Les derniers grains de sable

On a pas qu’une chance mais on a pas tout notre temps. On a pas plus d’une vie à vivre. Et chaque minute passée l’est à jamais.

“Make it mean something”
“Mean what?”

Est-ce que chaque instant est maintenant condamné à l’excellence? Sommes-nous à ce point préoccupés par notre accomplissement en tant qu’être humain que la certitude et la droiture n’ont d’égal que la flamboyance d’une décision douteuse mais courageuse? Combien de temps peut-on surfer la vague sans jamais, jamais plonger?

Quand printemps rime avec froid, neige, feuilles mortes et fatigue

Dans le train en direction de mon nervous breakdown (bi? tri?) annuel, j’ai trouvé le moyen d’augmenter mon coefficient de stress et d’insatisfaction en me lançant à la course au template parfait. Après de longues soirées à fouiller le web je me suis enfin faite à l’idée que je ne trouverai jamais. J’opte donc pour ce qui aurait dû être ma première idée la simplicité et me débarrasse ainsi de toutes considérations esthétiques et ergonomiques.

Les prochains arrêts se définissent au fur et à mesure que ce qui doit être fait est fait. Les prochaines semaines sont un capharnaum de “faut faire”, “doit être organisé”, “semble mal parti”. Malgré tout j’entrevois l’avenir avec optimisme. La catastrophe éminente ne se produira pas, j’en fait le serment.

“Mets tes culottes ma grande, tu vas y arriver”

On a jamais trop de Lennon dans notre vie

Je ne pourrai jamais, jamais, jamais fitter. Et c’est un sentiment de soulagement qui m’envahit tout d’un coup. Pas que j’essaie, ça fait longtemps que je sais tout ça. Mais le savoir et l’accepter c’est bien. D’en être heureuse c’est mieux!

Ah j’ai un petit message à passer. Tsé les belles filles qui se disent malheureuses à cause de leur beauté car elles ressentent le mépris des autres (lire: des laids)?

Regarde, c’est pas compliqué. Quand tu vas arrêter de ME regarder avec mépris ou quand tu daigneras me remercier quand je te tiens la porte ou retarde l’ascenseur pour toi pendant que tu t’en viens tranquillement en jasant au cell en buvant ton gallon de café, pis que tu entres dans la cage en m’ignorant soigneusement, ouais, peut-être là j’aurais moins envie de te faire une jambette et de te piler dessus en retournant à mon bureau.

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C'est pas fini tsé

Depuis environ deux ans que l’écriture m’échappe. J’en suis en grande partie responsable, bien sûr. Mais bon, on sait tous comment c’est quand on est le moindrement heureux… Ça rend le blog mou comme on m’a déjà dit. Et puis la nouvelle vie qui a pris le dessus. Les vagues. Les grands (et moins grands) changements.

Mon identité sur le web a évolué aussi. Enfin. Je dirais plutôt que mes identités se sont fusionnées. Et malgré le fait que l’écriture créative m’ait glissé d’entre les doigts, le besoin de m’exprimer n’en n’est pas moins fort. Je suis donc ailleurs tout aussi active, sinon plus, que je l’ai été ici au début de ce blog.

J’ai exploré plusieurs autres territoires, mais je reviens toujours ici. J’ai débattu longtemps à savoir si dans le fond je ne m’accrochais pas à une parcelle de ma vie qui a été si déterminante, si importante. Mais je suis passée outre la nostalgie. C’est pas ça. Ici, c’est chez moi. Et j’ai la chance de pouvoir m’exprimer au-delà du 140 caractères. Si je trippe autant sur Twitter il n’empêche que je me sens souvent à court d’espace pour élaborer et aller au bout de ce que j’ai à dire.

Je n’ai pas changé tant que ça finalement. J’ai toujours une aussi grande gueule. Mais passer mes idées par des liens et des RT, c’est pas satisfaisant. En tout cas, ce ne l’est plus.

Je me suis souvent mis de la pression, à chaque fois que je considérais un retour ici c’était en me disant “je dois écrire”. C’est de la marde bien entendu. Je ne dois pas écrire parce que c’est An Unexamined Life. Je dois écrire parce que j’en ai envie, parce que c’est ici, sur aspinelesslaugh.com que je veux le faire.

Donc. Je dois paufiner le template c’est clair. Je dois décider du sort d’une partie du contenu du site et de sa gestion. Mais ce que j’ai déjà décidé, c’est de me réapproprier mon espace, de reprendre les commandes du vaisseau qui m’a porté jusqu’ici aujourd’hui.

Plus je reçois et moins je donne

Maudit crisse. Regarde, c’est ben plus de ça qu’il s’agit. On meurt! On meurt pis on s’en rend même pas compte. Moi je m’en rappelle comment ça sentait bon, comment on s’embrassait, comment c’était bon de se serrer dans nos bras. Et je m’en rappelle des Noël sans cadeaux, mais avec une table pleine, de l’amour et des cris et des fous rires. On devrait pas vouloir plus que ça, on devrait pas se demander ce qui nous manque!

Je m’ennuie d’aimer, de toucher, de sentir. De m’endormir dans la montagne de manteaux de poils sans que personne se demande où j’étais. De me réveiller très tôt et de marcher vers le salon en évitant les bouteilles vide et en picossant dans les restes sur la table pour m’assoir tout doucement par terre et jouer avec mes nouveaux trucs sans bruit pour pas réveiller Mémé qui dort sur le sofa.

Ça plus rien à voir. J’aime autant être ici, boire ma bière et me faire mon réveillon. J’ai du fun, pas de stress, pas de dinde de chez M&M. Je suis en train de faire un film pour mon coureur des bois, son cadeau. J’ai mis des lumières blanches dans la fenêtre. Beethoven. Fait chaud. Bonheur.

Texte inédit qui comporte un titre

Tsé, la signification d’un refus c’est toujours relatif. Pour le/la refusé(e) et pour l’autre qui décide. Mais des fois c’est tellement clair que l’autre s’est FOURRÉ. Come on asti. J’ai même pas de mots.

Y a Christian et Éric qui sont mille fois plus ci et ça que moi, alors allez les visiter pour qu’ils vous esspliquent.

TEXTE INÉDIT QUI COMPORTE UN TITRE

Un gars qui écrit des livres m’a laissé entendre que j’pourrais publier un texte inédit qui comporte un titre dans la revue Mollusque, une revue de littérature toé chose.

C’est un numéro thématique sur les Sauvages. Hostie, j’en suis un. Ça tombe bien.

Ça fait qu’après m’être gratté la tête une couple de fois, j’me su’s dit que j’pourrais ben torcher un p’tit que’que chose pour Mollusque.

D’abord, mon père disait qu’i’ était pas un Sauvage pis qu’les Bouchard v’naient d’la Normandie.

Fuck, i’ v’naient même pas d’la Normandie les Bouchard! I’ v’naient comme i’ pouvaient quand l’occasion s’présentait. Pis i’ d’vaient v’nir souvent parce qu’i’ étaient dix-neuf enfants du côté d’mon père.

La mère de mon père était une Sauvage, une Algonquine ou, comme on dit à c’t’heure, une Anishnabé. A v’nait d’la réserve d’Oka. Le père de mon père a grandi à deux miles de Métis-sur-Mer. Pis du côté d’ma mère, c’est pareil. Des descendants d’Acadiens métissés de Micmacs qui vivaient à Sainte-Clothilde-de-Horton su’ l’bord d’la track, comme des Gitans.

Nous autres, des Bouchard d’la Normandie? Christ de joke de curé, oué… D’la christ de marde. On nous a pâlis maudit calvaire de pompier sale! Comme si on était des Juifs sous l’occupation allemande, en France, en 1944. Pâlis pour notre bien, bien sûr. Pour ne pas passer pour des hosties d’Sauvages. J’m’appelle pas Simon Ben Gourion mais François Dupont! J’m’appelle pas Makwa Grizzli mais Gaétan Bouchard!

Ces hosties de curés-là ont toutte faitte pour crisser ça dans ‘a tête de mon père, qu’on n’était pas des Sauvages, mais des chevaliers de la table ronde, avec une fleur-de-lys dans l’cul.

Tabarnak! On a gardé de nos racines que le paillard français qui a trempé sa bite dans ‘a p’lote de nos grands-mères. Maudit christ de saint-cibouérisation d’calice!

Ça fa’ qu’un m’ment d’nné e’j’me su’s dit qu’c’était assez. Toutte disait que j’étais un Sauvage. C’était écrit dans ma face saint-chrême, dans ‘a face de mon père, de mes frères, de ma mère, de mes ancêtres. On était des Métis calice! Pis on l’est d’venu, avec des cartes toé chose pis toutte le kit.

Mon pays, c’était encore l’hiver. Mais c’était aussi l’île Mékinak, l’Île de la Tortue. Pis j’me su’s mis à comprendre plein d’affaires sur moé et mon pays. D’abord que je ne savais rien de Saint-Laurent et Saint-Maurice. Comme tout le monde autour de moé. C’qui fait que j’ai rebaptisé mes noms de lieux : le fleuve Magtogoek, la rivière Métabéroutin, pis toutes sortes d’affaires de même. Pis ça fait juste commencer. C’est pas fini. Christ que non c’est pas fini.

J’me suis mis aussi à écouter les arbres. Fuck, c’est pas d’ma faute, mais nous autres les Sauvages on sait qu’i’ nous parlent, les arbres, les roches pis toutte le reste, juste parce que c’est comme ça. Nous sommes animistes, ouais. On pense qu’i’ a d’la vie dans toutte. C’est ben dur à comprendre ça, hein?

Moé, les arbres me parlent. Pis i’ m’disent crissez-nous don’ patience tabarnak!

-Arrachez pas mon écorce torrieu! Fendez-moé pas en quatre pour rien! Wo! Menute! J’su’s pas tout seul là-dedans… J’fais vivre des oiseaux, des moénaux, des pas beaux… Toutes sortes d’affaires de même… Christ! Wake up!

Ouin, ouin. Les arbres me parlent. Pis si j’peux prendre une feuille de moins, j’va’s l’faire. Pour être en parfaite symbiose avec le Grand cercle de la vie.

Ça se pourrait donc que mon texte ne soit pas publié dans Mollusque pa’ce qu’i’ faudrait que j’leu’ z’envoie une version imprimée par courrier postal, aux éditions Diptyque, à l’adresse de j’sais p’us trop qui, à Monrial. C’est sûr que j’f’rai pas ça.

Moé j’aime trop les arbres pis ça m’tente pas d’imprimer ça sur papier quand toutte se fait si simplement de nos jours par les voies électroniques. Hostie on n’est plus au temps des mandarins. C’est pas des rapports à doubles interlignes que j’fais, mais d’la littérature.

-Hostie d’Sauvages! qu’i’ vont s’dire en r’cevant mon texte. Faut toujours qu’i’ fassent chier en plus qu’i’ savent pas boire!

Ben oui, ben oui.

Vous vous attendez à quoi, que j’vous liche le cul?

No way.

J’su’s un Sauvage hostie.

Wou-wou-wou-wou-wou-wou!

Makwa Grizzli
Alias Gaétan Butch Bouchard

Blast from the past: Jingle This

La vie à cent à l’heure n’y change rien. La faim, l’amour, la mort. Je me permet un repost, parce que ça me tente. Et pis je commence à m’ennuyer solide de mon blog.

Jingle This

Porter un manteau de poil à tous les jours et se frotter aux frileux.

En fumer une dernière, une dernière pour la route, soyons prudents, appelons nez rouge.

Assurons nous que les moins nantis aient à manger et que notre conscience soit pure et tranquille, avec ce sourire en coin du don annuel entendu.

Elle est où ma médaille demande-t-elle avec son manteau de poil et son café équitable.

Son papier d’emballage recyclé perpétuant tout de même la tradition maladive d’humains en manque de guidance.

Des bills fripés dans la boîte aux lampions.
Je vais réciter le notre père, délivrez nous du mal sti. Surout, surout, délivrez nous du mal.

Je vais dealer avec la tentation.