temps, la vie, l’argent, les jobs, les enfants. Bien sûr qu’il me manque. Bien sûr que ça me fait chier de savoir qu’il y en a une autre qui se promène en bobettes dans la cuisine que j’ai dessinée, qui met ses fesses sur le sofa où tant de moments ont vécus, qui couche dans le même lit qu’on arrivait plus à partager depuis si longtemps. Bien sûr. Que son sourire n’a pas changé, qu’il boit moins, que ça sent toujours bon quand je vais reconduire les enfants à l’heure du souper, qu’on rit encore des mêmes choses, qu’on a pas toujours à compléter nos phrases pour se comprendre.

Mais. Bien sûr que je n’ai pas oublié les nuits blanches, les caresses refusées, la solitude, les corridors tordus pour se rendre à son coeur. Où je me suis perdue. Je ne veux pas revenir en arrière, je n’ai même pas à le répéter pour m’en convaincre. Au contraire, tout ce que je veux c’est avancer. Mais y a ce passé qui me tire par la manche. Que me chiâle après. Qui me dit, hey la grande, t’oublie quelque chose là. Ma relation, ma famille, me définissait. Je ne veux pas redevenir qui j’étais, je ne savais pas qui j’étais. Pas plus qu’aujourd’hui d’ailleurs. Je ne suis encore qu’une survivante affamée.

Je n’en peux plus de vivre de souvenirs. Je me fait taper sur la gueule continuellement. Oublie pas ça, oublie pas d’où tu viens. Oublie pas ça, oublie pas ce que t’as vécu. Mais y a personne qui me force, c’est ce qui est dur à prendre. Je sais que c’est moi qui se joue le foutu film en boucle. J’ai rien ni personne à blâmer. La vie ne me force pas à retourner en arrière, au contraire, elle me pousse dans le derrière et je suis sans cesse tiraillée entre avancer, staller, reculer.

J’imagine qu’il me reste encore beaucoup de colère, de peine, d’incompréhension à dealer avec. Je tâte dans le tas, pour trouver un début.

Lendemain

Qu’autour d’une table se retrouvent d’autres rêves. Que dans la pénombre l’on décèle le mensonge. Le troisième invité. Et dans la ferveur des actes de défense se cache la force des vérités honteuses. Les entrées servies à la chandelle, avant-goût des coups à éviter. Nos ustensiles des cuillères trouées et des couteaux émoussés. On se met au lit avec la mort à tous les soirs et on ferme les yeux en se disant que demain, demain…

Mais demain, le lavabo est plein. Demain on gratte la cire de notre nappe préférée. On part une brasse avec beaucoup, beaucoup d’eau de javel.

Classic Rot

S’pas façile, pas pleurer en écoutant Racing in the streets

Qui sort des speakers de mon système de son Denon acheté hier

En mangeant un demi litre de Cherry Garcia

Après avoir jasé avec ma tante qui aura 92 ans en mai

Qui me parle toujours de ma mère

Après avoir forcé pendant deux jours à monter un buffet pour ma salle à manger

Je sens la lotion pour le corps au citron et à la lavande

Qui venait dans un emballage magique

J’ai une grosse bouchée pognée dans la gorge

Retail therapy does not always work

The ground covered

C’était le dernier froid. La dernière journée trop emmitouflée. Je laisse les couches tomber, éparses, je les laisse me quitter sans un mot, sans un bruit. Je peux imaginer que l’air soulevé lancerait un cri s’il le pouvait. Que de tremblements dans l’atterissage forcé d’une cape en mal d’héro. Ou d’héroine.

Il y aura, puisque le passé ne conjugue plus mes matins, il y aura.

Non je ne me tais pas.

I just need to have some fun, remember? That’s what you said.

There was a little fuck you in my step, there was a little fuck you in my grin.

And it all made sad sense.

How weight can be worn in so many different ways.

Layers upon layers, the ground covered and still I walk, because that’s all I am built to do.

Fuck baby steps. I’m walking in strides.

I’m walking, I’m walking, I’m back.

Si l’eau

Fatiguée, fatiguée, comme toutes les bonnes raisons, entassées les unes sur les autres dans le fond du garde-robe, le poids d’excuses et de justifications et de rêves fait trembler et s’effondrer les supports. Comme il n’existe plus rien, que la raison est ensevelie et suffoque, comme il fait noir, que mes doigts frappent le mur sans arrêt à chaque tentative de retrouver le nord, surtout. C’est un grand paragraphe qui n’a rien retenu, que la folie de l’absence de vigules, que l’essouflement du manque de points. C’étaient des mots, c’était vrai, mais les reliefs usés d’être frôlés, comme des sous noirs, sur lesquels on ose pas s’attarder. Et déboule le temps et ses significations boîteuses, ses promesses sans scrupules brisées et ses parties sans cesse gagnées contre nous. Rien, plus rien du tout. Que des fils, si minces qu’on plisse des yeux, qu’on se convainc de les voir, si brillants et forts qu’ils étaient. Dans un étang je suis née, dans un étang je vis toujours. La vie qui m’entourre suit son cycle, de lumière et d’ombre, de souffle et pierre, de départs et d’arrivées. D’arrivées et de départs. Sous mes pieds l’eau. Et le noir. Et l’enclos. Qui s’écroule.

I am a swan

pink floyd – atom heart mother – 02 – if.mp3
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If (Waters) 4:30If I were a swan, I’d be gone.
If I were a train, I’d be late.
And if I were a good man,
I’d talk with you
More often than I do.

If I were to sleep, I could dream.
If I were afraid, I could hide.
If I go insane, please don’t put
Your wires in my brain.

If I were the moon, I’d be cool.
If I were a book, I would bend for you.
If I were a good man, I’d understand
The spaces between friends.

If I were alone, I would cry.
And if I were with you, I’d be home and dry.
And if I go insane,
And they lock me away,
Will you still let me join in the game?

If I were a swan, I’d be gone.
If I were a train, I’d be late again.
If I were a good man,
I’d talk with you
More often than I do.

Down the stairs

Another one another one another one

I can’t

Break

Unless mine is broken as well

Unless mine is

Not involved

Nothing to recover from

But a sweet a warm a loving

Moment embrace more never to be

The rush of the stumble

Has no equal