Fin de saison

Aussi simple que ça. Comme je le mentionnais à Doodle en commentaire, c’est la coupure entre la vie et l’évasion. Plus de porte de sortie, plus d’échappatoire, la vie m’attend de pied ferme. Cet été j’ai appris à vraiment aimer faire de la voile, à affronter, mais me soumettre à, la force des éléments. Des vents de 50 noeuds même une fois! Des vagues, partout partout. En dedans et en dehors.

Si vous me permettez, je vais rester à bord encore un peu.

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Il y avait même un livre dont on s'arrachait les exemplaires

Passé la journée les deux pieds bien ancrés dans la réalité, cours de violoncelle de l’une, game de cosom de l’autre, fête chez la belle-famille, des courses entre tout ça. Tsé? Klow klow klow, toute la journée. Ça rentrait tight. Mon objectif à atteindre étant d’être présente au lancement. Tout court. Pas à temps, pas en avance, pas trop en retard. Juste, d’y être.

Je ne cours pas les trucs du genre.  La faune qui les fréquente m’effraie autant qu’elle me rebute. Mais là, c’était pas pareil. Me v’la, fuck it.

Je cherche les mots pour en parler depuis. Vous avez été quelques uns à le faire déjà. Et puis je me dit, qu’est-ce que je pourrais ajouter anyway? On s’est tout dit, en mots et en étreintes. Mais cette soirée-là mérite mon effort, mérite encore plus de mots, si ce n’est que pour ne pas l’oublier. Non c’est pas ça. C’est pour vous dire merci.

Merci à Sandra et ses lumières dans les yeux et sa tendre sincérité qui m’a touchée. D’une douceur… Merci de m’avoir invitée, merci de tes mots dits et écrits. Tous étaient aux petits soins pour toi. Ne doute jamais de leur amour. Il est fort, et te rend d’autant plus belle.

Tout autour gravitait les astres dont les scintillements m’inspirent et m’attirent depuis longtemps déjà. J’étais dans l’orbite magique de la tribu.

Christian, chaleureux, dont le sourire a atteint sa courbe maximale à l’arrivée d’Emcée, toute belle et tranquille. L’amour que tu portes à tes amis, dans tes yeux, c’était vraiment beau. J’ai été heureuse de te faire l’accolade et d’être accueillie si gentiment.

Helena Blue! Blue, my my, ce que tu sentais bon! Et si belle. Aussi belle que tes mots! Merci pour ton sourire, ta simplicité, ta douceur.

Stéphane. Osti. J’ai beaucoup parlé, mais j’ai entendu. J’aurais gagné à me la fermer et plus écouter sans aucun doute. Dans ce que j’ai dit par contre, tout était vrai. Ce fut un réel plaisir d’enfin te rencontrer.

J’ai parlé beaucoup. Parlé trop, trop fort, trop vite. Dis n’importe quoi. Et puis Frédéric m’a dit “Arrête donc de t’excuser, d’être aussi angoissée. On ne te jugera pas!” Faque, merci Frédéric, parce que franchement ça aurait pu être un souvenir gênant à la place d’une belle soirée.

Nancy, damn, ton sourire m’a donné envie d’être ton amie pour la vie. J’avais l’impression de te bousculer avec mes gros sabots de névrosée, et en même temps je voulais rester tout près, où c’était rempli de toi, de ton calme et ta gentillesse. Et de scotch…

J’aurai trouvé un comparse pour chialer, sacrer, se plaindre de tout et de rien sans conséquence en Guillaume, crissement pétillant et juste trop sympathique. Merci d’avoir été toi, franchement, on est fait pour s’entendre. Et non, t’es pas normal. Autrement tu ne serais pas Gomeux and who wants that?

À tous ceux avec qui j’ai eu le plaisir d’échanger, après qui j’ai un peu crié par la tête, envers qui j’ai peut-être manqué de délicatesse ou écrasé le pied par inadvertance en allant fumer une énième cigarette, je vous dis merci aussi. Samuel, Yvan, Venise, Flash Gordon entre autres. Et un qui n’y était pas, à sa santé nous avons bu…

Et comme je termine ce billet, je vois que Christian a mis en ligne un montage photo de la soirée. Il y avait une ambiance magique samedi soir. Un lancement de fils d’argent vers le ciel emboucané de la St-Denis, où certains s’entremêlaient pour la première fois, d’autres depuis toujours. Une nuit précieuse dont le souvenir fragile s’est tissé un nid près de mon coeur. C’est émue et reconnaissante que je vous dit merci encore à vous tous.

Sens figuré

Écrit comme ça, c’est presque cute. De vive voix, ça se complique.

Avec un sourire en coin, ou le plus sérieusement du monde, ça reste incomplet. Il t’en manque des bouts. T’as pas tout saisi.

J’aime me faire acroire que je suis comme cette toile au mur, que tu découvres à chaque regard. Mais qui dans son ensemble t’échappe parce que trop pleine de tout ce que tu ne comprendras jamais.

Ça me peine parfois. C’est pas que je m’y applique. Y a pas de secret, pas de code mystérieux. Tout est sous vos yeux.

Mais peu importe tout ça. Ça fini toujours pareil.

Ils me disent tous “t’es une drôle de fille”.

Rosée en chair et en os

Si c’est pas magique! Si c’est pas beau! Comme si c’était assez, comme si chaque seconde se scindait et pesait le même poids dans la balance. J’ai pourtant appris que les heures, les jours, les semaines, ça peut venir tout dans un pain. Un gros moton d’étoiles ou de nuages. Mais les gouttes elles, ahhh, les gouttes! Une seule porte la couleur du jour, les reflets de la nuit et le poids du temps qui la fait s’accélérer.

Le temps. En manquer, en avoir trop, ne pas le voir passer, le regarder s’étirer. Ça goûte quelque chose de différent chaque fois. Et je bois, je bois toujours, je m’abreuve des quelques gouttes tombées, salées par le jour, par la nuit. Tant que j’aurai soif. Et puis un jour je laisserai les gouttes m’échapper, se coller ensemble et filer dans leur lit. Tsé, des fois, t’as juste plus envie de boire.

Promenade entre deux pavillons

On oublie peut-être les espoirs et les rêves qui ont fait s’ériger ces édifices. Le cynisme presqu’obligatoire qui nous anime et qui module maintenant nos réflexions et opinions nous ont fait perdre de vue ce qui est beau et puissant dans ces institutions souvent vues, pas nécessairement à tord, comme des bureaucraties hébergeant fonctionnaires et party animals expérimentés.

Le discours débilitant, le mépris envers l’intellectuel et le savoir acquis, pourriture des idées sous l’ingérence de la classe politique et surtout des entreprises qui commanditent ce fabuleux nouveau pavillon Machin Truc Inc. La condescendance un art qui se transmet d’un dirigeant à l’autre, qu’ils s’empressent de nous servir sous des discours prônant les valeurs familiales et l’entrepreneurship québécois.

Pourtant comment peut-on vraiment être blasés devant l’influence que l’université a déjà eue sur les sociétés et les mouvements politiques passés. Depuis ma visite à Concordia, j’avais déjà ressenti cette beauté, les relents des efforts, les échos du savoir transmis et le flot des réflexions poussées, ici sur un banc, seul, là dans l’agora, entre amis. Le monde est toujours à refaire, à réinventer. Et c’est ce qui fut.

Aucune envie de dérision, aucun second degré en regardant les étudiants déambuler. Je me dis que la beauté de leurs idéaux doit l’emporter sur nos propres préjugés d’adultes trop pris par la vie pour encore apprécier cette innocence. Comment cette noirceur des idées envers toute institution de savoir nous a-t-elle été inculquée?

Et pour en mettre un peu plus épais sur la vitre salie qui bloque notre vision, l’envie de la vie télévisée, advertisée, dorée, photoshoppée… On a beau se dire résistants, on a tous un iPad sur notre wishlist.

J’aimerais entretenir ces sentiments qui m’envahissent mais le ménage, le lavage, le loyer, tsé? Y a pas de verdure dans ce quotidien, pas d’agora pour les élaborer, pas de classe pour les construire, pas de professeur pour alimenter ce qui pourtant ne dort pas en moi. Une sieste, tout au plus.

Le cardio sans effort

À ne pas refaire: être trop paresseuse pour fermer la télé et subir Bons Baisers de France. Tabarnak que c’est NUL ce show-là.

J’ai une impression de déjà vu ouais. Stress de déménagement! Oui oui, après trois ans à dormir sur le divan à temps partiel (2 semaines sur 4) je déménage enfin dans un 5 et demi, donc, j’ai une CHAMBRE!

Cue Virginia Woolf. Oh well. Elle est toute petite, mais immense. Je me suis offert un set de salle à manger antique, le genre de meubles que tu gardes toute une vie, et qui porte ses propres cicatrices.

Comme les 25 000 choses que j’ai entreprises et terminées au cours de ma vie, je passerai au travers. Mais dans l’immédiat, tout ce qui me passe par la tête c’est: impending doom. J’ai rêvé l’autre soir que mon ancien boss me volait l’appart, sachant très bien que je n’avais nulle part à aller. Il avait offert full cash au proprio et il me regardait de la galerie avec son sourire de gros sale que j’ai toujours détesté.

Je ferai de cet endroit mon chez-moi, encore une fois. Nous y serons bien, nous y serons heureux. À temps partiel.

Ma grande fini son secondaire dans quelques jours… Good god. Je capote presque plus qu’elle.

Et quand la poussière retombera il y aura le Mille Sabords qui m’attend au quai. Ainsi que son capitaine.

J’ai hâte d’apprécier plutôt que de subir les vagues.

(à) peine perdue

Une destination voyage à éviter: l’ile Diego Garcia. Dont j’ai appris l’existence grâce à cette entrevue avec Noam Chomsky, suite à son “aventure” aux frontières d’Israël.

Le sang a coulé à Bangkok. Il coule toujours un peu partout.

BP et Barack qui nous bourrent. La vie qui meurt. La terre qui ne sera plus jamais la même à partir de maintenant.

Elle est d’ailleurs un ti peu en crisse et nous recrache un peu de sa rage en plein ciel dans le Nord.

On a perdu de vue nos frère de la perle des Antilles. Non. On a fermé les yeux sur nos frères.

Pendant qu’on se chicane et qu’on se pointe du doigt pour des 500$ partis dans les mauvaises poches, pour des contrats qui en plus de payer ces fantastiques steaks à La Queue de Cheval pour certains, mettent un peu de beurre sur la table des tout petits hommes bien loin en dessous de tout ça.

Pendant qu’on vit un mauvais flashback et qu’un illuminé prône la mort d’une femme au profit d’un orphelin pas encore né.

Pendant que ceux qui roulent à deux roues se font tuer parce qu’ils restent pas dans leur voie.

Pendant que ma vie s’accroche à la rambarde du dernier wagon et tente tant bien que mal de tenir bon.

On s’égare… Des perdus qui s’égarent c’est inquiétant.

Rien n'a changé

Me suis réveillée toute croche, en pleurant parce que quelqu’un était mort dans mon rêve. Je ne savais même plus qui au moment d’ouvrir les yeux, mais bon, j’étais en deuil. J’ai tenté de brasser le brouillard un peu histoire de bien commencer la journée, et puis me suis rappelé que c’est la fête des mères aujourd’hui. Et comme ça m’arrive encore, presque 10 ans plus tard, son absence m’a frappée de plein fouet.

Ça fait une heure que je tourne en rond, ménage, lavage, j’essaie de me changer les idées, pas moyens. Et j’ai relu ce post, écrit il y a deux ans. Pis câlisse, y a RIEN qui a changé. Je ne pourrais écrire quoique ce soit d’autre, parce que c’est encore comme ça que je me sens. Alors oui, je vous sers du réchauffé ce matin, mais honnêtement, je le fais plus pour moi. J’ai besoin de lui dire, encore.

Pour la valise

Comme à chaque année je t’ai souhaité bonne fête des mères, en visitant ton dernier domicile. Le garde-robe de l’entrée. Je le sais que tu m’as demandé d’aller t’éparpiller dans le ruisseau à Morin Heights. J’ai encore la map que tu m’as dessinée. Juste là, en bas de la côte, avec une flèche pour que je trouve ton sentier. Mais chaque fois que j’y pense je me dis, pas tout de suite, je ne suis pas prête. Parce que tu m’avais aussi dit, vas-y juste quand t’es prête.

Les enfants sont arrivés ce soir. Et en vidant la laveuse tantôt je me suis dit, bordel que ma vie a du sens quand ils sont avec moi. Et je pense à toi, à tout ce que je t’ai reproché, à tout ce que j’arrivais pas à te pardonner. Et c’est fou comment tout ça s’est fondu dans la toile de mes souvenirs. Parce que je sais à quel point j’étais importante pour toi. Je sais à quel point certains matins il n’y avait que moi qui te faisais te lever. Je sais aussi que la pilule de plus, la track de plus, celle qui t’aurais emportée, tu l’as jamais pris pour ça. Pour moi.

Et je me retrouve un samedi soir seule chez moi à manger une quiche, un peu de baguette avec du pâté et du chèvre. Je regarde par la fenêtre, c’est le silence. Tu es si présente, plus que tu ne l’as été depuis ta mort. Mes gestes, mes mains, mes rires, mes regards. Tout porte ta marque. Je suis où tu as été et j’ai parfois l’impression de vivre la vie que tu aurais aimé être capable de vivre. Et dans mes moments difficiles je vois tes traces de pas là devant. Je ne fais que bien choisir mes tournants, et malgré l’envie de suivre tes pas, parfois, tu vois, je dois prendre une autre direction.

Mais je sais, enfin je crois comprendre, que tu étais simplement mal armée pour cette vie-là. L’impression de ne jamais fitter, de ne jamais être à la hauteur. Et je pense qu’il est arrivé un moment donné où tu n’as plus voulu faire de choix guidés par la peur. Et c’est là que tu t’es perdue. Je l’ai pris ta main tendue tu sais. Plus souvent que tu ne le crois. Mais je ne t’en veux plus. Je regrette simplement de ne pas avoir eu la maturité de te pardonner de ton vivant.

Tu me manques plus aujourd’hui qu’à n’importe quel autre moment de ma vie. Il y a, il y aura toujours une pièce manquante dans ma vie. Je regrette de ne pas t’avoir dit plus souvent je t’aime. Je regrette de ne pas t’avoir serrée dans mes bras quand tu en avais le plus besoin. Je regrette, je regrette, je regrette. Ton parfum me manque, ta voix, nos délirs avec les mots. Tes caresses, quand tu me serrais dans tes bras et que tu me disais je t’aime. Ton riz espagnol, ton pain doré.

J’ai encore ta valise remplie de mes cartes et bricolages que je t’offrais. Mon préféré a toujours été le papillon en terre cuite. La peinture à l’eau est toute partie, il a une aile brisée. J’y rajoute cette lettre ce soir. Je sais que ça ne compensera jamais pour toutes ces années où t’as pas pu rien y mettre. Cette lettre ne sera jamais un souvenir pour toi. Mais j’espère tout de même qu’elle y trouvera sa place.

Bonne fête des mères Maman. Je t’aime.

Fri(ori)ture

On pourrait dire que c’est une renaissance. On pourrait. Mais c’est tellement moins que ça. Tellement moins que moi je dirais, c’est pas ça pantoute. J’pas morte, j’ai jamais mourru (mourru, mouru? me semble que deux r c’est mieux)!

Ce qui me scie, c’est les silences radio. Y a fuck all qui se passe en haut des fois. Je ne comprends pas. C’est fort probablement volontaire. Comme on sait que la frite qu’on s’enfonce dans la bouche va nous brûler la langue. Mais shit, elle est tellement belle, tellement appétissante. Alors on mord dedans. Et ça fait mal. C’est même pas bon. Ça valait pas la peine, et le reste du repas est scrap parce qu’asti que ça brûle.

L’analogie est déficiente peut-être? Pas tant que ça. Pas pour moi (ouais, bien sûr si je l’évoque c’est que j’y comprends de quoi, pfff). Ok, j’ai pas LU Debord. Mais je saisis. Le fond de la chose, c’est que je me brûle la langue pour pas goûter le repas. Souvent quand je réfléchi à mes bibittes, je me dis que de les connaître et de les comprendre c’est déjà un bon signe. Que je peux être une bonne fille si je m’y mets.

Mais de savoir que je m’impose la brûlure ne m’empêche pas de fuckin morrrrrdre dans la crisse de frite.

C’est lassant les analogies, en tout cas, dans le contexte là, on a compris?

Je tente une sorte de sevrage. Pas n’importe comment. Un sevrage des mes habitudes, de ma consommation. Les outils seront toujours là. Ma curiosité, je dois m’y faire, ne sera jamais satisfaite. Plus j’en sais, plus je veux en savoir. C’est pas la faute de Facebook, pas la faute de Twitter, pas la faute de mon reader. Je m’enlise dans une mer de merde en pleine connaissance de cause.

Je regarde la valeur que ces outils ont pour moi, ce qu’ils m’apportent, ce que je peux y contribuer aussi. Comme c’est là, j’ai atteint un mur. Je ne suis plus satisfaite de ce que j’en retire, et ce que j’y contribue ne vaut pas plus qu’un mièvre RT.

Arrêter d’écrire pendant près de deux ans n’a pas été un choix. Recommencer l’est. Me donner une chance d’apprécier ma tête, d’en prendre soin, de la nourrir en est presque pas un. Je ne me fais pas d’illusions. Il est simplement temps.