je penserai à toi

Je fais ma première course demain. Je suis lente. Mon entraînement n’a pas progressé comme je l’aurais souhaité cet été, j’arrive même pas à passer sous la barre des 40 minutes pour un misérable 5 kilomètres. Enfin, je ne participe pas pour la compétition, sauf avec moi-même. Il me restera un autre mois pour la prochaine au Marathon de Montréal (ça fait moins cool de dire, la journée AVANT le Marathon…).

Je suis vraiment nerveuse mais ce qui est désagréable c’est que ce n’est pas la course elle-même qui m’angoisse. C’est la foule. L’événement. Les gens, les bruits, les comptoirs où il faut s’inscrire, laisser son nom. Comment m’y rendre (bus, scooter et si scooter, où me stationner?) À quelle heure partir? 
Ça empire d’année en année et je ne sais pas comment gérer ces angoisses. Et je me demande, est-ce que je les nourris en les laissant monter à la surface? Me semble que d’étouffer ces émotions serait plus nocif. Le pire c’est que chaque fois, une fois dans l’action, tout coule, je gère et ça va bien. Enfin, je tente de rester zen, je vais bien manger, essayer de ne pas trop fumer de weed et me coucher tôt. Aléa jacta est.
Un baume, ce doux courriel ce matin: “je penserai à toi, tu es extraordinaire”… Qui rend tout cela très vrai, et tout à fait possible.  

C’était débarré

Je refermerai un peu la porte après ce message, mais
je ne la vérouille pas non plus.

Je pense à toi parfois. Souvent ces jours-ci. Je sais pas pourquoi, peut-être parce que toi aussi. J’ai relu notre dernier échange, qui date déjà d’un peu plus d’un an. Et j’ai toujours les mêmes questions en têtes. Celles que je n’ai jamais osé te poser. Et aussi certaines qui se sont formées au fil du temps. Je me demande par dessus tout si tu l’aimes toujours autant. S’il t’a finalement convaincue de faire un bébé. Ça m’a toujours attristée de constater à quel point tu te sentais le devoir de le défendre, de justifier son refus d’accepter ses actes. Mais je ne t’ai jamais jugée, surtout pas pour cela. J’ai toujours ces deux dates en tête. Ces dates qui te faisaient rager, finauder, supplier. Celles qui représentaient tout pour toi, toute la différence. Il n’y avait pas que mon cul que je couvrais avec mon silence. Il y avait ta raison. Je crois que tu l’aurais quitté si tu les avais eues. Trois vies bouleversées, c’était assez. Pas besoin de les briser.

Je pense à toi parfois. Je revois la photo que tu m’avais envoyée, ton corps mince, tes cheveux blonds, ton beau sourire. Et les contrastes entre nous, et pourtant la surimposition c’est faite instantanément. Après quelques lettres nous parlions le même langage. Et l’écho que j’entends toujours, c’est celui de nos voix muettes qui criaient notre besoin d’amour. Sans jamais l’avouer. Je crois que notre désarroi commun nous aura unies. Mes amours en décomposition, plus d’ancre, plus de port. J’étais si seule. Et toi au bord du gouffre de la perte. Et nos mains qui cherchent à s’accrocher à quelque chose, n’importe quoi, n’importe qui. Et qui de plus improbable que l’une pour l’autre?

Je pense à toi parfois. Est-ce que tu viens toujours ici? Où en es-tu avec ta vie, la sienne, la vôtre? Comment tu as pu vivre tout cela, comment tu as pu lui pardonner… Je t’admirerai toujours pour la force dont tu as fait preuve. J’ai tout effacé de cette époque, de ce moment dans ma vie. Sauf toi. Comme un phare, tu as doucement parsemé de lumière mon chemin que je croyais avoir à parcourir dans le noir à tout jamais.

Je pense à toi ce soir. Tu me manques. J’aurais aimé te le dire autrement. Mais tout est ici, mon message pour toi, et si mon coeur ne me trompe pas, je crois que le tien en captera l’essence.

Pour la valise

Comme à chaque année je t’ai souhaité bonne fête des mères, en visitant ton dernier domicile. Le garde-robe de l’entrée. Je le sais que tu m’as demandé d’aller t’éparpiller dans le ruisseau à Morin Heights. J’ai encore la map que tu m’as dessinée. Juste là, en bas de la côte, avec une flèche pour que je trouve ton sentier. Mais chaque fois que j’y pense je me dis, pas tout de suite, je ne suis pas prête. Parce que tu m’avais aussi dit, vas-y juste quand t’es prête.

Les enfants sont arrivés ce soir. Et en vidant la laveuse tantôt je me suis dit, bordel que ma vie a du sens quand ils sont avec moi. Et je pense à toi, à tout ce que je t’ai reproché, à tout ce que j’arrivais pas à te pardonner. Et c’est fou comment tout ça s’est fondu dans la toile de mes souvenirs. Parce que je sais à quel point j’étais importante pour toi. Je sais à quel point certains matins il n’y avait que moi qui te faisais te lever. Je sais aussi que la pilule de plus, la track de plus, celle qui t’aurais emportée, tu l’as jamais pris pour ça. Pour moi.

Et je me retrouve un samedi soir seule chez moi à manger une quiche, un peu de baguette avec du pâté et du chèvre. Je regarde par la fenêtre, c’est le silence. Tu es si présente, plus que tu ne l’as été depuis ta mort. Mes gestes, mes mains, mes rires, mes regards. Tout porte ta marque. Je suis où tu as été et j’ai parfois l’impression de vivre la vie que tu aurais aimé être capable de vivre. Et dans mes moments difficiles je vois tes traces de pas là devant. Je ne fais que bien choisir mes tournants, et malgré l’envie de suivre tes pas, parfois, tu vois, je dois prendre une autre direction.

Mais je sais, enfin je crois comprendre, que tu étais simplement mal armée pour cette vie-là. L’impression de ne jamais fitter, de ne jamais être à la hauteur. Et je pense qu’il est arrivé un moment donné où tu n’as plus voulu faire de choix guidés par la peur. Et c’est là que tu t’es perdue. Je l’ai pris ta main tendue tu sais. Plus souvent que tu ne le crois. Mais je ne t’en veux plus. Je regrette simplement de ne pas avoir eu la maturité de te pardonner de ton vivant.

Tu me manques plus aujourd’hui qu’à n’importe quel autre moment de ma vie. Il y a, il y aura toujours une pièce manquante dans ma vie. Je regrette de ne pas t’avoir dit plus souvent je t’aime. Je regrette de ne pas t’avoir serrée dans mes bras quand tu en avais le plus besoin. Je regrette, je regrette, je regrette. Ton parfum me manque, ta voix, nos délirs avec les mots. Tes caresses, quand tu me serrais dans tes bras et que tu me disais je t’aime. Ton riz espagnol, ton pain doré.

J’ai encore ta valise remplie de mes cartes et bricolages que je t’offrais. Mon préféré a toujours été le papillon en terre cuite. La peinture à l’eau est toute partie, il a une aile brisée. J’y rajoute cette lettre ce soir. Je sais que ça ne compensera jamais pour toutes ces années où t’as pas pu rien y mettre. Cette lettre ne sera jamais un souvenir pour toi. Mais j’espère tout de même qu’elle y trouvera sa place.

Bonne fête des mères Maman. Je t’aime.

Double take

Jouons sur les mots, les sens et les sentiments. En choeur.

Les lettres prises, les coeurs épiés trouvent toujours repos.

Killer riff, the kind that keeps on giving.

Like me.

Mais je ne parfume pas toujours mes mots.

You know I’m born to lose, and gambling’s for fools,
But that’s the way I like it baby,
I don’t wanna live for ever,
And don’t forget the joker!

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for V., because it’s all true… always has been

My head hitting another stair, I watch my blood flying and spattering the wall almost gracefully. I could reach for the railing. Of course I could. It’s right there. Yet I think, another one, just one more. And as my cheek connects with the concrete I wonder why I can’t hear anything. Then one ear pops and a gush of blood erupts from it, temporarily spurting but quickly receding and joining the small river in my neck, fed by my nose and one eye that quit after the first flight of stairs. My hand is going up. A spectator would think “at last, she’s reaching for the railing!” but he should know different. I can see the next stair coming and my elbow looks  like it will be doing the landing this time. But not before I have time put my fingers on my skull where it’s soft now. Where it’s warm. The light dims. I understand that it had to be this way. I can only hope they have my blood type at the hospital.

—o0O0o—

I have no reason no why no when. There is always if, but we all know what this one amounts to.

The Words are still alive. Busy living, granted. Growing, spreading, sowing. A harvest in time.

I remember when they meant more than my breath. When they were my breath. I try not to forget.

Sentences the yarn that wove itself into the only blanket I would let warm me.

I do feel cold sometimes. Then I reap. And it all comes together.

I’ve found things that heal. Other things. But the generosity of the Words have no equal.

la gâzette

In this post I told you about an email I got from Steve Faguy.

Well… It’s in! Go have a look for yourselves!

This stirs up a whole lot of funny feelings. First, I don’t write in English so much anymore. And really, there are no reasons for it. It just happened. Although I think it’s coming back to me. Second, my anonymity.

In the last few months, I’ve opened up more than I’ve ever have. And came to accept that whatever I do, whatever I’m going through, this blog has been and is, all that I really am. Nowhere else have I been able to think, feel, and really look at myself the way I have here.

My tracks are less and less covered. The way I see it, if I was able to put it here, or anywhere else on the net, I have to live up to it. Or down. And so, through some funny means, the children came to know about this blog. And it was a wonderful moment. Of understanding and acceptance and we had a very open conversation about personal feelings and emotions. And also, about perception…

I want to thank Steve for the way he introduced this blog, in the Gazette and on his blog. I am more than flattered and truly touched. It’s quite something to have another’s point of view on your own personal thought. And it could not have been done better.

Now Dave… I’m sorry to say, this is putting me in a state of over analyzing… Beware!

Réponse I

Je ne crois pas que l’impulsivité ait de quoi à voir avec penser à soi et être centrée sur ses besoins. Ce n’est pas du détachement non plus. À la limite, dans certaines circonstances, l’impulsivité peut se traduire en irresponsabilité. Ce dont je n’ai pas fait preuve en quittant. Mais il est certain que le thought process à été d’une lenteur extrême pour moi, parce que justement, les conséquences pour les autres me préoccupaient beaucoup plus que pour moi. Donc pas de spontanéité non plus.

Ce que je t’aurai permis? Toi seule peut vraiment savoir ce que tu te permettais de voir et d’admettre. J’ai levé un voile sans le vouloir. Ce que tu as ressenti, fait, dit et accompli à ce que ça a révélé, suite à nos échanges, est probablement ce qui à été différent cette fois.

Quitter un homme qu’on aime, c’est une chose qui encore récemment me semblait illogique. Quand il y a l’amour, que peut-on vouloir de plus? Je réalise maintenant ce que ça veut dire, ce que ça implique. J’aurais pu te dire cours! Sauve toi! Sors de cette relation avant qu’elle ne te tue. Mais je sais qu’il n’y a pas de bout du chemin, qu’il n’y a pas de fin à ce parcours. Si ce n’est que notre vie. Ou la leur. Parce que quand on ferme les yeux, et qu’on pense à sa main sur notre joue, ses sourires dans le noir, la tête lâche prise.

Et on vit une autre journée.

Correspondance en suspens

…Je réfléchis si longtemps à chacun de
mes gestes, surtout ceux qui ont de l’importance et
des conséquences, pour moi ou pour les autres, que
j’ai du mal à concevoir l’impulsivité. Et en même
temps, c’est quelque chose que j’envie.
Parce que j’aimerais être plus détachée, plus centrée
sur mes besoins, parfois, plus spontanée.
Je pense que tu m’as permis ça, à quelques reprises.
Et c’est pour ça que j’ai encore envie de t’écrire, parfois.

Je t’imagine vivant seule.
Avec tes enfants par moment.
Avec une liberté nouvelle sinon.
Et je me demande comment ça se passe, dans ta tête.

Es-tu heureuse ?
Es-tu là où tu dois être à ce point-ci de ta vie, tu
crois ?…

J’aurais pu répondre à ça. Je tenterai de le faire. Par une porte qui n’est pas encore fermée.