Éclipse au large

Le dernier devra durer et durer. J’ai tenté d’en garder l’odeur, mais ma nuit blanche aura tout effacé.

Jusqu’au matin, jusqu’au bruit du vent que j’ai voulu entendre au bout du fil. Le vent du sud, celui qui devait emporter les épines tombées des rêves, les parfums marins maudits, les chuchotements d’ailleurs.

Une nuit raz-de-marée, une nuit tsunami, l’île m’hébergeant ne m’ayant fait aucune promesse. Des chaleurs de la honte aux froids de la peur sur mon île, sur mon île j’y suis passée.

Et l’accalmie ne viendra que du vent qu j’ai voulu entendre. Je veux du vent sur ma peau, du vent dans mes cheveux, du vent dans mes cauchemards.

Le dernier, des braises que je croyais éteintes, est né à nouveau au bout du fil. Le dernier durera.

Mais il me manque déjà.

24 heures pour…

Voir Baie St-Paul, le Balcon Vert, le traffic et la foule étrangement montréalaise peupler les terrasses.

Voir La Malbaie, Cap à l’aigle, baie Ste-Catherine.

Prendre le traversier et tomber en amour avec Tadoussac.

Marcher sur la plage, grimper une pointe de grès rose et observer les cormorans.

Boire beaucoup de bière, chanter du Plume avec de jeunes inconnus à dreads, parler voile avec un couple de Port-au-Persil et notariat avec une étudiante.

Boire de la vodka, danser sur du Johnny Cash, embrasser beaucoup beaucoup et jaser avec un québécois et découvrir avec stupéfaction qu’il est allemand, installé ici depuis onze ans.

Rouler dans le bois, rouler sur la dune, pour trouver le spot parfait pour tenter, à trois heures du matin.

S’assoir en indien dans la dite tente et dévorer des sandwichs de dépanneurs avant de tomber dans le coma jusqu’à dix heures le lendemain matin.

S’installer sur la dune pour observer le fleuve avec les jumelles et espérer voir des baleines, et se contenter de quelques jets au loin, et en être parfaitement heureuse et sonnée de toute la beauté du fleuve, du québec.

Déguster un croissant jambon-fromage à l’auberge en saluant nos amis de la veille et écoutant un violon et une guitare en direct de la gallerie d’en avant.

Prendre un tunel et un sentier boisé pour aboutir sur une petite plage donnant sur un lac magique caché dans les montagnes, jaser avec Etienne quatre ans qui porte du vernis mauve sur ses ongles d’orteils et qui nous assure qu’il est un grand garçon.

Être reconnaissante envers mon amoureux de m’avoir permis de vivre cette petite aventure, composée du début à la fin de premières expériences.

Se promettre de recommencer.

Écrire cette liste pour se rappeler que tout est possible.

Tylenol avec ça?

Ça me préoccupe beaucoup tout de même ce site… Des arguments montés sur des citations style EVENE point fr et une éducation basée sur wikipedia. Je sais, je sais, c’est une poignée de tatas. Mais ils sont tellement haineux envers les autres. Aucune nuance, aucune intelligence. Et je viens de terminer de lire un débat (toujours dans les comms) pro Israel qui m’a donné la migraine. Sérieux. Ça m’a rappelé cette carte trouvée au hasard de mes lectures il y a un bon bout de temps.

Land loss

Les minous dorment. C’est toujours comme ça quand les enfants partent après deux semaines. La première partie de mes vacances est terminée. Je ne pouvait accompagner l’amoureux à Québec pour voir le show d’une légende. Je reste ici, je lis la haine.

Deuxième partie de vacance, dans trois semaines. New York!!

Support our lynching

Sans aucune idée comment, je suis tombée sur Antagoniste point net. Ça fait déjà trois ou quatre jours de ça. Et je n’en revient tout simplement pas… Pas des billets eux-même, enfin, tout le monde a droit à son opinion, quelle qu’elle soit. Mais les commentateurs, ouf. En gros, les lecteurs de Richard Hétu sont des cas de psychiatrie, les américains sont les héros d’une guerre nécessaire pour apprendre aux pôvres étranges ce que c’est que la vraie vie. La démocratie est la solution à tous les maux de cette terre, et quiconque la réfute ou la refuse est un cave fini que ne mérite que de se faire bombarder, mieux, de se faire raser de la map. Omar Khadr est un dangereux terroriste qui n’a jamais été victime de quoique ce soit, Guantanamo est un endroit extraordinaire, justice sera rendue, et les méchants terroristes qui y sont détenus ont ce qu’ils méritent. Un sondage sur le site démontre que 63% des lecteurs de ce blog sont contre le rapatriement d’Omer Khadr. Et pour citer la commentatrice la plus active et radicale du site:

Et quand je vois une femme voilée ici, j’ai envie de lui enlever son torchon graisseux de la tête. Et quand je regarde le sondage ci-contre, cela me donne la nausée. Que ce p’tit con de terroriste reste à vie dans cette prison. Tant qu’à moi, cette prison est trop bien pour lui. Il mériterait beaucoup pire. Si Harper le fait revenir, je vous jure qu’il n’aura pas mon vote.

Épeurant. Les propos, la méchanceté, la cruauté. C’est bien au-delà de l’étroitesse d’esprit. Ça se rapproche de l’hystérie collective. Je les imagine tous très bien l’écume à la bouche, hurlant, brandissant des cadavres calcinés. Au nom de la démocratie.

Devant derrière

Des tempêtes du haut d’un totem jamais baptisé. Des ravins s’ouvrant dans le silence d’un lendemain de nuit mouvementée.

Il n’y a que le vide sous mes doigts, que le vide entre sites point com. Toutes ces averses de rires et de promesses, séchées aussitôt qu’elles touchent le sol.

Devant, derrière, toujours les mêmes empreintes. Le passé pourchasse les rêves et la source alimentée d’idéaux hallucinés quand le coeur criait famine.

La bouche remplie que par gourmandise, les mets les plus délicats ne sont que vulgaires amuse-gueules graisseux dont on s’empiffre par peur d’en manquer.

Et si mon plat était vide? Et si plus rien ne mijotait sur le feu?

Devant, derrière, toujours les mêmes mains qui se tendent, toujours les mêmes doigts sales qui quémandent.

Et le pied dans la porte, la bonne volonté fait tout son possible pour me brouiller la vue sur la nuit noire des envies et des peines.

Devant, derrière, toujours les mêmes histoires, les imparfaits ne vaincront pas, les beautés innaccessibles restent des blessures dont la douleur ne s’éteint jamais malgré les nuits mouillés et chaudes.

Je suis devant. Je suis derrière. Tout autour. Et dedans. Un refuge, un ring. Une vie.

La honte, j’te dis pas

Argh, la honte. La honte! J’avais booké mes vacanes. Fait des plans avec les enfants, avec l’amoureux, avec des amis… Jusqu’à ce que le moniteur du camp de théâtre m’appelle à 6 heures ce soir pour dire à quelle salle déposer les enfants demain matin. Hein? Ouan. Donc, je repousse mes vacances, annule les plans, fait une folle de moi all around.

Et les enfants de m’apprendre que la nouvelle blonde habite à la maison la fin de semaine. Qu’elle fait la vaisselle, qu’elle plie le lavage, qu’elle cuisine.

Et ils m’apprennent également qu’ils se sont inscrits sur Facebook. Et misère. Il est pas question que je ne supervise pas ça. Ça veut dire quoi ça? Ouaip, on rouvre le compte.

J’étais en vacances maudite marde! EN VACANCES. J’allais écouter les grenouilles, me coller à mon homme, me baigner dans le lac, regarder les enfants pêcher. Prendre des marches à la lumières des étoiles.

Non ça sera pas pareil la semaine prochaine. C’est pas juste 5 jours de plus, c’est 5 jours de trop. En plus que j’ai pas de nouvelles du diable… Bon ok, il avait 300 entrevues à passer… Ok, c’est le temps des !#%$!#%? de vacances, il est peut-être short staffed. Enfin. J’essaie de ne pas trop y penser.

Je vais me fermer les yeux fort fort fort. Et attendre que la semaine passe.

La silencieuse harmonie de mai en juin

C’est l’été on dirait bien. Je ne pense pas me marier de sitôt, mais j’apprend à rouler les fenêtres ouvertes et à vivre sans trop souffrir de culpabilité. J’ai laissé tomber mes dernières défenses et décidé que je ne pouvais aimer à temps partiel. Que je ne pouvais aimer sans le dire. Que je ne pouvais aimer sans l’être en retour. Et chaque matin semble plus facile à vivre que le précédent. Le fleuve était agité et le ciel était gris et la pluie battait contre le toit de tôle et comme les tempêtes intérieures le calme est parvenu à me trouver. La paix de l’âme est sans prix, vaut tout. Je met un pied devant l’autre, sans trop me soucier du vide qui pourrait surgir.

Je suis la source inatendue, le vent de face, l’abdication des rêves chambranlants de l’artiste au génie tourmenté, la mer chaude aux promesses en crêtes pétillantes. Je suis tout ce qui n’a jamais été espéré. Et je suis parce qu’il est. Parce que d’être peut être bon. N’a pas à être mérité. Ne porte pas de conditions. Parce que dans le noir mon corps trouve toujours le sien, peu importe la distance. Les courants, les dérives, je suiverai, jusqu’aux gorges, jusqu’aux grottes, jusqu’au bout.

J’espère

J’avais pas l’intention de faire de post pour la St-Jean. Juste parce que j’étais pas chez moi. Et puis je reviens et je fais le tour et je lis une tonne et demi d’idioties et vraiment, non, je suis ne suis plus trop fière.

Oui, hier je suis descendue parmi les bédaines et les tatous. Oui j’ai aimé ça Xavier Caféine et Loco Locass. Et j’ai trouvé le monde beau. Les hommes, les femmes, les enfants. Chinois, libanais, africains, latinos, haïtiens, italiens, grecs, et on bouffait de la poutine et des empenadas en buvant de la Bleue tiède et flate pis on se faisait des sourires, pis j’ai pas eu de misère du tout à m’identifier à tous ceux qui m’entouraient.

J’ai crissement plus de misère avec ceux qui beuglent que les québécois c’est une gang de BS obèse pas éduquée.

La mort du Québec, du québécois n’est pas juste due à Star Académie et Cinéplex Odéon. Il n’y a pas que les spectateurs de Loft Story qui nous tirent par le bas. Il y a tous les autres, qui préfèrent taper sur leur clavier que leur patrie leur fait honte, qui aiment mieux chier sur une journée de party qui fait du bien, qui annonce le début de l’été, qui nous permet d’échanger des sourires avec des étrangers, ce qu’on ne fait plus jamais. Et puis je vous avoue quelque chose. Des groupes comme Loco Locass me donnent espoir.

Il n’y a pas que des losers, des BS et des caves ici. Il y a aussi des hypocrites. Arrêtez de toujours regarder vers le haut, vers l’état, pour vous sortir de la marde et de regarder vers le bas pour vous réconforter que vous êtes pas si pire. Arrêtez de brailler que tout va mal et impliquez vous. Arrêtez de rire des autres et regardez vous donc dans le miroir. Et si vous n’êtes toujours pas heureux ici, si vous pensez que vous êtes au dessus de tout ça, de nous tous, si les québécois vous font toujours aussi honte, déménagez donc en bas ou l’autre bord de la flaque, ou même au bout de la 40. Ça doit être tellement mieux qu’ici.

Pour ma part, je préfère croire que tout espoir n’est pas perdu. Je préfère les discours grandiloquents, les élans patriotiques théâtraux, à n’importe quel bitchage. J’ai espoir.

Les Géants
-Biz, Batlam, Chafiik

Donne la main à toutes les rencontres, pays
Toi qui apparais
Par tous les chemins défoncés de ton histoire
— Gaston Miron

Nous sommes issus d’un sol immense, qui nous a tissés métissés
Rebus de brins de laine tressés très serré
Sans couture au sein d’une ceinture fléchée
Comme quelque queue clinquante de comète effilochée
Et si l’on suit le fil de notre texte il
Mène à la sortie du labyrinthe de Pan
Qui nous éreinte depuis qu’ils ont mis nos torts dedans
Ils ont conquis nos territoires, pillé notre histoire et volé notre mémoire
Avec leurs thèses de fous, ils nous ont dit: «Taisez-vous!
Vous ne valez pas 10 sous
Vous n’êtes pas vous, vous êtes nous
Vous êtes dissous
Notre substrat vous subsume et la comparaison vous consume»
Faux! Nous venons d’avant
Nous sommes antérieurs
Nous sommes des créateurs, pas des créatures, pas des caricatures
Notre maison n’a pas de cloisons
Mais quatre saisons
Acclimatés au climat
Et faisant fi du frimas
Nous avons parcouru par ses artères tout un continent titan
Notre espèce aspire à l’espace et son empreinte est partout
Tapie dans la toponymie
Gravée dans le granit, égrainée sur la grève
Arc-boutée dans les arches de nos dingues digues dignes de la muraille de Chine
Dans les champs essouchés sous la lune
Et les racines d’un hêtre qui ne peut plus plier
C’est une histoire riche qui n’est sur aucune affiche
Et qu’on a laissée en friche
Dans nos caboches, ce n’est que roches et fardoches
Cosmogonie à l’agonie
Dans le tome fantôme du grimoire d’une mémoire moisie
Sur nos épaules on porte pourtant le pack-sac d’un passé épatant
Mais allons-nous mourir en nains quand nous sommes nés géants?
Sitôt venus au Nouveau Monde
On a dompté les hivers et fabriqué de la terre
On avait la tête à la fête et le coeur au labeur
Opiniâtres, on n’a jamais laissé mourir le feu dans l’âtre
Car nous avons la tête à Papineau
La longue langue agile de Da Costa
Le coeur-corsaire de d’Iberville
Qui envoie en nos veines
Le pur-sang mêlé-mêlé de Riel et des Premières Nations
Nous avons l’aviron de Radisson, la vigueur de la Vérendrye
Les jarrets de Jolliet et tous les talents de l’intendant Talon
En somme, nous sommes des surhommes uniques
Générés par le génie génétique de l’Europe et de l’Amérique
Inéluctablement, nous voguons vers le néant
Mais allons-nous mourir en nains quand nous sommes nés géants?
Opaque, il faut qu’enfin notre épopée éclate
C’est sans équivoque, cette Histoire est pleine et craque
Loco Locass la provoque de son verbe épique: les eaux sont crevées
Et tombent en trombes et forment une flaque, que dis-je, une flaque
C’est comme un lac à nos pieds
Le col se dilate
Le sol s’écarquille
Pour laisser monter un corps en forme d’ogive
C’est le chaos qui «paaaaaasse» dans le chas d’une aiguille
C’est un cri qu’on pousse, un coeur qui pulse
Celui d’un peuple qu’on accueille ou qui frappe un écueil
Dans l’oeil du cyclone, chaque seconde en vaut quatre
Nous rapproche d’un miracle
C’est un spectacle sans entracte
Mais gare à l’arrêt cardiaque
Entre la mort et la vie
L’arrivée d’un homme comme lors d’un référendum
Un peuple oscille entre le rien et tout ce qui brille
Je pose des mots garrots gare au flot hémorragique
Ô ma rage gicle par tous les pores de mon coeur spongieux
Sur ce son long jeu conjure ma mortelle nature
Et nous disons que la parole est une sage-femme
Qui tire des limbes un monde à naître
Fort de cette maïeutique aux forceps
Le poète nomme enfin celui dont il voit poindre la tête:
QUÉBEC!