363 jours

je ne comprends pas trop comment pourquoi mais tout me tire me pousse et je veux partir me sauver vers ta vie me noyer dans ta vie n’importe où n’importe quoi sauf la mienne et comment ça pourrait être impossible comment il pourrait être trop tard alors qu’on a encore tant à vivre et tellement besoin d’aimer mais trop peur pour vraiment laisser la porte ouverte j’ai le nez qui saigne mais j’essaie encore et tant que je vivrai ça n’aura de cesse mais alors que l’évasion me semble la seule chose qui me permette de respirer sans souffrir

la réalité

ne m’oublie pas

alors résolument

je reste

sans toi.

trois lignes

de faire des vagues. ne pas arrêter de faire des vagues. 

de toucher les gens. ne pas oublier qu'il m'arrive de toucher les gens avec mes vagues. 

encore faut-il se rappeler quand c'est notre tour de jouer le rôle de la mer.

 

Texte inédit qui comporte un titre

Tsé, la signification d’un refus c’est toujours relatif. Pour le/la refusé(e) et pour l’autre qui décide. Mais des fois c’est tellement clair que l’autre s’est FOURRÉ. Come on asti. J’ai même pas de mots.

Y a Christian et Éric qui sont mille fois plus ci et ça que moi, alors allez les visiter pour qu’ils vous esspliquent.

TEXTE INÉDIT QUI COMPORTE UN TITRE

Un gars qui écrit des livres m’a laissé entendre que j’pourrais publier un texte inédit qui comporte un titre dans la revue Mollusque, une revue de littérature toé chose.

C’est un numéro thématique sur les Sauvages. Hostie, j’en suis un. Ça tombe bien.

Ça fait qu’après m’être gratté la tête une couple de fois, j’me su’s dit que j’pourrais ben torcher un p’tit que’que chose pour Mollusque.

D’abord, mon père disait qu’i’ était pas un Sauvage pis qu’les Bouchard v’naient d’la Normandie.

Fuck, i’ v’naient même pas d’la Normandie les Bouchard! I’ v’naient comme i’ pouvaient quand l’occasion s’présentait. Pis i’ d’vaient v’nir souvent parce qu’i’ étaient dix-neuf enfants du côté d’mon père.

La mère de mon père était une Sauvage, une Algonquine ou, comme on dit à c’t’heure, une Anishnabé. A v’nait d’la réserve d’Oka. Le père de mon père a grandi à deux miles de Métis-sur-Mer. Pis du côté d’ma mère, c’est pareil. Des descendants d’Acadiens métissés de Micmacs qui vivaient à Sainte-Clothilde-de-Horton su’ l’bord d’la track, comme des Gitans.

Nous autres, des Bouchard d’la Normandie? Christ de joke de curé, oué… D’la christ de marde. On nous a pâlis maudit calvaire de pompier sale! Comme si on était des Juifs sous l’occupation allemande, en France, en 1944. Pâlis pour notre bien, bien sûr. Pour ne pas passer pour des hosties d’Sauvages. J’m’appelle pas Simon Ben Gourion mais François Dupont! J’m’appelle pas Makwa Grizzli mais Gaétan Bouchard!

Ces hosties de curés-là ont toutte faitte pour crisser ça dans ‘a tête de mon père, qu’on n’était pas des Sauvages, mais des chevaliers de la table ronde, avec une fleur-de-lys dans l’cul.

Tabarnak! On a gardé de nos racines que le paillard français qui a trempé sa bite dans ‘a p’lote de nos grands-mères. Maudit christ de saint-cibouérisation d’calice!

Ça fa’ qu’un m’ment d’nné e’j’me su’s dit qu’c’était assez. Toutte disait que j’étais un Sauvage. C’était écrit dans ma face saint-chrême, dans ‘a face de mon père, de mes frères, de ma mère, de mes ancêtres. On était des Métis calice! Pis on l’est d’venu, avec des cartes toé chose pis toutte le kit.

Mon pays, c’était encore l’hiver. Mais c’était aussi l’île Mékinak, l’Île de la Tortue. Pis j’me su’s mis à comprendre plein d’affaires sur moé et mon pays. D’abord que je ne savais rien de Saint-Laurent et Saint-Maurice. Comme tout le monde autour de moé. C’qui fait que j’ai rebaptisé mes noms de lieux : le fleuve Magtogoek, la rivière Métabéroutin, pis toutes sortes d’affaires de même. Pis ça fait juste commencer. C’est pas fini. Christ que non c’est pas fini.

J’me suis mis aussi à écouter les arbres. Fuck, c’est pas d’ma faute, mais nous autres les Sauvages on sait qu’i’ nous parlent, les arbres, les roches pis toutte le reste, juste parce que c’est comme ça. Nous sommes animistes, ouais. On pense qu’i’ a d’la vie dans toutte. C’est ben dur à comprendre ça, hein?

Moé, les arbres me parlent. Pis i’ m’disent crissez-nous don’ patience tabarnak!

-Arrachez pas mon écorce torrieu! Fendez-moé pas en quatre pour rien! Wo! Menute! J’su’s pas tout seul là-dedans… J’fais vivre des oiseaux, des moénaux, des pas beaux… Toutes sortes d’affaires de même… Christ! Wake up!

Ouin, ouin. Les arbres me parlent. Pis si j’peux prendre une feuille de moins, j’va’s l’faire. Pour être en parfaite symbiose avec le Grand cercle de la vie.

Ça se pourrait donc que mon texte ne soit pas publié dans Mollusque pa’ce qu’i’ faudrait que j’leu’ z’envoie une version imprimée par courrier postal, aux éditions Diptyque, à l’adresse de j’sais p’us trop qui, à Monrial. C’est sûr que j’f’rai pas ça.

Moé j’aime trop les arbres pis ça m’tente pas d’imprimer ça sur papier quand toutte se fait si simplement de nos jours par les voies électroniques. Hostie on n’est plus au temps des mandarins. C’est pas des rapports à doubles interlignes que j’fais, mais d’la littérature.

-Hostie d’Sauvages! qu’i’ vont s’dire en r’cevant mon texte. Faut toujours qu’i’ fassent chier en plus qu’i’ savent pas boire!

Ben oui, ben oui.

Vous vous attendez à quoi, que j’vous liche le cul?

No way.

J’su’s un Sauvage hostie.

Wou-wou-wou-wou-wou-wou!

Makwa Grizzli
Alias Gaétan Butch Bouchard

Elle me demande, tu n’es pas pas trop déçue?

Non, j’pas déçue, j’t’en tabarnak.

Et voilà que la job de rêve s’est transformée en job de marde pour finir en pu de job pantoute.

Et ça fait près de deux semaines que j’envoie des cv, des dizaines par jour. Les lettres de présentation les plus pointues et bien tournées que je n’aurai jamais écrites. Calvaire.

Ressac

Les vagues de la préférence m’ont laissée sur la berge, ensablée mais vivante, plus vivante que survivante, mes pas ont l’assurance des humbles qui ne cherchent plus mais savent que toute récolte est bonne et nourri.

Les mots morts le restent, les mots à naître iront les rejoindre bien assez tôt. Un cimetière de vies possibles où je me recueille parfois trop souvent.

Je m’attarde dès aujourd’hui à ceux qui vivent. Mon jardin, mon jardin bien aimé, tout près de la berge, mais assez loin pour l’oublier le temps d’une vie à vivre.

Je veux ravoir mon jardin

Alors c’est ça? C’est comme ça? Toujours et encore, ok, go, c’est beau, non, ça fait trop mal, ça doit finir et puis on rembarque et c’est si bon et le soleil brille bordel, comment ça pourrait aller mal quand je plisse des yeux en plein jour? C’est pas que des reflets, mes doigts passent au travers mais je les sens, c’est plus, mon spleen, mon sixième sens, ma baise d’enfer, mes larmes, mes larmes, mes larmes. Un jardin secret plus qu’abandonné, vague et vierge à nouveau sous les cadavres des liens, des lianes, des tiges, des branches et j’ai tout laissé mourir avec à peine un regard. On arrive toujours au même choix qu’il soit mort ou moribond ou whatever. On dit, alors c’est ça? C’est comme ça? Toujours et encore, des graines à planter, des pousses à arroser, mais malgré tout le soleil qui s’évertue à faire sortir le meilleur de nous, une plante vénéneuse, mangeuse de chair morte pousse, pousse, pousse et quand mon doigt touchera son coeur pour voir comment il est mou mon sang ira rejoindre celui des autres et la coulée suivra le chemin creusé par ses flots.

Éclipse au large

Le dernier devra durer et durer. J’ai tenté d’en garder l’odeur, mais ma nuit blanche aura tout effacé.

Jusqu’au matin, jusqu’au bruit du vent que j’ai voulu entendre au bout du fil. Le vent du sud, celui qui devait emporter les épines tombées des rêves, les parfums marins maudits, les chuchotements d’ailleurs.

Une nuit raz-de-marée, une nuit tsunami, l’île m’hébergeant ne m’ayant fait aucune promesse. Des chaleurs de la honte aux froids de la peur sur mon île, sur mon île j’y suis passée.

Et l’accalmie ne viendra que du vent qu j’ai voulu entendre. Je veux du vent sur ma peau, du vent dans mes cheveux, du vent dans mes cauchemards.

Le dernier, des braises que je croyais éteintes, est né à nouveau au bout du fil. Le dernier durera.

Mais il me manque déjà.

Devant derrière

Des tempêtes du haut d’un totem jamais baptisé. Des ravins s’ouvrant dans le silence d’un lendemain de nuit mouvementée.

Il n’y a que le vide sous mes doigts, que le vide entre sites point com. Toutes ces averses de rires et de promesses, séchées aussitôt qu’elles touchent le sol.

Devant, derrière, toujours les mêmes empreintes. Le passé pourchasse les rêves et la source alimentée d’idéaux hallucinés quand le coeur criait famine.

La bouche remplie que par gourmandise, les mets les plus délicats ne sont que vulgaires amuse-gueules graisseux dont on s’empiffre par peur d’en manquer.

Et si mon plat était vide? Et si plus rien ne mijotait sur le feu?

Devant, derrière, toujours les mêmes mains qui se tendent, toujours les mêmes doigts sales qui quémandent.

Et le pied dans la porte, la bonne volonté fait tout son possible pour me brouiller la vue sur la nuit noire des envies et des peines.

Devant, derrière, toujours les mêmes histoires, les imparfaits ne vaincront pas, les beautés innaccessibles restent des blessures dont la douleur ne s’éteint jamais malgré les nuits mouillés et chaudes.

Je suis devant. Je suis derrière. Tout autour. Et dedans. Un refuge, un ring. Une vie.

Publier

J’aurais aimé que mes mots te transpercent, te crèvent, t’arrachent les yeux. Te renversent, te démembrent. Hacksaw. Une pluie de sang coulant des bouts de doigts ayant voulu effleurer les phrases insupportables.

J’aurais voulu. Autant de pouvoir que la voix de Wells, panique all around. Des mots comme des clous, comme des balles. Chaque ligne coupant à la source les envies d’ordinaire.

Et qui est-ce qui se couche avec l’intention de l’écrire ce grand roman? Mais surtout, avec la conviction qu’il en est capable? Désespoirs derrière les touches, nous sommes tous prisonniers de nos ambitions.

J’ai envie d’armes de destruction jouissive, de mon clavier vers le points G de ton imagination. Et d’abreuver le tout des insultes les plus basses pour mieux te prendre par derrière, une poignée de cheveux sales entre mes doigts, je te tape la tête sur le mur au rythme de mes verbes.

Et les soupirs lourds de contentement, pendant que t’essuie le tout, le coeur prêt à sauter. Ce sera le plus beau sommeil. La tranche marquée de fines lignes d’usure. Les pages maculée de plaisir. Traces de nuits solitaires.

Mes mots comme douleur, comme remède. Mes mots comme amour, comme mort. À grand coup, à tout coup.

Sur les blocs

J’arrange et désarrange les mots et ils ne font pas plus de sens à l’endroit qu’à l’envers

Dans le regard des autres je ne suis qu’un reflet roux et un éclair dans les yeux

Qu’une grosse madame drôle avec un grand coeur

Béant qu’il est, avec des traces de pas à grandeur

J’arrange et désarrange les soupirs les sourires les martyrs

Dans le regard de l’autre qu’un accessoire pour oublier la profondeur de sa solitude

Qu’une écharde dans l’horizon des rêves indécrottables

Battue que je suis, pourtant sans une ecchymose

J’arrange le désordre qui m’a menée jusqu’ici

Je désarrange l’ordre maniaque de mes départs sans cesse remis

Qu’une pierre de plus à tenter de jetter en premier

Partie que je serai, avec mes cailloux dans les poches