7 jours

Je suis dans une bulle. Une bulle remplie de moi, juste moi et mes angoisses. Plus je suis stressée, plus je me retire, m’isole. Je suis de très mauvaise compagnie. Irritable. Égocentrée. Électrique, prête à sauter d’une seconde à l’autre.

Je m’excuse par la bande à vous mes amis. Je vous néglige. Je suis désolée. La bulle est très serrée. Et l’air pas particulièrement agréable à respirer.

Je penserai à vous là-bas. Vous écrirai, vous enverrai des cartes postales. Je penserai à vous. Là-bas.

Mais pas ici, pas maintenant.

Brèves de l’édicule [1]

Ce weekend c’est la vente trottoir sur Wellington. Évidement, c’est au moment où je dois restreindre mes dépenses au strict minimum si je ne veux pas me ramasser à Paris à manger de la baguette et des nouilles au beurre pendant deux semaines. Je vais tenter de prendre quelques photos et les partager ici. Je suis absolument, désespérément pas bonne pour prendre des photos. Comme le dessin, comme la guitare. Et pourtant, dans tous les cas, je continue. Je ne sais pas si j’espère un miracle et un jour me lever avec une compréhension de la chose et un talent caché, mais ce qui est certain, c’est que j’ai envie de les faire ces choses, alors…

Je ne me sers de ma voiture qu’une fois par semaine, pour la changer de côté de rue. Elle est couverte de crottes de pigeon et de toiles d’araignée et un pneu arrière est presque à plat.

Refuser le sein

Le 26 août j’irai voter par anticipation. Bien que je prenne ce geste très au sérieux, je ne peux m’empêcher d’éprouver une grande lassitude et je l’avoue, je deviens cynique, trop, avec le temps. Il n’y a rien qui m’interpelle dans aucun des programmes, aucun parti auquel je m’identifie. La route que le Québec emprunte, sur laquelle il s’aventure depuis maintenant trop longtemps, me désole, m’attriste et me fait petit à petit perdre mon amour pour ma province. Les sujets abordés aux débats n’étaient que prétextes pour des sessions de criage, d’accusations, de pointage du doigt.

Je fais mes courses sur Wellington après le boulot. Je regarde les gens qui l’habitent. Me voici dans un village cosmopolite où toutes les classes, les langues, les couleurs et les âges se côtoient. Où tous, ce que nous désirons le plus, c’est d’être heureux, d’avoir à manger ce soir, d’avoir encore un job demain.

Mais qu’est-ce qu’une poignée de millionnaires peut bien savoir de ce qui se passe ici? De ce dont nous avons besoin? À quoi nous rêvons? On nous agite sous le nez des promesses sociales-démocrates pour les uns, réformistes pour les autres. On nous promet, et c’est bien ça le problème.

La forme. Le contenu est un résultat de la forme. Et le cadre dans lequel évoluent nos gouvernements ne change pas. Ce cadre permettra toujours aux crosseurs de crosser. Tant et aussi longtemps que nous ne comprendrons pas que les élus nous sont redevables, que nous resterons là à attendre qu’ils nous mette le téton à la bouche, ils auront le champ libre pour promettre, se virer de bord et nous crosser.

Mais j’irai voter. Et contre ma conscience je voterai stratégique, en espérant, encore une fois, que cette fois-ci on a une chance, que cette fois-ci, on aura parlé assez fort.

À la Fripe-Prix

Je trouve vraiment difficile de résister à cet endroit. Alors que je devrais économiser mes sous pour mon voyage, je finis toujours par trouver l’excuse qui me déculpabilise d’acheter encore un autre truc.

L’endroit est captivant d’ailleurs. J’ai eu droit à Baby Jane de Rod Stewart en stéréo pendant que je fouillais dans le rayon des gilets, la dame qui s’occupe de placer les vêtement étant de toute évidence une grande fan. De chantonner sans connaitre les paroles. Faux. Et fort.

Il y a aussi quelques vieux monsieurs qui viennent cuiser les jeunes filles à la caisse. Et les vieilles dames qui viennent acheter des casse-tête. Des mamans un peu fatiguées à la recherche d’une paire de runnings pour le plus grand et peut-être une belle assiette de service pour recevoir la belle-famille en fin de semaine.

Et puis y a moi, qui passe les livres en revue, un par un, qui les touche, les prend, les remet à leur place, les reprend. À chaque visite de nouvelles découvertes. Je ne sais pas si c’est parce que j’avais mal regardé la dernière fois, ou parce que c’est des nouveaux arrivages.

Il y a quelque chose de profondément humain dans ce magasin. On se croise, on se salue, on se fait un petit sourire. On touche à des choses qui ont été aimées, puis rejetées, on les touche et on se demande si elles ne pourraient pas être bien chez nous. On voit les traces de leur vie d’avant, on évalue si elles ont du bagage, ou si elles ont bien vieilli. Et chaque article qu’on porte dans nos bras vers la caisse est une petite victoire, un abandon évité, une renaissance.

Quand le PQ jase de toi

Mon dernier billet a été partagé sur Twitter et Facebook par des militants du PQ, et ensuite par notre sympathique candidat dont il est question dans le billet et ensuite par le bureau du PQ de Verdun. En tout cas, tout ça pour dire que voilà ce que ça donne quand le PQ parle de toi:

Je n’écrirai pas de message spécial à l’intention des centaines de nouveaux lecteurs. Comme on peut le constater, ils ne sont pas revenus! Chose intéressante, la proportion de la provenance des visites est d’environ 95% Facebook, 5% Twitter. Je trouve ça significatif dans la mesure où si j’avais à faire la promotion de quoique ce soit, je saurais vers où me tourner… Autre fait intéressant, seulement 14 personnes se sont donné la peine de cliquer sur les hyperliens dans le texte. Ce qui est un peu triste. Le deuxième lien est vraiment à consulter, même si c’est pour le fédéral: Qui Vote Quoi

Je suis complètement absorbée par la préparation de mon voyage. Pas que je sois en train de planifier quoique ce soit remarquez… Je surveille de façon obsessionnelle le prix des billets d’avion, je fais du Google Street view pendant des heures, je fais une liste des tombes au Pere La Chaise, des supermarchés de mon quartier, je lis les forums. Je sais que je ne me rappellerai plus de grand chose une fois rendue là bas, mais c’est ma façon d’évacuer le stress et l’angoisse.

Je ne cesse de remettre ça à plus tard, mais franchement, là c’est vrai, demain, je termine les boites. Il en reste si peu, y a aucune raison pour que ça traine encore ici. Et si je suis gentille, je me récompenserai avec une petite recette de drink que je remet également toujours à plus tard…

Porte à porte

Thierry St-Cyr a sonné à ma porte ce soir. Fière habitante de Verdun que je suis, j’ai répondu à la porte vêtue d’un chandail du CH, des jeans et des Docs. Avec No Quarter qui jouait beaucoup trop fort. “Attends minute je vais baisser la musique!”.

J’ai pas envie de vous entretenir politique. Mais c’est un peu inévitable ces temps-ci. Donc Thierry s’emmène, et ma foi, il a l’air très sympathique! Il se présente au Parti Québecois. Ah. Ouin. Mais en jasant avec lui, j’ai réalisé que mon status d’indécise (Vert? QS? Nul?) risque juste d’aider le PLQ à rentrer à Verdun. Et bon, on s’entend, personne veut ça, nulle part!

Je ne militerai pas pour aucun  parti, et voter stratégique me rend triste. Mais peut-être que pour cette fois je ferai exception. Malgré tout, Thierry a l’air d’un bon gars.

Autrement ben, j’ai fait une pouding au pain, et elle est pas mal bonne. Ça pas vraiment rapport, mais j’avais envie de partager. (J’ai remarqué qu’ils vendent des bijoux à la tabagie…wtf?)

Aujourd’hui ça fait six semaines que je suis arrivée.

Portée

C’est vrai que j’ai marché beaucoup l’autre soir. Mais il me semble que c’est un des plaisirs de la ville. Très tôt le matin, à l’heure du souper, à la fin d’une nuit mouvementée, chaque moment est unique, les odeurs et les gens se mêlent, se fondent, s’unissent pour créer l’atmosphère qui t’accompagne. D’un quartier à l’autre, de nouveaux visages, des repas sur le feu, des enfants qui partent pour l’école, des amoureux qui chuchotent sur le balcon, des chats qui t’ignorent, ou qui ne te lâchent plus, des ruelles éclairées par la lune. Mais par dessus tout le mouvement. Le rythme d’un pied posé devant l’autre, sans pause, sans détour, devant, un, deux, un, deux, t’avances.

Comme si t’avais le choix.

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Feuilles mobiles

J’ai pris quelques photos lors de ma marche nocturne, et comptais faire un billet avec celles-ci ce soir. Mais j’ai oublié mon téléphone chez un ami. J’ai réalisé mon oubli à l’entrée de la station de métro, mais le dernier train devant passer dans quelques minutes, je n’avais pas le temps d’aller le chercher.

Les premières secondes, je me sentais vraiment dépourvue. Aucun moyen de communication entre là et ici. J’ai pris l’escalier mobile, passé le tourniquet, descendu un autre étage et me suis installée avec mon livre (Oil! d’Upton Sinclair) au bout du quai. Le vin aidant, je me suis calmée très rapidement, en me disant que de toute façon, y a pas un chat qui va m’appeler à une heure du matin!

***

Personne n’est venu réclamer la pile de livres de John Updike que j’ai trouvé à l’entrée de l’édifice où je travaille, et j’aurais sans doute dû en commencer un ce matin, mais Oil! me tente depuis longtemps. J’ai dû encore une fois abandonner House of Leaves pour la lecture dans le métro… Je suis rendue dans un bout complètement fucké, perdu dans un labyrinthe autant dans l’histoire que dans la mise en page (et la lecture) et mon trajet quotidien est juste pas assez long pour me permettre de m’y perdre convenablement. J’en suis donc à choisir mes lectures en conséquence, tant dans la forme que le format.

***

Si tout va bien (et si je fini par finir de décrotter mon plancher dans le salon) je devrais terminer de vider toutes mes boites demain… Un mois et demi plus tard, je pourrai peut-être enfin dire que je suis installée.

Full disclosure (ou presque)

Il y a de ces moments où je me dis, “Oh my, j’ai vraiment envie de partager ces moments avec un gars cool”. Et dans ces moments-là, la solitude que j’ai choisie m’écoeure un peu. Depuis plus d’un an que je suis célibataire, et deux fois j’ai ouvert un profil sur “le” site de rencontre, et deux fois je l’ai fermé une couple de jours plus tard.

Rien à faire. Je n’y arrive pas. Figurer dans un catalogue me répugne autant que de le consulter. Mais il n’y a pas que ça.

À la veille d’une rencontre possible je me suis mis à douter de moi, de mon apparence, de mes capacités à plaire, à intéresser… Juste ce sentiment-là aurait suffi. Mais avant de fermer mon compte pour la dernière fois, je me suis questionnée sur mes désirs véritables. De quoi ai-je envie? Qu’est-ce que je recherche vraiment? Et puis finalement j’en suis venue à la conclusion que dans le fond, quand je m’inscrit, c’est pour me gonfler un peu l’égo, mais qu’au final, j’ai pas vraiment envie d’avoir un chum.

Je ne ressens pas de vide dans ma vie. Je n’ai pas cette urgence d’être deux, de partager. C’est plutôt le contraire. Le besoin d’être seule est encore le plus fort de tous. Mon amie me dit “Cool! Même si c’est juste pour le cul, profites-en!”. Mais je ne pourrais pas. Du cul pour du cul? Nope. No interest whatsoever. C’est pas un corps qui m’allume, c’est une tête. Et le catalogue que j’ai consulté en semble particulièrement pauvre. Et toute cette catégorisation, ces préférences, ces exigences, ces idées préconçues de ce que devrait être une relation me donne la nausée. Si c’est ça, fuck it.

J’ai quarante et un an. À ce jour j’aurai vécu plus de la moitié de ma vie à deux. Peut-être aurai-je cette envie à nouveau au cours des trente, quarantes années qui me reste à vivre. Sans aucun doute. Mais forcer le destin pour un moment de solitude un peu triste, ça, je n’y crois pas.

Marche nocturne

Ste-Catherine piétonne à deux heures du matin, guirlandes rose à moitié éteintes (ou brûlées, dur à dire), les terrasses désertes, quelques ados un peu trop saouls, quelques bears un peu perdus. C’était un peu magique. Montréal la nuit, un jeudi, encore tranquille en prévision du weekend, mais pas énervée.

Plus tôt, beaucoup plus tôt, en passant sur St-Norbert, l’opulence m’a un peu effrayée. J’étais finalement soulagée en fin de soirée, coin de Maisonneuve et Plessis. Montréal ma belle, ma ville, tranquille mais un peu sauvage, comme moi.

Avant les bières et les rires, juste après St-Norbert, St-Denis et ses milles boutiques plus prétentieuses les unes que les autres m’avait déçue. Mont-Royal avait l’air presque sympathique après toute cette lourdeur commerciale, faussement ici bohème, là artisanale. Depuis quand artisanal équivaut à hors de prix et tristement snob?

Chantais à haute-voix en descendant de Lorimier, belle et feuillue et toutes les transversales m’appelaient de leur lumière douce: “Tourne ici, viens par là”. Je suis passée par le dernier quartier que j’ai habité avant de quitter pour l’autre côté du fleuve. Je m’y retrouvais par à-coups, ça déjà été chez moi, mais ce ne l’est plus. Enfin, peut-être un peu, mais pas de la même façon.

Une nuit si chaude et humide partage difficilement ses odeurs. Mais ce que la ville ne m’a pas offert en parfum, elle me l’a rendu en lumière un peu magique et mystérieuse.

Bonne fête Véro. Finalement, c’est toi qui m’a offert un cadeau ce soir.