Vocalises

J’arrive de mon cours de chant. Mon problème avec les compliments en prend plein la gueule. Je sais pas trop exactement quand ça s’est matérialisé dans mon esprit, j’ai de ces profondes réalisations presque tous les jours maintenant.

J’allais écrire étape. Mais ce ne sont pas des étapes. Les choses se suivent et ne se ressemblent tout simplement pas. Quand j’ai découvert l’écriture et les blogs. Quand je me suis séparée. Quand je suis revenue à Montréal (laissant derrière une autre relation). Quand j’ai arrêté de fumer. Quand j’ai commencer à utiliser une machine cpap, par le fait même réglant une trâlée de problèmes de santé que je croyais liés à… Quand j’ai perdu du poids tout en regardant ma relation avec la bouffe bien en face. Quand j’ai commencé à courir il y a 9 mois. Quand je me suis fait faire mon premier tatouage il y a deux semaines.

Je porte maintenant des shorts et des soutiens-gorge sans bretelles. Je passe dans tous les tourniquets sans avoir à me tourner. Je fit dans les fauteuils au cinéma et dans l’avion. Je fit sur les bancs de bar.

Vitesse grand V. Mais je frappe en masse de murs. Je sais reconnaître les signes. J’en prend trop, je deviens maniaque, imagine les scénarios les plus grandioses et puis je capote, je m’enfarge et je paralyse pendant une couple de mois. Rinse and repeat. It’s all good. Je m’en vais dans la bonne direction peu importe les détours.

Voici donc une nouvelle non-étape. Je chante en secret depuis toujours mais suis incapable de le faire en public. Mes quelques expériences dans les partys de famille ou dans les karaokés ne font que renforcer ma gêne (que je peux maintenant associer à mon aversion pour l’attention positive). Mais je suis rendue là. Aujourd’hui à la fin d’une phrase bien sentie pendant Someone to Watch Over Me j’ai vu la chair de poule se former sur le bras de ma prof. Elle m’a regardé toute heureuse, “t’as vu, tu me donnes la chair de poule, t’as tellement une belle voix!”. J’ai beaucoup de misère à ne pas me sauver, à ne pas dire, bon non c’est ta clim. Je le prends. Je prends tout, j’ai le droit, je ne dois plus jamais refuser de m’accomplir.

Des chiffres et du temps (et un nouveau blogue)

Dans 24 jours je traverserai le fleuve pour la douze millième fois (approximativement, selon mes calculs plutôt paresseux). Dans 24 jours, je reviens habiter l’île. Je dis toujours que j’ai grandi à Montréal, mais ce n’est pas tout à fait vrai. En partie oui. Mais en détail, c’est plutôt comme suit:

Née à l’hôpital Fleury, mais mes parents habitaient Laval. Incluant 4 déménagements, un détour par Ste-Adèle et leur séparation, je suis arrivée à Montréal véritablement à l’âge de 7 ans, en 78. Avec ma mère, nous y sommes restées jusqu’en 83, incluant 3 déménagements dont le dernier qui nous ramena à Laval, dans le fabuleux complexe de la Place Bellerive, au 14è étage. Je n’y suis restée que quelques mois, de juillet à octobre. Elle avait besoin d’un break… Je suis donc partie vivre avec mon père à St-Jérôme, pour un an. En août 84, je suis retournée avec ma mère, qui habitait maintenant à St-Antoine. Nous y sommes restées un an. Ensuite, Rosemère et Ste-Rose dans la même année.

En juillet 85 j’ai fait mon entrée à la polyvalente Père-Marquette. Et malgré un déménagement l’année suivante (Bellechasse Christophe-Colomb à Beaubien de Normandville), j’y suis restée pour les 3 dernières années de mon secondaire.

J’ai quitté ma mère pour emménager avec mon chum dans le même bloc appartement, de l’autre côté du corridor. Après 4 autres déménagements, nous avons quitté la ville avec les enfants pour nous établir à La Prairie, en 95.

Si on additionne tout ça, c’est pas tant que ça. 15 ans sur 41 à Montréal, et tout déchiqueté sur une timeline, je l’avoue, assez dure à suivre. J’ai longtemps été capable de me rappeler toutes les écoles que j’ai fréquenté, mais je ne suis plus trop certaine. Pas des noms en tout cas. Le nombre? 11 (dont 3 ans dans la même).

Depuis que je suis ici sur la rive-sud, 3 déménagements. Avec celui qui s’en vient, le grand total? 23.

Mon blogue a déménagé qu’une seule fois, de blogspot à ici. Go figure…

J’imagine qu’il y a des trucs, des choses importantes qui devraient être analysées, des introspections à faire, des questions à me poser. Je le ferai peut-être un moment donné. Comme c’est là, tout ce que j’ai envie de faire, c’est de paqueter des boites et de rêver à Paris.

Et une autre petite chose… Écrire. Autrement. Ailleurs. An unexamined life existera toujours, il ne s’agit pas de déménager encore une fois. Je me créé un autre espace, pour exprimer ailleurs un regard nouveau et des réflexions différentes. Mon espace ici, c’est un peu comme ma chambre. On est assis dans mon lit, on jase, on rêve, on pense à hier et on imagine demain.

365 jours de retour sera juste ça. 365 jours à revenir, 365 observations, humeurs, odeurs et la vie tout autour de moi, tout autour de l’île.

 

1975

She's not there

You would think that after eleven years I’d be over the worst of it. I would anyways. It’s some kind of freak phenomenon where I mourn in reverse. I was so strong when she died, I don’t think I cried that much after that day. And I have been able to recall, to share, without breaking down for years. But these days… I don’t know. It’s like… Like she’s here, trying to tell me something I worked hard to forget. I want to hear her voice. I hear her voice. I want her to be here with me, being the mom she never really was, but that I so desperately needed. Need. I’ve been teased before about my liking older men, something about me looking for a father figure. That might’ve been true a long time ago, but lately I have experienced emotions that led to thoughts I never let myself explore further. Time, life and compromise has helped my dad and I mend our relationship. I don’t know if  that would’ve happened with her. I’m not killing myself with the regrets, the what-ifs, I’m simply overwhelmed by an immense sense of loss, a loneliness that is completely new, unknown in its nature, its provenance. Why now? Why does she come up in conversation, why do I stumble upon one of her notebooks while going through my own, why do I see her reflection when I look at mine? I’ve fought so hard not to be like her, not to be her. The fears are gone, I am me, completely. And I wonder if it’s because of that that she’s making this sudden come back. I’ve let a lot of guards down, I’ve opened up, secure in who I am, who I’ve become. Not so far removed from the woman she could have been had she chosen a few different paths maybe. But overall… I could turn this over this way and that way, pry open the memory chest, cry over old birthday cards, but it won’t do any good. I don’t understand why it’s happening now, or how long it will last. But I guess I just miss having a mom. And everything that comes with it.

(after thought)

And it struck me this morning. The fortresses. I used to say “I hate people” and I really felt like I did. But above the collective stupidity, what I hated most I guess was to feel left out. Locked out. Denied all the supposed riches I thought I saw behind the windows, from outside.

What has changed is that I am a fortress too now. I hold my own riches.

And when she walks, she walks

A very long time ago, when I was all that (not!), Steve Faguy from The Gazette did a profile on An Unexamined Life… I was reading his post about getting a permanent job at the newspaper and through his memories I was reminded of that very special time in my life, that place I was in.

One of the things he wrote that I always remembered was this: (…) writes about emotions the way a political junkie talks about parliamentary procedure.

Through the years since then I’ve lived a whole lot more than I could’ve imagined. What I thought was the worst of times, in hindsight, might not have been that bad. Yet again, in a couple of years from now I might feel the same way about the last few ones.

Years. Cycles. It should be frightening to be talking in years and not in months, weeks, days. But as I emerge, as a human being, as a woman, from a multi layered and armored cocoon, I can see, accept, that things take time. And that we have to take it. Take the time to cry, to suffer, oh so much and when will it ever end? But also to screw up, to not give a fuck and to just say fuck it all, fuck all that fucking bullshit.

And in the midst of all this, I lost faith in my worth. Thinking about myself first, about my own happiness only made me feel guilty. It’s a long, very long, very hard battle. But I am closer to its end than to its beginning. I wish I could send thanks flying around to everyone involved, but if you don’t mind, I’ll thank myself first.

Lui: L’important, c’est d’être heureux.
Moi: J’ai de la difficulté avec ça, faire des choses qui me rendent heureuse.
Lui: Tu ne devrais pas, il faut prendre soin de ton bonheur.
Moi: Oui, mais je veux être certaine de la justesse de chacun des gestes que je pose pour ça. Il est trop facile de confondre le bonheur, la liberté, avec la fuite. Alors que l’on croit qu’on avance, lorsque l’on fuit on ne fait que tourner en rond!

And so it goes. Full circle? Not quite. But the past is not so far that I can’t see it’s ugly face. As I tread along, it will remain visible, but only as a reminder that I will not hang around his lot anymore.

Blast from the past: Released

Publié la première fois le 30 janvier 2006

Le 17 novembre elle aurait eu 62 ans.

Le 12 décembre ça a fait 11 ans qu’elle est partie.

***

When she told me her doctor was putting her in palliative care at Notre-Dame, I knew it was over. She acted like it was a temporary thing, just to get some strenght back. I never asked her if she really believed that. I could hardly deal with it myself. All it meant, all I heard was “I’m going to the 5th floor, to die”. Because that’s all it meant really. I had been looking at the cancer killing her for six years. Looking at death making it’s way, drying her skin, rotting her teeth, pulling her hair, eating her flesh, taking away her life so slowly I almost wanted to help her go sometimes. For some years she did good, but the last 9 months were a complete waste of life. For everyone. I mean, how many times can you say goodbye, how many times can you prepare for death, how many times can you go over the paperwork to make sure everything is in order? Six years is a long time. Nine months is an eternity.

Before she was sent to the fifth floor, she was at the long term care unit, with the crazies, homeless, kinless, lifeless. People strapped to their chairs, sitting in their shit all day. People screaming all night, not able to get sleep. We couldn’t have her at home, not with two small children. For us, but mostly for her. I could see she was going. She needed medical care everyday. So that day, when I came to see her, and she told me she was moving up, she seemed almost happy, relieved.

She sat in a wheelchair and a nurse brought us to the fifth floor. Exit the shit smell and the screams. The elevator door opens to carpeted floors and classical music coming out of nowhere, paintings hanging on the walls. A volunteer greeted us and took us to her room. Private, huge, filled with sunlight. He asked her if she wanted anything, she asked for a glass of juice. He brought it in a wine glass on a platter. And yet everything spelled death. I couldn’t even talk, it was surrounding me, hitting me, killing me. I helped her settle in her room, we visited the music room next door, the smoking room across the hall, the kitchen where she could keep her energy drinks and stuff. Then I left. The following day I came back and put some christmas decorations up in her room, it was the 9th of December. On the 10th I brought her home with me to have a small dinner and put up the christmas tree with the kids, we sang some carols and I took her back to the hospital. She threw up in the elevator, even though she barely ate at home. She was really weak. The following morning, the 11th, my birthday, the hospital called me at work.

“Your mother had an embolism last night. She’s a DNR, so we could only help her breath. Unfortunatelly she lost consciousness, and probably has only a few hours left.” I have no brothers or sisters, nor did she. No immediate family either. For the next 24 hours it was me and her in that room. Me and a body I could not touch at first. A face trapped in pain, invisible, silent. The nurses would give her morphine when we thought she was in pain. Slowly, I started to stroke her face, wash her mouth, massage her hands, I sang to her I think, told her secrets, stories. Told her I was there for her, that I loved her.

Around 2 o’clock on the 12th, I saw she was getting agitated. I was sitting next to the bed, a volunteer from the cancer support group standing next to me. In the music room next door a pianist was playing Suzanne, and I held her hand and told her it was ok, let go Mom, it’s ok, I’m here, I love you, but you have to let go now ok? it’s all right, her pain was pulsing, trying to rip through her, but I think that she was trying to talk, and I like to think that in her last few breaths I heard her say I love you. One last tiny breath, and she just stopped fighting.

And I held her hand for a while longer, talking nonsense to her stomach where I had lain my head, hearing the soft melody coming from the piano and then the slience. Only my breath against the blanket, my blood in my ears. And then nothing at all.

***

Tu me manques encore à tous les jours maman.

Passer GO, à tous les tours

Je vais essayer de ne pas écouter QUE du Dylan dans le bus.

Je pars dans moins de huit heures, les nerfs en boule, la tête en feu, l’esprit tranquille.

Alors que je me trouve pas mal “tame” dans mes moves de vie, j’ai des amies pour me rappeler que c’est pas mal cool ce que je vis présentement. Mais que ce n’est qu’à la hauteur de qui je suis. Justement. Qui je suis. C’est des retrouvailles en quelque sorte.

-Hey you! Long time no see, what have you been up to?

-Dunno.

-What do you mean you don’t know?

-I don’t, really. Except that there was this guy, and there was this girl, and the girl really wanted the guy to love her, so I guess she got lost trying.

J’ai quarante ans. Voilà. Ça fait quelques mois déjà, mais aujourd’hui, en ce moment, j’ai mon âge, et je l’aime. J’ai des rêves encore, et à quarante ans, finalement, je n’ai plus peur de ne jamais les vivre. Au contraire. C’est que je puisse qui me fait peur un peu maintenant.

C’est une peur superbe, magnifique, magique.

À go j’en vis un autre ok?

Go.

 
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Blast from the past: À Bizoune…

Publié aujourd'hui parce que tous les jours ça devrait être la fête des pères. Publié aujourd'hui parce que c'est toujours vrai, toujours la même réalité. Publié la  la première fois le 11 décembre 2006.

 

À Bizoune… 

En vieillissant, y a plein de choses auxquelles on pense. Y a plein de choses qu'on a pas pensé. Y a plein de choses qu'on se reproche. Y a plein de choses qu'on voudrait changer. Mais…

Y a une chose que je ne voudrais pas changer, et ça,

C'est TOI.

Je t'aime xxx 

J'ai refermé la carte avec un gros motton.

-Moi aussi je t'aime fort papa.

Et je l'ai embrassé. Mon papa. Mon papa d'amour, que j'ai tellement détesté de ne pas être là, d'être ailleurs tout le temps quand j'avais le plus besoin de lui. Sur le party, en prison, avec sa femme et son fils. Mon papa qui savait juste pas comment me le dire. Qui savait juste pas comment être papa. 

Mon papa qui me donne cinquante piasses en cadeau, alors que mon salaire fait le double du sien et de sa femme. Alors qu'il pense à vendre son petit restaurant parce qu'il ne fait plus d'argent. Alors qu'il doit nous emprunter un peu de sous, parce que la loi anti-tabac les a frappés de plein fouet et que le chiffre d'affaire a baissé de pas loin de 35%. Mais de le refuser ce cinquante piasses, ce serait pire que tout.

Alors j'ai pris les sous, j'ai pris la carte, j'ai pris mon papa dans mes bras et je l'ai embrassé. Et pour la deuxième fois de ma vie adulte, je lui ai dit à haute voix que je l'aime. La première fois, j'étais assise dans le fumoir des soins palliatifs à Notre-Dame. Ma mère venait tout juste de mourrir. Dix, quinze minutes pas plus. J'ai pris le téléphone, signalé, il a répondu. J'ai dit "C'est fini papa." Il s'est mis à pleurer doucement, un ou deux sanglots, pour la femme qu'il aimé pendant six ans, qu'il a failli tuer avec ses mots, avant qu'on ne se sauve elle et moi. Elle l'a toujours aimé, jusqu'à sa mort. Et je pense qu'il le savait. Il a prit un grand respire, et il a réussi à articuler "Au moins elle ne souffre plus." "Je dois y aller papa, y a le médecin qui m'appelle. Je t'aime papa." Et j'ai raccroché.

Et puis je réalise, je sens, je sais, qu'il sera toujours là, que lorsque je partirai d'ici, ce sera dans ses bras que j'irai pleurer. 

On a passé assez d'années à valser entre amour et orgueuil. Les masques ont pris le bord ce soir.

 

Blast from the past: Fear… less than. More though. An equation for sure.

J’avais oublié… Oublié de l’avoir écrit, mais surtout ce que ça voulait dire.

 

I said I suck at maths and it’s true. So for me, one plus one, that doesn’t always equal 2. Eventually yes. With time, understanding the mechanics that led me to the wrong answer, yes, it can make 2.

One. And one. If the ones are the same, then two is a big fat pile of whatever one is. I thought my main equation included shit. Turns out it was fear. At this point. Right now.

Yes it’s all about focus. Yes it is the test. (don’t you hate always being right?) Focus on the smallest of actions. That is fearsome. Focus on the big picture is the easiest thing. The shit happened when I overlooked the moment. The shit that I always put in the equation was in fact the result of it. Fear and fear. Add them up. See what happens.

Gut wrenching fear, a moment when I thought I was actually going to loose my mind. My mind. Not in the metaphorical sense. Real. Faced with the small actions I didn’t focus on, because the big picture was much more important. I thought.

Gut wrenching fear. Of looking at myself. And understanding. I wasn’t overthinking. I was drowning the noise of my actions in the very comfortable bed of words that is my blog. I have made a trip to earth. And discovered I hadn’t lived there in a while. Writing. Like drinking, downing pills, smoking. Just battling the noise.

Gut wrenching fear. That in all my selfconsciousness, my search for peace of mind, my clever thoughts, my claims to being a loner, I forgot about being human. I am paying the price right now.

I might never be the same again. I might remain the same forever. I know that I will have, for once, at last, finally understood what this means. The moment. The focus.

And I might also forget this feeling I have right now. Or I might pretend that I don’t care too much. So before it all goes away, before I choke on my words, I want to say this:

I love you.

Every single one of you. I mean it and say it without fear.

 

Publié la 1ère fois le 16 septembre 2006.