Avec un peu de retard, l’arrivée

23H22. On s’apprête à se coucher. Je suis heureuse de t’avoir parlé au téléphone ce soir, tu m’as manqué aujourd’hui. Je t’imaginais des fois à côté de moi, regardant les mêmes paysages.

J’écris pour pas oublier.

Arrivés à Penn Station (quelle laideur) on débarque du train et on suit les gens, les pancartes et on se retrouve sur le trottoir sous le marquis du Madison Square Garden, sur la 32ième. C’est le choc pour eux, l’émerveillement. Je regarde leur visage et je sais qu’on est au bon endroit. C’est presqu’un retour à la maison pour moi. Il fait chaud, les femmes ont d’énormes seins en plastique dans des camisoles minuscules et les mecs des pantalons trop grands. On relaxe pendant que j’en fume une dans les marches du MSG.

On prend un cab et oh merveille, il vient équipé d’un touch screen avec des nouvelles, un GPS et des jeux. J’ai mon voyage! Et ça me fait chier, parce que les enfants sont comme hypnotisés par l’écran, tout conditionnés qu’ils sont malgré mes efforts à contrer… Contrer tsé, contrer tout ça justement.

On arrive à la maison. Ouf. Sur le coup je rush. Y a personne et des graffitis sur la porte. Un noir sort de la chevy van parkée devant. « Hey, howyoodooin? »… Il se colle sur la porte en fer forgé et crie « John, Yo, John, they here nah ». John c’est le chum de la fille à qui je loue la maison. Entendre son nom me rassure et je réussi à lâcher un sourire encourageant aux enfants. John arrive et ouvre la porte. Le gars est gelé raide et sent le pot à plein nez. On se présente, il débarre la maison et on entre. Il ne quitte pas ma craque du regard. Je trouve ça drôle, lui qui sort avec une ancienne mannequin, italienne, new yorkaise, avec des cheveux lisses lisses comme dans les annonces de Pantene. On dirait qu’il vit ici quand elle est pas là. Il y a des miettes de toasts sur le divan et le lit est un peu défait. Anyway. C’est sale. Mais c’est chez nous pour une semaine et je trippe.

John nous fait le tour du propriétaire. Ce qui prend environ 20 secondes puisque la pièce fait à peine cent pieds carrés. Il me laisse les clés, jette un dernier regard un peu triste vers mon décolleté et nous souhaite bonne nuit. On s’est installés et on est allé se promener quelques minutes explorer le quartier et trouver à manger. Au coin d’Avenue B et la 6ième on est entré dans un déli et on s’est retrouvés au nirvana des wraps et des sandwichs de fou à 6$.

Il est presque minuit. On est brûlés, mais heureux, fébriles. Demain on part à l’assaut de la ville. Je te souhaite bonne nuit, t’embrasse.

Ousque j’travaille pour le plaisir

McDoodle. Inspirante, généreuse et inattendue m’invite à vous montrer ça… J’ai pas de photos de celui au boulot. En tout cas pas maintenant. Avant de partir tantôt j’ai trouvé un kid de 16 ans qui fait du filing à temps partiel, je lui dit “ton cell prend des pics right?”. Tout content, il dit “bin kin”. Ouin, c’est pas à point la technologie, parce que oui ça prend des photos, mais pour les envoyer c’est une autre affaire. Je lui ai laissé mon adresse email, lui remontant l’estime un peu  “Ça marche pas à tout coup ces gogosses. Tu me les envoies quand ça fonctionne ok? Merci, t’es sweet” (sourire de milf ).

Donc c’est celui de la maison. Pas fait de ménage, pas arrangé la bibliothèque, alors la vue donne sur le bord des paperbacks, ça fait pas très érudit, mais j’ai jamais prétendu l’être. C’est pas le bureau avec lequel je gagne ma vie, mais c’est celui qui me rapporte le plus.

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Poursuivons

Dave (the back of a van? let’s see it!)
Manon (où elle sauve les âmes)
Quartz (is it even allowed?)
Dany Kafkadan (un prof inspiré)
Le Rat de Bibliothèque (contre les blues du lundi)

Nouvelle ignorée, éditée, acceptée, refusée

Ignorée par la personne qui l’avait commandée, éditée avec une âme généreuse, acceptée par Mr B pour le Moebius et refusée par l’éditeur. I now lay it down to rest.

“Break me” she said. “Break me, break me. And when it’s done, when it’s all over, you can put the pieces back together however you want to.”

But like a jigsaw puzzle, her pieces were meant to only fit one way.

“You can make me, invent me, create me. I’ll belong to you and only you. You’ll hold the secret. My cracks, my flaws only reminders that I was born from your hands.”

Damaged goods, that’s how I saw it. Unfortunately, I had already broken her. Her cracks and flaws only reminders of what she was made of.

Worth breaking.

« Brise-moi » qu’elle me demandait, sans cesse. « Brise-moi, brise-moi. Et quand tu en auras fini, prends les pièces et recolle-les comme bon te semble, comme il te plaira ».

Elle était comme un casse-tête. Il n’y eut qu’une seule façon de remettre ses pièces ensemble.

« Tu peux me créer, m’inventer, me mettre au monde. Je t’appartiendrai, à toi seul. Tu seras le gardien de mon secret et mes failles et mes faiblesses ne seront que le témoignage de ma naissance entre tes mains. »

En la regardant, je ne voyais rien d’autre : une marchandise endommagée. Malheureusement, je l’avais déjà brisée. Ses failles, ses faiblesses, n’étaient en fait que le témoignage de ce qu’elle était.

Bonne à briser.

Il était encore tôt. L’absence de voitures m’évoqua brièvement Pyongyang. Dans quelques heures, les hatchbacks et les mini fourgonnettes allaient reprendre d’assaut les huit voies de cette autoroute. Un vide lourd, sans issue, sans espoir de changement. Nous roulions vers cet endroit qu’elle avait choisi, pas du tout au hasard. Un creux, un fossé entre les rubans d’asphalte, qui lui redonnerait la vie.

Il était encore tôt. Et tout était rose, comme si le soleil avait mis des lunettes. J’eu l’envie de lui demander… De lui demander si le rose ne lui donnait pas envie de changer d’idée. Si le rose ne la réconfortait pas un peu, comme il le ferait pour une petite fille. Mais le rose ne toucha jamais ses yeux.

Il était encore tôt. Elle fixait tout droit devant, le souffle court, des perles de transpiration se formant sur sa lèvre supérieure, le bout de sa langue accrochant au passage les plus aventureuses. Le rose m’avait déjà envahi et les kilomètres fuyants me rapprochaient de plus en plus de la réalité.

Qu’elle ait vu en moi l’outil qui allait finalement, croyait-elle, la réparer, ne me sembla même pas étrange. Ce midi-là, assis tous les deux sur le lit des parents, elle me confia ma tâche. Après tout, c’était le même sang qui l’avait rendue défectueuse. Maintenant qu’il ne restait que nous deux, il était temps de rétablir l’équilibre.

Je pris la chose avec désinvolture. Chaque jour, je la rassurais de mes bonnes intentions. De ma détermination à accomplir sa volonté. Et sans relâche elle me talonnait. « Brise-moi ». Un jour elle arriva munie d’une carte routière, déjà habillée pour partir, son sac balançant à l’épaule, son visage rouge d’anticipation et de détermination. Elle me tendit les clés de la voiture.

« C’est là, c’est là, c’est LÀ! »

Je ne veux pas que ce soit là, je veux continuer à rouler, continuer à avancer la tête baissée, les yeux fermés, le cœur paralysé. C’est pas lui qui est ici dans l’auto avec toi, c’est moi, c’est moi qui t’aime, qui… t’a jamais protégée, jamais consolée, jamais défendue… c’est moi qui dans le noir écoutais en faisant semblant de rien entendre, sentant votre odeur monter et envahir l’air et se rendre directement entre mes jambes, moi qui parfois se voyait à sa place, regardant ton visage et capturant ton âme et déversant mon amour.

Notre vieux Buick familial à peine immobilisé, je l’ai regardé descendre, ma petite sœur, mon amour. Elle courait vers le trou qui nous briserait tout les deux.

Je veux ravoir mon jardin

Alors c’est ça? C’est comme ça? Toujours et encore, ok, go, c’est beau, non, ça fait trop mal, ça doit finir et puis on rembarque et c’est si bon et le soleil brille bordel, comment ça pourrait aller mal quand je plisse des yeux en plein jour? C’est pas que des reflets, mes doigts passent au travers mais je les sens, c’est plus, mon spleen, mon sixième sens, ma baise d’enfer, mes larmes, mes larmes, mes larmes. Un jardin secret plus qu’abandonné, vague et vierge à nouveau sous les cadavres des liens, des lianes, des tiges, des branches et j’ai tout laissé mourir avec à peine un regard. On arrive toujours au même choix qu’il soit mort ou moribond ou whatever. On dit, alors c’est ça? C’est comme ça? Toujours et encore, des graines à planter, des pousses à arroser, mais malgré tout le soleil qui s’évertue à faire sortir le meilleur de nous, une plante vénéneuse, mangeuse de chair morte pousse, pousse, pousse et quand mon doigt touchera son coeur pour voir comment il est mou mon sang ira rejoindre celui des autres et la coulée suivra le chemin creusé par ses flots.

Mixtapes

Vous vous rappellez des tapes qu’on se faisait? Un mix tape pour toute occasion! On était en amour, hop, une cassette, en peine d’amour, hop, une cassette. On en faisait pour nos amis, nos amis nous en faisait… Le dernier tape que j’ai fait c’était pour les funérailles de ma mère, en 2000. J’avais réservé au salon une belle salle avec le ciel peint au plafond, retenu les services d’un aumonier pour s’éviter le service à l’église tout en respectant les gens un peu plus straights. Au fond de la salle, un vinier. Un vieil album à pages noires, où j’avais placé avec des coins à coller ses plus belles photos, souriante, vivante, heureuse. Et puis, pendant la journée, la cassette qui jouait en sourdine, en boucle. Au crayon argent, sur la dernière page de l’album, ceci:

Sa musique, pour moi
Suzanne, Leonard Cohen
Wonderful Tonight, Eric Clapton
I grieve, Peter Gabriel
En pleine Face, Harmonium
Who wants to Live Forever, Queen
Angel, Sarah Mclachlan
The long and winding road, The Beatles
Helpless, Neil Young
God Bless the Child, Billie Holiday

Ma musique, pour elle
Where is my mind, The Pixies
Bad luck Blue eyes, The Black Crowes
Standing around crying, Muddy Waters
Summertime, Janice Joplin
Crazy, Patsy Cline
My Love, Paul Mc Cartney
That’s the way, Led Zeppelin
Wish you were here, Pink Floyd
Hallelujah, Leonard Cohen

En boucle, en boucle, en boucle. Et tout le monde remarquait la musique, tout le monde avait un petit moment, les yeux fermés. Évidemment, chaque toune avait, pour elle ou pour moi, une signification particulière. Mais ça semblait aller les rejoindre, chacun sur une toune différente.

Et c’est la beauté des tapes… Tu peux graver autant de cd que tu veux, ce ne sera jamais vraiment pareil… Sauf que dernièrement je me suis mise à écouter les mix tapes offerts par Kitsune Noir. Un titre pour le mix, une mise en situation, pourquoi, comment, ce que ça signifie pour lui, etc. Un pur plaisir de découvertes, une générosité qu’on retrouve plus vraiment nulle part. Allez faire un tour…

EDIT: bon ça fait exprès, le site est down… donnez-lui un peu de temps, ça devrait se rétablir.
EDIT2: yay! back online!

Encore un peu partie

Ok… Le retour aura été un peu plus dur que prévu. Mais voilà, les valises sont défaites, les enfants partis, les minous revenus.

Je devrais, je sais, je devrais faire un beau compte rendu de ce voyage dont je rêvais, dont je parlais sans cesse. Ça va venir. J’arrive à peine à réaliser que c’est terminé. Que ce moment est déjà passé. Depuis samedi soir je regarde les photos. Je suis tout de même heureuse d’être chez moi. Si ce n’est que pour enfin voir mon chum dans quelques jours.

Pendant le trajet en train j’ai beaucoup réfléchi, et beaucoup écrit (mettons que j’ai eu le temps… 11 heures aller et 11 heures revenir). Je suis fière de moi, fière du chemin que j’ai parcouru depuis ma séparation, fière de la façon dont j’élève mes enfants. Aussi je suis maintenant convaincue que la nouvelle route sur laquelle je m’aventure en ce moment est la bonne. Je n’ai aucune raison d’être malheureuse, j’ai tout en main pour changer les choses qui m’écoeurent présentement et la seule façon de m’en sortir, c’est de faire des efforts.

Je me suis laissé aller autant physiquement que psychologiquement, me suis laissé glisser sur la pente des peurs, des épreuves, des peines. Me suis engouffrée dans une dépendance affective malsaine, me permettant ainsi de fuir mes vraies émotions. Mais j’ai aussi progressé, j’ai lâché prise sur mon passé, ouvert mon coeur à l’amour et l’amitié, relâché mes défenses futiles.

Et d’écrire comme ça, en toute liberté, dans word et sur papier, m’a aussi un peu réconcillée avec les mots qui sont en moi. Je peux écrire, je sais écrire. Mais pardessus tout, j’aime écrire. Et je n’ai pas à tout publier, tout montrer, pour m’en convaincre. Je n’ai pas de manuscrit, pas d’ambition littéraire, pas de plan ni de rêve d’être publiée. Tout ce que j’avais besoin de savoir, c’est si j’étais capable encore d’aimer ça. Et c’est le cas.

Sur le chemin du retour j’écoutais Man of constant sorrow en regardant le paysage défiler. C’est un cliché énorme, mais un que je n’avais jamais vécu et qui m’a pris au trippes. Les vieux shacks, les pick ups tout rouillés, les lacs et les montagnes. Et les pêcheurs ont peut-être vu mon sourire par la fenêtre. Je me rappelle encore mon reflet, comment il a vraiment touché mes yeux. Et c’est mon plus beau souvenir de voyage.

Tin Pan

Bon, j’pas capable de mettre le vidéo… J’ai pas le temps de gosser, puisque mon internet est très shaky… Mais je vous met le lien… On a acheté le CD, sont vraiment très, très bons 🙂

Tin Pan in Central Park

En route…

Ok, on part dans quelques heures. Le sommeil se pousse de moi. Après une semaine des plus… intenses, je sens enfin l’anticipation se pointer le nez. À nouveau. Parce qu’elle avait foutu le camp assez violemment, d’autres copains d’insomnie jouant du coude. Elle a pas pu prendre la pression.

Tout est prêt, reste plus qu’à se laver et manger et appeller le taxi, direction gare centrale.

On repart le vendredi matin, donc un beau gros cinq jours à savourer la pomme. Si vous avez des demandes spéciales, photos, visites, vous savez où me joindre 🙂 J’ai mon beau laptop qui m’accompagne, je ne serai jamais très loin.

We’ll come and hit the streets, lookin for soul food and a place to eat

Dans quelques jours on embarque sur le train pour New York. Cinq jours complets dans la ville que j’aime. Cinq jours de découvertes, de rires, d’épuisements, d’émerveillements, d’aventures. Pas trops de tourist traps, sauf l’observatoir de l’empire. Pas le choix. Y a un petit resto Éthiopien à côté de notre maison. Little Italy et Chinatown à nos pieds. Bleecker & Bowery à deux minutes de marche, juste pour le fun, juste pour marcher sur le même trotoir que les fantômes de l’underground. St-Marks Place pour les ados, bien sûr. On prendra une journée complète s’il le faut pour Central Park, pour les shows non stop de la foule, le picnic on the Meadow et la promenade dans Strawberry Fields. Je veux aussi toucher Alice. Qui m’a toujours fait peur. Visiter Juilliard et la biblitohèque de la 42ième et enfin passer les lions! Les diriger doucement vers Times Square la nuit tombée et voir leur visage dans la lumière de la ville, et les prendre en photo juste là où tout le monde prend sa photo. Il y aura aussi Coney Island, le pont de Brooklyn, les cloitres. Et tellement d’autres choses, tellement d’autres possiblités. Y la bouffe! Les livres! La musique! Les films!

Quelques jours. Mon niveau de stress commence à toucher la petite ligne rouge. Quelques jours de plus sans toi, ce qui m’attriste tant. Je ferai comme si. Mais ce ne sera rien de comparable à comme ça.

Alors ce sera ici que nous poserons nos bagages et nos têtes engourdies et nos pieds morts. Il y aura l’internet et la télé pour les soirées (on ne pourra pas passer nos soirées au bar… ils sont mineurs après tout!). Un frigo pour le jus et un four grille-pain pour les croissants. Dans notre petite maison à New York.