Courant d’airs connus

Par les jardins anciens foulant la paix des cistes,
Nous revenons errer, comme deux spectres tristes,
Au seuil immaculé de la Villa d’antan.

Gagnons les bords fanés du Passé. Dans les râles
De sa joie il expire. Et vois comme pourtant
Il se dresse sublime en ses robes spectrales.

Ici sondons nos coeurs pavés de désespoirs.
Sous les arbres cambrant leurs massifs torses noirs
Nous avons les Regrets pour mystérieux hôtes.

Et bien loin, par les soirs révolus et latents,
Suivons là-bas, devers les idéales côtes,
La fuite de l’Enfance au vaisseau des Vingt ans.
-Emile Nelligan, La fuite de l’enfance

Il arrache le crayon de mes doigts et me dit “Arrête, arrête ça. Et écrit.”

Ecrire, c’est aussi ne pas parler. C’est se taire. C’est hurler sans bruit. -Marguerite Duras

Mais bien sûr que tu peux me rendre heureuse. Dès que je me permetterai de l’être.

A.M.

Ce sera ce sera ce sera. Tout peut être. Et les mots les idées se bousculent, parce que j’arrive pas à me convaincre de rien. Ce dimanche, comme tous les autres, aura été pénible. Et de plus en plus je me rapproche de cette blessure que je m’applique depuis des mois à ignorer. Des mois, des années. La première chose qui me soit passée par la tête quand je l’ai vu pour la première fois, c’est “c’est l’homme de ma vie”. Et la perte de ce rêve, la constatation que c’était juste ça, que ça c’est juste éteint avec le temps, la vie, l’argent, les jobs, les enfants. Bien sûr qu’il me manque. Bien sûr que ça me fait chier de savoir qu’il y en a une autre qui se promène en bobettes dans la cuisine que j’ai dessinée, qui met ses fesses sur le sofa où tant de moments ont vécus, qui couche dans le même lit qu’on arrivait plus à partager depuis si longtemps. Bien sûr. Que son sourire n’a pas changé, qu’il boit moins, que ça sent toujours bon quand je vais reconduire les enfants à l’heure du souper, qu’on rit encore des mêmes choses, qu’on a pas toujours à compléter nos phrases pour se comprendre.

Mais. Bien sûr que je n’ai pas oublié les nuits blanches, les caresses refusées, la solitude, les corridors tordus pour se rendre à son coeur. Où je me suis perdue. Je ne veux pas revenir en arrière, je n’ai même pas à le répéter pour m’en convaincre. Au contraire, tout ce que je veux c’est avancer. Mais y a ce passé qui me tire par la manche. Que me chiâle après. Qui me dit, hey la grande, t’oublie quelque chose là. Ma relation, ma famille, me définissait. Je ne veux pas redevenir qui j’étais, je ne savais pas qui j’étais. Pas plus qu’aujourd’hui d’ailleurs. Je ne suis encore qu’une survivante affamée.

Je n’en peux plus de vivre de souvenirs. Je me fait taper sur la gueule continuellement. Oublie pas ça, oublie pas d’où tu viens. Oublie pas ça, oublie pas ce que t’as vécu. Mais y a personne qui me force, c’est ce qui est dur à prendre. Je sais que c’est moi qui se joue le foutu film en boucle. J’ai rien ni personne à blâmer. La vie ne me force pas à retourner en arrière, au contraire, elle me pousse dans le derrière et je suis sans cesse tiraillée entre avancer, staller, reculer.

J’imagine qu’il me reste encore beaucoup de colère, de peine, d’incompréhension à dealer avec. Je tâte dans le tas, pour trouver un début.

Shhh

J’essaie de me donner un gros, gros cul de pied au cul. Promis.

Je pense que je me suis ramassée presqu’aussi creux qu’il y a deux ans. En accéléré. Sans écrire, sans pleurer. Juste les sourcils très froncés. Des rouges brûlées, mais toutes les tâches faites, tous les comptes payés, tous les matins levée et en route.

Juste, ben ben creux. Assez noir pour avoir peur de pas retrouver mon chemin.

Y a de ces constatations qui te donnent le goût de perdre la vue. Mais là un moment donné ça va faire.

Donc. Y a de la lumière, bla bla bla. Bottom line, je m’en sors.

Mais câlisse je veux pas aller en thérapie. Ouais, bande de chanceux, ouais, vous les irréductibles qui m’ont pas lâchée, qui reviennent ici malgré mon silence de plus en plus prolongé (merci!), une petite vague d’introspection maladive comme à la bonne époque s’en vient. Je ne me tais pas parce que j’ai rien à dire. Je me tais ici, parce que j’ai peur de vous faire fuir. J’ai blogué pendant presque deux ans sur un template noir.  Et quand j’ai finalement allumé la lumière j’ai entendu le soupir de soulagement d’ici…

Alors si vous me permettez, je vais bientôt tamiser l’éclairage. J’ai des trucs à dire dans le noir.

Pour la valise

Comme à chaque année je t’ai souhaité bonne fête des mères, en visitant ton dernier domicile. Le garde-robe de l’entrée. Je le sais que tu m’as demandé d’aller t’éparpiller dans le ruisseau à Morin Heights. J’ai encore la map que tu m’as dessinée. Juste là, en bas de la côte, avec une flèche pour que je trouve ton sentier. Mais chaque fois que j’y pense je me dis, pas tout de suite, je ne suis pas prête. Parce que tu m’avais aussi dit, vas-y juste quand t’es prête.

Les enfants sont arrivés ce soir. Et en vidant la laveuse tantôt je me suis dit, bordel que ma vie a du sens quand ils sont avec moi. Et je pense à toi, à tout ce que je t’ai reproché, à tout ce que j’arrivais pas à te pardonner. Et c’est fou comment tout ça s’est fondu dans la toile de mes souvenirs. Parce que je sais à quel point j’étais importante pour toi. Je sais à quel point certains matins il n’y avait que moi qui te faisais te lever. Je sais aussi que la pilule de plus, la track de plus, celle qui t’aurais emportée, tu l’as jamais pris pour ça. Pour moi.

Et je me retrouve un samedi soir seule chez moi à manger une quiche, un peu de baguette avec du pâté et du chèvre. Je regarde par la fenêtre, c’est le silence. Tu es si présente, plus que tu ne l’as été depuis ta mort. Mes gestes, mes mains, mes rires, mes regards. Tout porte ta marque. Je suis où tu as été et j’ai parfois l’impression de vivre la vie que tu aurais aimé être capable de vivre. Et dans mes moments difficiles je vois tes traces de pas là devant. Je ne fais que bien choisir mes tournants, et malgré l’envie de suivre tes pas, parfois, tu vois, je dois prendre une autre direction.

Mais je sais, enfin je crois comprendre, que tu étais simplement mal armée pour cette vie-là. L’impression de ne jamais fitter, de ne jamais être à la hauteur. Et je pense qu’il est arrivé un moment donné où tu n’as plus voulu faire de choix guidés par la peur. Et c’est là que tu t’es perdue. Je l’ai pris ta main tendue tu sais. Plus souvent que tu ne le crois. Mais je ne t’en veux plus. Je regrette simplement de ne pas avoir eu la maturité de te pardonner de ton vivant.

Tu me manques plus aujourd’hui qu’à n’importe quel autre moment de ma vie. Il y a, il y aura toujours une pièce manquante dans ma vie. Je regrette de ne pas t’avoir dit plus souvent je t’aime. Je regrette de ne pas t’avoir serrée dans mes bras quand tu en avais le plus besoin. Je regrette, je regrette, je regrette. Ton parfum me manque, ta voix, nos délirs avec les mots. Tes caresses, quand tu me serrais dans tes bras et que tu me disais je t’aime. Ton riz espagnol, ton pain doré.

J’ai encore ta valise remplie de mes cartes et bricolages que je t’offrais. Mon préféré a toujours été le papillon en terre cuite. La peinture à l’eau est toute partie, il a une aile brisée. J’y rajoute cette lettre ce soir. Je sais que ça ne compensera jamais pour toutes ces années où t’as pas pu rien y mettre. Cette lettre ne sera jamais un souvenir pour toi. Mais j’espère tout de même qu’elle y trouvera sa place.

Bonne fête des mères Maman. Je t’aime.

Bits of a new one

“I’m lost, I’m lost can’t you see?”

(While thinking, thinking she was headed somewhere until Victoria’s Secret’s catalogue came out)

Hodge Podge. When you say it out loud, it sounds like some kind of desert. Always wanted to write that. Like lost like water we fly over words when they run when they try to get away with it. Door’s wide open man, step right out. I ain’t running no more.  I wanna tell stories ’bout mah ded kitteh and ’bout that time when Ah loss mah job.

She doesn’t look like she’s read any intelligent books. I read that once and could not help wondering if it was about me.  Then I thought, how could it be? Now I think, who gives a fuck? I read Esquire magazine for my overpaid overworked no-time-for-arts-and-culture capitalist pig needs while puking eco-propaganda around me like I was fucking David Suzuki’s heir. I never pretend though. I can sleep at night because I think about buying a Prius. But now I’m told Ethanol is the root of all evil. Gotta keep up with these damn lobbyists! I’m thinking. I might not read anything printed anymore, but I sure am informed. And opiniated. On my way to being cultured and politicized enough for anyone who cares. Then again, I have to stay close to the commoner. That’s why I support my hockey team and watch tv.